Au delà de toute comparaison Comité Action Palestine 18 octobre 2006 Sionisme dans le monde 1 903 vues Article de Gilad Atzmon du 10 août 2006 Traduit de l’anglais par M. Charbonnier et révisé par F. Giudice, membres de Tlaxcala www.tlaxcala.es réseau de traducteurs pour la diversité liguistique. L’auteur est un musicien de Jazz, né en Israël en 1963 et exilé en Angleterre. Il a dernièrement composé la musique du dernier documentaire de Simone Bitton « Le mur » qui a obtenu le Grand Prix du Festival international du documentaire de Marseille 2004. « L’action militaire israélienne est une agression injustifiée, effectuée dans un style digne d’Hitler, d’une manière fasciste. » Hugo Chávez , Président de la République bolivarienne du Venezuela « A l’évidence, le Président Chávez a bien besoin de reprendre contact avec la réalité en ce qui concerne le conflit au Moyen-Orient. » Abraham H. Foxman , Directeur national (pour les USA)de l’Anti-Defamation League Il y a incontestablement une tendance, chez nous tous – nous, les détracteurs d’Israël et du sionisme. A tout bout de champ, nous comparons Israël au Troisième Reich ; nous identifions l’armée israélienne – « Tsahal » – à la Wehrmacht ; nous trouvons une ressemblance entre les tactiques de l’aviation israélienne et les techniques du blitz de la Luftwaffe ; à l’occasion, nous associons les crimes de guerre de Sharon et d’Olmert à ceux d’Hitler. Je suis moi-même tombé dans ce piège, tête la première, à maintes reprises. Mais maintenant, ça y est, j’ai réagi : il faut qu’un terme soit mis à cette manière de s’exprimer, une bonne fois pour toutes ! Voir en Hitler le Mal absolu, cela revient tout simplement à capituler devant le discours siono-centriste. Considérer Hitler comme l’homme le plus perfide et le Troisième Reich comme l’incarnation du mal, cela n’a d’autre résultat que de sauver la mise à Israël. Comparer Olmert à Hitler, cela revient à fournir à Israël et à Olmert un bouclier moral. Cela maintient Hitler en tête du peloton, et cela permet à Olmert de se planquer juste devant la voiture balai. Ma mère, qui est vraiment très clairvoyante, m’a coincé, un jour, il y a de cela bien des années… Je m’en souviens très bien. Elle m’a demandé : « Dis-moi, Gilad, pourquoi diable, tes amis et toi, vous éprouvez toujours ce besoin de comparer Israël aux Nazis ? Israël n’est pas assez horrible sans cela ? » Sur le coup, j’ai trouvé son observation plutôt amusante, mais l’intuition cynique de ma mère était tout à fait pertinente. En effet, Israël est « assez horrible comme ça ». Israël a d’ores et déjà démontré une interprétation unique en son genre de la notion de rouerie qui a réussi à surpasser tout autre mal. Il est grand temps que nous intégrions le fait qu’Israël et le sionisme sont le Mal absolu, sans aucun point de comparaison. Et si cela ne suffisait pas, rappelons que, contrairement au nazisme, qui appartient au passé, la malignité du sionisme est un crime qui continue à se dérouler, en empirant. Chávez avait, de toute évidence, le droit le plus absolu de déclarer ce qu’il a déclaré. Cependant, que l’adorable président du Venezuela me permette de lui rappeler qu’Hitler n’a jamais détruit par bombardements un quelconque pays en l’absence d’un quelconque motif. Or, c’est exactement ce que les Israéliens sont en train de faire depuis quatre semaines au Liban, et c’est ce qu’ils font, depuis des années et des années, à Gaza. Le spectacle du carnage et de la dévastation au Liban ne laisse aucune place au doute. La brutalité israélienne actuelle n’est rien d’autre que le mal pour le mal, une punition impitoyable. Israël est une réincarnation collective dévastatrice du Samson de la Bible. Israël est une réédition de l’homme tuant femmes, enfants et vieillards, c’est ce maître victorieux des représailles aveugles et arbitraires, tellement récurrent dans la Bible [que cela en devient lassant]. Depuis de longues années, les progressistes politiquement corrects qui se présentent eux-mêmes comme de gauche insistent à nous raconter que l’agression israélienne doit être analysée en termes d’expansionnisme colonial. Cette ligne de pensée continue à être propagée par quelques militants pacifistes juifs, un peu partout dans le monde. La raison est simple : aussi longtemps qu’Israël continuera à être considéré comme un État colonial, ils pourront continuer à appliquer au conflit moyen-oriental leur paradigme marxiste orthodoxe archaïque – remontant au dix-neuvième siècle. De plus, si Israël était bien effectivement une force coloniale régionale expansionniste, alors il n’y aurait rien de catégoriquement mauvais, chez les Israéliens ; ils seraient tout simplement comme l’étaient les Britanniques, avec un petit demi-siècle de retard, voilà tout… Délirant ! L’interprétation surannée que nous venons d’évoquer est fondamentalement erronée et délibérément trompeuse. De plus, elle n’est plus applicable, même plus en tant que feuille de vigne à usage d’un « politiquement correct » judéocentrique. Il suffit de regarder la dévastation semée par l’aviation de guerre israélienne, de contempler la mort et le carnage au Liban : il n’y a plus l’ombre d’un doute, ce qui est en train de se passer n’a strictement rien à voir ni avec le colonialisme, ni avec l’expansionnisme. Le Liban et Beyrouth n’ont jamais fait partie des aspirations au Lebensraum des sionistes. C’est exactement le contraire qui est vrai : jusqu’à la fin des années 1960, les Israéliens étaient absolument persuadés que le Liban serait le premier pays arabe à faire la paix avec l’État juif. Israël n’a jamais eu aucune visée sur le territoire situé au Nord de la rivière Litani et, malgré cela, Israël a désormais détruit absolument tous les ponts, tous les aéroports, toutes les stations électriques du Liban. Les hôpitaux sont bombardés, des villages et des quartiers entiers ont été rayés de la carte, un millier de civils libanais ont perdu la vie et plus d’un million de citoyens libanais sont déplacés et sans abri. Maintenant, ça suffit : il faut se lever et dire qu’à la différence des Nazis, qui respectaient les autres mouvements nationalistes – y compris le sionisme – Israël n’a strictement aucun respect pour quiconque, y compris ses voisins de palier. Il faut prendre conscience du fait que le comportement israélien est le summum de la barbarie biblique, après lequel il n’y a plus que le cannibalisme. Israël n’est rien d’autre que le mal pour l’amour du mal. C’est une perversion sans aucune comparaison. Dès lors, entre Israël et les Nazis, il n’existe plus la moindre différence qui permettrait de procéder, à proprement parler, à une comparaison. Et si comparaison il devait y avoir, ce serait alors les Israéliens qui remporterait le championnat de la brutalité, pour des raisons évidentes. L’Allemagne nazie était une tyrannie, alors qu’Israël est une démocratie, gouvernée par un gouvernement d’union nationale majoritairement de centre gauche. Si nous n’avons à notre disposition aucun instrument objectif précis permettant de mesurer l’approbation des crimes nazis par le peuple allemand (pour commencer, les Allemands n’étaient pas informés des crimes homicides nazis. Ensuite, il n’existait en Allemagne, à l’époque, aucun organisme de sondage indépendant), la population israélienne, elle, approuve collectivement les crimes de son gouvernement au Liban, et ce fait est surabondamment attesté par une foultitude de sondages. Les nazis étaient certes des expansionnistes au sens propre du terme : ils s’efforçaient de s’emparer de villes et de territoires intacts. Les bombardements en tapis et la destruction de quartiers entiers densément peuplés, tellement tendance chez les militaires et les hommes politiques israéliens (ainsi qu’anglo-américains), cela n’a jamais fait partie de la tactique, ni de la stratégie des Nazis. Apparemment, Israël ne cherche pas à s’emparer du Liban ; les Israéliens ne semblent pas être intéressés par le territoire libanais. Non : tout ce qu’ils veulent, c’est démolir le Liban ! On peut se perdre en conjectures sur ce qu’ils cherchent véritablement ? De fait, personne, ni en Israël, ni où que ce soit ailleurs, du reste, ne le sait. Veulent-ils démanteler le Hezbollah ? Assurément, ils ont réussi à faire exactement le contraire ! Leur impression que le Hezbollah ne serait qu’une petite faction de miliciens fondamentalistes minoritaires du point de vue religieux et qu’on aurait pu éliminer sans effort notable s’avère être une thèse ridicule, et cela est confirmé à chaque jour qui passe. Non seulement le Hezbollah a démontré qu’il est une force avec laquelle il faudra compter, mais il est aujourd’hui soutenu par 85 % des Libanais, y compris chez les chrétiens [dont 80 % soutiennent le Hezbollah .] Israël veut-il conserver sa puissance de dissuasion ? Là encore, il a réussi à faire exactement le contraire. Désormais, tout Arabe sait que l’armée israélienne n’est plus si formidable et glorieuse que ça. De fait, les photos des godillots de soldats israéliens abandonnés sur le sol libanais en disent très long. Dans cette guerre, c’est le soldat israélien qui se débarrasse de ses rangers pour pouvoir courir plus vite tenter de sauver sa peau. Israël veut-il assurer la sécurité de ses centres peuplés ? Il a, de toute évidence, réussi à faire exactement le contraire. Plus Israël détruit l’infrastructure du Liban, plus sont intenses les tirs de barrage de roquettes qui s’abattent sur les villes israéliennes. De fait, le moment où Tel Aviv pourra se faire une petite idée de ce à quoi ressemble la vie à Gaza et à Beyrouth n’est plus qu’une question de temps. Oui, c’est un fait : Israël n’a ni plan, ni stratégie ; en lieu et place, il pratique la forme la plus vile de zèle barbare collectif. Les Israéliens démolissent pour le plaisir de détruire. Israël est bien, en effet, un mal incomparable. Néanmoins, force nous est bien d’admettre que les Nazis ont eu un succès assez remarquable pour ce qui est de provoquer un certaine outrage international. En-dehors du monde germanique [et de l’aristocratie britannique, ne l’oublions pas…], peu de gens aimaient Hitler. En revanche, le cannibalisme israélien est absolument adulé par certains dirigeants occidentaux, et ce sont Blair, Bush et même Merkel qui ont trop peur pour s’opposer à la barbarie sioniste. Alors que le nazisme a été vaincu douze ans après son accession au pouvoir, la brutalité sioniste est une boule de neige d’une haine repoussante, qui ne connaît ni limites ni fin. Cette boule de neige de haine roule sur l’Occident, y recrutant les forces les plus détériorées sur le plan moral qu’elle y rencontre sur son passage, qu’il s’agisse de Blair et de son engeance ou de fondamentalistes chrétiens extrémistes américains. Le sionisme vise à faire de notre Planète un champ de bataille ensanglanté. Pour le moment, il est en train de transformer les institutions de l’Onu en une marionnette néoconservatrice américaine. Il est grand temps de reconnaître que les sionistes sont au centre même de ce qu’on appelle le « clash entre cultures ». Alors que le Nazisme était un mouvement nationaliste expansionniste aux ambitions extensives, mais néanmoins limitées, les lobbies sioniste et israélien tentent de remettre au goût du jour l’idée d’une croisade planétaire, au nom d’une guerre de religion très bizarre (censée opposer on ne sait trop quels « judéo-chrétiens » aux musulmans). Si nous voulons sauver le monde, si nous voulons vivre sur une planète humaine, nous devons nous concentrer sur le pire ennemi de la paix, sur ces ennemis qui sont roués pour le plaisir de faire le mal : j’ai nommé l’État d’Israël et le sionisme mondial. Il est plus que temps de sortir du placard et de dire tout cela, et à haute et intelligible voix. Israël et le sionisme mettent le monde en danger. Ce ne sont pas « seulement » le Liban, la Palestine et les Arabes, qui souffrent. C’est désormais la Grande-Bretagne et l’Amérique qui sont entraînées dans une guerre stupide. C’est l’ensemble de l’Occident qui se voit sommé de tenter de sauver ce que les Israéliens n’ont pas fini de bousiller au Liban. Nous devons tous nous dé-sioniser, tant qu’il en est encore temps ! Nous devons comprendre que c’est Israël qui incarne le Mal absolu, et non pas l’Allemagne nazie. Abe Foxman et l’Anti-Defamation League ont raison – une fois n’est pas coutume : nous avons tous besoin de reprendre contact avec la réalité. Nous ne devrions plus jamais comparer Israël à l’Allemagne nazie. Dans la course à l’horreur, nous devons désormais laisser Israël prendre la tête du peloton, et la conserver… Sources : Article original sur le site de Gilad Atzmon Traduction de Marcel Charbonnier, révisée par Fausto Giudice, sur le site de Tlaxcala. print