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Comité Action Palestine, 29 juillet 2024

La cruauté et la perversité déployées depuis bientôt dix mois par l’occupant “israélien” dans la bande de Gaza, attirent naturellement tous les regards sur ce territoire palestinien. Mais au même moment une autre partie de la Palestine, la Cisjordanie, lutte contre l’ennemi “israélien”, qui agit avec la même perversité, avec la même cruauté. En toute impunité, comme toujours, les forces militaires d’occupation s’acharnent partout sur les Palestiniens. Ils agissent main dans la main, avec des colons ivres de destruction, venu s’approprier absolument tout. L’armée protège et soutient ces milices de colons lourdement armées et financées par Tel-Aviv, comme s’en vante régulièrement Ben Gvir le suprémaciste et kahaniste ministre de la sécurité de l’occupation. Cette criminelle collaboration à tous les niveaux ne date pas d’hier. C’est la nature même de l’entité colonisatrice.

Propriétés attaquées et incendiées, quartiers ravagés par les bulldozers, champs, fermes et équipements brulés, troupeaux traqués, enlevés ou retrouvés morts, des milliers d’oliviers déracinés et brulés, quartiers rasés, les destructions systématiques de tout ce qui appartient aux palestiniens se sont intensifiées ces derniers mois en Cisjordanie. Les sièges des villes et villages s’enchaînent jours et nuits.  Sans discontinuer, l’armée “israélienne” et les colons attaquent, tuent et multiplient sévices et dommages. Pendant qu’ils commettent leurs exactions, les entrées et sorties des localités assiégées sont alors bloquées par des checkpoints, ce qui retarde durement l’accès des secours vers les blessés. 

Au total, depuis le 7 octobre, plus de 1 027 structures et maisons ont été démolies en Cisjordanie dont 178 bâtiments à Jérusalem-Est. La politique de nettoyage ethnique se poursuit par la saisie récente de 119 acres ( 48.157 hectares ) de terres palestiniennes pour y créer des colonies. Comme si cela ne suffisait, les forces d’occupation s’emparent d’engrais agricoles, augmentant encore les difficultés économiques des agriculteurs palestiniens. Les agriculteurs  et éleveurs sont harcelés jours et nuits par des colons masqués et armés n’hésitant pas à frapper des vieux fellah et à ruiner une vie de dur labeur.

À l’abri des regards,  tournés vers le génocide et la dévastation en cours dans la bande de Gaza, l’armée sioniste et les milices de colons en profitent pour se déployer à travers toute la Cisjordanie afin d’accélérer la mise en oeuvre du projet d’annihilation du peuple palestinien et de sa résistance. 

Depuis le 7 octobre plus de 589 palestiniens (Ministère de la santé palestinien, 24-07), dont 143 enfants (Unicef, 22-07),  ont été tués par l’occupation . Il s’agit de la période la plus violente en Cisjordanie  depuis la seconde Intifada. 

D’après l’association Addameer, plus de 9 700 palestiniens ont été arrêtés, mères et enfants ne sont pas épargnés. Peu à peu, le monde découvre les atroces et inhumaines conditions de détention dans les prisons de l’occupation. 

En juin lors de raids sur les villes de Tubas, Ramallah et Jenin, l’Occupation a tué 12 personnes en deux jours. Dans le camp de réfugiés de Jenin, le 22 mai, outre 25 blessés, 10 civils palestiniens, dont un enfant et un médecin, ont été exécutés par des snipers israéliens. Le 22 juin, une vidéo montre un homme blessé attaché à l’avant d’une jeep de l’armée comme bouclier humain. Ce type de torture s’est répété à plusieurs reprises. Le 10 juillet, près de Ramallah, un garçon de 14 ans qui jouait avec ses amis au bord d’une route a été abattu d’une balle dans le dos par trois soldats israéliens circulant en voiture banalisée . «  L’impunité systémique crée un contexte ultra permissif dans lequel les forces israéliennes ne connaissent aucune limite et tirent régulièrement pour tuer des enfants palestiniens dans des circonstances où il n’y a aucune menace imminente pour la vie. Les homicides illégaux d’enfants palestiniens sont devenus la norme à mesure que les forces israéliennes sont de plus en plus habilitées à recourir à la force meurtrière intentionnelle dans des situations qui ne sont pas justifiées. Bref, ce sont des crimes de guerre sans conséquence» alerte Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme de responsabilisation au DCIP (Defense for Children Palestine)  

Beaucoup se demandent comment tout ceci peut arriver sans que l’Autorité Palestinienne n’intervienne pour secourir les habitants, protéger les villages et mobiliser ses propres forces de sécurité pour faire face aux attaques de l’armée et des colons. Elle n’a tout simplement pas ce pouvoir. L’Autorité Palestinienne n’est devenu ni plus ni mois qu’un sous-contractant oeuvrant au service de l’occupant “israélien”. 

L’Autorité Palestinienne a été créée par les accords d’Oslo de 1993, mais elle est liée par une relation contractuelle absolument inégale à l’occupation israélienne. Il ne s’agit pas d’une association entre partenaires égaux mais bien d’une domination totale de l’occupant “israélien” qui utilise l’Autorité Palestinienne afin de maintenir l’insoutenable status quo et faire taire la résistance palestinienne.  Tout palestinien ou palestinienne, toute personne qui dénoncerait l’intolérable domination subie dans tous les domaines de l’existence depuis plusieurs décennies, sans parler des expulsions et attaques continuelles, se voit emprisonnée et humiliée par l’occupant israélien.

Jenin, Ramallah, Naplouse, Tulkarem, Tubas, Qalqilya, les camps de Shu’fat, Aqabat Jaber, Nour Shams, à travers la Cisjordanie occupée et Jérusalem Est (Al Quds), en raison de décennies de persécutions en toute impunité, les forces de résistance se sont alors organisées et sont aujourd’hui les seules à pouvoir défendre, avec abnégation, les villes et villages palestiniens harcelés. 

Ces dernières semaines, les forces d’occupation multiplient les raids dans diverses parties de la Cisjordanie, galvanisées par le ministre “israélien” des finances Bezalel Smotrich, également kahaniste et suprémaciste,  qui vient d’effectuer ni plus ni moins qu’un coup de force en réussissant à obtenir en droit l’annexation de la Cisjordanie. L’armée d’occupation “ israélienne” vient donc de donner les pouvoirs juridiques et administratifs aux fonctionnaires pro-colons travaillant pour Smotrich. Depuis ce coup de force, plus aucun obstacle absolument n’entravera le déchaînement colonial contre les Palestiniens et leurs biens. Des millions de dollars sont alloués pour soutenir , nourrir et armer les colons qui viennent établir des fermes en guise d’avant-poste de colonie.   Smotrich a ouvertement affirmé que Netanyahou lui avait accordé la possibilité “ d’établir des faits [accomplis] sur le terrain afin de faire de la Cisjordanie une partie intégrante de l’État d’Israël ». Cette notion de “ faits [accomplis] sur le terrain “ est capitale pour comprendre la perversité historique du système colonial dans son ensemble. 

En juin 2023 voici le constat éloquent d’un rapport des Nations-Unies sur la situation en Cisjordanie :

la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, Francesca Albanese, constate que les mauvais traitements arbitraires et délibérés sont infligés aux Palestiniens non seulement par des pratiques illégales en détention, mais aussi dans le cadre d’un continuum carcéral composé de techniques d’enfermement à grande échelle -physique, bureaucratique, numérique- au-delà de la détention. Ces violations peuvent constituer des crimes internationaux passibles de poursuites en vertu du Statut de Rome de la Cour pénale internationale et de la juridiction universelle. L’occupation israélienne a été un outil de conquête coloniale par les colons par l’intensification des méthodes d’enfermement d’un peuple entier qui -comme tout peuple- se rebelle continuellement contre ses gardiens de prison.

Depuis de nombreuses années nombre d’associations, de chercheurs, de témoins et d’organisations alertent sur ce qu’il se passe. Mais de quoi pourraient avoir honte le régime d’occupation et ses alliés occidentaux ? De rien, ainsi qu’une partie du monde est en train de le découvrir avec effroi. La Cour Internationale de Justice vient d’émettre un Avis consultatif intitulé “ Conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques d’Israël dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est ”,  et y déclarant que « le transfert de colons par Israël en Cisjordanie et à Jérusalem, ainsi que le maintien de leur présence par Israël, est contraire à l’article 49 de la 4ème convention de Genève » , cela aura t-il le moindre effet ?  

Afin de prendre la mesure de l’impunité totale de l’entreprise coloniale israélienne qui s’est très gravement intensifiée ces derniers mois, nous vous invitons à consulter le dernier rapport de l’organisation sioniste Peace Now, daté du 22 juillet 2024 et intitulé “ Pendant que nous étions en guerre : la révolution annexionniste du gouvernement en Cisjordanie depuis le 7 octobre.”(While we were at war: The government’s annexation revolution in the west bank since October 7th)

Dans un monde où le droit international ne vaut pas pour tous, sur une terre assiégée de toute part par la tyrannie de l’occupant sioniste soutenu par les puissances occidentales, le peuple palestinien résiste le premier jour et continuera à résister jusqu’ à la libération de la Palestine. A Gaza, en Cisjordanie et partout ailleurs en Palestine, les Palestiniens résistent. Il y a une seule promesse en Palestine, c’est celle de la libération de toute la Palestine.

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