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« Nous étions et nous sommes toujours là »

Tarek Bakri est palestinien de al-Quds. Depuis  7 ans, 
avec son projet « Kounna w ma zelna », il documente la
Palestine historique en se basant sur des photographies d’avant 1948 pour retrouver
ce qui est advenu de villes, villages, régions et maisons palestiniennes depuis
la Nakba.

Plus qu’un travail d’historien, c’est un acte de résistance qui permet à de nombreux exilés et réfugiés palestiniens de retrouver leur maison et parfois de revenir sur les lieux.

Le Comité Action Palestine a rencontré Tarek Bakri lors du dernier festival « Palestine en Campagne » en août 2019 à Gages. Dans cette brève interview, il nous parle de son action.

Vous pouvez retrouver 
Tarek Bakri sur facebook

https://www.facebook.com/Tarek.Bakri.Photography/

photo : Tarek Bakri




« Oui la Palestine sera libérée, il n’y a pas d’autres choix »

Une rencontre avec les jeunes du camp de réfugiés palestiniens de Rashidieh (Liban, septembre 2019)

Comité Action Palestine

Les réfugiés palestiniens représentent aujourd’hui la plus ancienne et la plus importante population de réfugiés dans le monde. Sur une population palestinienne totale estimée à 12,1 millions, seuls 34% demeurent toujours sur leurs terres et dans leur maison en Palestine. On compte un total de 8 millions de réfugiés et déplacés palestiniens. Sur les 5, 5 millions de réfugiés qui bénéficient des services de l’UNRWA, un tiers vit encore dans 58 camps au Liban, en Jordanie, en Syrie, en Cisjordanie et à Gaza. Dans chaque pays d’accueil, les réfugiés disposent d’un statut particulier, et c’est au Liban que leurs droits fondamentaux sont les plus bafoués depuis 1948. Ils y sont toujours considérés comme des ressortissants étrangers disposant d’un droit de résidence temporaire. Près de 73% d’entre eux (environ 170000) vivent encore dans des camps surpeuplés et misérables, dont les entrées et sorties sont strictement contrôlées. Par ailleurs, depuis 2011, plus d’1,5 millions de Syriens se sont réfugiés au Liban où 1 personne sur 4 est un réfugié.

Alors que les Palestiniens
subissent déjà et depuis toujours des discriminations très sévères en matière
d’emploi (72 métiers interdits), d’éducation, de santé, d’accès à la propriété
et à l’ensemble des services sociaux, le gouvernement libanais, par la voix de
son Ministre du travail Camille Abousleiman, a décidé début juillet 2019 de
durcir leurs conditions d’accès au travail en exigeant l’application stricte de
la loi et l’octroi d’un permis de travail à tous les étrangers, y compris les
Palestiniens. Ces décisions ont alors soulevé une vague de protestations sans
précédent depuis une dizaine d’années et de nombreuses manifestations de
réfugiés ont eu lieu à Beyrouth, à Saida et dans l’ensemble des camps de
réfugiés.  Avec la crainte d’un
embrasement des camps, un comité de dialogue a été mis en place entre autorités
libanaise et palestinienne, mais les résultats de ces discussions tardent à
venir. Alors que toutes les organisations palestiniennes se sont montrées unies
pour dénoncer cette nouvelle atteinte à leur dignité, leur appel au calme et
l’absence de solidarité de la part des Libanais ne sont pas faits pour calmer
la colère des réfugiés, notamment des jeunes dont le seul avenir semble être un
nouvel exil.   

C’est dans ce contexte, que le
Comité Action Palestine a rencontré en septembre dernier, dans le camp de
Rashidieh, une délégation de jeunes membres de différentes organisations
politiques palestiniennes. Rashidieh est l’un des douze camps de réfugiés
palestiniens au Liban. Il a été établi dès 1948 au sud de la ville de Tyr, à
quelques kilomètres seulement de la frontière avec la Palestine occupée. Il
compte aujourd’hui 27 000 habitants sur 1 km2. Dans les années
70, avec l’implantation de l’OLP au Liban, il était une base importante de la
résistance. En partie détruit lors de l’invasion israélienne de 1982, le camp
de Rashidieh a aussi beaucoup souffert pendant la guerre des camps. Dans les
années 85-86, le camp a été pilonné à de nombreuses reprises par la milice libanaise
Amal et soumis à un blocus total de plusieurs mois, faisant de nombreux martyrs.
Malgré la famine, les réfugiés ont refusé de quitter le camp. Depuis cette
période, l’unique entrée du camp reste sous le contrôle de l’armée libanaise,
et l’entrée des marchandises et des matériaux de construction est strictement
réglementée.

Les jeunes rencontrés oscillent
entre un profond pessimisme et l’espoir de tous les réfugiés qui est celui de rentrer
chez eux en Palestine. Dans tous leur propos, la colère est palpable.

Pour les jeunes palestiniens au
Liban, l’avenir est complètement incertain. Le sentiment d’insécurité est
grand, car ils n’ont même pas la possibilité de construire un foyer. Ils n’ont
pas non plus la possibilité de faire des études au niveau souhaité et n’ont pas
assez d’argent pour aller à l’Université. D’ailleurs, s’ils ont la chance de
faire des études, ils n’ont aucune possibilité de travailler et le taux de
chômage est très élevé. Quand ils travaillent, ils n’ont pas les mêmes droits
que les Libanais. Ils sont même privés du mérite de leurs succès qui revient
toujours à leur employeur ou à un Libanais. Alors, beaucoup de jeunes pensent à
partir mais aucun ne le fait de bon cœur, 
ils n’ont pas d’autre choix.

Les réfugiés palestiniens ont un
grand sentiment d’injustice, car au Liban, contrairement à ce qui se passe dans
les autres pays arabes, ils doivent face au racisme de la plupart des Libanais.
Les Libanais considèrent toujours les camps comme un problème sécuritaire et
non comme une question humaine. Dans la crise actuelle, les médias libanais
sont absents alors que les problèmes sécuritaire et sanitaire dans les camps font
toujours la une des médias. Les camps peuvent être assimilés à une grande prison
et les réfugiés à des détenus. Ils sont interdits aux étrangers, pourtant les
réfugiés sont eux même considérés comme des étrangers.

La décision du Ministre du
travail, membre du parti des forces libanaises (responsables entre autres des
massacres de Sabra et Shatila), traduit une certaine vision politique au Liban,
voire celle du gouvernement tout entier. Les Libanais n’ont pas exprimé de
solidarité envers les Palestiniens, sauf lors de la manifestation à Saida. Mais
aucun homme politique libanais n’est venu dans les camps pour protester avec
les Palestiniens alors qu’ils n’arrêtent pas de s’exprimer sur le sujet. Dix
députés libanais ont présenté une motion de censure, une commission de dialogue
a été créée, mais pour l’instant rien n’a changé. Les Palestiniens se font peu
d’illusions car ces mesures sont sans nul doute le résultat des pressions
exercées sur le Liban dans le cadre du deal du siècle. Le Liban n’a officiellement
pas participé à la conférence au Bahreïn, mais peu après cette conférence, il a
pris des mesures en faveur du deal du siècle. La loi sur le travail existe
depuis longtemps, mais c’est maintenant qu’un ministre ose la faire appliquer sans
préciser les 3 mots les plus importants » à l’exception des
Palestiniens ».

Alors que l’Etat libanais a signé
toutes les conventions relatives aux réfugiés palestiniens, ils les considèrent
comme des étrangers au lieu de les considérer comme des invités en attente de
leur retour en Palestine.  Ainsi  les réfugiés 
palestiniens se voient interdire tout ce qui leur permettrait de résister
dignement.  Privés de tous leurs droits,
ils sont soumis à un blocus sévère et des conditions de vie terrible, sous
prétexte d’empêcher une installation définitive. Pourtant les Libanais savent
très bien que les Palestiniens sont opposés à cette installation définitive et
ont comme seul objectif leur Droit au Retour. Malgré tout, l’intérêt des
Palestiniens n’est pas de fuir cet enfer vers un nouvel exil.  Les
Palestiniens ne doivent pas être considérés comme des étrangers. Au-delà du
problème du permis de travail, c’est leur statut de réfugiés, celui de leurs
droits civils et d’une vie digne et sure qui sont en question.

Pour la première fois, on assiste
à un mouvement de protestation unitaire parmi les Palestiniens, ce qui est très
positif. Toutes les organisations politiques ont été associées à la commission
de dialogue où tous les droits ont été reformulés. C’est une première depuis
1982 et porteur d’espoir notamment pour la question du droit du travail. Pour
le reste, il faut rester prudent en raison des blocages politiques au Liban et
des pressions extérieures, notamment américaines. Cela n’entame pas la
détermination des jeunes. Dans les camps, tout le monde participe aux
manifestations. Mais certaines organisations font pression pour que la mobilisation
ne sorte pas des camps. Alors les jeunes craignent que le mouvement
s’essouffle, surtout si il reste cloitré et sans couverture médiatique. Ils
peuvent aussi envisager d’autres moyens de protestation tels que le boycott des
marchandises qui entrent dans les camps ou un mouvement de grève de la faim. Ils
ne sont pas autorisés à manifester à l’extérieur ou bien sont privés de parole
lors des rassemblements politiques libanais.  Les seules manifestations autorisées à
l’extérieur des camps sont celles destinées à réclamer des visas auprès des
ambassades étrangères dont certaines exigent leur renoncement au statut de
réfugiés en échange.

S’ils ne considèrent pas leur
lutte comme symétrique de celle de leurs frères de Gaza, car ils ne sont pas en
conflit contre les Libanais, ils souhaitent vraiment tout mettre en oeuvre pour
revenir à leur revendication essentielle qui est celle du retour en Palestine. « Marcher
vers la frontière ne doit pas être considérée comme une menace, cela deviendra
une réalité surtout si rien ne change ». Ils sont conscients  que tout est fait pour les empêcher de se
concentrer sur leur lutte nationale. Le mode de résistance doit être adapté à
chaque période. Aujourd’hui il semble nécessaire de repenser cette lutte de
manière globale et c’est ce à quoi les Palestiniens doivent s’appliquer et qui
effraye tant leurs adversaires.

Si certains dénoncent l’absence de solidarité internationale, notamment arabe, d’autres voient dans les développements actuels une lueur d’espoir. L’entité sioniste est politiquement faible et les Etats arabes le sont aussi, en atteste l’étendue de leur collaboration avec les sionistes. Mais Gaza est debout et Israël a peur de la résistance. Oui la Palestine sera libérée, il n’y a pas d’autres choix.

Photo: Str/picture-alliance/dpa/AP




Les prisonniers palestiniens sont le terreau de l’unité nationale !

Entretien avec Seifiddin Mawaid, le directeur de l’organisation palestinienne Muhjat al-Quds pour les prisonniers et martyrs. (Beyrouth septembre 2019)

Comité Action Palestine

Aujourd’hui, il y a 5000
prisonniers palestiniens dans les geôles sionistes, dont près de 200 mineurs et
43 femmes. Parmi eux, plus de 400 sont en détention administrative,
c’est-à-dire qu’ils sont retenus sans charges officielles, ni même perspective
de procès, pour des périodes de 6 mois renouvelables indéfiniment. Six d’entre
eux sont actuellement en grève de la faim pour dénoncer ce régime de détention.
Globalement tous les prisonniers sont des acteurs majeurs de la résistance
palestinienne et leur libération est au coeur des revendications nationales.
Très souvent soumis à torture lors des interrogatoires, leur lutte est
quotidienne pour que leurs droits de prisonniers politiques soient respectés.
Ces derniers mois, deux prisonniers palestiniens Nasser Taqatqa (31 ans) et
Bassem al-Sayeh (47 ans) sont morts en prison des suites de tortures infligées
ou de négligences médicales.

Alors que ce sont tous des
prisonniers de guerre et que beaucoup sont arrêtés sans motif, si ce n’est que
d’être membre d’une organisation politique, ils sont considérés par l’entité
coloniale comme des criminels. Ainsi leur droit à la résistance est bafoué.
Pourtant face à cette situation, les grandes organisations internationales des
Droits de l’Homme, telles que la Croix rouge internationale ou Human Right
Watch sont particulièrement silencieuses. A l’inverse lorsque la résistance
capture des soldats israéliens, le monde entier se mobilise et les sionistes
n’hésitent pas à déclencher la guerre pour les récupérer. Récemment le Comité
Action Palestine a pu s’entretenir à Beyrouth avec Seifiddin Mawaid, le
directeur de l’organisation palestinienne Muhjat al-Quds pour les prisonniers
et martyrs.

Muhjat al-Quds est l’une des plus
grandes organisations du mouvement national palestinien, en charge de la
question des prisonniers. Son rôle est de protéger les prisonniers et leur
famille en menant des actions juridiques et de communication, mais aussi en
venant en aide aux familles et aux prisonniers après leur libération afin de
faciliter leur réinsertion sociale.

Quelles sont les priorités
actuelles relatives aux prisonniers ?

La détention administrative reste
le problème n°1. Il s’agit d’arrestations arbitraires qui ne sont suivies
d’aucun jugement et sont classées sous le volet sécuritaire par la puissance
occupante. Aujourd’hui le seul moyen de s’en sortir reste la grève de la faim.
C’est pourquoi depuis quelques années, les prisonniers en détention
administrative mènent régulièrement  de
telles actions. Ils suivent l’exemple de Sheikh Khader Adnan, un cadre du Jihad
islamique de Jénine qui, arrêté à trois reprises depuis 2012 et placé en
détention administrative, a conduit  à
chaque fois une grève de la faim de plus de 60 jours pour obtenir sa libération.
Ces actions répétées sont extrêmement dommageables pour la santé des
prisonniers car les autorités carcérales israéliennes n’y prêtent aucune
attention avant 2 mois de jeune. Cela peut être considéré comme une forme de
torture et de violation grave des droits de 
l’Homme. Les prisonniers en grève de la faim ne reçoivent pas
d’assistance médicale sauf sous forme de menaces et de chantage. Certains sont
aussi placés à l’isolement et déplacés tous les 2 jours, ce qui représente une
torture supplémentaire. Il ne faut oublier de citer le nombre croissant
d’enfants et de femmes détenus. Plusieurs d’entre elles sont actuellement en
grève de la faim.

Les négligences médicales sont
également très graves. Depuis 1967, on compte près d’1 million de Palestiniens
ayant connu les geôles sionistes et aujourd’hui près de 1000 détenus sont
malades. Notamment de nombreux palestiniens détenus au Sud, près de la centrale
nucléaire de Dimona, sont atteints de cancer. L’absence de soins pour les
prisonniers malades est une politique délibérée de la part des autorités
carcérales et constitue également une forme de torture. Le décès, le 8
septembre dernier de Bassem Al Sayeh, attaché sur son lit et sans avoir été
autorisé à revoir sa famille, illustre parfaitement cette politique. C’est un
moyen de chantage majeur pour les sionistes. Sur 220 prisonniers morts en
prison depuis 1967, 67 ont été victimes de 
négligence médicale. A cela s’ajoute la politique sioniste de retenir
les corps des prisonniers martyrs et de ne pas les rendre à leur famille. Les
lieux de détention au-delà de la mort sont appelés  « cimetière des nombres ».

Par ailleurs depuis début 2019,
les autorités carcérales ont décidé de durcir les conditions de détention des
prisonniers palestiniens en démantelant les modes d’organisation dans les
prisons, en réduisant l’accès à l’eau et à la nourriture, ainsi que les
possibilités de contact avec les familles en supprimant les téléphones.  Afin d’empêcher l’utilisation de téléphones
mobiles, des appareils de brouillage des communications ont alors été installés
entrainant un fort mouvement de protestation des prisonniers.  Suite à un première vague de grève de la faim
en avril dernier, afin de dénoncer ce durcissement des conditions de détention
et les systèmes de brouillage comme susceptibles, selon des experts
britanniques, de causer des problèmes de cancers,  les forces sionistes avaient annoncé qu’elles
réinstalleraient des téléphones fixes et supprimeraient les appareils de
brouillage. Mais l’accord ne fut que partiellement respecté, entrainant un nouveau
mouvement de protestation en septembre suivi par plus de 100 détenus, et très
fortement réprimé.

Quels sont alors les moyens d’actions
de Muhjat al-Quds?

Il faut être conscient  qu’Israël ne libérera aucun prisonnier sans
conditions. Le seul moyen pour libérer les prisonniers palestiniens est la
résistance et le fait de capturer des soldats israéliens comme monnaie
d’échange, tel que ce fut le cas dans le passé. Cette stratégie est
actuellement difficile à mettre en œuvre car la situation politique n’est pas
favorable. On pourrait envisager, sans trop d’illusions, des pressions
internationales et arabes. Mais malheureusement c’est aujourd’hui la force, et
non le droit, qui triomphe. Il reste enfin à utiliser tous les espaces
juridiques encore possibles en Europe, par exemple  en portant plainte contre des criminels
israéliens. Ce type d’actions peut également avoir un impact médiatique qui
peut éventuellement nuire aux sionistes. Parler des prisonniers et relayer
leurs actions reste déterminant.

Quel rôle politique joue les
prisonniers palestiniens ?

Les prisonniers jouent un rôle politique majeur. Actuellement, et ce malgré la répression,  se préparent des élections internes pour nommer des représentants  au sein des conseils de prisonniers. En prison, l’appartenance politique disparait et les prisonniers sont tous des combattants de la nation palestinienne. Les prisonniers sont plus enclins à l’unité car ils vivent tous dans les mêmes conditions. Ainsi tous les prisonniers, quelle que soit leur faction, sont reconnus comme des résistants et reconnus comme tels. Beaucoup de  prisonniers ont un niveau de formation élevé et contribuent à l’éducation collective en échangeant et  transmettant leurs savoirs et leurs compétences. Enfin ces dernières années  de nombreux prisonniers ont réussi  à faire sortir du sperme des prisons, afin de perpétuer la résistance en perpétuant la vie.

Photo: prisonniers en détention administratifs, en grève de la faim
https://www.facebook.com/SamidounPrisonerSolidarity/photos/a.376653129034846/2832377406795727/?type=3&theater




Une seule solution pour tous les réfugiés: la fin du sionisme !

Commémoration des massacres de Sabra et Chatila

Comité Action Palestine

L’histoire de l’entité coloniale nommée Israël n’a été qu’une longue
et sombre histoire de guerres, de massacres et de spoliation. Du 15 au 18
septembre 1982, les habitants palestiniens et libanais des camps de réfugiés de
Sabra et Chatila dans la partie occidentale de Beyrouth sont encerclés et
méthodiquement massacrés par l’armée israélienne sous commandement d’Ariel
Sharon et les milices chrétiennes libanaises. On parle alors de 3000 victimes
mais les chiffres, faute d’enquête indépendante, apparaissent très en deçà de
la réalité. Comme à leur habitude, les sionistes couvrent l’histoire de leur
voile de mensonges. L’intervention dans les camps de Sabra et Chatila aurait eu
pour objectif de démanteler les structures opérationnelles de l’OLP. Mais dès
le 1er septembre 1982, les 11 000 combattants de l’OLP avaient quitté Beyrouth.
L’objectif inavoué, avéré, du bain de sang prémédité et perpétré par les
sionistes et les phalangistes était de terroriser les réfugiés palestiniens
pour les éloigner davantage de la terre de Palestine et faire du droit au
retour un droit totalement illusoire. Il fallait avant tout de briser toute
capacité et velléité de résistance des réfugiés palestiniens contre l’occupant
sioniste.

Sabra et Chatila n’est malheureusement qu’un épisode dans le plan
sioniste d’annexion et de judaïsation de toute la Palestine. L’ère des
massacres commence dès la création de l’Etat d’Israël. Pour ne citer que les
plus importants, il y eut celui de Deir Yassine (1948), de Qibia (1954), de
Jenine (2002) ou de Gaza (2009 et 2014). L’Etat d’Israël a été édifié sur la
Nakba, cette « grande catastrophe » pour les Palestiniens : 500 villages furent
rasés de la carte, les terres expropriées et 800000 Palestiniens forcés à
l’exil. Des années d’errance, des décennies dans des camps, niés de tous et
privés de tous les droits, ils sont et restent le symbole de la politique
d’épuration ethnique conduite par le colonialisme juif en Palestine. Les
réfugiés palestiniens sont actuellement plus de 7 millions et constituent plus
d’un tiers de l’ensemble des réfugiés dans le Monde. Depuis plus de 70 ans, ils
attendent toujours l’application de leur droit au retour dans leurs foyers,
reconnu par l’ONU en 1948 ! Qui mieux qu’eux symbolise l’exil et l’errance des
peuples? Pourtant qui parle d’eux ? Qui exige que justice soit
rendue ?

Tous les Palestiniens le savent, tous les Palestiniens le disent,
réfugiés ou non, la seule manière pour faire valoir leurs droits est la
résistance.  L’entité sioniste, soutenue
par l’administration américaine, tente coute que coute de poursuivre son plan
colonial et de rayer la Palestine de la carte. Mais déclarer al-Quds
(Jérusalem) capitale de l’Etat colonial, amplifier la « judaïsation »
de la ville sainte, annexer le Golan, assassiner et emprisonner au quotidien
des Palestiniens de tous âges, vouloir faire disparaître l’UNRWA (Office des
Nations Unis pour les Réfugiés Palestiniens), faire pression sur les Etats
arabes pour qu’ils « nationalisent » les réfugiés palestiniens, ne
permet en rien d’effacer le destin probable d’Israël : sa disparition. Même
si les résultats des récentes élections en Israël ne changeront rien à court
terme pour les Palestiniens, ils montrent que le régime colonial est miné par
ses contradictions internes.  La guerre
serait, comme de coutume, son seul échappatoire.  Le renforcement de la résistance armée à Gaza
et au Liban, de la résistance populaire dans toute la Palestine et dans les
prisons de l’occupant, les échecs des Occidentaux en Syrie et au Yémen, rendent
pourtant bien illusoire cette option. Les jours du sionisme en Palestine
semblent comptés.

Ainsi malgré toutes ses souffrances et ses martyrs, depuis plus de
soixante-dix ans, le peuple palestinien est toujours debout, résistant contre
l’infernale machine de guerre coloniale israélienne. Il nous indique la voie à
suivre. En exil, les réfugiés gardent l’intime conviction que leur retour dans
leurs foyers en Palestine est proche.  Si
Septembre est un mois noir pour les Palestiniens, celui des massacres contre
son peuple en 1970 en Jordanie et 1982 au Liban, c’est aussi celui de l’espoir
avec le déclanchement de la deuxième Intifada, il y a presque 20 ans
maintenant.

Nous, membres du Comité Action Palestine, sommes à leurs côtés pour
réaffirmer que la Palestine est arabe, et soutenir leur lutte jusqu’à la
victoire de la résistance et la satisfaction des revendications légitimes :

* La condamnation du sionisme comme mouvement politique colonialiste
et raciste.

* Le soutien inconditionnel à la résistance du peuple palestinien et à
son combat pour son autodétermination et son indépendance nationale.

* La reconnaissance du droit inaliénable au retour de tous les
réfugiés chez eux.

* La libération de tous les résistants emprisonnés et de Georges Ibrahim Abdallah, résistant de la cause palestinienne détenu depuis 35 ans dans les geôles de l’Etat français, alors qu’il est libérable depuis plus de 10 ans.

Photo: Comité Action Palestine (Beyrouth, commémoration des massacres de Sabra et Chatila, le 19 septembre 2019)




Conférence-débat : L Etat contre le Peuple : les origines économiques de la Révolution algérienne.

le 20 juin 2019 à 19:30

Salle des étoiles au marché des douves

4 rue des Douves, 33800 Bordeaux

Par Faouzi El Mestari, enseignant agrégé en économie et doctorant à Sciences PO, spécialiste en économie politique de l Algérie.

Même si le soulèvement populaire sans précédent qui agite l’Algérie depuis le 22 février 2019 a créé la surprise chez la plupart des analystes politiques, il n’est pas sans lien avec l’histoire récente de l’Algérie, en particulier le marasme économique des deux dernières décennies et l’incurie des politiques menées sous l’ère Bouteflika. Fondamentalement, le processus révolutionnaire en cours trouve ses origines dans l’incapacité de l’Etat algérien à impulser le développement économique et le progrès social de la nation. Plus précisément, le pouvoir politique, au lieu de promouvoir les forces sociales capables de mener à bien l’industrialisation du pays, a structurellement fait barrage à toute possibilité d’émergence économique. Maintenant un rapport permanent de domination et de conflit à l’égard des classes industrialisantes, la classe dirigeante algérienne a étouffé les tendances au changement qui émanaient de la société. En particulier, en confinant l’essor du secteur privé, en bloquant le développement de la bourgeoisie industrielle, et ce dans un souci de préservation de l’ordre politique ambiant, elle a créé les conditions d’une stationnarité économique à l’origine du bouleversement révolutionnaire qui a mobilisé tous les secteurs de la société sans exception. C’est cette configuration socio-politique de blocage ou le fonctionnement de cette coalition anti-développementale au pouvoir que nous proposons d’étudier au cours de cette soirée en votre présence.

Comité Action Palestine

image moustapha Benfodil-Al Watan




Les Palestiniens ne renonceront jamais !

Comité Action Palestine, Commémoration de la Nakba (mai 2019)

Le 14 mai 1948, jour de la « création
de l’Etat israélien », est commémorée par les Palestiniens comme la Nakba, la
Catastrophe. Cinq cents villages détruits, 800 000 Palestiniens expulsés de
leurs terres, de très nombreux massacres, les sionistes franchissaient alors
une étape majeure dans leur projet colonial entrepris dès la fin du XIXème
siècle. Cautionné par les puissances occidentales, le mythe sioniste selon
laquelle la Palestine était «une terre sans peuple pour un peuple sans terre» a
constitué l’un des plus grands mensonges de l’histoire et a servi de
justification à la politique sioniste de colonisation et d’épuration ethnique.
Les réfugiés et déplacés palestiniens sont aujourd’hui près de 8 millions. Un
tiers d’entre eux vivent encore dans les 58 camps établis après la Nakba à
Gaza, en Cisjordanie et dans plusieurs pays voisins comme la Jordanie, le Liban,
la Syrie.

L’entité sioniste : plus de 70 ans de
crimes et de massacres

En recommandant la partition de la
Palestine, la Résolution 181, adoptée par l’ONU le 29 novembre 1947, est l’acte
fondateur de la Nakba. Elle attribue aux Juifs 56 % du territoire palestinien,
alors que démographiquement, ils représentent moins du tiers de la population
et possèdent jusqu’alors à peine 7 % des terres. Légitimement refusée par les
Palestiniens, elle permet aux sionistes de rendre effective leur stratégie de
spoliation et de domination du pays. Supérieurs militairement, les sionistes
craignent malgré tout l’union entre la population palestinienne et les armées
arabes. Selon des plans préétablis, ils conduisent dès fin 1947 une politique
de terreur afin d’accélérer le nettoyage ethnique et le vol des terres,
pratiquant ainsi la politique du fait accompli. Le 31 décembre, la Haganah et
le Palmah investissent Balad al Sheik et Hawassa, à la périphérie de Haïfa : 76
victimes dont des femmes et des enfants. Parmi les massacres, Deir Yassine
reste le plus symbolique et reste le prélude à la déportation en masse des
Palestiniens. Le 9 avril, les sionistes de l’IRGUN tuent 254 villageois,
majoritairement des femmes, des enfants et des personnes âgées. Dans les
semaines et les mois qui suivront, 418 villes et villages sont détruits, plus
de 15000 palestiniens sont assassinés et dans plus de 70 villages, la
population est entièrement massacrée. Des dizaines d’autres massacres ont lieu
comme à Balad Esh Sheikh, Sasa, Hul, El Dawayimeh, Tantura… A Lydda, le 11
juillet, des centaines de martyrs sont fusillés dans la mosquée Dahmash. Le 15
octobre, l’un des pires massacres a lieu à Dawayma où 300 civils arabes sont
assassinés. En Galilée, l’opération Hiram, lancée le 29 octobre, fera 70
martyrs assassinés de sang-froid.

La Nakba continue aujourd’hui avec le
soutien renouvelé des puissances impérialistes

Mais la Nakba ne s’est pas arrêtée en
1948. Aujourd’hui la judaïsation de la Palestine et l’épuration ethnique des
Palestiniens, notamment à al-Quds et dans le Naqab, continuent à marche forcée,
avec le soutien total des puissances impérialistes. Les accords d’Oslo ont été
un piège. Pendant que des dirigeants palestiniens et arabes négociaient, la
colonisation et l’expulsion des Palestiniens s’aggravaient, les résistants
étaient emprisonnés ou assassinés. Le transfert de l’Ambassade américaine de
Tel Aviv à al-Quds (Jerusalem), en 2018, à la date anniversaire du 70ème anniversaire de la Nakba, est lourde de conséquences
pour les Palestiniens, le monde arabo-musulman, mais aussi pour le monde
entier. Niant de fait le droit international qui octroie un statut
international à cette ville palestinienne, les Etats-Unis ont souhaité faire
d’al-Quds la capitale d’Israël, conformément au souhait des sionistes. La
décision de Donald Trump montre que les Américains apportent un soutien

inconditionnel à Israël,
sous forme politique, militaire et économique. Qui peut encore croire que les
Israéliens et les Américains sont pour la paix ? La solution des deux Etats, un
Etat palestinien à côté d’un Etat israélien est une promesse jamais tenue et
qui ne sera jamais tenue. Les Palestiniens le savent très bien. Ils ne peuvent
compter que sur leur unité et leur résistance pour libérer la terre arabe de Palestine.

Les Palestiniens ne
renonceront jamais.

Depuis le début de la
colonisation juive de la Palestine, le peuple palestinien a toujours résisté
sous différentes formes à cette terrible entreprise de destruction de sa
société. Malgré toutes les tentatives pour l’anéantir, il apparait clairement
aujourd’hui  que les Palestiniens ne
renonceront jamais à leurs droits et à leur liberté. Après les trois guerres de
Gaza (2008 ; 2012 et 2014), les Gazaouis, malgré le blocus infâme, continuent
de résister. Ils résistent aux sionistes, ils résistent contre l’Occident qui
soutient Israël et contre la trahison de nombreux Etats arabes. La dernière
décision de Trump n’a pas brisé leur volonté, bien au contraire. En organisant
depuis le 30 mars 2018 à Gaza, la Marche du retour, ils montrent que rien ne
les arrêtera. Pour empêcher cette marche, l’armée israélienne n’hésite pas  à tuer des Palestiniens chaque vendredi de
mobilisation, à tuer des Palestiniens qui veulent faire entendre au monde leurs
revendications : retourner chez eux, sur leurs terres, dans leurs maisons que
les colons israéliens ont volées en 1948.

La violence de l’occupant face à
des Palestiniens désarmés est signe que la peur a définitivement changé de
camp. Très sérieusement menacé par la résistance à l’intérieur et à
l’extérieur, l’avenir de l’entité sioniste sur la terre arabe de Palestine
parait, plus de 70 ans après sa création, plus compromis que jamais. Les
multiples initiatives de Trump en faveur d’Israël (déplacement de l’ambassade
américaine à Jérusalem, retrait de l’accord nucléaire signé avec l’Iran)
témoignent de la crise de légitimité de la politique israélo-américaine dans le
monde. Israël est en grande difficulté comme le sont les Etats-Unis au
Moyen-Orient et dans le monde. La guerre perdue en Syrie et le peu
d’empressement des autres  Etats à suivre
l’exemple américain en installant leur ambassade à Jérusalem accentue le
processus d’affaiblissement de la politique des Etats-Unis dans la région.

 Israël joue sa survie et résiste à son
dépérissement inéluctable. Pour cette raison, chaque initiative est
soigneusement pesée et doit avoir des retombées politiques positives. Or,
systématiquement les Palestiniens faussent 
les calculs des Israéliens. Les bombardements israéliens à Gaza du 4 et
5 mai 2019 n’ont pas duré plus de 36 heures en raison de la spectaculaire
riposte de la résistance palestinienne. Avec près de 700 missiles lancés dont
la plupart ont atteint leurs cibles, les Palestiniens ont contraint les
agresseurs israéliens à reculer et à conclure en urgence un cessez-le-feu.
Cette quatrième défaite israélienne à Gaza démoralise l’ennemi et renforce la
détermination du peuple palestinien à obtenir justice et indépendance.

Le Comité Action Palestine le soutient sur ce chemin et
réaffirme les quatre principes suivants :

  • La condamnation du sionisme
    comme mouvement politique colonialiste et raciste.
  • Le soutien inconditionnel à
    la résistance du peuple palestinien et à son combat pour son auto-détermination
    et son indépendance nationale.
  • La reconnaissance du droit
    inaliénable au retour de tous les réfugiés chez eux.
  • La libération de tous les
    résistants emprisonnés et de Georges Ibrahim Abdallah, résistant de la cause
    palestinienne détenu depuis 33 ans dans les geôles de l’Etat français, alors
    qu’il est libérable depuis plus de 10 ans.

Photo : www.h24info.ma




Algérie, Palestine : deux drapeaux, un destin commun !

«Si Israël est la fille gâtée
de l’Amérique, la Palestine est la fille chérie de l’Algérie».
C’est avec ces mots qu’un internaute algérien
a choisi d’illustrer la séquence d’un drapeau palestinien hissé avec le drapeau
algérien lors d’une manifestation.

Des résistants palestiniens
brandissant un drapeau algérien pour faire face à l’armée d’occupation
israélienne et d’immenses drapeaux palestiniens flottant au cœur de toute
mobilisation populaire algérienne…La force du symbole ne trompe pas. Le destin
de ces deux peuples se confond, tant leur histoire et leur résistance à
l’oppression sont communes.

Ces deux peuples sont en effet
liés à plus d’un titre. Si la Palestine fût au 19ème siècle le
refuge de résistants algériens fuyant la colonisation française, l’Algérie, la
Mecque des révolutionnaires, accueillit de nombreux réfugiés et combattants palestiniens,
notamment en 1967. Et c’est à Alger en 1988 qu’est proclamée l’Indépendance de
l’Etat de Palestine. Mais au-delà de leurs chemins croisés, c’est bien la
résistance à la barbarie coloniale qui soude Palestiniens et Algériens.

Les drapeaux palestiniens en
Algérie attestent que « l’Algérie est avec la Palestine en toutes
circonstances » et que le seul chemin conduisant à la victoire des peuples
est celui de la résistance. Les drapeaux algériens en Palestine disent au monde
que le combat n’est pas vain et qu’il existe une solution et une seule, la
libération de toute la terre de Palestine, de la Mer au Jourdain.

Ces inséparables drapeaux, symboles de la fraternité
de combat contre l’ennemi colonial, enseignent  qu’«un peuple qui lutte
pour sa liberté et son indépendance est invincible». Face à l’unité des
oppresseurs, les deux peuples préfigurent la nécessaire unité des opprimés.




Les Palestiniens : toujours debout sur le chemin du retour.

Journée de la terre en Palestine (mars 2019)

Comité Action Palestine

Le 30 mars
1976, six Palestiniens de l’intérieur (c’est-à-dire ceux qui ont pu rester en
1948 après la création par la force de l’Etat d’Israël) étaient abattus par
l’armée d’occupation d’Israël, 96 blessés et 300 autres étaient arrêtés. Leur
crime ? Avoir manifesté contre l’État sioniste qui avait confisqué et déclaré “
zone militaire ” 1700 hectares appartenant à des villages palestiniens.

Depuis,
tous les 30 mars, la “ Journée de la Terre ” commémore cet assassinat, partout
dans le monde où se trouvent les défenseurs des droits du peuple palestinien.

Cette journée est avant tout symbolique. Rappelons qu’en 1948, l’Etat juif avait expulsé près d’un million de Palestiniens et détruit plus de 400 villages. La majeure partie des terres palestiniennes avait été confisquée dans la perspective de fonder le “ Grand Israël ”. Dès lors, cette politique de confiscation des terres en vue de judaïser la Palestine (c’est-à-dire voler des terres aux Palestiniens pour les donner aux juifs), s’est poursuivie sans relâche et s’intensifie, accumulant crimes de masses, assassinats de leaders politiques et emprisonnements de résistants : la colonisation de toute la Palestine est inscrite au cœur du projet sioniste. Avec l’expansion coloniale qui vole chaque jour plus de terre aux Palestiniens et la judaïsation actuelle de la vallée du Jourdain, du Naqab, d’al-Quds et des lieux saints, rien ne semble arrêter cette machine à tuer et à coloniser.

Pourtant, depuis la création de l’Etat d’Israël, le peuple palestinien a toujours résisté à cette terrible entreprise de destruction de sa société soutenue par les pays occidentaux et en particulier les Etats-Unis et la France. La résistance est aujourd’hui multiple et menace de toutes parts l’entité coloniale. La Marche pour le Retour, initiée depuis mars 2018 à l’occasion de la 70ème année de dépossession, témoigne de la vitalité actuelle de cette résistance et du génie populaire palestinien. N’ayant plus rien à perdre, les habitants de Gaza se mobilisent en masse chaque vendredi pour marcher vers la barrière qui la sépare de la Palestine occupée. Malgré la répression qui s’abat sur les manifestants (plus de 250 morts, dont 60 en un seul jour pour la commémoration de la Nakba, et près de 26000 blessés), la pression populaire sur l’entité sioniste est maintenue. De plus, la résistance armée est toujours active et efficace. En Cisjordanie les attaques contre les colons se multiplient et à Gaza, les faits d’arme de la résistance tels que la mise en déroute d’un commando terrestre ennemi en novembre 2018 et des tirs de roquettes de longue portée illustrent sa puissance grandissante.  La rapidité avec laquelle l’entité sioniste a conclu un cessez le feu alors qu’une roquette avait atteint le Nord de Tel-Aviv ces derniers jours, témoigne que la peur a vraiment changé de camp. La force symbolique de cette résistance, et celui de la Marche du retour en particulier, est majeure. Le message palestinien est clair. «Le peuple palestinien n’a plus rien à perdre, il ne capitulera pas et rentrera chez lui, le Droit au retour est son droit ». De fait, la politique sioniste pour faire disparaitre le peuple palestinien depuis 70 ans a échoué.

Aux prises avec la résistance
palestinienne sous toutes ces formes, l’entité sioniste doit faire face en
interne à une grande instabilité politique et en externe aux menaces de l’axe
Hezbollah-Syrie-Iran renforcé par la victoire en Syrie. En dépit de toutes les
décisions américaines en sa faveur et son intense activité de normalisation
avec les Etats arabes et africains, elle semble bien incapable de renverser le
nouvel équilibre des forces dans la région. La montée en puissance de la Russie
d’une part et les contradictions au sein du camp occidental- alliés arabes compris-
d’autre part affaiblissent d’autant plus sa position. L’échec de la dernière
visite de l’émissaire américain Pompeo pour rechercher des soutiens arabes au
« Deal du siècle » que les USA souhaitent imposer aux Palestiniens,
illustre bien que les Etats arabes ne sont plus aussi enclins à se plier aux
ordres américains en faveur d’Israël. Les réactions inquiètes ou franchement
négatives, même de l’Arabie saoudite, suite à la décision de Trump de
reconnaitre la souveraineté israélienne sur le Golan occupé montrent également
que la donne a bien changé. Ce contexte pourrait s’avérer favorable aux
Palestiniens. L’espoir est donc permis.

Le 30 mars est une journée qui rappelle au monde que les
Palestiniens sont toujours debout pour libérer leur terre. En cette période où
les classes populaires françaises se dressent face à un système capitaliste à
bout de souffle et subissent l’arbitraire de la répression, les Palestiniens
nous montrent le chemin de la résistance et de la détermination. Soyons sans
répit à leurs côtés
pour réaffirmer
que la Palestine est arabe, et soutenir leur lutte jusqu’à la victoire de la
résistance et la satisfaction de ses revendications légitimes
:

  • La condamnation du sionisme comme mouvement politique colonialiste
    et raciste.
  • Le soutien inconditionnel à la résistance du peuple palestinien et
    à son combat pour son autodétermination et son indépendance nationale.
  • La reconnaissance du droit inaliénable au retour de tous les
    réfugiés chez eux.
  • La libération de tous les résistants emprisonnés, y compris
    Georges Ibrahim Abdallah, emprisonné dans les geôles françaises depuis 1984

Photo: Gaza mars 2018
http://casbah-tribune.com




Gilets jaunes : Pacifisme ou violence ?

Toute société impose des normes, des règles et des institutions pour les faire respecter. En ce sens toute société est violente. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est la violence politique. Sous ses formes principales (guerre, terrorisme, révolution), la violence politique est un fait permanent, c’est-à-dire structurel à la société capitaliste. L’intérêt et la violence sont intimement liés. La violence est le moyen de soumettre un individu, un groupe d’individus ou des sociétés entières à la logique des intérêts et, plus concrètement, les soumettre à la logique implacable du profit, de la conquête des territoires et des marchés économiques.

Si la violence est l’instrument de la domination, elle peut être, dans d’autres cas, celui de l’émancipation quand les opprimés s’en emparent. A la violence de l’asservissement et de l’extermination s’oppose la contre-violence libératrice. Les révolutions et les décolonisations sont les exemples de cette violence libératrice.

Le peuple palestinien nous montre le chemin pour faire face à la violence sociale et au mépris des classes dominantes. Il est le symbole de toutes les luttes émancipatrices.

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Tayeb El Mestari (Le Grand Soir, 23 mars 2019)

« Factieux », « séditieux », « casseurs », « antirépublicains », « antisémites », les mots pleuvent comme des balles de LBD dans la grande bataille sémantique pour qualifier et tenter de disqualifier les gilets jaunes. A l’unisson, les médias inféodés aux puissants, les experts propagandistes “ larbinisés ” et une très large partie de la classe politique dépassée et désorientée dénoncent chaque jour la violence des gilets jaunes. Mais tous les samedis avec un sens de l’effort incomparable, les gilets jaunes manifestent. Et tous les samedis les scènes de violence se répètent inlassablement.

Le caractère inédit de ce mouvement a été largement souligné, mais sa force réside à la fois dans sa durée et sa violence intrinsèque, l’une alimentant l’autre. Les cris d’orfraie d’un Macron ou d’un Castaner n’y peuvent rien. Leurs incantations et leurs menaces, parfois la larme à l’œil, face à la violence populaire, sont désormais sans effet. Le glaive du ministère de l’intérieur censé faire peur est systématiquement un coup d’épée dans l’eau. La raison en est simple : la violence est enracinée dans ce mouvement. Elle en est le principe de vie qui refuse l’assignation à des conditions sociales d’indignité et de pauvreté dans lesquelles cette société capitaliste a plongé des millions de personnes.

La violence, un mal nécessaire

Cette violence répond à une violence première : la violence économique capitaliste. A partir de la fin des années 1970, le capitalisme est entré dans une phase où le capital devait croitre au détriment du travail salarié, en sécrétant un chômage massif et une baisse des salaires. Mais ce processus ne concerne pas seulement les travailleurs et les classes moyennes paupérisés. Toutes les catégories populaires, qui doivent leur survie quotidienne aux prestations sociales, n’arrivent pas, elles aussi, à « remplir leur frigo », selon la fameuse expression des gilets jaunes.

D’un côté cette détresse sociale des classes populaires, de l’autre des richesses insolentes et ostentatoires. Lorsque le vote est dévoyé et qu’il n’a d’utilité qu’à promouvoir, à chaque élection, un nouveau personnel politique dans sa grande partie corrompu ; lorsque les manifestations ressemblent souvent à des promenades organisées par les syndicats ; lorsque le Sénat et l’Assemblée nationale donnent à voir le spectacle piteux d’une classe politique impuissante qui se dispute les places et les prébendes ; lorsque la politique telle qu’elle s’exerce ne peut provoquer que le rejet, la violence s’invite pour la grande explication.

Les gilets jaunes n’avaient plus le choix. Face à cette violence sociale à laquelle s’ajoute la violence du mépris des classes dominantes, la bataille dans la rue reste la seule issue possible pour instaurer l’égalité. Cette lutte idéologique sur la légitimité de la violence est menée sans concession de part et d’autre pour gagner l’« opinion publique ». Elle se mène aussi dans les rangs des gilets jaunes. Pour convaincre les plus réticents d’entre eux, les gilets jaunes disent, et à juste titre, que la violence est un mal nécessaire. Il va de soi que la violence pour la violence n’existe pas, sinon dans l’esprit étroit des idéologues du pouvoir pour discréditer la lutte des classes. Les gilets jaunes ne sont pas violents par nature.

L’invention des « casseurs » et l’usage de la force

La violence économique et la violence policière sont intimement liées. Lorsque la première jette les mécontents dans la rue, la deuxième est censée les faire rentrer chez eux. Les moments de rude confrontation sont des moments de vérité pour le système tout entier et de l’institution policière en particulier. L’usage de la force contre les masses populaires agit comme un révélateur sur le système dont le réflexe premier est de préserver les intérêts de la grande bourgeoisie qui contrôle, à travers le Président Macron, tous les leviers de la domination politique. Il a suffi de quelques semaines de lutte dans la rue pour que la police soit dépouillée de son caractère républicain et apparaisse sous les traits d’une milice aux ordres de la minorité des puissants. La lutte populaire a déchiré le voile démocratique pour laisser voir au grand jour le visage froid de la dictature de la matraque et du LBD 40. La France patrie des droits de l’homme se voit sermonnée par l’ONU pour un usage disproportionné de la violence contre les plus faibles de la société ! Cette démocratie de facture bourgeoise a montré dans quelle considération elle tient les représentants du peuple en matraquant un député girondin. Ou en donnant une quasi immunité à un Benalla, qui du haut de ses 26 ans, se joue des vieux sénateurs, interloqués par autant d’audace républicaine chez un voyou protégé en haut lieu. Tout un symbole qui donne raison aux gilets jaunes lorsqu’ils affirment que les parlementaires n’ont aucun poids politique, leur seule utilité étant de donner un vernis démocratique à un système fondé sur la spoliation des travailleurs et l’oppression de « ceux qui ne sont rien ».

Ces « Gaulois réfractaires », ces « illettrés » ont fait preuve d’une conscience politique aiguë en montrant que le système tient, en dernière instance, par le seul usage de la force. Cette démonstration est d’une limpidité cristalline. Mais un système qui ne tient que par la force est, paradoxalement, un système fragile. D’où le recours à des ruses et à des subterfuges pour discréditer les gilets jaunes et semer la division en leur sein. La distinction que tente d’opérer le pouvoir entre casseurs et gilets jaunes pacifiques ne trompent personne, sinon les experts autoproclamés et la bourgeoisie apeurée des beaux quartiers de Paris, de Bordeaux ou de Toulouse. Ce tour de passe-passe permet de justifier l’adoption de la loi anticasseurs qui sape concrètement le droit constitutionnel de manifester. Le coup de force économique permanent contre les classes populaires prend, peu à peu et au fur à mesure de l’approfondissement des contradictions de classes entre les dominants et les dominés, la forme d’un coup de force politique.

La violence populaire, une légitime défense ?

Face à la réaction populaire légitime, le pouvoir suit une logique qui lui est propre. Il déploie davantage de violence parce qu’il est pour l’instant incapable de donner une réponse politique. Incapable de satisfaire les revendications des gilets jaunes et de transformer la donne institutionnelle par une réelle représentativité populaire. Il est coincé dans une dérive purement autoritaire que d’aucuns qualifient de dictature des riches contre les déshérités. Lorsqu’on s’approprie le bien d’autrui, il faut être prêt, si la persuasion ne fonctionne plus, à lui faire violence pour qu’il courbe l’échine.

Loin de se réduire à une minorité de « casseurs », la violence nourrit la dynamique collective des gilets jaunes. Dans les manifestations ou sur les réseaux sociaux les gilets jaunes disent pour la plupart : « Nous déplorons les violences, mais comment se faire entendre autrement ? ». Depuis les actes III et IV, les gilets jaunes ont compris que la violence paie. L’Acte XVIII du samedi 16 mars 2019 a déboussolé le pouvoir dont les représentants, Macron en tête, inspirent l’apitoiement dans leur recherche désespérée à vouloir dissuader et impressionner les gilets jaunes. Parce que l’histoire est une grande pédagogue, la pensée politique des gilets jaunes se réfère à la Révolution française pour signifier au monde que la marche vers une société meilleure est conditionnée par l’usage politique de la violence. Rien de grand n’a été réalisé sans la violence, nécessairement un passage obligatoire pour renverser le rapport de force. La symbolique de la guillotine très présente dans le mouvement ne signifie pas que les gilets jaunes sont assoiffés de sang. Elle rappelle seulement l’idée incontestable que la non-violence est une illusion et qu’elle n’a pas fait ses preuves historiquement. La défaite de la Commune en 1871 et le massacre de 30 000 communards par Adolphe Thiers, soutenu par une bourgeoisie revancharde et cruelle, enseigne que les ouvriers en armes ont commis le péché de faiblesse face à la violence sans borne des Versaillais. Plus récemment dans l’histoire des luttes, les manifestations enfermées dans le cadre étroit des revendications syndicales et du pacifisme d’obédience bourgeoise a conduit à l’impasse. Un système politiquement verrouillé et une situation économique d’une injustice criante et insupportable ouvre indubitablement une nouvelle ère de violence. Chaque épisode de la lutte des classes dans l’histoire de la France capitaliste le prouve.

lien: https://www.legrandsoir.info/gilets-jaunes-pacifisme-ou-violence.html

Photo: Comité Action Palestine




Vers une nouvelle donne au Proche Orient

Comité Action Palestine (mars 2019)

Après 7 ans, le conflit syrien a connu en 2018 une issue qui traduit l’établissement d’un nouveau rapport de force au Proche et Moyen Orient. Face à la montée en puissance de la Russie, les Occidentaux, en raison de leurs propres contradictions, ne paraissent plus capables d’imposer leur diktat sur la région. Malgré le soutien redoublé des Américains, l’entité sioniste se retrouve alors prise en étau entre les forces armées du Hezbollah et de l’Iran et la résistance palestinienne. Cette nouvelle donne pourrait être favorable à la lutte nationale palestinienne.

Un nouveau
rapport de force établi au Proche et Moyen Orient

Alors que le conflit qui oppose au Yémen les forces
houtis à l’Arabie saoudite à la tête d’une coalition internationale se
poursuit, la Russie intervient également sur ce terrain pour proposer, via
l’ONU, un règlement entre les belligérants, ce qui équivaudrait finalement à
une défaite de l’Arabie saoudite. En 2018, le camp saoudien a continué à perdre
de l’influence et le soutien américain s’est fait plus critique suite au
meurtre du journaliste Jamal Kashogii en Turquie en octobre 2018 et à certaines
révélations concernant des armes américaines vendues à l’Arabie saoudite,
retrouvées aux mains des forces houtis. L’influence majeure de la Russie se
traduit également par une volonté de contrecarrer la stratégie américaine
vis-à-vis des Palestiniens. Un récent sommet organisé à Moscou a en effet rassemblé
toutes les factions palestiniennes, qui, sans arriver à un accord complet, ont
exprimé une position commune rejetant le « Deal du siècle ». Ce projet, proposé
par les Américains pour « régler le conflit en Palestine », semble aujourd’hui
au point mort.

La victoire qu’on peut considérer comme définitive de
l’axe Syrie-Russie-Iran-Hezbollah en Syrie, marque durablement un nouveau
rapport de force dans la région. Début 2019, la quasi-totalité du territoire
syrien est repassé sous contrôle des forces gouvernementales syriennes. Outre
le renforcement du rôle déterminant du Hezbollah comme force de dissuasion face
à l’entité sioniste, et de l’Iran comme puissance régionale, cette victoire
impose la Russie comme un intervenant incontournable dans la géopolitique de
cette région.

Prenant en compte ce nouveau rapport de force, la Turquie
essaie de profiter de la situation et de renforcer ses alliances avec la Russie.
Elle instrumentalise la politique internationale pour détourner l’attention des
Turcs des problèmes économiques auxquels ils doivent faire face, et affiche un
positionnement plus anti-occidental qu’auparavant, illustré, notamment, par sa
prise de position vis-à-vis des ingérences impérialistes au Venezuela.

L’influence
occidentale affaiblie par des contradictions
 :

Le retrait des forces américaines de Syrie initié début
2019 laissent les forces kurdes seules face à la Turquie farouchement opposée à
leur projet d’indépendance. Très actives pour combattre Daesh et l’Etat
islamique, les Kurdes avaient parié sur le soutien occidental. Ils n’ont alors
pas d’autre choix qu’un rapprochement avec les forces syriennes
gouvernementales, ce qui éloigne la perspective d’un éclatement territorial de
la Syrie, souhaité par les Occidentaux.

Alors que la victoire en Syrie et la défaite de l’Arabie
saoudite au Yémen renforce le leadership régional de l’Iran, les USA redirigent
leur pression vers la République islamique avec leur retrait de l’accord sur le
nucléaire et la réactivation du blocus économique au cours de 2018. Un conflit
ouvert avec l’Iran paraissant peu probable, l’objectif principal est
d’affaiblir économiquement le pays en espérant une déstabilisation politique et
des mouvements de révolte en interne pouvant conduire à un renversement du
régime. Pour l’instant, l’Iran n’a pas répondu aux attaques militaires
israéliennes contre ses forces positionnées en Syrie et elle met en place des
dispositifs monétaires pour contourner l’embargo en nouant des alliances
commerciales avec la Russie et la Chine. Par ailleurs les contradictions entre
pays capitalistes depuis l’élection de Trump sont un élément supplémentaire à
prendre en compte. En effet lors d’un récent sommet à Varsovie, les USA ont
tenté de constituer un front anti-iranien uni rassemblant plus de 60 pays. Or
les Européens, qui veulent défendre leurs propres intérêts économiques, en recherchant
des moyens pour contourner l’embargo et échapper aux sanctions, n’ont pas
participé à ce sommet, affaiblissant de fait la stratégie américaine contre
l’Iran.

Enfin, même si la Jordanie n’est pas une puissance
régionale, les contradictions qui la traversent sont à prendre en compte. Elle
doit composer entre, d’une part, une alliance historique avec Israël et les
Américains et, d’autre part, une population composée à 60% de Palestiniens et
son rôle de garant des lieux saints musulmans d’al-Quds. Pendant la guerre en
Syrie, son territoire a servi de base occidentale, ce qui l’a conduit à
interrompre ses échanges avec ce pays alors que c’était son principal
partenaire économique. Depuis, elle subit une grave crise économique et a connu
en juin 2018 une mobilisation sociale inédite. Afin d’éviter toute
déstabilisation défavorable aux pays du Golfe et à Israël, les Pétromonarchies
sont venues à sa rescousse financière. Les Américains voulaient lui faire jouer
un rôle majeur dans le « Deal du siècle », en lui rattachant une grande partie
de la Cisjordanie et annulant le droit au retour des réfugiés palestiniens et
la souveraineté arabe sur al-Quds. Mais la Jordanie s’y est jusqu’alors clairement
opposée.

L’entité sioniste
fragilisée malgré le soutien américain renforcé

En dépit des décisions américaines en sa faveur, l’entité
sioniste se trouve fragilisée par ce nouveau rapport de force. En 2018, les
Américains ont transféré le 14 mai leur ambassade à al-Quds, reconnaissant de
facto la ville comme capitale d’Israël. Poursuivant les négociations pour
conclure le « Deal du siècle », ils ont aussi cessé de financer
l’UNRWA (l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens), mettant en péril
l’aide internationale aux réfugiés et de ce fait la matérialisation de la
reconnaissance internationale du Droit au Retour. L’entité a, quant à elle, poursuivi
son activité de normalisation avec les Etats arabes (sous la houlette de
l’Arabie saoudite) et avec les Etats africains auprès desquels elle cherche un
soutien à l’ONU. Mais la victoire en Syrie de l’axe Syrie-Iran-Russie-Hezbollah
a renforcé la résistance armée à ses frontières et le retrait des américains de
Syrie a laissé l’entité sioniste seule face à ses ennemis. Les attaques répétées
qu’elle mène contre les forces syriennes et iraniennes basées au sud de la
Syrie ont pour l’instant uniquement conduit à un renforcement des moyens
militaires de défense syrienne par les Russes. Cette activité belligérante de
faible intensité apparait d’ailleurs plus à destination de son opinion interne
car l’entité n’apparait pas de taille, sur le plan militaire, à affronter
l’Iran. En interne, la persistance et l’efficacité de la résistance
palestinienne a conduit à une crise politique majeure suite à la démission de
Lieberman en décembre 2018, et la nécessité de convoquer des élections
législatives anticipées en avril 2019. La démission récente du commandant des
commandos de l’armée israélienne confirme cette instabilité politique au sein
de l’entité sioniste. Illustrant bien cette situation, Benny Gantz, ex chef
d’Etat-major de l’armée israélienne, a récemment déclaré qu’ « Israël
devrait se retirer à moyen terme de la Cisjordanie car il n’arriverait pas à
gérer la prochaine guerre ».

La Marche
pour le retour : un degré supérieur pour la résistance populaire

Alors que les forces politiques palestiniennes peinent
toujours à exprimer de manière unifiée leur rejet du deal du siècle, que
l’Autorité palestinienne maintient sa collaboration sécuritaire avec l’entité
sioniste, et que Abbas tente toujours de prendre le pouvoir à Gaza en coupant
les vivres au Hamas, la résistance populaire palestinienne se renforce. En
Cisjordanie elle ne faiblit pas et a pris, en 2018, une nouvelle forme à Gaza.
La Marche pour le retour est une nouvelle expression du génie populaire
palestinien. Complètement asphyxiée par un blocus depuis plus de 10 ans, la
population de Gaza n’a rien à perdre. Ainsi depuis fin mars, elle se mobilise
chaque vendredi pour marcher vers la barrière qui la sépare de la Palestine
occupée. Malgré la répression qui s’abat sur les manifestants (plus de 250
morts, dont 60 en un seul jour pour la commémoration de la Nakba, et près de
26000 blessés), la pression populaire sur l’entité sioniste est maintenue. De
plus, et même si elle se fait discrète, la résistance armée est toujours active
et efficace (en témoigne l’opération de novembre où elle a réussi à repousser
par surprise un commando terrestre ennemi), et le mouvement populaire est
soutenue par les principales factions palestiniennes. Bien que le rapport de
force puisse paraitre particulièrement disproportionné, la force symbolique de
cette résistance, et celui de la Marche du retour en particulier, est majeure. Le
message palestinien est clair. «Le peuple palestinien n’a plus rien à perdre,
il ne capitulera pas et rentrera chez lui, le Droit au retour est son droit ».
De fait, la politique sioniste pour faire disparaitre le peuple palestinien
depuis 70 ans a échoué. La résistance est aujourd’hui multiple et menace de
toutes parts l’entité coloniale.

Ainsi si la Palestine n’apparait pas actuellement comme
la pièce majeure des équilibres régionaux, le contexte pourrait lui être très
favorable. Sous la menace des forces de l’axe de résistance (Hezbollah, Iran et
Syrie) au Nord et de la résistance populaire palestinienne en interne, l’entité
sioniste apparait dans une situation plus fragile qu’elle ne l’a jamais été
depuis sa création. De plus, les contradictions au sein de l’axe occidental
affaiblissent sa position hégémonique et les intérêts russes dans la région bénéficient
pour l’instant aux forces anti-impérialistes et anti-sionistes. L’espoir est donc
permis pour les Palestiniens.