Rim al-Khatib (Beyrouth, 14/05/2021)
Les événements se précipitent depuis que l’entité sioniste a décidé de provoquer les Palestiniens dans la ville d’al-Quds, en vue d’accélérer sa judaïsation, d’abord dans la mosquée al-Aqsa et la place de Bab al-amoud, à l’entrée de la vieille ville, et ensuite dans le quartier Sheikh Jarrah. La mosquée al-Aqsa et le quartier Sheikh Jarrah sont deux lieux symboliques : la mosquée al-Aqsa est le lieu saint musulman le plus important pour la nation, égal aux lieux saints de la Mecque et de Médine. C’est l’islam qui est attaqué, et Sheikh Jarrah, c’est la Nakba de la Palestine qui recommence, ou qui se poursuit depuis 48.
En résumé :
L’unité du peuple et l’unité de la terre
l’unité de la résistance armée, l’unité entre résistance armée et résistance populaire
Ce sont les points importants les plus importants du côté du peuple palestinien car ils démolissent, sur le terrain, tous les plans concoctés par les forces palestiniennes, arabes, régionales et mondiales hostiles à la résistance palestinienne : une seule Palestine, un seul peuple, légitimité de la résistance, armée et populaire, la résistance est un mouvement de libération nationale.
La résistance armée palestinienne est intervenue à partir de la bande de
Gaza pour soutenir les Maqdissis désarmés face à la sauvagerie des forces
sionistes et leurs milices. Avant d’intervenir militairement, les forces de la
résistance ont activé la population civile, avec les ballons incendiaires et
les brigades du « chaos de nuit ». Mais les forces sionistes n’ont
pas tenu compte de ces appels. C’est alors que la résistance armée, regroupée
dans le cabinet armé commun qui regroupe l’ensemble des mouvements
palestiniens, est intervenue, avec la force de frappe des Brigades d’al-Qassam
et des Saraya al-Quds (Hamas et Jihad islamique). Mais les médias sionistes et
leurs satellites occidentaux essaient de faire croire que c’est le Hamas seul
qui se bat, voulant séparer entre mouvements de la résistance, d’une part, et
essayant d’isoler le Hamas du peuple d’autre part.
La résistance a été claire dès le début, d’ailleurs le nom de la bataille l’indique : « l’épée d’al-Quds » : elle intervient dans la lutte pour al-Quds (cesser les mesures de judaïsation, mosquée et Sheikh Jarrah), libération de tous les détenus arrêtés pendant le mois de Ramadan dans al-Quds. ce n’est ni pour lever le blocus criminel, ni pour des demandes spéciales pour Gaza. Elle ne cessera son combat que lorsque ses revendications seront satisfaites. Si la résistance est intervenue, c’est parce que les Maqdissis l’ont demandé, instamment. Sinon, elle aurait perdu de son importance : à quoi servent nos missiles, sinon à défendre la population palestinienne et surtout al-Quds ? Si elle n’intervient pas dans la bataille de protection d’al-Quds, elle ne sert à rien. C’est la décision commune du cabinet commun de la résistance. Cela montre, une fois encore, l’importance d’allier la résistance populaire à la résistance armée. La résistance a montrée sa force militaire, qu’elle préparait depuis 2014. Contrairement à ce que pensent certaines voix « pacifistes », l’intervention de la résistance armée n’a pas arrêté les manifestations populaires, au contraire, elle a donné de la force à la population civile qui a redoublé son mouvement, surtout dans les territoires occupés en 48.
En face, du côté de l’entité sioniste : la débandade politique et
militaire, les sionistes ne s’attendaient pas à la force de frappe de la
résistance qui a réussi à toucher une grande partie des localités coloniales et
en premier lieu Tel Aviv. La sauvagerie
avec laquelle ils bombardent la bande de Gaza et la facilité avec laquelle ils
tuent en Cisjordanie expriment leur rage, et montrent leur faiblesse. Les
sionistes menacent de mener une guerre terrestre, et la résistance les y
convie, car elle se sent puissante et maîtresse du terrain.
L’armée sioniste a voulu arrêter les missiles venant de Gaza et tuer la
résistance, dans l’oeuf. Elle a commis les massacres tuant les civils surtout,
et des combattants, mais affirmant que ses objectifs sont étudiés. Au
contraire, les sionistes n’ont pas de banques de données, ils visent n’importe
où, démolissant des tours d’habitation ou de bureaux, des écoles, les banques,
etc.. pour faire des dégâts, qui sont importants, mais la population est
restée, même après plusieurs jours de bombardements sauvages, fidèle à la
résistance.
L’impasse de l’entité sioniste est claire : politiquement, Netanyahu
est revenu, comme il le voulait, au devant de la scène et poussera autant que
possible à poursuivre la guerre contre la bande de Gaza. Mais, vu les dégâts et
les problèmes militaires et économiques (fermeture des aéroports) subis par
l’entité, jusqu’où irait-il, d’autant que son armée n’arrive pas à arrêter les
missiles palestiniens sur les colonies sionistes et il s’est avéré que le
système des dômes de fer est complètement inutilisable, celui que les sionistes
ont vendu à des régimes arabes pour leur défense et qu’ils continuent à
proposer aux Etats africains et asiatiques. l’échec du dôme est une catastrophe
pour eux. Malgré le survol permanent des avions sionistes de la bande de Gaza,
ils ne sont toujours pas arrivés à cerner les points de lancement des missiles
de la résistance. De plus, les Brigades al-Quds annoncent, dès le début de la
guerre, que les missiles seront lancées à 21 h (l’heure d’al-Baha’, du nom du
martyr Baha’ abul Ata, assassiné il y a deux ans par les sionistes), ils sont
effectivement lancés, sans que rien ne les arrête. Le fiasco militaire sioniste
est évident, et jamais vécu jusque là, et à ce point. C’est ce qui explique
leur acharnement à détruire la bande de Gaza, parce qu’ils veulent annoncer une
victoire, et ils n’y arrivent pas.
En Cisjordanie, la population essaie de se mettre au niveau de ce qui se
passe dans Gaza, mais la présence de l’Autorité et de la coordination
sécuritaire est devenue un réel frein. De plus, le terrain est devenu grave,
avec la présence de milliers de colons qui participent aux affrontements et
tuent impunément, mais aussi à cause du morcellement du territoire et la
facilité avec laquelle les sionistes tuent en Cisjordanie, chose qu’ils ne
peuvent faire ailleurs. Malgré tout, surtout depuis la fin du mois de ramadan,
les manifestations sont nombreuses dans toutes les villes et les régions,
d’autant plus que plusieurs martyrs ont été tués pendant les derniers jours de
ramadan et qu’une opération de la résistance a eu lieu au barrage de Zaatara.
Mais de plus en plus, les gens parlent du renouvellement de l’Intifada, surtout
qu’il y a plusieurs martyrs (al Khalil, Jénine, Nablus, Ramallah) et des
blessés, et arrêtés. Le vendredi 14, (deuxième jour du eid al-Fitr), les
Palestiniens de la Cisjordanie se sont soulevés en masse, et les sionistes ont
tiré : 10 martyrs. Il est fort probable
que le mouvement va s’amplifier.
L’intérieur palestinien occupé : les Palestiniens de 48, présents dans la défense de la mosquée al-Aqsa et de Sheikh Jarrah ont été les cibles de la répression sioniste, et la répression s’est étendue vers leurs villes et villages, à cause de la crainte des sionistes que la révolte dans al-Quds ne s’étende. Après avoir interdit le mouvement islamique et largement contribué à répandre la criminalité dans le milieu palestinien, le mouvement national semblait perdu, divisé, surtout avec la participation médiocre de la classe politique au knesset et sa division. La participation des jeunes, une nouvelle génération qui rejette toute israélisation, qui ne se reconnaît pas dans les mots d’ordre de « citoyens » ni dans la citoyenneté « israélienne », a été la surprise de tous. Il est clair que les forces politiques classiques essaieront de récupérer le mouvement, mais les jeunes révoltés vont modifier entièrement le paysage politique de l’intérieur. Ce qui s’est passé dans la ville occupée d’Al-Lid est symbolique, et montre que la nouvelle génération sent qu’elle n’a plus rien à perdre et tout à gagner : elle s’est armée, elle attaque les véhicules des sionistes et affronte les forces armées, elle se défend contre les attaques des colons et réussit même à les chasser, et les colons sont tellement lâches qu’ils n’attaquent que les Palestiniens isolés. L’unité retrouvée du peuple palestinien autour de la résistance (armée aussi) est stratégiquement importante. Cette unité dépasse celle de la Journée de la terre et des Intifadas précédentes.
La force de la résistance armée: la résistance n’arrêtera pas avant le recul du projet de judaïsation de la mosquée et de mettre fin à l’expulsion des habitants de Sheikh Jarrah. Elle peut tenir longtemps, c’est ce qu’elle a maintes fois annoncé, et le soutien populaire de la population de Gaza et de toute la Palestine, et maintenant des masses arabes, et dans le monde, l’aidera moralement à poursuivre. Les médias sionistes et leurs satellites occidentaux et arabes disent que ce sont les sionistes qui refusent les médiateurs. Mais la résistance est claire : elle n’arrêtera pas avant que les sionistes ne reculent, malgré toute la sauvagerie des attaques sionistes. Militairement, politiquement, socialement, la résistance palestinienne est en train de battre l’entité coloniale. Il est peut-être trop tôt pour analyser le sens de cette victoire, mais les Palestiniens avaient déjà gagné la bataille dans al-Quds, lorsque les sionistes avaient reculé une première fois, dans la mosquée et dans Sheikh Jarrah, même tactiquement. Et depuis, avec l’intervention de la résistance armée, la victoire s’annonce pour le peuple palestinien et l’échec cuisant pour les sionistes. Les scènes de violence dans al-Quds et ailleurs ne doivent pas démoraliser, au contraire, elles montrent l’impasse des sionistes qui attaquent les désarmés, par rage et haine.
Dans l’exil, la manifestation en Jordanie, les manifestations dans les
camps palestiniens, les manifestations qui s’organisent au Liban et en Syrie,
tout cela va dans le sens de l’unité forgée dans la lutte, et non dans les
élections bidons de l’Autorité.
Changement stratégique : après plusieurs jours, il semble bien qu’une nouvelle phase est en train de poindre : la résistance est là, elle ne peut que vaincre cette bataille, qui se terminera par un échec des sionistes, une nouvelle fois. Ils devront abandonner leur projet de judaïser la mosquée al-Aqsa et réduire leurs projets sionistes envers les quartiers palestiniens de la ville d’al-Quds, principalement Sheikh Jarrah. Ce n’est qu’une bataille, ce n’est pas la libération, mais c’est un tournant, qui tient compte de la force régionale du front de la résistance et des rapports de force politique et militaire dans le monde.