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La Palestine, 100 ans après Balfour – Conférence-débat avec Hamdan al-Damiri

vendredi 13 octobre, 20h,

le Comité Action Palestine vous convie à

une Conférence-Débat avec Hamdan AL-DAMIRI

Athénée municipal, Bordeaux. Tram A et B, arrêt Hôtel de ville

Hamdan al-Damiri est représentant de la communauté palestinienne en Belgique. S’étant rendu en Palestine très récemment, il nous présentera un témoignage direct de la situation et nous livrera son analyse des perspectives pour le mouvement national palestinien.

Il y a 100 ans, en 1917, la Grande Bretagne, par la voix de son Ministre des Affaires étrangères Arthur Balfour, se déclarait en faveur de l’établissement d’un foyer national juif en Palestine. A la fin de la première guerre mondiale, le dépeçage de l’empire ottoman fut une étape majeure de l’influence des puissances impérialistes au Proche et Moyen Orient. Cent après, que reste t-il des rapports de force qui ont conduit à la création par la force et la violence d’une entité coloniale en Palestine, à la dépossession du peuple palestinien et à sa transformation en une nation de réfugiés qui revendique toujours son droit à l’autodétermination et au retour ? La situation actuelle est elle favorable à la réalisation des objectifs de la résistance ?

Au cours de cette soirée, Hamdan al-Damiri nous apportera son éclairage sur ces questions.




Liban, l’autre terre des martyrs

Calendrier Palestine Libre 2017 « Palestine, terre des martyrs »

 Le Liban est la terre d’asile de près de 400 000 réfugiés palestiniens expulsés de leurs foyers en 1948 ou en 1967. La résistance palestinienne s’y installe à la fin des années 60, puis plus massivement après les massacres de Septembre noir en Jordanie. Face aux crimes de l’entité sioniste, tout comme dans la résistance, Palestiniens et Libanais sont intrinsèquement liés. Ces deux peuples et leurs combattants partagent le même destin.

Rendons hommage aux martyrs des organisations de la résistance tués lors des opérations héroïques menées en Palestine occupée. Les populations des camps de réfugiés et des localités libanaises, principalement au Sud, ont apporté leur soutien aux combattants et ont fait le sacrifice de leur vie lors des représailles de l’entité sioniste.

Vingt huit Palestiniens ont été assassinés par les milices chrétiennes libanaises le 13 avril 1975 à Ain El-Roumaneh, étincelle qui embrasa le Liban pour de nombreuses années de guerre civile.

Rendons hommage aux réfugiés palestiniens massacrés en 1976 par les phalangistes chrétiens, avec le soutien de l’armée syrienne, aux cours des sièges  des camps de Dbayé, Jisr al-Basha, Nab’a et Karantina. Souvenons-nous du camp de Tal-al Zhataar, qui après 8 mois de siège, sera entièrement détruit et 2000 de ses habitants massacrés.

L’invasion israélienne du Liban en 1982 et les 22 années d’occupation au Sud ont tué  20 000 personnes.

N’oublions jamais les crimes des camps palestiniens de Sabra et Chatila, perpétrés les 16 et 17 septembre 1982 par les phalanges chrétiennes en collaboration avec l’armée sioniste, sous le commandement de Ariel Sharon. On parle de 3000 martyrs, hommes, femmes enfants, vieillards. Les forces israéliennes ont commis de nombreux autres massacres dans les villes et villages libanais. A Cana au Sud-Liban, le 18 avril 1996 puis de nouveau le 30 juillet 2006, près de 200 villageois ont péri sous les bombes sionistes.

Le sacrifice des combattants de la résistance, qui ont versé leur sang pour chasser l’occupant sioniste du Sud-Liban, éclaire le chemin de la libération de la Palestine. Rendons leur hommage.

Dalal al-Mugrabi, Shadi Anas, Hasan Hasanayn, Jihad Jibril, Hadi Nassralah ne sont que quelques-uns de ces centaines de martyrs palestiniens et libanais.  Ne les oublions jamais.

Comité Action Palestine

Photo : le cimetière des Martyrs à Chatila – Liban (Comité Action Palestine)

 Comme tous les cimetières nationaux, les cimetières des Martyrs sont les symboles de l’unité nationale, mais contrairement aux autres cimetières au Liban, et peut-être dans le reste du Moyen Orient, le cimetière des Martyrs de Chatila contient les dépouilles de Chrétiens, Musulmans et Juifs, le seul critère pour être enterré là – et faire partie de la nation – étant simplement d’avoir combattu pour la cause nationale palestinienne. Ainsi, le cimetière des martyrs de Chatila accueille également les restes de combattants turcs, allemands, irlandais et iraniens. (Héros et martyrs de Palestine, la politique de commémoration nationale, Laleh Khalili).

 




« Arrêtez de dilapider notre cause » – Communiqué du Jihad islamique en Palestine

Communiqué du mouvement du Jihad islamique en Palestine – 25 septembre 2017

Dans un communiqué publié lundi 25 septembre 2017, le Mouvement du Jihad islamique en Palestine dénonce toutes les formes de normalisation et met en garde contre les appels à mettre fin au boycott de l’occupation.

« Nous avons suivi récemment les déclarations de responsables arabes par le biais desquelles ils tentent de « nouer des relations d’amitié » avec l’entité sioniste et d’afficher « leurs bonnes intentions », comme les déclarations du ministre des affaires étrangères saoudien qui a dit ne pas voir de justifications pour la poursuite du conflit arabo-israélien » ou l’appel du roi du Bahrayn à ne pas boycotter l’Etat de l’entité, dont les dirigeants s’activent à faire exploser la région dans son ensemble, à nourrir les divisions et à séparer des parties chères à notre monde arabe ».

Le communiqué poursuit : «  Nous demandons à ceux qui se précipitent vers une paix avec l’entité sioniste et pour nouer des relations avec lui : n’est-il pas préférable et prioritaire d’afficher votre amitié et votre humanisme en éteignant les incendies que vous avez allumées, au sud et au nord, qui ont détruit les pays, incendié les patries et dispersé les humains ? Ou alors vous cachez votre politique honteuse et vos fautes en donnant satisfaction aux Etats-Unis, en demandant la propagation de la « paix » ? Ou bien est-ce les intérêts du trône, du pouvoir et du gouvernement qui priment devant les ambitions et les espoirs des peuples ?

« Au nom de tout Palestinien libre, qui refuse l’abandon de sa terre et des lieux saints, nous vous disons : arrêtez de dilapider notre cause. Si vous êtes incapables de vous tenir auprès de notre peuple et de soutenir son droit à la résistance, et sa lutte pour recouvrer ses droits, ne lavez pas les mains  de l’ennemi, ensanglantées par ses meurtres et ses tueries, en vous précipitant vers lui et en normalisant vos relations avec lui. Les générations futures ne pardonneront pas, comme elles n’oublieront pas. Par la permission de Dieu le Très-Haut, viendra le jour qui témoignera de la concrétisation du vrai, et où sera vengée chaque goutte de sang versée du fait  des envahisseurs sionistes, dans le cadre du silence arabe et de la complicité internationale ».

« Notre peuple et toutes ses forces vives continueront à lever la bannière de la défense de la terre bénie de la Palestine, d’al-Quds et de la mosquée al-Aqsa,  et ce malgré les événements difficiles vécus par la région, et malgré les complots et les alliances haineuses des forces oppressives contre notre nation, notre peuple et notre cause ».

بسم الله الرحمن الرحيم

بيان صحفي

ندين كل أشكال التطبيع ونحذر من دعوات إنهاء مقاطعة الاحتلال 

تابعنا في حركة الجهاد الإسلامي في فلسطين، مؤخراً تصريحات عدد من المسؤولين العرب التي حاولوا من خلالها « التودد » للكيان الصهيوني وإظهار « حسن نواياهم » تجاهه. من تصريحات وزير خارجية السعودية عادل الجبير التي قال فيها: أنه « لا يرى مبرراً لاستمرار الصراع العربي الإسرائيلي »، إلى دعوة ملك البحرين لعدم مقاطعة دولة الكيان، التي يسعى قادتها لتفجير المنطقة برمتها وتغذية الانقسامات وفصل أجزاء عزيزة من عالمنا العربي!

إننا نسأل أولئك المتهافتين على الصلح مع الكيان الصهيوني وإقامة العلاقات معه : أليس الأجدر والأولى إظهار مودتكم وإنسانيتكم لإطفاء الحروب التي أشعلتموها جنوباً وشمالاً فدمرت البلاد وأحرقت الأوطان وشردت الإنسان؟!! أم أنكم تسترون عوار سياساتكم وخطاياكم باسترضاء أمريكا طلباً لنشر « السلام »؟! أم هي مصالح العرش والحكم والسلطة المقدمة على تطلعات الشعوب وأمانيها..؟!

إننا باسم كل فلسطيني حر يرفض التفريط في أرضه ومقدساته نقول لكم: كفوا أيديكم عن العبث بقضيتنا ، وإذا كنتم عاجزين عن الوقوف مع شعبنا وإسناد حقه في المقاومة والنضال لاستعادة حقوقه ، فلا تغسلوا أيدي العدو الملطخة بجرائم قتله وذبحه عبر سياسات الهرولة والتطبيع, فالأجيال لن تغفر ولن تنسى، وبإذن الله تعالى سيأتي اليوم الذي يكون شاهداً على إحقاق الحق ودفع ثمن كل قطرة دم سفكها الغاصبون الصهاينة في ظل الصمت العربي والتواطؤ الدولي. وسنبقى مع شعبنا وكل قواه الحية نرفع لواء الدفاع عن أرض فلسطين المباركة وعن القدس والمسجد الأقصى المبارك رغم كل الظروف الصعبة التي تمر بها المنطقة ورغم كل المؤامرات وتكالب القوى الظالمة على أمتنا وشعبنا وقضيتنا.

المكتب الإعلامي

لحركة الجهاد الإسلامي في فلسطين

الاثنين 5 محرم 1439ه، 24/9/2017م




« De 1917 à 2017, les 100 ans de la déclaration de Balfour : le déclin tendanciel de l’impérialisme occidental » par Tayeb El Mestari

écrit pour le journal libanais Al Akhbar, 15 septembre 2017

Tayeb El Mestari

La première ministre britannique Theresa May a  invité son homologue israélien Benyamin Nétanyahou  à célébrer, le 2 novembre 2017, le centenaire de la déclaration de Balfour et a rejeté la demande d’excuses formulée par les dirigeants palestiniens pour cette déclaration, qui est à l’origine de la création de l’Etat d’Israël. En effet quelques semaines avant la fin de la  première guerre mondiale, le ministre des Affaires Etrangères de la Grande Bretagne, Arthur Balfour, se déclara officiellement en faveur de l’établissement d’un foyer juif en Palestine :

  « …Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif, et il emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui porte atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives de Palestine ainsi qu’aux droits et aux statuts politiques dont les Juifs jouissent dans les autres pays.»

 La colonisation de la Palestine a été un enjeu central du partage du Moyen-Orient entre la Grande Bretagne et la France. Cette promesse a été faite aux juifs, dans le cadre du « dépeçage » du moyen Orient, négocié entre la grande Bretagne et la France, lors des accords secrets dits Sykes-Picot (1916), projet rendu définitif à la conférence de San Rémo (1920) et entérinés par la Société des Nations en 1922. La première guerre mondiale fut une « guerre de rapine » entre les grandes puissances d’alors : Au Moyen Orient la France obtient un mandat sur le Liban et la Syrie alors que la Grande Bretagne met la main sur l’Irak et la Palestine. La promesse faite aux juifs a été tenue, celle faite aux Arabes (un Etat en échange de leur ralliement contre l’empire ottoman), ne s’est pas concrétisée. 

Dans l’Impérialisme, stade suprême du capitalisme, Lénine observe que la première guerre mondiale a été l’apogée de la lutte entre pays capitalistes pour la conquête des territoires. Aucun pays n’échappe à leur domination et le seul changement possible, selon lui, est que les « possessions » pourraient changer de « maître ». Le processus historique lui a donné raison sur ce point. Les Etats-Unis sont devenus depuis la seconde guerre mondiale le « maître » du monde. Mais le mépris de Theresa May envers les Palestiniens est-il le reflet d’une domination totale et inchangée de l’Occident dans cette région depuis 100 ans ?

De nombreux observateurs s’accordent sur le constat que l’impérialisme a connu une profonde mutation. Il est affaibli en raison de plusieurs facteurs, notamment l’émergence de puissances tel que l’Iran ou la Turquie et de la résistance populaire comme en Palestine. Analysant les ressorts de l’affaiblissement du sionisme, comme prolongement de l’impérialisme dans la région, l’intellectuel Mounir Chafik considère que « le leadership israélien actuel n’a pas de vision, il est décrédibilisé, faible et incomparable avec le leadership à l’origine de la création d’Israël…L’armée israélienne est une armée qui ne se bat plus, elle a été vaincue au cours de quatre guerres, et s’est progressivement transformée en forces de police ». Pour illustrer cette évolution en profondeur de la société coloniale, Mounir Chafik donne cet exemple éclairant : « Un jeune palestinien de 48 a tué deux israéliens lors d’une opération à Tel Aviv.  Il a fui et s’est caché pendant une semaine, moment durant lequel  la vie s’est arrêtée à Tel Aviv. Les israéliens n’osaient plus sortir, jusqu’à ce que des forces de l’occupation le retrouvent et le tuent dans son village ». 

  Au-delà de cette évolution marquante, la tendance à l’affaiblissement de l’impérialisme s’explique par les mécanismes internes du capitalisme. Dans l’ouvrage précité, Lénine montre que la stratégie de conquête territoriale, dès la fin du XIXème siècle, a reposé sur cette idée formulée par un richissime banquier Anglais : « L’empire, ai-je toujours dit, est une question de ventre. Si vous voulez éviter la guerre civile, il vous faut devenir impérialistes ». En d’autres termes, les impérialistes ont ingénieusement crée un consensus interclassiste, en distribuant une petite partie du pillage des colonies aux classes sociales exploitées et paupérisées. Le propos du banquier anglais est amputé du deuxième aspect de la dialectique impérialiste : pour consolider l’empire, il fallait neutraliser les contradictions internes en fabricant une solidarité de classes contre-nature. Or, ce consensus se fissure aujourd’hui en raison du retour de la question sociale en Europe et aux Etats-Unis. Les élections présidentielles et législatives d’avril et juin 2017 en France ont révélé des tensions sociales et politiques qui se sont exprimées à travers un abstentionnisme massif et un vote de classe « anti-système ». L’Angleterre, sous l’effet du vote populaire et d’une partie de la bourgeoisie, a été contrainte de quitter l’Union européenne. Aux Etats-Unis, la paupérisation du « petit blanc » et les contradictions au sein même des classes dominantes constituent les facteurs déterminants de l’arrivée de D. Trump au pouvoir. Les tensions au sommet de l’Etat américain montrent que les classes dirigeantes parviennent difficilement à établir un consensus et à suivre une stratégie claire.

 Partout, le Capital profite de la conjoncture défavorable aux salariés pour exercer une pression à la baisse sur les salaires. La « politique du ventre » et le consensus historique entre les classes ont atteint leurs limites depuis les années 1970. Cette situation interne aux pays occidentaux a des effets politiques, qui pourraient déboucher, à terme, sur une crise de légitimité de ces Etats. La crise financière de 2008 rappelle que les bases infrastructurelles du modèle occidental sont fragiles. L’effondrement global devient aujourd’hui une hypothèse réaliste. L’homme occidental repu et engourdi, sans vitalité subversive, que le philosophe Herbert Marcuse dénonce dans les années 1960, n’est plus une réalité tangible. De nouvelles forces de fracture remettent en question la tranquillité bourgeoise des démocraties occidentales. De fait, les pays capitalistes dominants sont aujourd’hui confrontés à un double défi : la dégradation politique interne et l’impératif de conquérir chaque jour de nouveaux marchés, alimentant une guerre économique intense entre eux. Cette nouvelle phase du capitalisme explique l’ingérence occidentale brutale, tous azimuts, malgré les risques d’entropie.

C’est pour cette raison que l‘intellectuel engagé Noam Chomsky analyse la sauvagerie impérialiste, c’est-à-dire l’emploi de la force à outrance, comme une stratégie contre-productive et irrationnelle, parfaitement illustrée par le comportement israélien contre la flottille turque pro-Gaza en 2012 : « Les États ne se conduisent pas nécessairement de façon rationnelle, et Israël devient très irrationnel, paranoïaque, et ultranationaliste. Prenez le cas de l’attaque contre la flottille. C’est un acte complètement irrationnel. Ils pouvaient neutraliser les bateaux s’ils l’avaient voulu. Attaquer un bateau à pavillon turc et tuer des Turcs c’est à peu près la chose la plus folle qu’ils puissent faire d’un point de vue stratégique. La Turquie est depuis 1958 leur allié de prédilection dans la région. Attaquer votre meilleur allié dans la région sans aucune raison est complètement fou. » Cela signifie-il que l’impérialisme est sur son lit de mort ?

Il est encore trop tôt pour le dire, mais la résistance populaire et le processus d’autonomisation en cours des sociétés du Moyen Orient exercent une pression sur les contradictions internes de l’impérialisme dont l’affaiblissement structurel n’est certes pas la fin de l’Histoire mais la fin d’une histoire, celle d’un Occident omnipotent. L’arrogance de Theresa May est en trompe l’œil.

http://al-akhbar.com/node/283289

source photographique : (AFP/THE NATIONAL ARCHIVES UK)




Septembre noir : la résistance sous le feu du régime jordanien

Calendrier Palestine Libre 2017 : « Palestine, terre des martyrs »

Après l’occupation de toute la Palestine par les sionistes en juin 1967, la résistance palestinienne se réfugie à l’Est du Jourdain pour y organiser les attaques contre l’armée coloniale. Au quotidien les fedayins traversent le fleuve pour harceler l’occupant et lancer des opérations de guérilla sur tout le territoire de la Palestine. En Jordanie la résistance armée se renforce et  compte jusqu’à 20000 combattants entrainés et autant de résistants potentiels dans les camps et les organisations de jeunesse. La force de cette résistance est symbolisée par la victoire de Karameh le 21 mars 1968, où 400 fedayins repoussent victorieusement 10 000 soldats de l’armée d’occupation. Les 150 martyrs  de cette bataille symbolisent le renouveau de la dignité arabe après la défaite de 1967.

La révolution palestinienne menace non seulement les sionistes, mais également le pouvoir jordanien considéré comme le maillon faible de l’axe arabe de la confrontation contre Israël. Ce dernier met alors tout en œuvre pour désarmer la résistance et tenter de la discréditer en infiltrant ses rangs et en provoquant des heurts entre les fedayins et les autorités. Alors que les opérations de résistance, telles que les détournements d’avion, deviennent de plus en plus spectaculaires, le gouvernement d’Amman intensifie la répression. Dès novembre 1968, l’armée jordanienne attaque des camps de réfugiés palestiniens. Elle y fait des centaines de martyrs comme en juin 1970 dans le camp de Wahadat. L’acceptation par l’Egypte et la Jordanie d’un plan américain de reprise des relations avec l’entité sioniste sur la base de la résolution 242 envenime encore plus la situation.

Le 17 septembre 1970 au matin, l’armée jordanienne lance officiellement l’attaque contre la résistance palestinienne à Amman et dans tous les camps de réfugiés. Les massacres dureront plusieurs semaines et le nombre de martyrs s’élève, selon les sources, entre 3500 et 15 000 morts palestiniens. Personne n’intervient vraiment pour stopper la boucherie. Un accord oblige alors la résistance palestinienne à concentrer ses forces dans le Nord du pays, prélude à la bataille ultime menée par le gouvernement jordanien pour l’élimination totale des fedayins de son territoire. Elle débute le 13 juillet 1971. En quelques jours l’armée royale écrase 3000 combattants palestiniens, faisant au moins 1000 martyrs, dont Abu Ali Iyad l’un des principaux chefs de la branche armée du Fatah.

Le Martyr Abu Ali Iyad symbolise toute la détermination du peuple palestinien pour poursuivre son combat et sa révolution jusqu’à la libération de la terre de Palestine et au retour des réfugiés, peu importe que l’ennemi soit directement l’entité coloniale sioniste ou les régimes arabes liés à l’impérialisme.

Que son nom reste dans nos mémoires au nom de tous les Martyrs de cette lutte sur le sol jordanien.

Comité Action Palestine

 




Tombés loin de leur terre

Calendrier Palestine Libre 2017 : « Palestine, terre des martyrs »

Qu’il soit intellectuel, diplomate, leader politique, tout Palestinien devient une cible pour l’ennemi sioniste et le Mossad, avec ses escadrons de la mort, traque les résistants palestiniens partout dans le monde. On ne peut oublier le célèbre écrivain porte parole du FPLP, Ghassan Kanafani, abattu avec sa nièce de 17 ans en 1972 à Beyrouth à l’âge de 36 ans, ni le caricaturiste Naji al-Ali assassiné en 1987 à Londres. Si bon nombre de ces crimes ont été commis dans des pays arabes, notamment à Beyrouth, Dubaï, Tunis ou en Egypte, l’Europe fut également le théâtre de nombreux assassinats, à Rome, Athènes, Londres, Bruxelles, en Allemagne…Dans la seule ville de Paris, de 1972 à 1982, on compte 7 meurtres de Palestiniens connus, parmi lesquels le représentant de l’OLP en France, Mahmoud Al Hamchari, victime à 33 ans d’un attentat à la bombe en 1972. Dernier en date de cette longue liste de Palestiniens traqués et abattus par le Mossad, Omar Nayef qui fut assassiné début 2016 dans les locaux de l’ambassade de Palestine en Bulgarie.

Rien n’arrête les services secrets sionistes pour éliminer les résistants palestiniens : attentats à la bombe, empoisonnements, enlèvements, vols de passeports…Et toujours dans l’impunité, quand ils ne bénéficient pas de complicités et du silence dans les pays où ils commettent leurs crimes.

Malgré ce déploiement de moyens et les soutiens extérieurs qu’il reçoit, le Mossad n’est pas infaillible : au lourd bilan de ses crimes, s’ajoutent toutes les tentatives manquées d’enlèvements et d’assassinats. Une des plus spectaculaires reste celle menée en 1997 en Jordanie contre Khaled Mechaal, un des responsables du Hamas. Victime d’une tentative d’empoisonnement, il ne doit la vie qu’à des maladresses des agents du Mossad et à la réaction du roi Hussein exigeant et obtenant du gouvernement sioniste l’antidote. De même, lors de l’assassinat de Mahmoud Al Mabhouh, un cadre du Hamas, début 2010 dans un hôtel de Dubaï, le Mossad commet des erreurs telles qu’il ne peut plus camoufler ses crimes aux yeux du monde.

Mémoire, respect et honneur à tous ces martyrs palestiniens forcés à l’exil ou partis hors de Palestine pour porter au monde la voix de la Résistance.

Comité Action Palestine (août 2017)

 




Gaza la Résistante

Calendrier Palestine Libre 2017 : « Palestine, terre des martyrs »

Depuis 2005, l’Etat sioniste mène, tous les 2 ou 3 ans, une guerre sans merci aux Palestiniens à Gaza. A chaque guerre, le bilan humain et les destructions matérielles sont très lourds. Le prétexte est toujours le même, l’entité sioniste prétend riposter aux roquettes palestiniennes alors qu’elle bombarde et assassine sans cesse des résistants.

        Le 27 décembre 2008, plus de cinquante chasseurs F16  bombardent Gaza. L’attaque dure trois semaines et fait 1330 martyrs palestiniens. L’armée sioniste cible les écoles, les hôpitaux et même les convois humanitaires. La résistance fait face avec courage et détermination. Des membres importants du Hamas sont tués durant les opérations : les généraux Tawfik Jaber et Salah Abu Shrakhet, le ministre de l’Intérieur Saïd Seyam, le commandant Abou Zakaria Al Djamal et le cheik Nizar Rayyan dont les enfants périssent aussi. Le Jihad islamique perd Wajih Mushtahi, et plusieurs autres membres des brigades Al Quods, sa branche armée. Les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa confirment la mort d’Ali Hijazi.

Le 14 novembre 2012, Ahmed Jaabari, important responsable militaire et  politique est tué dans sa voiture à Gaza par un missile israélien. C’est le début d’une nouvelle offensive militaire qui dure 7 jours. Elle fait 162 martyrs dont au moins 26 enfants.  Quatre-vingt onze combattants palestiniens sont tués, dont Khamer Hamri, commandant de l’unité de roquettes du Jihad islamique et plusieurs responsables du Hamas dont Ahmed Abu Jalal Sheir Khaled, Mohammed Kalav, Osama Kadi, Yahiya Abiya. Un accord de cessez- le-feu est signé le 21 novembre sans que les sionistes aient pu faire plier la résistance. En 2012 comme en 2009, les opérations terrestres sont stoppées rapidement et avec succès par les combattants palestiniens. Israël n’a atteint aucun de ses objectifs militaires stratégiques, en particulier le démantèlement de la résistance.

Le 1er juillet 2014, un enfant palestinien, Mohammad Abou Khdeir, est brulé vif par des colons. En réaction à ce crime, la résistance palestinienne procède à des tirs de roquettes sur des villes israéliennes. Le 8 juillet, les sionistes attaquent de nouveau Gaza. Les bombardements font 240 martyrs dès le premier jour, visant les quartiers les plus peuplés pour semer la terreur. Une fois de plus, dans cette guerre asymétrique, rien n’est épargné par les bombes de l’occupant sioniste : habitations, mosquées, hôpitaux, résidences pour handicapés, etc. En six semaines, il y a 2310 victimes palestiniennes dont 302 femmes et 530 enfants. Quatre jeunes garçons de 9 à 12 ans Ayed, Zakaria, Ramez et Mohammed, tous de la famille Baker, sont tués alors qu’ils jouaient au ballon sur une plage. Ils deviennent le symbole des victimes civiles palestiniennes de cette guerre.

La résistance mène alors des contre-attaques efficaces avec des centaines de tirs de roquettes sur les principales villes, semant la panique parmi les colons. Le 21 août, trois importants commandants des brigades Ezzeddine Al-Qassam sont tués à Raffah lors d’un raid israélien : Mohammed Abou Shamalla, « héros de l’intifada», Raed Al-Atar, commandant de brigade et Mohamed Barhoum.

Après 50 jours de combat, l’entité sioniste est acculée à réclamer un arrêt des hostilités. La résistance a infligé à l’occupant de lourdes pertes humaines et économiques, en semant le doute et la peur chez les colons. Gaza la déshéritée a mis à genoux l’ennemi sioniste et, avec lui, toute la puissance occidentale.

Comité Action Palestine (juillet 2017)

photo :  Gaza : Symbol of resistance by Joyce Chediac




Grandeur de Yasser Arafat, par Gilles Deleuze

 En cette année 2017, qui marque le centième anniversaire de la déclaration de Balfour, le 70ème anniversaire du plan de partition de la Palestine et le 35ème anniversaire des massacres de Sabra et Chatila, le Comité Action Palestine publie ce texte de Gilles Deleuze qui rend hommage à Yasser Arafat. Dans cet écrit qui date de 1983, le philosophe français définit  sans hésitation le sionisme comme un mouvement politique dont le but est de faire disparaitre le peuple palestinien pour lui voler sa terre. En clair, c’est un génocide qui ne dit pas son nom, où « l’extermination physique reste subordonnée à l’évacuation géographique ».  En se référant au colonialisme européen aux Etats-Unis qui a décimé les Indiens, Gilles Deleuze inscrit le colonialisme juif en Palestine dans la stratégie du capitalisme « à repousser ses limites » pour toujours aller plus loin dans l’exploitation du système. Si ce texte n’échappe pas à certains préjugés de l’époque, il a le grand mérite de poser les constantes de l’analyse. Il montre que le discours sioniste est resté inchangé, faisant des Palestiniens des terroristes et de leurs soutiens des antisémites. Le sionisme a toujours été radicalement violent, sa particularité est que cette violence est aujourd’hui l’expression de son affaiblissement durable. La philosophie de Gilles Deleuze est une philosophie de l’émancipation, de ce fait elle devait penser la centralité de la cause du peuple palestinien. Comité Action Palestine


Gilles Deleuze,  septembre 1983

La cause palestinienne est d’abord l’ensemble des injustices que ce peuple a subies et ne cesse de subir. Ces injustices dont les actes de violence, mais aussi les illogismes, les faux raisonnements, les fausses garanties qui prétendent les compenser ou les justifier. Arafat n’avait plus qu’un mot pour parler des promesses non tenues, des engagements violés, au moment des massacres de Sabra et Chatila : shame, shame (honte, honte).

On dit que ce n’est pas un génocide. Et pourtant c’est une histoire qui comporte beaucoup d’Oradour, depuis le début. Le terrorisme sioniste ne s’exerçait pas seulement contre les Anglais, mais sur des villages arabes qui devaient disparaître ; l’Irgoun fut très actif à cet égard (Deir Yassin). D’un bout à l’autre, il s’agira de faire comme si le peuple palestinien, non seulement ne devait plus être, mais n’avait jamais été.

Les conquérants étaient ceux qui avaient subi eux-mêmes le plus grand génocide de l’histoire. De ce génocide, les sionistes avaient fait un mal absolu. Mais transformer le plus grand génocide de l’histoire en un mal absolu, c’est une vision religieuse et mystique, ce n’est pas une vision historique. Elle n’arrête pas le mal ; au contraire, elle le propage, elle le fait retomber sur d’autres innocents, elle exige une réparation qui fait subir à ces autres une partie de ce que les Juifs ont subi (l’expulsion, la mise en ghetto, la disparition comme peuple). Avec des moyens plus « froids » que le génocide, on veut aboutir au même résultat.

Les Etats-Unis et l’Europe devaient réparation aux juifs. Et cette réparation, ils la firent payer par une peule dont le moins qu’on puisse dire est qu’il n’y était pour rien, singulièrement innocent de tout holocauste et n’en ayant même pas entendu parler. C’est là que le grotesque commence, aussi bien que la violence. Le sionisme, puis l’Etat d’Israël exigeront que les Palestiniens les reconnaissent en droit. Mais lui, l’Etat d’Israël, il ne cessera de nier le fait même d’un peuple palestinien. On ne parlerait jamais de Palestiniens, mais d’Arabes de Palestine, comme s’ils s’étaient trouvés là par hasard ou par erreur. Et plus tard, on fera comme si les Palestiniens expulsés venaient du dehors, on ne parlera pas de la première guerre de résistance qu’ils ont menée tous seuls. On en fera les descendants d’Hitler, puisqu’ils ne reconnaissent pas le droit d’Israël. Mais Israël se réserve le droit de nier leur existence de fait. C’est là que commence une fiction qui devait s’étendre de plus en plus, et peser sur tous ceux qui défendaient la cause palestinienne. Cette fiction, ce pari d’Israël, c’était de faire passer pour antisémites tous ceux qui contesteraient les conditions de fait et les actions de l’Etat sioniste. Cette opération trouve sa source dans la froide politique de l’Etat d’Israël à l’égard des Palestiniens.

Israël n’a jamais caché son but, dès le début : faire le vide dans le territoire palestinien. Et bien mieux, faire comme si le territoire palestinien était vide, destiné depuis toujours aux sionistes. Il s’agissait bien de colonisation, mais pas au sens européen du XIXème siècle : on n’exploiterait pas les habitants du pays, on les ferait partir. Ceux qui resteraient, on n’en ferait pas une main d’œuvre dépendant du territoire, mais plutôt une main d’œuvre volante et détachée, comme si c’étaient des immigrés mis en ghetto. Dès le début, c’est l’achat des terres sous la condition qu’elles soient vides d’occupants, ou vidables. C’est un génocide, mais où l’extermination physique reste subordonnée à l’évacuation géographique : n’étant que des Arabes en général, les Palestiniens survivants doivent aller se fondre avec les autres Arabes. L’extermination physique, qu’elle soit ou non confiée à des mercenaires, est parfaitement présente. Mais ce n’est pas un génocide, dit-on, puisqu’elle n’est pas le « but final » : en effet ; c’est un moyen parmi d’autres.

La complicité des Etats-Unis avec Israël ne vient pas seulement de la puissance d’un lobby sioniste. Elias Sanbar a bien montré comment les Etats-Unis retrouvaient dans Israël une part de leur histoire : l’extermination des Indiens, qui, là aussi ne fut qu’en partie directement, physique. Il s’agissait de faire le vide, et comme s’il n’y avait jamais eu d’Indiens, sauf dans des ghettos qui en feraient autant d’immigrés du dedans. A beaucoup d’égards, les Palestiniens sont les nouveaux Indiens, les Indiens d’Israël. L’analyse marxiste indique deux mouvements contraires du capitalisme : s’imposer constamment des limites, à l’intérieur desquelles il aménage et exploite son propre système ; repousser toujours plus loin ces limites, les dépasser pour recommencer en plus grand et en plus intense sa propre fondation. Repousser les limites, c’était l’acte du capitalisme américain, du rêve américain, repris par Israël et le rêve du Grand Israël sur les territoires arabe, sur le dos des Arabes.

Comment le peuple palestinien a su résister et résiste. Comment, de peuple lignager il est devenu nation armée. Comment il s’est donné un organisme qui ne le représente pas simplement, mais l’incarne, hors territoire et sans Etat : il y fallait un grand personnage historique qu’on dirait, d’un point de vue occidental, presque sorti de Shakespeare, et ce fut Arafat. Ce n’était pas la première fois dans l’histoire (les Français peuvent penser à la France libre, à cette différence près qu’elle avait au début moins de base populaire). Et ce qui n’est pas non plus pour la première fois dans l’histoire, c’est toutes les occasions où une solution, un élément de solution étaient possibles, que les Israéliens ont délibérément, sciemment détruits. Ils s’en tenaient à leur position religieuse de nier, non pas seulement le droit, mais le fait palestinien. Ils se lavaient de leur propre terrorisme en traitant les Palestiniens de terroristes venus du dehors. Et précisément parce que les Palestiniens n’étaient pas cela, aussi différents des autres Arabes que les Européens peuvent l’être en eux, ils ne pouvaient attendre des Etats arabes eux-mêmes qu’une aide ambiguë, qui se retournait parfois en hostilité et extermination, quand le modèle palestinien devenait pour eux dangereux. Les Palestiniens ont parcourir tous ces cycles infernaux de l’histoire : la faillite des solutions chaque fois qu’elles étaient possibles, les pires retournements d’alliance dont ils faisaient les frais, les promesses les plus solennelles non tenues. Et de tout cela, leur résistance a dû se nourrir.

Il se peut que l’un des buts des massacres de Sabra et Chatila aient été de déconsidérer Arafat. Il n’avait consenti au départ des combattants, dont la force restait intacte, qu’à condition que la sécurité de leurs familles fût absolument garantie, par les Etats-Unis et même par Israël. Après les massacres, il n’y avait pas d’autre mot que « shame ». Si la crise qui s’ensuit pour l’OLP avait pour résultat à plus ou moins long terme, soit une intégration dans un Etat arabe, soit une dissolution dans l’intégrisme musulman, alors on pourrait dire que le peuple palestinien a effectivement disparu. Mais ce serait dans de telles conditions que le monde, les Etats-Unis et même Israël n’auraient pas fini de regretter les occasions perdues, y compris celles qui restent encore possibles aujourd’hui. A la formule orgueilleuse d’Israël : « Nous ne sommes pas un peuple comme les autres », n’a cessé de répondre le cri des Palestiniens, celui qu’invoquait le premier numéro de la Revue d’études palestiniennes : nous sommes un peuple comme les autres, nous ne voulons être que cela….

En menant la guerre terroriste du Liban, Israël a cru supprimer l’OLP et retirer son support au peuple palestinien, déjà privé de sa terre. Et peut-être y a-t-il réussi, puisque dans Tripoli encerclée il n’y a plus que la présence physique d’Arafat parmi les siens, tous dans une espèce de grandeur solitaire. Mais le peuple palestinien ne perdra pas son identité sans susciter à sa place un double terrorisme, d’Etat et de religion, qui profitera de sa disparition et rendre impossible tout règlement pacifique avec Israël. De la guerre du Liban, Israël lui-même ne sortira pas seulement moralement désuni, économiquement désorganisé, il se trouvera devant l’image inversée de sa propre intolérance. Une solution politique, un règlement pacifique n’est possible qu’avec une OLP indépendante, qui n’aura pas disparu dans un Etat déjà existant, et ne se sera pas perdue dans les divers mouvements islamiques. Une disparition de l’OLP ne serait que la victoire des forces aveugles de la terre, indifférentes à la survie du peuple palestinien.

Revue d’études palestiniennes, 1984, n°10 : 3-5.




Al Aqsa, ultime faux pas du gouvernement israélien ?

« En écho à la radicalisation du gouvernement israélien, le peuple palestinien intensifie sa résistance au point d’agir en dehors du cadre des partis politiques traditionnels palestiniens : l’entrée en résistance des Palestiniens de 1948, avec l’Intifadha des couteaux en 2015, en est l’illustration parfaite. Jérusalem apparaît désormais comme le champ de bataille ultime, où s’affrontent la politique de colonisation et le projet de résistance palestinien, qui, en dépit des apparences, ne cesse de se revigorer. »

Par Lina Kennouche  (El Watan, 23 juillet 2017)

L’opération spectaculaire à proximité de la mosquée d’Al Aqsa à Jérusalem-Est et les affrontements entre Palestiniens et forces d’occupation qui s’en sont suivis ont ravivé les craintes chez les Israéliens d’une intifadha généralisée. Après l’attaque du 14 juillet qui a fait deux morts et un blessé parmi les policiers israéliens et coûté la vie à ses auteurs, les forces d’occupation ont mis à profit la dégradation du contexte sécuritaire pour renforcer leur emprise sur l’Esplanade des Mosquées.

Installation de portes de contrôle et fouilles systématiques sont les mesures de sécurité prises par les autorités israéliennes, mais les Palestiniens, en signe de protestation et de résistance à l’intrusion coloniale dans leur vie culturelle et religieuse, ont refusé d’accéder à l’Esplanade. Après le bouclage permanent et complet de la ville, la mise en œuvre d’une stratégie visant à réduire la population palestinienne à Jérusalem et augmenter la présence juive, cette nouvelle confrontation pourrait être le prétexte à une accélération de la politique de judaïsation de la ville.

 En effet, les restrictions d’accès à la mosquée sont considérées par les Palestiniens comme une violation du statu quo trouvé depuis 1967 (et garanti par le droit international) entre les forces d’occupation israéliennes et l’autorité de la mosquée pour permettre aux fidèles de visiter le site religieux. Profitant du contexte, les colons ont redoublé d’activisme en appelant à une manifestation le 20 juillet pour s’emparer de la mosquée et concrétiser leur projet de construction du 3e temple qui impliquerait la destruction du Dôme du Rocher et de la mosquée Al Aqsa. Vendredi la tension a atteint un pic avec la décision de maintenir les portes équipées de détection de métaux aux abords de l’Esplanade et d’interdire l’accès à la vieille ville aux hommes de moins de 50 ans.

La politique de judaïsation accélérée s’inscrit en réalité dans une stratégie plus globale, que le sociologue israélien Baruch Kimmerling qualifie de «politicide» dans son ouvrage du même titre, à savoir «une stratégie politico-militaire, diplomatique et psychologique ayant pour but la dissolution du peuple palestinien comme entité économique, sociale et politique légitime et indépendante».

Baruch Kimmerling, analysant le défi démographique, montre que l’accroissement de la population palestinienne des Territoires occupés en 1948 et 1967 remet en cause la nature exclusivement juive de l’Etat israélien. Face à ce défi démographique, l’émergence d’une coalition stable de la droite ultra nationaliste israélienne favorise la politique de destruction méthodique des conditions d’existence du peuple palestinien. Or, cette politique pourrait avoir un coût élevé pour Israël dans un contexte régional et interne profondément modifié.

La résistance, fait politique irréductible du système colonial, se renforce en raison des contradictions du système politique israélien qui le conduit à durcir chaque jour sa stratégie d’expansion et de judaïsation de la Palestine. Bien que le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, tente de parier aujourd’hui sur le soutien du président américain, Donald Trump, pour renverser le statu quo, le temps ne joue pas en faveur d’Israël. En écho à la radicalisation du gouvernement israélien, le peuple palestinien intensifie sa résistance au point d’agir en dehors du cadre des partis politiques traditionnels palestiniens : l’entrée en résistance des Palestiniens de 1948, avec l’intifadha des couteaux en 2015, en est l’illustration parfaite. Jérusalem apparaît désormais comme le champ de bataille ultime, où s’affrontent la politique de colonisation et le projet de résistance palestinien, qui, en dépit des apparences, ne cesse de se revigorer. La mobilisation populaire met également à nu le rôle historique de l’Autorité palestinienne qui se réduit à un appareil de répression au service de l’occupation pour démanteler les organisations de résistance palestiniennes.

En dépit de la gravité de la situation autour de l’Esplanade, le discours prononcé par le président de l’Autorité, Mahmoud Abbas, lors de sa rencontre à Pékin avec le chef de l’Etat, Xi Jinping, mardi, n’y a pas fait la moindre allusion. Dans un contexte où ses soutiens traditionnels sont divisés entre, d’un côté Israël et les Etats-Unis et, de l’autre, l’Egypte et les Emirats arabes unis pariant sur M. Dahlan pour remplacer M. Abbas, le scénario d’un embrasement généralisé pourrait accélérer l’implosion de l’Autorité.

L’évolution globale au Moyen-Orient, marqué par un changement dans les rapports de force, une autonomisation relative des acteurs régionaux et des contradictions dans les rangs des puissances alliées, rendent la situation imprévisible. Un bouclage durable et étendu de l’Esplanade des Mosquées pourrait constituer le détonateur d’une révolte généralisée. Des organisations de résistance comme le Djihad islamique et le Hamas ont laissé entendre que toutes les options restaient ouvertes. Comme l’a noté le géostratège israélien Arnon Shoffer : «Les facteurs principaux qui menacent la survie d’une organisation ne s’incarnent pas dans un événement dramatique, spectaculaire, mais des processus lents, graduels, dont on n’a, en général, pas conscience.»

Aveugle à ses propres intérêts, Israël a atteint un seuil critique qui renforce la dynamique, imperceptible, à l’œuvre dans l’effondrement du système colonial. En 2007, dans un entretien accordé à Haaretz, l’ancien président de la Knesset, Avraham Burg, concluait déjà : «L’œuvre sioniste est bâtie sur de l’illusion. Pensez-vous sérieusement que Tel-Aviv va rester éternellement cette entité post-sioniste éthérée ? Israël n’est qu’un corps sans âme.»

 source : http://www.elwatan.com/international/

photo : Comité Action Palestine




Netanyahu à Paris : le consensus anti-palestinien

Comité Action Palestine (juillet 2017)

Le dirigeant de l’Etat colonial israélien, Benjamin Netanyahu, a été officiellement invité par le gouvernement français ce dimanche 17 juillet 2017 pour commémorer la rafle du Vel d’Hiv de juillet 1942. Mais ce « devoir de mémoire », selon l’expression officielle et consacrée, est à bien des égards une entourloupe indigne et méprisable de la part d’un gouvernement qui se veut « en marche » mais qui déjà montre tous les signes d’une continuité de la politique pro-israélienne de la France. Quand on invite un criminel de guerre notoire (plus de 2000 Palestiniens tués pendant la guerre de Gaza de 2014), le planificateur de la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, celui qui affame l’ensemble de la Bande de Gaza par l’étau de l’embargo et qui in fine mène une répression coloniale contre l’ensemble du peuple palestinien, il apparaît que la commémoration de la déportation est un pur jeu diplomatique. Jeu diplomatique qui vise en réalité des effets tout autres. Il s’agit encore une fois de justifier l’injustifiable et d’associer la présence coloniale sioniste en Palestine aux crimes qui ont été commis pendant la Seconde Guerre Mondiale. C’est l’argument idéologique massue que la tradition idéologique sioniste martèle depuis des décennies ! Du côté de l’Etat français, après l’invitation de Donald Trump pour les cérémonies du 14 juillet, il est clair que l’on veut réaffirmer le positionnement pro-occidental et pro-israélien de l’Etat français. Comme Hollande qui avait promis le changement au début de son mandat, il semble bien que Macron et la République en Marche ne proposent rien d’autre que l’illusion du changement. A analyser la politique internationale, les fondamentaux de la politique impérialiste de la France n’ont pas bougé d’un iota. Enfin, l’invitation du leader sioniste sera sans doute l’occasion pour les dirigeants des deux Etats de discuter des enjeux du Moyen-Orient, de la Syrie et de l’Iran en particulier, et d’aligner leurs stratégies.

C’est pourquoi, nous, Comité Action Palestine, dénonçons la venue du leader sioniste Netanyahu comme une imposture politique, idéologique et diplomatique, comme une promotion de la colonisation israélienne, comme un acte contre le peuple palestinien.

Source photo : https://www.almasdarnews.com