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Unis pour la libération de toute la Palestine

Calendrier Palestine Libre 2017 : « Palestine, terre des martyrs »

« Nous marchons tels des lions sur notre terre pure et nous ne craignons pas notre ennemi, quelle que soit sa puissance»

Martyr Bashar Massalha, 22 ans

En 1948, malgré l’occupation et l’épuration ethnique, des Palestiniens sont restés sur leurs terres en Palestine de 48. Ils sont aujourd’hui 1 700 000. L’entité sioniste  les a toujours considérés comme une menace majeure. Aussi ont-ils subi, depuis des décennies l’acharnement raciste, violent, sans limite, de l’état israélien afin de les chasser, coûte que coûte, de cette terre qui est la leur. Ces Palestiniens, dits « de l’intérieur », ont mené, et mènent une résistance déterminée, sans faille. Que ce soit en reconstruisant inlassablement leurs villages rasés par Israël, en manifestant pour dénoncer la spoliation de leurs terres, en défendant la mosquée d’al-Aqsa ou marquant leur résistance par des grèves de la faim en prison. Ces résistants de chaque instant ont payé un lourd tribut à la libération de la Palestine.

En 1976, la puissance coloniale a réprimé dans le sang une manifestation dénonçant les expropriations de terres. Six Palestiniens tombent en martyrs, 96 sont blessés. Depuis cette date, la journée de la terre est commémorée tous les 30 mars.

Khayr Yassine, Khadija Shawahne, Muhsin Taha, Raja Abu Raya,  Khadr Khalaya, Ra’fat Zuhayri

 En 2000, le déclenchement de  la deuxième intifada est provoqué par une répression sanglante à l’encontre des Palestiniens, principalement « de l’intérieur », venus manifester contre la visite de Ariel Sharon sur l’esplanade des Mosquées. Dans les jours qui suivent, les snipers de la police israélienne font 13 martyrs palestiniens dans les villes de Umm al Fahm, Tamra, Nazareth, Furdeis, Sakhnin en Palestine de 48.

Ramiz Bushnaq, Alaa Nassar, Assil Asila, Imad Ghanayem, Wisam Yasbek, Rami Gharra, Muslih Abu Jaddad, Iyad Luwabneh, Muhammad Khamayseh, Muhammad Jabbarin, Umar Akkawi, Walid Abu Salih, Ahmad Siyam

En 2015, les jeunes palestiniens, avec l’appui des organisations de la résistance,  se mobilisent pour défendre la mosquée al-Aqsa et lutter contre la judéisation d’al-Quds. Une nouvelle forme de résistance apparait : l’intifada des couteaux. Des jeunes palestiniens sacrifient leurs vies, en ciblant le cœur du sionisme : le colon.

Abdallah Amrou, Muhammad Abou Khdeir, Sami Ziadan, Sami Jaar, Bashar Massalha, Amjd Sukari, Lyad Sajdieih,

Muhammad Halabi

 Depuis octobre 2015, plus de 250 martyrs sont tombés. Tous ne peuvent être mentionnés ici, mais avec un courage exceptionnel, ils contribuent par le sacrifice de leur vie à libérer la terre arabe de Palestine.

Comité Action Palestine

 




Décapiter la résistance, tel est l’objectif sioniste

Calendrier Palestine Libre 2017 « Palestine, terre des martyrs »

Les responsables politiques palestiniens étant tous des combattants, un grand nombre d’entre eux sont morts en martyrs lors d’affrontements armés. Mais ils ont aussi été la cible d’assassinats : dès 1948, les dirigeants sionistes ont monté des opérations pour éliminer les leaders politiques palestiniens. Toutes les factions palestiniennes, sans exception, ont payé un lourd tribut au colonisateur.

Citons deux résistants parmi les plus emblématiques. En 1988, Khalil El Wazir, dit Abu Jihad, fondateur et chef de l’aile militaire du Fatah est assassiné dans sa résidence de Tunisie par un commando de 5 israéliens, le corps criblé de dizaines de balles sous les yeux de sa femme et de son fils. En 1995, Fathi Ali Shaqaqui, fondateur du Jihad Islamique est assassiné à Malte. Le secrétaire du Comité central du FDLP, Khalid Nazzal, est abattu en 1986 à Athènes et plusieurs militants du FPLP, comme Ghassan Kanafani en 1972, sont victimes des escadrons de la mort sionistes.

A partir du déclenchement de la deuxième Intifada, en septembre 2000, cette pratique d’éliminations s’accentue : près de 300 cadres palestiniens sont exécutés en quelques années. Le secrétaire général du FPLP, Mustapha Zibri, dit Abu Ali Mustapha est tué dans son bureau à Ramallah en 2001 par des missiles tirés depuis des hélicoptères. Le Hamas est alors particulièrement visé. En 2002, Salah Shehada, un haut responsable à Gaza est tué au cours de l’opération qui a fait le plus de victimes : une bombe d’une tonne s’écrase sur sa maison et sur la maison voisine, faisant 14 morts dont 8 enfants. Deux ans plus tard, en 2004, Cheikh Yacine, fondateur du Hamas, dirigeant politique et spirituel, est atteint sur son fauteuil roulant à la sortie de la mosquée par des missiles qui tuent également 9 autres personnes à Gaza. Moins d’un mois après, son successeur, Abdel Aziz Al Rantissi, un médecin, est à son tour assassiné : un hélicoptère tire deux roquettes sur son véhicule, son fils et son garde du corps font aussi partie des victimes. Il avait déclaré quelques semaines avant cette attaque  “entre une crise cardiaque et un Apache, je préfère être tué par un Apache”. Dans cette même période, de nombreux autres leaders du Hamas et du Jihad Islamique sont assassinés en Cisjordanie, à Naplouse ou à Jénine. A Gaza, les comités de résistance populaires sont également visés : Jamal Abou Sambahana, leur fondateur est exécuté en 2006, puis en 2012, Zuhir Al Qaisi, leur secrétaire général. Rappelons que de forts soupçons d’empoisonnement n’ont pas cessé depuis le décès du président de l’Autorité Palestinienne, Yasser Arafat en 2004.

L’ennemi a éliminé ces leaders de la Résistance palestinienne car ils représentaient pour lui un vrai danger, par leur refus de toute concession ou en raison de leur capacité à unifier la Résistance. Les timides protestations internationales n’ont jamais arrêté l’entreprise de destruction sioniste. Tous ces héros, tous ces martyrs avaient derrière eux des années de combats, d’emprisonnements dans les geôles sionistes, de tentatives d’assassinats, de traques…Ils étaient souvent jeunes et pères de famille. Leur disparition n’a jamais arrêté la détermination des Palestiniens. Au contraire, la relève est toujours là prête, même au péril de sa vie, à se battre pour libération de la terre de Palestine.

Comité Action Palestine

Photo: Shadi Hatem




Pour que vive la Palestine

Calendrier Palestine Libre 2017 « Palestine, terre des martyrs »

 

 » Mourrez en martyrs » déclara Izz al-Din al-Qassam

Cheikh d’origine syrienne,  Izz al-Din al-Qassam pris les armes avec un groupe de partisans et mena un combat contre l’armée britannique, contre les colonisateurs sionistes et contre leurs suppôts arabes. Tué en 1935 par les anglais, il fut un des premiers martyrs de la cause arabe palestinienne. Mohammed Hanafi Ahmed, Saïd al-‘As, Farhan al-Sa‘di, Mohammed Salih al-Hamd (Abou Khalid), Abdelfattah Mohammed Moustafa (Abou Abdallah), Abderrahim al-Hajj Mohammed furent les suivants, martyrs de la révolte populaire entre 1936 et 1939, premier mouvement populaire palestinien à se dresser contre le colonialisme britannique et sioniste.

Dans les années 30, l’occupant britannique collabore avec les élites arabes comme avec la direction sioniste favorisant l’immigration juive et donc la colonisation. La Palestine subit alors une forte immigration juive avec environ 150 000 immigrants entre 1932 et 1935, multipliant par six le nombre de Juifs dans le pays. Dans les villes, les ouvriers arabes sont remplacés par les ouvriers juifs, le chômage augmente; les zones rurales sont colonisées, les paysans arabes chassés de leur terre, immigrant vers les premiers bidonvilles.

Menacé, le peuple arabe de Palestine résiste avec acharnement. Le 19 novembre 1935, le Cheikh Izz al-Din al-Qassam, chef d’un groupe armé nationaliste est tué par les britanniques. Sa mort va provoquer une prise de conscience dans la population arabe et les troubles vont se généraliser: soulèvement de la ville de Jaffa, grève générale en avril 1936. D’origine urbaine, la révolte s’étend aux milieux ruraux à partir du mois de mai, renforçant les liens entre la ville et la campagne; le keffieh porté habituellement par les paysans est d’ailleurs adopté par les citadins et devient un symbole de résistance et d’unité nationale. Des combattants syriens viennent également lutter aux cotés des Palestiniens. Les revendications principales sont l’arrêt de l’immigration juive, prohibition de la vente des terres et octroi de l’indépendance. En réponse, les médiateurs britanniques proposent en juillet 1937 de démembrer la Palestine en créant 2 états, un juif et un arabe. La riposte des palestiniens ne se fait pas attendre et la révolte redémarre pour 2 ans, faisant des milliers de martyrs avec près de 5000 morts et près de 15000 blessés.

Les morts, leaders ou simples combattants, de la révolte populaire de 1936-1939 ne sont pas  seulement des martyrs mais aussi des symboles de la culture de la résistance.

 




Le peuple palestinien a choisi la voie de la résistance

Journée de la terre en Palestine

Comité Action Palestine

Le 30 mars 1976, six Palestiniens de l’intérieur (c’est-à-dire ceux qui ont pu rester en 1948 après la création par la force de l’état d’Israël) étaient abattus par l’armée d’occupation d’Israël, 96 blessés et 300 autres étaient arrêtés. Leur crime ? Avoir manifesté contre l’État sioniste qui avait confisqué et déclaré “ zone militaire ” 1700 hectares appartenant à des villages palestiniens.

Depuis, tous les 30 mars, la “ Journée de la Terre ” commémore cet événement partout dans le monde où se trouvent les défenseurs des droits du peuple palestinien.

Cette journée est avant tout symbolique. Rappelons qu’en 1948, l’Etat juif avait expulsé près d’un million de Palestiniens et détruit plus de 400 villages. La majeure partie des terres palestiniennes avait été confisquée dans la perspective de fonder le “ Grand Israël ”. Dès lors, cette politique de confiscation des terres en vue de judaïser la Palestine (c’est-à-dire voler des terres aux Palestiniens pour les donner aux juifs), s’est poursuivie sans relâche et s’intensifie, accumulant crimes de masses, assassinats de leaders politiques et emprisonnements de résistants : la colonisation de toute la Palestine est inscrite au cœur du projet sioniste. Avec le développement des colonies qui vole chaque jour plus de terre aux Palestiniens et la judaïsation actuelle de la vallée du Jourdain, du Naqab, d’al-Quds et des lieux saints, rien ne semble arrêter cette machine à tuer et à coloniser.

Pourtant, depuis la création de l’Etat d’Israël, le peuple palestinien a toujours résisté à cette terrible entreprise de destruction de sa société soutenue par les pays occidentaux et en particulier les Etats-Unis et la France. Depuis fin 2015, la résistance populaire s’est ré-activée avec l’Intifada al-Aqsa. Frappant la société coloniale en son sein, cette expression du génie populaire s’installe dans la durée, malgré la répression sanglante – le nombre de martyrs avoisine les 300 – et la collaboration sécuritaire de l’Autorité palestinienne avec l’ennemi sioniste. En réclamant aujourd’hui « des balles et des roquettes », le peuple palestinien en appelle à la convergence entre lutte populaire et action armée. Devançant les organisations politiques et militaires, le peuple a bien compris que seule une stratégie globale de résistance est à même de renverser durablement le rapport de force et de mettre fin à l’occupation sioniste de la Palestine. Il a également bien compris que le contexte international est favorable, surtout en raison des développements actuels en Syrie et du renforcement de l’axe de la résistance contre l’impérialisme et le sionisme. Le message que le peuple palestinien envoie au monde est clair. Leur seul objectif est la libération totale de la terre de Palestine et le seul moyen d’y parvenir est la résistance sous toutes ses formes. N’en déplaise à tous ceux qui en appellent à l’ONU et voudraient imposer une solution de co-existence entre colons et colonisés.

Comme les peuples vietnamiens et algériens l’ont démontré auparavant, le peuple palestinien est le seul à même de définir sa stratégie de résistance et de libération. Nous, Comité Action Palestine, sommes entièrement solidaires de cette résistance héroïque. Nous dénonçons avec force tous ceux qui restent muets face aux crimes de l’occupant sioniste et qui de fait collaborent à cette politique. Nous réaffirmons que la Palestine est arabe, et soutenons la lutte du peuple palestinien jusqu’à la victoire de la résistance et la satisfaction de ses revendications légitimes :

  • La condamnation du sionisme comme mouvement politique colonialiste et raciste.
  • Le soutien inconditionnel à la résistance du peuple palestinien et à son combat pour son autodétermination et son indépendance nationale.
  • La reconnaissance du droit inaliénable au retour de tous les réfugiés chez eux.
  • La libération de tous les résistants emprisonnés en Palestine occupée et de Georges Ibrahim Abdallah, résistant de la cause palestinienne détenu depuis 33 ans dans les geôles de l’Etat français, alors qu’il est libérable depuis plus de 10 ans.

Mars 2017




Les violences policières, une stratégie de contrôle et de terreur – Interview de Françoise Vergès

A l’occasion du 21 mars, journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, Françoise Vergès, politologue, historienne, ex-présidente du comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage (CPMHE), aujourd’hui titulaire de la chaire global south(s) au Collège d’études mondiales à Paris (Fondation Maison des sciences de l’homme), revient dans cet entretien pour al Akhbar sur les pratiques coloniales perpétuées par la démocratie française.

Propos recueillis par Lina Kennouche

Cette journée commémore la répression féroce par la police sud-africaine d’une manifestation pacifique. Pensez-vous que l’apartheid est en place aujourd’hui en France?

On peut effectivement parler d’un apartheid en France dès lors que l’on examine les processus et pratiques qui certes ne sont pas légiférées mais qui ont des conséquences concrètes sur la vie de milliers de personnes. Il faut pour les examiner adopter une méthodologie qui déjà élargit notre cartographie de la république française – Mayotte, la Réunion, la Nouvelle Calédonie, les terres du Pacifique, les Antilles, la Guyane qui, avec les quartiers populaires de la France européenne sont des territoires régis de manière racisée. Ensuite, il faut renouveler notre approche des discriminations, examiner la manière dont l’Etat décide quelles vies comptent. Les meurtres impunis d’hommes noirs et d’origine maghrébine par des policiers montrent quelles vies comptent. Manuel Valls lui-même, alors premier ministre de la France, parle en 2015 d’un « apartheid territorial, social et ethnique »,  mais non seulement ses paroles resteront sans conséquences concrètes, ce sera lui qui mettra en œuvre les propositions de déchéance de la nationalité et autres.

En quoi le poids de l’histoire coloniale imprègne structurellement les institutions et les mentalités ?

L’illusion de la décolonisation – l’idée qu’avec la fin de la guerre en Algérie le chapitre de l’histoire coloniale serait clos- est profondément enracinée en France. Pour reprendre Aimé Césaire, il y a un « effet-boomerang » du colonialisme et de l’impérialisme : la société qui colonise est « contaminée » par le racisme déployé dans les colonies, les privilèges accordés aux Blancs deviennent « naturels » et la gauche est inévitablement fraternaliste. Frantz Fanon a lui aussi analysé cette arrogance de la gauche. La société française ne s’est pas du tout décolonisée car la décolonisation ne concerne pas seulement les colonisés. Par ailleurs, il est important d’étudier les politiques que l’Etat français met en place après 1962, dans les années 1970 comme ce que j’analyse dans mon dernier livre « Le ventre des femmes ; Capitalisme. Racialisation, féminisme »   (Albin Michel, mars 2017) : les milliers d’avortements et stérilisations forcés dans les départements d’outre-mer alors qu’avortement et contraception restent des crimes en France. Je démontre que ce n’est pas une contradiction : il y a les femmes qui ont le droit de donner naissance et celles qui ne l’ont pas – les femmes racisées. Je tire alors plusieurs fils : celui historique de la gestion par l’impérialisme et le capitalisme du ventre des femmes du sud global, celui de la cécité du féminisme français qui du coup se « blanchit ». Ce que je veux montrer c’est que la gestion coloniale des corps ne prend pas fin avec la fin du statut colonial.

Que signifient pour vous les violences policières dénoncées notamment lors de la marche de la dignité le 19 mars ?

Ces violences policières appartiennent à une stratégie de contrôle et une stratégie de terreur à l’égard des corps non-blancs. Il s’agit d’imposer dans l’espace public un contrôle des corps racisés qui viole tous les droits de la personne mais est justifié par la « lutte contre le terrorisme » et tout le discours sur la sécurité et le « racisme anti-blanc » ou le communautarisme. La police française a une histoire profondément ancrée dans le racisme –j’y inclus la police contre les esclaves en fuite – dans l’antisémitisme, et aujourd’hui islamophobie et négrophobie. C’est un racisme structurel qui pénètre la hiérarchie, les policiers…

Ce qu’il faut retenir de cette manifestation et du formidable travail accompli par des associations comme « Urgence notre police assassine », c’est la place prise par les familles des victimes dans l’espace public, qui se soutiennent entre elles, donnent des conseils, ont développé une contre-stratégie aux mensonges, aux pratiques dilatoires de la justice. Quelque chose a profondément changé depuis. La violence policière est devenue une question politique liée à la lutte de l’antiracisme politique.

Dans cette campagne présidentielle, estimez-vous qu’il existe une « offre politique »  qui apporte des réponses concrètes à cette question des discriminations raciales ?

Aucune qui soit réellement politique car aucune n’aborde la nécessaire décolonisation de la société française.

Traduction de :

http://www.al-akhbar.com/node/274702

Photo : REUTERS/Gonzalo Fuentes




Journée de la terre en Palestine : projection du film « la terre parle arabe » de Maryse Gargour

A l’occasion de la Journée de la terre en Palestine,

le Comité Action Palestine,

vous invite à une projection-débat du film

« la terre parle arabe »

en présence de la réalisatrice palestinienne Maryse Gargour

le vendredi 31 mars 2017 – 20h

Athénée municipal, place St Christoly, Bordeaux

(Tram A et B, arrêt Hôtel de Ville)

 

 

Il y a 100 ans, en 1917, le Royaume-Uni, par la voix de son Ministre des Affaires étrangères Arthur Balfour, se déclare en faveur de l’établissement en Palestine d’un foyer national juif. A la fin de la première guerre mondiale, le dépeçage de l’empire ottoman est une étape majeure de l’influence des puissances impérialistes au Proche et Moyen Orient. La déclaration Balfour, qui répond aux exigences du mouvement sioniste et sert les intérêts impérialistes en garantissant une présence occidentale permanente dans cette région, est sans doute l’élément qui aura marqué le plus profondément le XXème siècle.

En effet, dès la fin du XIXème, le sionisme, mouvement politique colonialiste juif, apparaît en Europe. Son but est de créer un Etat pour les Juifs quelque part dans le monde. Le choix stratégique de la Palestine déclarée par les sionistes comme « terre sans peuple pour un peuple sans terre » révèle un vaste projet colonial qui prolonge l’impérialisme européen. Or, cette terre parle arabe et elle est habitée par un peuple : les Palestiniens.

Les leaders sionistes imaginent une solution bien avant la déclaration Balfour de 1917. Il s’agit de penser et d’organiser la déportation de la population locale palestinienne hors de sa terre. Tous les moyens sont utilisés pour atteindre cet objectif, et en particulier la force brutale. Elaboré dans le secret les premières années, ce projet est progressivement mis en avant par ses leaders après l’insurrection palestinienne de 1936, au cours de laquelle la puissance mandataire britannique a usé de la répression la plus féroce.

A partir des citations des leaders sionistes, des archives audiovisuelles inédites, de la presse de l’époque et des documents diplomatiques occidentaux croisés avec des témoignages de personnes ayant vécu directement cette période, le film de Maryse Gargour déconstruit minutieusement le mensonge sioniste.

Le 30 mars 1976, six Palestiniens de l’intérieur (c’est-à-dire ceux qui ont pu rester en 1948 après la création par la force de l’état d’Israël) étaient abattus par l’armée d’occupation d’Israël, 96 blessés et 300 autres étaient arrêtés. Leur crime ? Avoir manifesté contre l’État sioniste qui avait confisqué et déclaré “ zone militaire ” 1700 hectares appartenant à des villages palestiniens.

Depuis, tous les 30 mars, la “ Journée de la Terre ” commémore cet événement partout dans le monde où se trouvent les défenseurs des droits du peuple palestinien.

La projection du film sera suivie d’un débat où il sera, notamment, question des rapports de force actuels dans cette région et des perspectives d’avenir pour la Palestine, 100 ans après Balfour.

Entrée libre. Renseignements actionpalestine@hotmail.com

https://www.facebook.com/events/385142398536769/

 

 




L’affaire Théo, un viol d’Etat !

Comité Action Palestine (février 2017)

Le Jeudi 2 février à Aulnay Sous Bois, Théo, 22 ans, est grièvement blessé lors d’un contrôle  policier. Le rapport médical fait état de blessures caractéristiques d’un viol par utilisation d’une matraque télescopique. Le récit de la victime atteste clairement du caractère raciste de l’interpellation et des méthodes violentes utilisées. Pourtant l’IGPN requalifie les faits en viol accidentel suite à une interpellation dite « légitime ». Alors que la colère gronde dans les quartiers populaires, l’affaire est – une fois n’est pas coutume- fortement médiatisée, comme pour tenter de désamorcer un mouvement de révolte potentiel, malvenu dans le contexte de campagne électorale.

Théo vient rejoindre la liste déjà longue des victimes des violences policières dans les quartiers populaires. Ces pratiques brutales, présentées comme exceptionnelles, sont pourtant subies au quotidien par les jeunes de ces quartiers. Elles ont entraîné la mort de plusieurs dizaines d’entre eux sans qu’aucun policier auteur de ces actes n’ait été condamné par la justice à la hauteur du crime commis.

Dans les quartiers populaires, où les populations sont exposées à la précarité économique, au racisme et aux discriminations de toutes sortes, la violence de l’Etat est un mode de gestion de l’ordre social qui n’est pas sans rappeler les situations coloniales. Les contrôles au faciès, les violences policières et l’impunité des agents de répression sont les pratiques quotidiennes symptomatiques d’un système ségrégationniste.

En se précipitant au chevet de Théo, François Hollande voudrait faire oublier que le gouvernement socialiste a intensifié cette politique répressive contre les quartiers populaires. L’interdiction des manifestations, en juillet 2014 lors des attaques israéliennes à Gaza, a révélé l’hypocrisie socialiste sur le droit à l’expression. Prenant prétexte des attentats de 2015, il a instauré l’état d’urgence pour une durée indéterminée et fait voter un arsenal de lois liberticides (la loi sur le renseignement et sur la surveillance des communications internationales). La dernière en date permet l’élargissement des conditions de légitime défense des policiers et l’assouplissement de l’usage des armes à feu a été définitivement approuvé par l’Assemblée nationale le jeudi 16 février.

Le Comité Action Palestine dénonce le racisme d’Etat et condamne cette gestion néocoloniale des quartiers populaires. Face à cet apartheid à la française, il ne reste qu’une seule voie : la mobilisation de tous les concernés pour résister à l’oppression.

photo : Photo Cyril Zannettacci pour Libération




Palestine : la voie de la résistance populaire

Depuis fin 2015, un mouvement de résistance populaire d’un style nouveau s’est développé en Palestine. Initié à al-Quds, il s’est rapidement étendu à toute la Cisjordanie, mais aussi dans la Palestine occupée en 48. Sans structuration apparente, indépendamment des organisations palestiniennes, les résistants frappent la société coloniale en son cœur par des moyens variés. Ni les arrestations, ni la répression sanglante (près de 300 martyrs depuis novembre 2015), n’ont réussi à stopper ces actes de résistance. En dépit de la faible intensité de ce mouvement, le mode de résistance mis en œuvre fragilise en profondeur l’entité sioniste. Dans ce contexte, il est important de comprendre quels facteurs, à la fois internes et externes, peuvent transformer ce mouvement de résistance en une force capable de renverser durablement le rapport de force et conduire à l’effondrement du projet colonial sioniste en Palestine.

La résistance populaire affaiblit l’entité sioniste

Engagé il y a plus d’un an en réponse à la poursuite de la colonisation et à la répression, aux menaces grandissantes sur les lieux saints et à l’absence de perspectives politiques, le mouvement de résistance populaire s’est inscrit dans la durée sur toute la Palestine. Il est certes d’intensité faible à moyenne, mais les modes de résistance choisis, tels que l’usage des armes blanches ou de voitures bélier, sont l’expression du génie populaire et de son attachement à la résistance. C’est une stratégie d’usure qui ne peut qu’accentuer la faiblesse de l’ennemi. En effet depuis 2000 et la libération du Sud Liban, l’entité sioniste s’affaiblit à la fois sur le plan externe et sur le plan interne. En externe, elle n’a remporté aucune des batailles engagées contre les mouvements de résistance que ce soit au Liban ou à Gaza. En interne, la faiblesse est d’abord structurelle. Le système politique sioniste tire actuellement sa légitimité d’une coalition de partis soutenant très ouvertement la colonisation. Malgré une relative pression internationale pour sauver la solution à deux Etats et qui s’est exprimée symboliquement par le vote de la résolution 2334 condamnant « la colonisation « à l’unanimité des membres du Conseil de Sécurité de l’ONU (à l’exception de l’abstention des Etats Unis), le gouvernement sioniste ne peut plier sur cette question, sans risquer de perdre sa majorité. Dans ce contexte de fuite en avant, les attaques palestiniennes sont particulièrement efficaces pour aggraver la déstabilisation de l’entité sioniste en visant l’un de ses fondements existentiels qu’est la sécurité des colons. Elles ont distillé la peur au sein de la société coloniale dont l’adhésion idéologique au projet sioniste est bien moindre qu’au cours des premières décennies de l’entité. Il est donc capital que le mouvement de résistance populaire se maintienne dans la durée pour que la déstabilisation de la force occupante atteigne un point de non-retour.

Vers une stratégie de résistance unifiée ?

Néanmoins, depuis un an, ainsi que le constate l’intellectuel palestinien Mounir Chafik, ce mouvement n’a toujours pas été rejoint par les organisations palestiniennes de la résistance qui restent en retrait et peinent à s’unir pour définir une stratégie globale, fondée sur la convergence entre lutte populaire et action armée. Si la coopération sécuritaire de l’Autorité palestinienne avec le pouvoir colonial est un véritable frein au développement d’une résistance sur tous les fronts, d’autres facteurs peuvent expliquer cet état de fait. L’influence que certains Etats arabes (Qatar, Arabie saoudite, Turquie) exercent encore sur les différentes organisations ne peut certainement pas être négligée, ainsi que les difficultés associées à la division à la fois politique et territoriale entre Gaza (dirigé par le Hamas) et la Cisjordanie (contrôlée par l’Autorité palestinienne et le Fatah). Les contradictions internes au sein des factions jouent également un grand rôle dans la paralysie actuelle. Mais la difficulté des factions palestiniennes à intégrer le mouvement populaire pourrait avoir également des causes sociales liées aux écarts de classe entre les dirigeants politiques et les artisans de la résistance populaire. Pourtant plusieurs faits récents témoignent d’un attachement à la résistance de toutes les factions. En premier lieu Marwan Barghouti, fondateur de la Brigade des Martyrs d’al-Aqsa et emprisonné depuis 15 ans, a recueilli le pourcentage de voix le plus élevé aux dernières élections du comité central du Fatah. Au Hamas,  la nomination récente de Yahya Sinwar, fondateur des Brigades Ezzedin al-Qassam, à la tête du mouvement dans la bande de Gaza confirme la voie de la résistance comme seul moyen de mettre fin à l’occupation sioniste. Finalement, un accord scellé en janvier 2017 à Moscou par les organisations palestiniennes permettant l’admission du Hamas et du Jihad islamique dans l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) marque aussi la volonté de poursuivre la résistance dans le nouveau contexte politique régional et ses derniers développements en Syrie.  

Rapport de forces international favorable à la résistance palestinienne

Les conséquences du conflit en Syrie sur la Palestine ne peuvent être appréhendées qu’en considérant cette guerre comme l’expression de quatre conflits imbriqués qui opposent de fait la Russie aux USA (et au camp occidental, Israël compris), l’Iran à l’Arabie saoudite, la Turquie aux Kurdes et la Syrie en tant qu’Etat nation aux forces anti-gouvernementales. L’intervention de tous les acteurs est avant tout gouvernée par leurs intérêts politiques et économiques, chacun établissant ses propres priorités. Cette logique explique alors des recompositions d’alliance parfois inattendues, et les éléments d’ordre idéologique et religieux sont très secondaires.

En 2016, ce conflit a été surtout marqué par le renforcement de l’alliance entre la Russie et l’axe de résistance contre l‘impérialisme et le sionisme Syrie-Hezbollah-Iran. La bataille d’Alep, fin 2016, a marqué un tournant décisif dans ce conflit. La Russie a renforcé sa position de première puissance stratégique (suprématie militaire) et retire déjà les bénéfices économiques de cette suprématie (signature de contrats avec le Qatar par exemple). L’Iran voit également sa situation renforcée, malgré les contradictions internes qu’elle a dû gérer quant à la collaboration avec la Russie et la question des kurdes iraniens. Ce renforcement de l’Iran est déterminant au moment où le congrès américain vient de voter la prolongation des sanctions pour 10 ans, remettant en cause l’accord sur le nucléaire. Par ailleurs, l’expérience militaire collective acquise au cours de ce conflit par les membres de l’axe de la résistance est déterminante. Cette guerre a en effet été l’occasion d’une coopération étroite sur le terrain entre l’armée régulière syrienne, les  forces du Hezbollah et les forces iraniennes. Dotées d’équipements militaires parmi les plus sophistiqués fournis par les Russes, les partis de la coalition anti-impérialiste ont pu développer des compétences militaires et définir de nouvelles stratégies de combat. Ainsi que le rapportent certains sites israéliens d’analyses stratégiques, cette nouvelle puissance militaire est très certainement en mesure de mettre un terme au colonialisme sioniste en Palestine.

Au-delà de l’entité sioniste, les développements en Syrie entérinent l’affaiblissement du camp impérialiste dans sa globalité. La confirmation de la présence de militaires de l’OTAN dans les quartiers tenus par Daesh à Alep est une nouvelle preuve du soutien occidental à toutes les forces anti-gouvernementales sans distinction. Cette présence rappelle que l’objectif principal de l’engagement des occidentaux en Syrie est de détruire l’axe de résistance, notamment le Hezbollah et l’Iran. Le fait que les occidentaux ne soient pas arrivés à leurs fins est l’expression d’une défaite majeure et de leur affaiblissement. L’accord d’Astana signé en janvier 2017 entre Russes, Turcs et Iraniens institue un mécanisme trilatéral de supervision du cessez-le-feu en Syrie et confirme l’exclusion des États-Unis et de leurs alliés.

C’est également une grande défaite pour l’Arabie saoudite qui montre ses faiblesses à la fois sur le plan militaire et sur le plan économique. Elle est empêtrée au Yémen, où elle perd peu à peu le soutien de ses « alliés » et notamment celui des américains qui ont exprimé leur souhait de se désengager en raison des erreurs saoudiennes. Par ailleurs, certains de ses alliés arabes ont changé de camp. L’Egypte a décidé de s’engager au côté des forces syriennes et des tensions sont apparues récemment entre les deux pays. Même si de nombreuses incertitudes subsistent, ce contexte de renforcement de l’axe de résistance et d’affaiblissement du camp impérialiste, particulièrement défavorable à l’entité sioniste, offre une opportunité majeure pour la résistance palestinienne. C’est à ce titre que se justifie le soutien politique à la souveraineté de l’Etat syrien.

Zones d’incertitudes et nécessité de résistance

Il subsiste cependant de nombreuses incertitudes quant à l’issue de ce conflit. La Turquie qui en est un acteur majeur  a connu en 2016 une forte instabilité interne avec une tentative de coup d’Etat et de très nombreux attentats. Dans ce pays, les intérêts à court terme de l’Etat et de la classe dirigeante priment sur toute stratégie internationale à long terme. Ainsi pour protéger ses intérêts économiques immédiats et sauver le pouvoir de l’AKP, la Turquie n’a pas hésité à revoir sa politique d’alliances en renouant avec Israël, en se rapprochant de la Russie et en entrant en guerre en Syrie aux côtés de la coalition pro-russe. Après avoir servi de base arrière à l’action de Daesh en Syrie, la Turquie s’est recentrée sur la question kurde et semblait avoir perdu toute confiance dans l’administration Obama, accusée par les autorités turques de soutien actif à la tentative de coup d’Etat. Au Liban, Michel Aoun a pu être élu à la Présidence de la république grâce à une coalition allant du Hezbollah aux forces libanaises de Samir Geagea. Mais il est peu probable que cette élection puisse conduire à une plus grande stabilité de ce pays, dont le système politique issu de la période coloniale est particulièrement fragile et incohérent.

Par ailleurs il est encore très difficile d’envisager les conséquences de l’élection de Donald Trump aux USA.  A priori en faveur d’une stratégie isolationniste qui défend d’abord les intérêts financiers et économiques des USA, il semble plutôt favorable à un rapprochement avec la Russie, et cible prioritairement le rival économique chinois. Une tentative de retour à la normale avec la Turquie est en cours. Ses déclarations vis-à-vis de la Palestine et de l’Iran sont inquiétantes. Mais au-delà des grandes déclarations, peut-on préjuger des décisions qui conduiraient à une intervention américaine aux côtés de l’entité sioniste pour attaquer l’Iran ou mater un soulèvement général en Palestine en contradiction complète avec la stratégie isolationniste annoncée ? Il est trop tôt pour le dire. Cela dépendra certainement du nouveau rapport de force USA/Russie, ainsi que des contradictions internes à l’administration américaine.

Pour la Palestine, la situation est néanmoins porteuse d’espoir. Dans ce contexte international plutôt favorable, la dynamique de résistance actuelle est portée par un mouvement populaire interne indépendant des influences extérieures. Pour construire une unité nationale, les organisations politiques palestiniennes devraient, quant à elles, privilégier des alliances étrangères fondées uniquement sur le soutien à la résistance. L’absence de dénonciation forte par les factions palestiniennes du rétablissement des relations officielles entre la Turquie et Israël traduit certainement la priorité actuelle donnée à l’unité nationale. Les accords pour réformer l’OLP cités précédemment, illustrent également cette priorité. Par ailleurs la pression toujours plus forte exercée sur les réfugiés, notamment au Liban, révèle que cette composante du peuple palestinien n’est plus en capacité, à court terme, d’initier un mouvement de résistance à partir de l’extérieur. Ce qui était vrai depuis le début des années 80, l’est encore plus aujourd’hui. Ces conditions renforcent la nécessité de conduire la résistance à partir de l’intérieur, indépendamment des Etats arabes, il s’agit d’une opportunité majeure pour le développement d’une insurrection propre à la Palestine capable de modifier le rapport de force avec l’occupant. Certaines factions comme le Jihad islamique pourraient jouer un rôle déterminant dans ce processus.

Depuis la déclaration de Balfour dont on marquera le centième anniversaire en 2017, le contexte géopolitique a beaucoup changé au Proche et Moyen Orient et dans le monde. Alors qu’au moment des accords de Sykes-Picot, l’impérialisme occidental était à son apogée, il connait actuellement un déclin continu, notamment depuis la seconde moitié du XXème siècle et la période de la décolonisation. La défaite occidentale en Syrie et l’élection de Donald Trump aux USA sont des signes majeurs de la faiblesse actuelle de la stratégie impérialiste. De plus, le développement de partenariats économiques autonomes entre les pays du Sud, comme actuellement entre pays africains, reflète une autonomisation certaine vis-à-vis de l’Occident. Mais la résistance des peuples n’est pas encore assez construite pour mener au renversement complet des rapports de force. En effet les attaques impérialistes restent possibles car les Etats du Sud, notamment les Etats arabes, sont faibles et leurs gouvernements n’ont pas de légitimité populaire. Pourtant les questions sociales sont cruciales et pourraient engendrer des soulèvements porteurs d’un projet révolutionnaire, ou du moins de certains changements politiques. Pour tirer parti de ce contexte favorable, il devient urgent que se développe dans tous ces pays une conscience politique propre et que se mettent en place des organisations avec des visions stratégiques claires. La Palestine est à l’avant-garde du mouvement ; ce qui s’y passera au cours des prochains mois aura sans aucun doute des répercussions majeures pour le peuple palestinien et l’ensemble des peuples du Sud.

Comité Action Palestine

19 février 2017




Maroc – Israël : une normalisation qui ne dit pas son nom ? par Lina Kennouche et Tayeb El Mestari

Cet article paru le 29 janvier 2019 sur le site http://www.tsa-algerie.com/ propose une analyse détaillée des relations entre le Royaume marocain et l’entité sioniste, en revenant sur les fondements historiques de ces liens. « Si depuis 2000, les relations diplomatiques officielles entre Rabat et Tel Aviv sont apparemment rompues, les ambiguïtés des rapports entre les deux capitales ne sont pas levées. Depuis 2011, une série de révélations est venue conforter l’idée que, derrière ces ambiguïtés liées aux impératifs politiques, il existe une relation durable et stable entre la monarchie marocaine et l’état israélien.Si la situation actuelle est celle d’une normalisation discrète et progressive, la société marocaine ne soutient cependant en rien cette dynamique. […] Si cette normalisation discrète et progressive des relations est vivement souhaitée par Israël, la société marocaine, y est, en revanche, farouchement opposée. »


Une délégation de Marocains s’est rendue, le 10 janvier, en Israël dans le cadre d’un colloque sur l’amitié judéo-marocaine. Ce déplacement n’a pas manqué de susciter l’indignation sur les réseaux sociaux et d’alimenter une vive polémique. Cette visite controversée intervient quelques semaines seulement après celle d’une délégation de journalistes et d’enseignants, en novembre dernier, répondant à l’invitation du ministère israélien des Affaires étrangères.

Si depuis 2000, les relations diplomatiques officielles entre Rabat et Tel Aviv sont apparemment rompues, les ambiguïtés des rapports entre les deux capitales ne sont pas levées. Depuis 2011, une série de révélations est venue conforter l’idée que, derrière ces ambiguïtés liées aux impératifs politiques, il existe une relation durable et stable entre la monarchie marocaine et l’État israélien. Elle est assise à la fois sur des intérêts commerciaux, des échanges interculturels, des convergences d’intérêts politiques, et trouve sa raison d’être dans les conditions historiques d’instauration du régime marocain.

Dynamisme commercial

Avec la fermeture du bureau de liaison d’Israël à Rabat, dans le contexte de déclenchement de la seconde intifada, les contacts entre les deux pays se sont faits plus discrets sans jamais cessé d’exister. D’un côté, le dynamisme commercial est une réalité, avec un volume d’échanges de « 52,3 millions de dollars sur dix-huit mois » entre 2014 et 2015, selon le Bureau israélien central des statistiques (BCS).

De l’autre, une brèche s’est ouverte ces dernières années dans l’opacité des relations depuis les révélations fracassantes faites par Wikileaks sur les rencontres au sommet, notamment en 2009, entre le ministre des Affaires étrangères israélien, Avigdor Liebermann et son homologue marocain, Taïeb Fassi-Fihri.

Au nombre des scandales politiques entachant la monarchie marocaine, l’enquête publiée en 2015 par le quotidien israélien Yehrodot Ahronot met en lumière la coopération active entre les services de renseignements marocain et le Mossad dans l’assassinat de l’opposant historique de la gauche marocaine, Mehdi Ben Barka. Un an plus tard, de nouvelles informations embarrassantes d’un ancien chef des renseignements militaires israéliens, dévoilant le rôle clé de Hassan II dans la défaite arabe de 1967, a fait l’effet d’une nouvelle bombe dans le royaume chérifien.

Ainsi, si ces relations ont traversé une période de refroidissement, sur le fond en revanche, il a toujours subsisté des éléments de convergences inhérentes aux intérêts propres de chacun des deux États. Cette relation a un ancrage historique fort, né dans un contexte de crise de légitimité d’une monarchie à contre-courant des évolutions régionales.

Ennemis politiques communs

Historiquement, la survie du pouvoir royal a reposé sur la double stratégie de l’affaiblissement du puissant parti nationaliste, l’Istiqlal, et d’édification d’une légitimité indépendantiste auprès du peuple marocain. La France, d’une certaine manière, lui en donnera l’occasion. L’exil, qu’imposent les autorités françaises au roi Mohamed V en 1953, permet de souder les Marocains autour de sa personne et, consolider politiquement la monarchie marocaine face aux autres forces politiques.

 L’intronisation du roi à l’indépendance en 1956 ne met pas fin, cependant, à la lutte pour le pouvoir entre le palais et le mouvement nationaliste, qui culmine avec l’assassinat de Mehdi Ben Barka en 1965. Cette situation politique a fragilisé le règne de Mohamed V puis de son fils Hassan II, héritier d’un contexte marqué par des troubles sociaux et politiques.

En proie à une instabilité grave, Hassan II, qui échappe à deux tentatives de coup d’État, en 1971 et en 1972, œuvre avec acharnement à la stabilisation du régime. L’occupation du Sahara occidental en 1975, contestée par l’Algérie, est une opportunité historique pour isoler l’opposition politique radicale qui est férocement réprimée. Cette instabilité politique permanente explique l’importance du rapprochement israélo-marocain.

Combattre l’ennemi intérieur et fragiliser l’ennemi extérieur

Pour mettre son pouvoir à l’abri d’une nouvelle crise interne et guid par une conception politique régionale plus proche d’Israël que des régimes arabes dits progressistes, Hassan II s’est rapproché de Tel Aviv dès 1961, date de la conclusion des accords secrets conclus avec le Mossad. Les services de renseignements israéliens ont, dès lors, répondu avec zèle aux sollicitations du pouvoir marocain, notamment dans l’affaire Ben Barka en 1965.

Ainsi l’impératif de sécurité nationale et la volonté d’affaiblir les régimes nationalistes arabes comme l’Algérie et l’Égypte éclairent la stratégie de Hassan II, qui s’associe à Israël pour combattre l’ennemi intérieur et fragiliser l’ennemi extérieur. À l’initiative d’une diplomatie minimale et discrète, il multiplie les démarches officielles pour la paix à partir de 1985 (date à laquelle il invita Shimon Pérès à se rendre au Maroc). Afin de concrétiser le rapprochement, il sera l’artisan d’une relation directe et originale avec l’établissement, en 1994, d’un siège diplomatique ayant des organes à Rabat et à Tel Aviv.

L’importance des relations entre les Marocains juifs et les Israéliens d’origine marocaine a également participé au renforcement des liens entre les deux pays. Une étude publiée par le ministère des Marocains résidant à l’étranger a établi que la deuxième plus importante communauté marocaine à l’étranger se trouve en Israël avec plus de 800.000 personnes.

Dans un article intitulé « La mise en scène de l’identité marocaine en Israël : un cas d’’israélianité’ diasporique », Emanuela Trevisan-Semi analyse le rattachement étroit entre les deux communautés. Elle note que les Israéliens d’origine marocaine « ne se sont pas contentés d’entretenir une mémoire individuelle et familiale du pays natal dans l’espace domestique privé (cuisine, musique, récits, objets, portraits aux murs des rois du Maroc, y compris du souverain actuel, dialecte arabo-marocain), ils sont également à l’origine de l’introduction à l’intérieur de l’espace public israélien de symboles traditionnels du pouvoir marocain ».

La figure la plus emblématique de la communauté juive marocaine est André Azoulay, conseiller, successivement de Hassan II et de Mohamed VI. Au-delà, de son rôle joué dans la libéralisation de l’économie marocaine, des observateurs soulignent qu’il a eu un rôle clef dans la normalisation d’Israël auprès des pays arabes et, notamment du Maroc. Si cette normalisation discrète et progressive des relations est vivement souhaitée par Israël, la société marocaine, y est, en revanche, farouchement opposée. Entre les réactions populaires contre cette normalisation, qui ne dit pas son nom, et cette politique d’ouverture à Israël, la monarchie devra, à terme, opérer un choix douloureux.

http://www.tsa-algerie.com/20170129/maroc-israel-normalisation-ne-dit-nom/

Source de la photo: http://reseauinternational.net/maghreb-les-relations-tres-particulieres-entre-le-maroc-et-israel/




Résolution 2334 : expression de tensions au sein du camp occidental ?

Comité Action Palestine

Le 23 décembre 2016, la résolution 2334 a été votée à l’unanimité moins une abstention par le conseil de sécurité de l’ONU condamnant pour la dixième fois « la colonisation des territoires occupés par Israël depuis 1967 ». L’abstention des Etats unis est soulignée avec insistance par les médias, puisque pour la première fois depuis 37 ans, les Américains n’ont pas usé de leur droit de véto.

Pourtant rien de nouveau dans cette résolution qui se contente de rappeler « les devoirs de la force occupante ». Celle-ci est même en recul par rapport à celle votée en 1980 (465) qui appelait au démantèlement des colonies déjà établies. En revanche, cette nouvelle résolution rappelle l’obligation faite à l’autorité palestinienne de « s’attaquer à tous ceux qui se livrent à des activités terroristes », c’est-à-dire à ceux qui résistent à l’occupation de leur pays. Autant dire que cette résolution entérine la répression de la résistance sous toutes ses formes -qu’elle émane d’un soulèvement populaire ou des organisations politiques et militaires – dans l’ensemble de la Palestine occupée.

L’objectif de cette nouvelle résolution est finalement de réaffirmer le soutien onusien à l’illusoire « solution à deux Etats » qui semble être la seule option permettant d’assurer le maintien de ce bastion impérialiste dans la région. Mais le sionisme est un mouvement colonial et par conséquent Israël ne peut exister sans coloniser. Le vote de cette résolution démontre finalement que l’entité sioniste ne peut dissimuler son caractère colonial au monde malgré toute l’énergie qu’elle déploie pour faire croire qu’elle est un Etat comme les autres. Comme le déclare l’intellectuel et militant palestinien Mounir Chafiq «la faiblesse actuelle de l’entité sioniste est telle que tout ralentissement du rythme de la colonisation ferait voler en éclat la coalition au pouvoir et provoquerait l’effondrement du gouvernement actuel ». Ce vote est en fait l’expression de la divergence actuelle des intérêts  entre les représentants de ladite « communauté internationale » et ceux de l’entité sioniste. La position américaine, émanant d’une administration Obama en fin de course, ne doit pas faire oublier que, suite à un protocole d’accord signé en septembre 2016, une aide militaire de 38 milliards de dollars sur 10 ans a été octroyée à l’Etat sioniste par les USA.

Mais le peuple palestinien est parfaitement conscient que cette résolution connaîtra le même sort que toutes les autres résolutions votées par l’Assemblée générale ou le conseil de sécurité de l’ONU. Il sait que la solution ne viendra que de son inlassable résistance et de sa capacité à poursuivre son travail d’affaiblissement de l’entité sioniste. Notre devoir, est plus que jamais, de soutenir inconditionnellement cette résistance et la lutte du peuple palestinien pour son droit à l’autodétermination et pour la libération totale de la terre arabe de Palestine.