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« 17 octobre 1961 : massacre d’État et zèle des harkis » par Lina Kennouche et Tayeb El Mestari

pour l’Orient le Jour – 17 octobre 2016. Photo Ina

Au delà de la commémoration et de la demande légitime de reconnaissance de cet événement, il s’agit aussi de mettre en exergue un fait peu connu : le rôle des harkis dans ce massacre d’Etat. Celui qui ne connait pas son histoire est condamné à la revivre. En Algérie hier, comme en Palestine aujourd’hui, le phénomène « harki » ou « collaborateur » est un danger redoutable pour l’émancipation des peuples.

Comité Action Palestine


Le chemin d’une reconnaissance du chapitre colonial comme partie intégrante de l’histoire française est encore long.

Chaque année, la journée de commémoration des massacres du 17 octobre 1961 organisée par des militants associatifs réactive le souvenir d’une « nuit noire » qui marque de façon indélébile la mémoire collective de la communauté algérienne en France.

Si la timide reconnaissance de l’événement, longtemps étouffée par la censure du pouvoir, existe aujourd’hui, la signification profonde de ces massacres n’est pas interrogée par la classe politique et la société françaises. En 2012, le président français François Hollande évoquant cet épisode refoulé de la guerre d’Algérie déclare : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. » C’est précisément contre cette mémoire morale des massacres que luttent aujourd’hui collectifs et historiens pour rétablir le sens politique de ces événements et les inscrire dans le fonctionnement structurel d’un système colonial qui a exercé une violence systématique sur un « corps d’exception » constitué des Algériens.
« L’humanité ne peut vivre éternellement avec dans sa cave le cadavre d’un peuple assassiné », déclarait Jean Jaurès à propos du génocide arménien, et pourtant le chemin d’une reconnaissance du chapitre colonial comme partie intégrante de l’histoire française est encore long. Les événements longtemps occultés du 17 octobre 1961 n’incarnent qu’un épisode supplémentaire de la guerre d’Algérie et de son cortège de massacres et d’atrocités. Que s’est-il donc produit le soir du 17 octobre 1961 pour les Algériens de Paris et quelle a été l’étendue du rôle des auxiliaires des autorités françaises ?

(Lire aussi : Le « refoulement » des massacres du 17 octobre et la responsabilité collective)

« Faux frères »

Pour protester contre un couvre-feu raciste qui limitait leur droit de circulation, des dizaines de milliers d’Algériens, venus des bidonvilles et des quartiers populaires, manifestent pacifiquement ce 17 octobre 1961 à Paris. Un acte de protestation que nombre d’entre eux, ouvriers pour la plupart, paieront de leur vie. Tués par balles ou jetés dans la Seine, 200 à 300 manifestants périssent sous le coup d’une répression brutale de l’État confronté à la lutte sans merci que livre le Front de libération nationale pour l’indépendance de l’Algérie.

Au cours de cet épisode sanglant, des Algériens des Forces auxiliaires de police (FAP) massacrent et torturent avec zèle les manifestants. Ces harkis des FAP sont qualifiés de « faux frères » selon la journaliste Paulette Péju, qui, indignée par ces crimes, s’est employée, dans deux ouvrages, Harkis à Paris et Ratonnade à Paris, censurés par les autorités de l’époque, à consigner les plaintes des victimes et à reproduire des articles de presse pour rendre compte de l’ampleur de la répression. Constitué essentiellement de témoignages et de documents fournis par un collectif d’avocats, Harkis à Paris explique le mode opératoire de ces forces de police auxiliaires qui ont eu méthodiquement recours aux assassinats, à la torture et aux enlèvements.

Dans l’histoire de la guerre d’indépendance algérienne, ces harkis (terminologie qui vient de l’arabe haraka signifiant mouvement) forment les forces supplétives engagées auprès de l’armée française pour contrer le mouvement indépendantiste algérien. Parmi ces 400 000 « français musulmans », ayant opté pour l’Algérie française, ces forces auxiliaires de police se distinguent par leur brutalité et leur acharnement contre les Algériens indépendantistes installés en France. Composées d’Algériens volontaires (Français musulmans, selon la terminologie de l’époque), les forces auxiliaires de police sont mises en place le 30 novembre 1959 par le Premier ministre Michel Debré, sous le commandement direct du pied-noir Raymond Montaner, alors capitaine dans l’armée française. Le contexte de création de ces unités sous les ordres de Maurice Papon (préfet de Paris en 1961 et ancien collaborateur du régime nazi) explique le zèle particulier par lequel étaient mues ces forces supplétives dans leur fonction répressive. Selon Paulette Péju, ces « harkis, eux, n’ont rien à ménager, rien à perdre que leur uniforme de mercenaire et le salaire de la trahison. Ils ont même tout à redouter d’une solution pacifique de la guerre d’Algérie ».

(Lire aussi : Hollande reconnaît la « responsabilité » de la France dans « l’abandon des harkis »)

Le piège se referme

Cette perspective éclaire la compréhension des motivations pour lesquelles les autorités françaises ont procédé à l’institutionnalisation de 400 harkis dans les FAP. Engagés dans la voie de l’Algérie française, dans un contexte où l’évolution vers l’indépendance était devenue inéluctable, il n’existait plus de retour en arrière possible. Leur sort semblait scellé et à mesure que s’amenuisait l’espoir d’une victoire contre les indépendantistes, leur acharnement redoublait contre tous ceux qu’ils soupçonnaient d’être des militants de l’Algérie indépendante. Les autorités françaises, qui avaient très tôt saisi les effets de cette dynamique, les assignent au rôle d’exécutants de la sale besogne.

À chaque anniversaire des massacres du 17 octobre 1961, le débat sur la responsabilité des harkis ressurgit, opposant les tenants de la victimologie, engagés pour la reconnaissance des droits des harkis, aux pourfendeurs des traîtres à la nation algérienne. Si une partie des harkis a choisi la voie de la collaboration pour échapper à ses conditions misérables d’existence, d’autres ont porté l’engagement de l’Algérie française par conviction idéologique. Mais, en abandonnant les considérations émotionnelles qui brouillent la compréhension des causes de la guerre fratricide, une lecture rationnelle s’impose : le 17 octobre 1961 les FAP, « faux frères », étaient pris au piège de leur engagement volontaire. Paulette Péju rappelle le tragique de leur condition : « Sans la guerre et la répression ils ne sont plus rien : ni Algériens ni Français. » L’histoire lui donnera raison. Après avoir trahi la cause indépendantiste algérienne, ils seront à leur tour trahi par la France.

http://www.lorientlejour.com/article/1012977/17-octobre-1961-massacre-detat-et-zele-des-harkis.html

Et également : le 17 octobre 1961 en quelques données

http://www.lorientlejour.com/article/1012975/le-17-octobre-1961-en-quelques-donnees.html




Abbas, ou l’échec annoncé d’une stratégie de survie politique

Par Lina Kennouche, pour L’Orient le Jour (4/10/2016)

Des Etats arabes cherchent à tout prix une normalisation avec l’Etat israélien. Mahmoud Abbas, qui leur tourne le dos parce qu’il mise sur une collaboration directe avec les dirigeants israéliens, est contesté chez les palestiniens et ne présente pas les garanties qu’un corrompu comme Mohamed Dahlan pourrait leur donner. Ils pensent l’avenir de la Palestine à l’aune de leur propre système politique : le peuple ne compte pas, seule compte la préservation de leur pouvoir et leurs intérêts à court terme. C’est pour cette raison qu’un Mohamed Dahlan, dont la légitimité est encore moindre que celle de M. Abbas, a l’avantage d’avoir une poigne de fer pour servir leur stratégie de normalisation ouverte avec les sionistes.

Comité Action Palestine


La Cour suprême palestinienne a rendu hier une décision lourde de conséquences politiques. Excluant Gaza, gouvernée par le mouvement islamique Hamas, cette décision fixe des élections municipales (dont la date reste indéterminée) dans la seule Cisjordanie. Elle revêt une importance cruciale pour le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. En proie à une impopularité grandissante, il est contraint de se rabattre sur une stratégie électorale de survie politique dans un contexte où sa légitimité est doublement contestée, en interne et sur le plan régional. Les tensions internes au sein du Fateh sont apparues au grand jour après le tollé général provoqué par la présence de Mahmoud Abbas aux obsèques de Shimon Perès.

Cette visite a été interprétée comme un acte de trahison par de nombreuses organisations palestiniennes, notamment le comité dirigeant des étudiants de l’Université de Bizerte, exclu du Fateh pour avoir réclamé le départ du chef de l’exécutif. Les dissensions au sein du parti et les divisions interpalestiniennes tendent à s’accentuer à mesure que la légitimité de Mahmoud Abbas s’érode.

Incarnant aux yeux de nombre de Palestiniens les compromissions du camp de la modération, il pourrait également se voir privé du soutien historique de pays arabes alliés. Alors qu’historiquement, le contrôle de la carte palestinienne via celui des dirigeants palestiniens a constitué un enjeu politique majeur pour les États régionaux, dans l’appréciation de Abbas le facteur régional arabe est minoré. Si, dans les années 70, Yasser Arafat, alors à la tête de l’Organisation de libération de la Palestine, a consacré le rôle régional de certains États, notamment l’Égypte qui lui a parfois valu les hostilités de la Syrie et l’Irak, Mahmoud Abbas a fait le pari des puissances occidentales. Pour M. Abbas, seul un accord avec les Israéliens et leur parrain américain mettrait fin au blocage politique. Cette volonté de miser exclusivement sur l’État occupant, Washington et les puissances internationales a renforcé sa posture de collaboration avec les dirigeants israéliens. Ses velléités émancipatrices auraient fini par le faire tomber en disgrâce. Certains pays arabes lui préféreraient un successeur, certes tout aussi contesté à l’intérieur, mais qui a l’avantage d’être totalement inféodé à leurs intérêts : coopérer avec Israël sous leur supervision.

M. Dahlan, réputé pour ses liens historiques avec les services de renseignements égyptiens, apparaît comme la pièce maîtresse de la stratégie de renouvellement et de contrôle de l’Autorité palestinienne. Si M. Abbas fait de ses élections sa planche de salut, il n’en reste pas moins qu’elles pourraient renforcer son isolement sur la scène politique locale. Il prend le risque de faire l’unanimité des organisations politiques palestiniennes contre la tenue de ces élections. L’Autorité palestinienne pourrait se retrouver ainsi en prise à une opposition politique plus importante.

http://www.lorientlejour.com/article/1010708/abbas-ou-lechec-annonce-dune-strategie-de-survie-politique.html




Les sionistes meurent, la résistance palestinienne demeure

Comité Action Palestine (octobre 2016)

Shimon Peres, l’un des  fondateurs de l’entité sioniste, vient de mourir. Comme un seul homme, la plupart des chefs d’Etat du monde impérialiste sont venus se prosterner devant sa dépouille. Ils exprimaient ainsi une nouvelle fois leur soutien plein et entier au projet colonial sioniste que ce dirigeant israélien incarnait plus que tout autre.

D’abord en charge de l’approvisionnement en équipements militaires auprès des grandes puissances dans les années 50, il fut la cheville ouvrière de l’accord qui engagea le gouvernement socialiste français dans la crise de Suez en 1956. Cet accord conduisit par la même occasion à la livraison de la technologie nucléaire à Israël. Il fut ensuite reconnu comme l’un des plus grands artisans de la politique de colonisation des terres palestiniennes, notamment pendant la période des accords d’Oslo. En tant que Premier Ministre, il fut également le principal ordonnateur du bombardement du QG de l’OLP à Tunis en 1985 qui fit 68 morts, et surtout du massacre de Qana au Liban en 1996 où 106 personnes périrent sous les bombes israéliennes.

C’est donc à  cet homme de « paix » que les dirigeants occidentaux sont venus rendre hommage. La présence de M. Abbas, président de l’Autorité palestinienne,  à ces obsèques a provoqué la colère des Palestiniens. Il apparaît au grand jour qu’il n’est que le représentant du pouvoir supplétif mis en place par l’occupant au moment des accords d’Oslo pour mater la Résistance palestinienne et permettre la poursuite du processus colonial. Sa prosternation devant la dépouille du criminel sioniste a un sens : à défaut d’un soutien populaire palestinien, il est venu quémander le soutien des dirigeants israéliens pour préserver son pouvoir.

Shimon Peres est mort, M. Abbas s’abaisse, mais la lutte de libération de la Palestine est bien vivante et le peuple palestinien toujours debout.




Palestine en Résistance : concert-débat pour la Palestine – Bordeaux le 22 octobre

Le Comité Action Palestine

organise un concert-débat pour la Palestine,

le 22 octobre 2016,

 1 place des Capucins, Bordeaux

19h00-minuit

Cette soirée sera composée de deux grands moments. D’abord aura lieu une conférence-débat avec Hamdan al DAMIRI, Coordinateur de la Communauté Palestinienne en Belgique, autour de deux grands axes thématiques, la situation actuelle de la résistance palestinienne et la place de la résistance palestinienne dans la géopolitique régionale. Cette rencontre avec Hamdan Al DAMIRI sera, à n’en pas douter, riche en enseignements et en échanges.

La seconde partie de la soirée verra l’entrée en scène, pour un moment vivant et convivial, de

¤ VOIX DE FEMMES (chants méditerranéens, de la musique anatolienne aux romances perses) ¤
¤ ERRÖR 404 ( Hip Hop Boom Bam Electro Festif)

Venez nombreux – Participation libre – Renseignements par mail à actionpalestine@hotmail.com

https://www.facebook.com/events/1778262189109383/

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La domination occidentale signifie la régression économique, sociale et politique la plus totale pour les peuples du Sud. L’impérialisme et le colonialisme, qu’il sécrète dans différentes régions du monde, ne sont rien d’autre pour les peuples dominés qu’asservissement, oppression, massacre, racisme et misère. La résistance des peuples dominés, son émergence, sa structuration et son renforcement, sont le résultat mais aussi la négation la plus radicale de cette logique de répression et de destruction propre à l’hégémonie occidentale.

L’histoire de la Palestine, de la fin du 19ième siècle jusqu’à aujourd’hui, concentre l’essentiel des rapports de domination de types impérialiste et colonialiste. L’implantation sioniste et le vol des terres par les colons juifs ont été rendus possibles, dès le début, par des puissances coloniales (Angleterre, France).  Cette nouvelle forme d’épuration ethnique bénéficie aujourd’hui du soutien de l’ensemble du monde occidental (Etats-Unis et Europe). Des points de vue historique et géopolitique, la cause palestinienne est centrale. Au niveau historique, l’enjeu est dorénavant d’accélérer le dépérissement de la domination impérialiste occidentale après sa violente remise en cause au cours de la phase de décolonisation des années 50 et 60. Au niveau géopolitique, l’enjeu est de libérer la terre arabe de Palestine et mettre fin à cette colonisation qui permet de contrôler toute la région du Moyen-Orient.

Si la Palestine est le champ de la lutte directe contre le colonialisme, il n’en demeure pas moins, qu’en Occident, le soutien à la cause palestinienne réside dans une grande mesure dans le combat politique et idéologique contre le sionisme implanté au cœur même des Etats occidentaux. En France, en particulier, tout militantisme antisioniste authentique se doit de dénoncer, non seulement, le sort qui est fait aux Palestiniens, mais aussi toute organisation ou institution qui travaille ici au service de la domination sioniste.

Comité Action Palestine

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– VOIX DE FEMMES
C’est le souffle de la vie, transcendant ou exaltant, l’expression forte des sentiments, qu’il s’agisse d’amour, de chagrin ou d’exil.
La rencontre de Canan Domurcakli, originaire de Sivas et de Manouela Menty, bordelaise aux racines kabyles est basée sur l’émotion des chants méditerranéens. Un hommage aux femmes qui portent le monde. De la musique anatolienne, poésie des asiks, aux romances séfarades et perses, les chansons oubliées sont dévoilées. Canan chante et s’accompagne au saz, Manouela rythme au bendir, et s’évade vocalement. Un voyage qui laisse sans voix.

Page facebook : https://www.facebook.com/voixdefemmes/?fref=ts&__mref=message_bubble

– ERRÖR 404
Errör 404 c’est 5 MCs/beatmakers et un DJ issus d’univers différents. Aux origines du hip-hop des années 90 aux sonorités actuelles, cette surprenante équipe propose une musique à la fois rentre-dedans et festive, animée par un show en intéraction avec le public. Si vous aimez autant les sons électro que les samples à l’ancienne, autant les textes sensés et provocants que l’humour décalé, cette famille dite « sans projet » est à découvrir.

Site : http://www.errör404.com/




La Résistance populaire palestinienne : « la terre nous appartient »

Comité Action Palestine, septembre 2016

L’histoire de l’entité coloniale nommée Israël n’a été qu’une longue et sombre histoire de guerres, de massacres et de spoliation. Du 15 au 18 septembre 1982, les habitants palestiniens et libanais des camps de réfugiés de Sabra et Chatila dans la partie occidentale de Beyrouth sont encerclés et méthodiquement massacrés par l’armée israélienne sous commandement d’Ariel Sharon et les milices chrétiennes libanaises. On parle alors de 3000 victimes mais les chiffres, faute d’enquête indépendante, apparaissent très en deçà de la réalité. Comme à leur habitude, les sionistes couvrent l’histoire de leur voile de mensonges. L’intervention dans les camps de Sabra et Chatila aurait eu pour objectif de démanteler les structures opérationnelles de l’OLP. Mais dès le 1er septembre 1982, les 11 000 combattants de l’OLP avaient quitté Beyrouth. L’objectif inavoué, avéré, du bain de sang prémédité et perpétré par les sionistes et les phalangistes était de terroriser les réfugiés palestiniens pour les éloigner davantage de la terre de Palestine et faire du droit au retour un droit totalement illusoire. Il fallait avant tout de briser toute capacité et velléité de résistance des réfugiés palestiniens contre l’occupant sioniste.

Sabra et Chatila n’est malheureusement qu’un épisode dans le plan sioniste d’annexion et de judaïsation de toute la Palestine. L’ère des massacres commence dès la création de l’Etat d’Israël. Pour ne citer que les plus importants, il y eut celui de Deir Yassine (1948), de Qibia (1954), de Jenine (2002) ou de Gaza (2009 et 2014). L’Etat d’Israël a été édifié sur la Nakba, cette « grande catastrophe » pour les Palestiniens : 500 villages furent rasés de la carte, les terres expropriées et 800000 Palestiniens forcés à l’exil. Des années d’errance, des décennies dans des camps, niés de tous et privés de tous les droits, ils sont et restent le symbole de la politique d’épuration ethnique conduite par le colonialisme juif en Palestine. Les réfugiés palestiniens sont actuellement plus de 7 millions et constituent plus d’un tiers de l’ensemble des réfugiés dans le Monde. Depuis plus de 60 ans, ils attendent toujours l’application de leur droit au retour dans leurs foyers, reconnu par l’ONU en 1948 ! Qui mieux qu’eux symbolise l’exil et l’errance des peuples ? Pourtant qui parle d’eux ? Qui exige que justice soit rendue ?

Le peuple palestinien ne peut compter que sur lui-même.  Et il le montre de manière exemplaire avec ce que l’on a appelé l’ «intifada des couteaux ». Cette nouvelle forme de la lutte du peuple palestinien a rompu avec les schémas classiques de la guerre israélo-palestinienne et, par là même, désarçonné au plus haut point l’ennemi sioniste, surpris par le changement de la donne de la résistance populaire

L’intifada des couteaux, cette manifestation du génie populaire, modifie profondément l’équation de la lutte en Palestine dans la mesure où le pouvoir sioniste, dont l’objectif premier était d’éradiquer la résistance à Gaza, se trouve acculé à faire face à un mouvement populaire dans des régions qu’il croyait pacifiées, en Palestine de 48 (ce que les sionistes considèrent comme leur territoire ou Israël) et en Cisjordanie par la mise en place d’un pouvoir supplétif, une Autorité palestinienne sans autorité avec l’entité sioniste, mais effectuant, pour le compte de cette dernière, le sale boulot de répression contre la résistance palestinienne.

La première transformation que l’intifada des couteaux a produite, c’est de pousser le pouvoir sioniste à combattre un ennemi intérieur, de desserrer l’étau sur Gaza, de la placer de facto comme objectif de second ordre. Le deuxième changement dans l’équation c’est que le combat palestinien a lieu en dehors des organisations, n’implique pas les différentes factions de la résistance et donc place les dirigeants de l’entité sioniste dans le désarroi puisqu’ils comptent traditionnellement sur leur machine de guerre pour réprimer, massacrer, semer la terreur.

Enfin, le troisième changement, et non le moindre, c’est que désormais les attaques palestiniennes sont portées à la population coloniale et non pas seulement au pouvoir et à son armée. Très régulièrement, l’on entend dire dans les médias ou dans la bouche des analystes officiels qu’il ne faut pas s’en prendre aux populations civiles, que c’est du terrorisme, que ce sont des actes inqualifiables et tout le jargon-blabla. En réalité, il n’existe pas de population juive civile mais des colons juifs et tant que tels ils sont au fondement du système colonial qui oppresse chaque jour les Palestiniens. Le pouvoir israélien n’est que la synthèse politico-militaire des intérêts des puissances occidentales (les Etats-Unis en tête) et des intérêts des colons.

Le sort des Palestiniens est en jeu actuellement dans la guerre en Syrie qui se poursuit. Dans ce conflit, la France, l’Angleterre, Israël et les Etats-Unis, de concert avec l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie et le Koweït, mènent officiellement une opération de soutien au peuple syrien.  Mais leurs motivations réelles sont d’affaiblir les nations arabes comme la Syrie, l’Irak et le Yémen, et la puissance économique politique montante qu’est l’Iran, en poussant les factions les unes contre autres. Au passage cela permettrait de consolider l’entité sioniste affaiblie par plusieurs défaites contre les résistances libanaises et palestiniennes. L’objectif stratégique global est de maintenir l’influence du bloc occidental dans la région. La devise américaine a toujours été : « Les Etats-Unis n’ont pas d’amis, mais que des intérêts économiques. » Si le chaos sert leurs intérêts économiques, ils feront de ces nations un champ de ruines…

Depuis plus de soixante ans, le peuple palestinien est toujours debout, résistant contre l’infernale machine de guerre coloniale israélienne. En exil, les réfugiés gardent l’intime conviction que leur retour dans leurs foyers en Palestine est proche. Nous, membres du Comité Action Palestine, sommes à leurs côtés pour réaffirmer que la Palestine est arabe, et soutenir leur lutte jusqu’à la victoire de la résistance et la satisfaction des revendications légitimes :

* La condamnation du sionisme comme mouvement politique colonialiste et raciste.

* Le soutien inconditionnel à la résistance du peuple palestinien et à son combat pour son autodétermination et son indépendance nationale.

* La reconnaissance du droit inaliénable au retour de tous les réfugiés chez eux.

* La libération de tous les résistants emprisonnés.




Marchandisation de la violence, stade ultime du capitalisme

La violence est-elle organiquement liée au capitalisme au point de devenir un enjeu économique ? A travers l’analyse du terrorisme et sa généalogie au Moyen Orient, Richard Labévière considère que ce type de violence n’est pas seulement politique. Elle est aussi économique dans la mesure où elle crée un marché de la « sécurité ». Le capitalisme exploite également, en terme de marché, les effets de sa domination destructrice sur les sociétés.

A l’invitation du Comité Action Palestine, Richard Labévière fera une conférence le 2 décembre 2016 à Bordeaux sur le thème de la nouvelle géopolitique de la question palestinienne. Il abordera aussi les éléments importants de son dernier livre « Terrorisme : remonter aux causes ».

Comité Action Palestine

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Interview de Richard Labévière, propos recueilli par Lina Kennouche pour l’Orient le Jour (16 septembre 2016)

Dans son livre Terrorisme : remonter aux causes à paraître début novembre aux éditions Pierre-Guillaume De Roux, Richard Labévière, expert des questions internationales et stratégiques, écrivain et rédacteur en chef de prochetmoyen-orient.ch, analyse la logique même du terrorisme transnational comme dernier avatar du capitalisme néolibéral. Dans cet entretien, l’auteur revient sur la thèse centrale de son ouvrage : le système capitaliste a fini par produire une marchandisation de la violence extrême, devenue secteur à part entière de l’économie.

Dans ce livre, vous tentez de tirer les leçons des attentats et de remonter aux causes premières du terrorisme. Une histoire du terrorisme est-elle possible ?
Non. L’histoire est complexe et la définition impossible parce que l’étude du terrorisme suppose toujours la nécessité d’une anthropologie politique. La qualification de « terroriste » est souvent produite par ceux qui ont le pouvoir et défendent des intérêts particuliers. Un exemple emblématique qui parle aux Français est celui de Jean Moulin. Patron du Conseil national de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, il était considéré comme terroriste par les Allemands et héros de la Résistance par les Français. Il faut donc éviter systématiquement de réduire les questions de terrorisme à une histoire linéaire et chronologique, et plutôt les penser dans leur anthropologie politique ; sinon, conceptuellement, une définition claire sur les plans juridique et morale restera impossible.

Vous distinguez plusieurs grandes phases dans l’évolution du terrorisme et sa mobilisation comme mode opératoire. Quelles sont-elles ?
L’usage du terrorisme a d’abord été le fait, au Proche-Orient, des groupes israéliens : la Haganah et l’Irgoun avec, notamment, l’attentat de l’hôtel King David (22 juillet 1946), l’assassinat du comte Folke Bernadotte et le massacre de Deir Yassine. Après la Nakba (1948), la réaction de défense de la résistance palestinienne va, elle, mobiliser l’action terroriste selon différentes modalités. Il y a d’abord la première phase avec des mouvements de libération nationale et des sous-produits de services plus ou moins manipulés comme Carlos et Abou Nidal.
La deuxième période, qui va du début des années 1990 à 2001, est caractérisée par la nébuleuse el-Qaëda et son développement « rhizomatique » après les attentats de septembre 2001, c’est-à-dire un développement non centralisé et inorganisé.
La troisième phase débute à partir de la chute de Mossoul et la proclamation du califat, celle de Daech et ses sous-produits. Cette dernière est la conséquence directe de la guerre anglo-américaine en Irak avec la montée en puissance d’Abou Moussab el-Zarqaoui (responsable d’el-Qaëda en Irak) et la question qui reste en suspens : comment un petit délinquant comme Zarqaoui va-t-il rapidement avoir du pouvoir et parvenir à s’imposer comme le représentant d’el-Qaëda en Mésopotamie ? On le retrouvera au Kurdistan après la chute de Bagdad, alors que ce sont des zones contrôlées par les Américains et les services israéliens. La manière dont on l’a laissé prendre du pouvoir et opérer reste très curieuse.

Vous soulignez que la violence extrême est devenue un secteur de l’économie, créateur d’emplois, alors que dans le même temps l’agriculture industrialisée tue l’emploi. Pouvez-vous parler de cette évolution ?

Avec la révolution numérique et la robotisation, les filières industrielles des pays européens sont en déclin. Dans le secteur des services, la révolution informatique a créé un phénomène nouveau : ce sont les usagers qui font le tertiaire. Au moment où les secteurs traditionnels fonctionnent à la destruction de l’emploi, la riposte à la violence extrême, c’est-à-dire un terrorisme banalisé, est devenue un secteur à part entière, créateur d’emplois et de richesse. Ce nouveau secteur économique s’installe au cœur même du processus de la mondialisation et fonctionne sur la « casse » des États-nations, des armées nationales et des services publics. Ce processus s’incarne à la fois dans une privatisation de la violence et une privatisation de la sécurité. J’ai défini ce terrorisme comme le stade suprême de la mondialisation, mais je le qualifierais plutôt aujourd’hui de face cachée de la mondialisation, qui est un processus sans sujet, selon les termes du philosophe Louis Althusser. Tout cela ne relève pas d’une conspiration mais d’un développement consubstantiel à la mondialisation. Ce n’est pas un Conseil de sécurité du mal qui va décider que le terrorisme va s’installer au cœur de la mondialisation. Dès lors où il n’y a plus d’État ni de services publics, tout le monde est l’ennemi de tout le monde. La course à l’argent devient la seule règle, elle a nourri et justifié ce que Jean Ziegler appelle la disruption, c’est-à-dire un monde où on impose l’informatique dans tous les aspects de la vie professionnelle, sociale, amoureuse, etc. Cette disruption a permis aux idéologies jihadistes, notamment, de se diffuser sans aucun contrôle.

Dans la conclusion de votre ouvrage, vous expliquez que la grande erreur serait de se représenter le terrorisme comme un accident ou une crise, alors qu’il est un processus installé au cœur même des mécanismes de la mondialisation…
Après avoir déposé des brevets sur la biodiversité par exemple, le capitalisme est en train de produire des brevets sur nos affects et sur la violence, qui est l’énergie vitale du capitalisme. Le stade ultime du capitalisme se manifeste justement par la marchandisation de la violence. Celle-ci, que ce soit dans ses expressions terroristes ou dans ses ripostes de contre-terrorisme, devient une marchandise comme une autre.

Vous avancez dans ce livre des propositions pour tenter de sortir du terrorisme radical, qui est le produit du capitalisme radical…
Comme dirait le philosophe Alain Badiou, il n’y a pas de réponses programmatiques. On peut simplement indiquer des perspectives et des pistes. Dans ce livre, je consacre un chapitre au financement de l’islam radical depuis 30 ans, ce qui nous ramène toujours à l’Arabie saoudite. Ma première proposition est de commencer par s’attaquer au nerf de la guerre qu’est l’argent, aux dollars de la terreur, de plusieurs façons. On sait que l’argent du crime transite par les paradis fiscaux. Il faudrait, sans doute, commencer par fermer les places offshore et mettre sous contrôle les mouvements d’argent des grandes sociétés, opérateurs, ONG, etc., qui transitent par les banques nationales ou des banques d’échange internationales.
Dans un autre domaine, celui des services de sécurité, je fais une proposition qui concerne plus spécifiquement la France. Rien ne sert de refondre les services, et toujours recréer de nouvelles usines à gaz, car ils ne font, au final, que ce que leur demande le pouvoir politique. Les outils et les lois sont là, il est donc inutile d’en adopter de nouvelles. Depuis 2012, il y a eu 10 lois antiterroristes supplémentaires alors qu’il aurait fallu simplement appliquer les lois existantes et donner les moyens aux services de travailler efficacement. Mais encore faudrait-il que le pouvoir politique donne des ordres clairs et assume ses responsabilités. La seule chose efficace que la France aurait pu faire est de créer un parquet antiterroriste national avec des correspondants régionaux, et non pas faire remonter tous les dossiers au procureur de la République à Paris. Ensuite, d’autres propositions auraient pu faire l’objet d’un débat : un état des lieux de la diplomatie française, dont l’évolution est devenue incompréhensible, ou des opérations militaires qui ne doivent être que ponctuelles avec des objectifs précis, car le traitement du terrorisme n’est pas militaire mais politique.

http://www.lorientlejour.com/article/1007405/marchandisation-de-la-violence-stade-ultime-du-capitalisme.html

 




À mon peuple héroïque palestinien…lettre du gréviste de la faim Bilal Kayed

Lettre du gréviste de la faim Bilal Kayed

Bilal Kayed, est un résistant palestinien, incarcéré dans les geôles sionistes pendant 14 ans, et qui mène une grève de la faim depuis plus de 50 jours. L’entité coloniale refuse de le libérer et l’a condamné à six mois de mise en détention administrative, renouvelables indéfiniment sans inculpation ni jugement, alors qu’il a purgé sa peine depuis le 13 juin. Plus de 100 prisonniers palestiniens se sont joints la grève de la faim collective pour la liberté de Kayed, dont le Secrétaire Général du FPLP Ahmad Sa’adat. En France, Georges Ibrahim Adallah le plus ancien prisonnier politique s’est également associé à cette grève de la faim. Un immense mouvement de protestation a lieu actuellement en Palestine en solidarité avec Bilal Kayed et tous les prisonniers palestiniens.

À mon peuple héroïque palestinien…
Gens libres du monde…

Dans cette étape difficile que je subis sur un plan personnel, dans la lutte contre la tentative de forcer ma soumission à l’occupation brutale qui a pris la décision de me liquider, pour rien d’autre que le fait que j’ai été aux côtés des prisonniers de mon peuple, défendant mes droits et leurs droits et les droits de leurs familles pour parvenir à accéder même aux conditions minimales de la dignité humaine. Il n’est pas étrange que je me trouve moi-même soutenu par l’ensemble de mon peuple, de ceux qui m’entourent avec leurs cris et leurs pleurs et leur soutien et font des efforts inlassables pour annihiler l’injustice qui a été infligée, à moi et aux prisonniers. Ce qui arrive est tout à fait en accord avec l’esprit d’entente nationale dans lequel j’ai été élevé, par vous, mon peuple et par les peuples libres du monde, où qu’ils soient. En Cisjordanie , se dressant contre l’oppression ; dans les terres occupées [de 1948], fiers et enracinés dans la terre et le respect de leur identité ; mon peuple héroïque dans Gaza victorieuse et tous les hommes libres du monde, de toutes les nationalités et de toutes les origines.

Je suis ici, aujourd’hui, terminant ma première étape dans ma bataille avec cet occupant brutal et j’ai annoncé ma deuxième étape, qui est celle de l’unité avec tous les prisonniers de tous horizons et partis politiques pour que nous puissions tous, collectivement, nous tenir à l’avant-garde de la lutte nationale, à l’intérieur et à l’extérieur des prisons.

Après avoir reçu cette décision des tribunaux de l’occupation militaire (comme je l’attendais) [de rejet de son appel contre la détention administrative] ignorant ma liberté, la vie et la dignité, il est nécessaire que je répondre afin de faire face à cette décision brutale. Ainsi à partir d’aujourd’hui, 1er août 2016, je refuse tous les examens médicaux proposés par les médecins de l’hôpital. J’exige mon retour immédiat en prison malgré la détérioration de mes conditions de santé, pour me tenir debout sur un seul front et sur une seule ligne dans les cellules de l’occupation, aux côtés de tous les prisonniers en révolte, élevant la voix avec force : Votre décision ne passera pas facilement ! Surtout après que l’occupation ait franchi une autre ligne rouge, encore plus dangereuse, en m’envoyant en détention administrative, ce qui vise à liquider tous les dirigeants du mouvement de prisonniers et ses cadres et ceux qui lèvent haut sa bannière en défense du droit des prisonniers à la liberté et à la dignité.

Mon peuple héroïque, l’heure du combat est arrivée. Je suis plein d’espoir. Car j’ai toujours su que vous, vous êtes le mur protecteur, défendant notre lutte. Ce que j’ai reçu de vous par vos luttes, vos sit-in, vos manifestations, me donne plus de détermination pour continuer vers l’avant jusqu’à la victoire. La liberté ou le martyre.

La victoire est inévitable.

Bilal Kayed
Hôpital Barzilai
1er août 2016

source samidoun.ca




Le terrorisme international, une opportunité politique et économique pour Israël

Comité Action Palestine (juillet 2016)

Suite aux attentats qui se multiplient sur le sol européen, notamment en France depuis le début de l’année 2015, l’entité sioniste est montrée par les médias et certains hommes politiques comme le modèle à suivre en matière de sécurité des personnes et des Etats. « Il faut israéliser notre sécurité » déclare ouvertement l’ancien Ministre de la Défense Hervé Morin. Israël aurait une longue expérience du terrorisme et serait expert en matériels et procédures pour protéger ses « citoyens ».

Déjà très présente par le biais de ses entreprises qui assurent la sécurité de certains grands événements comme l’Euro 2016, l’entité sioniste se saisit de l’opportunité « terroriste » en Europe pour développer la coopération sécuritaire avec les pays occidentaux. Sa stratégie n’est pas nouvelle, elle la met en œuvre depuis les années 80 sur le continent africain. L’objectif est double : il s’agit d’une part de normaliser une image d’Etat comme les autres et confrontés aux mêmes problèmes sécuritaires, et, in fine, de multiplier les soutiens diplomatiques afin de légitimer sa politique coloniale et répressive. Le second objectif, mais non le moindre, est économique et financier. Israël est l’un des plus grands fabricants mondiaux d’armes et de matériels de surveillance qui doivent trouver de nouveaux débouchés. Les attaques perpétrées dans les pays occidentaux, des marchés bien plus importants que ceux des  Etats africains, sont une aubaine. Par ailleurs pour les sionistes européens, le parallèle permet de stigmatiser spécifiquement la population d’origine arabo-musulmane et d’en faire un bouc-émissaire commode, en l’absence d’une alternative crédible à proposer à la société.

Si Israël est bien expert en terrorisme et en « gestion sécuritaire », c’est avant tout au titre d’entité coloniale. Le terrorisme est d’abord celui qui a donné naissance à cet Etat et dont il a fait son arme la plus redoutable contre la résistance du peuple palestinien. Il faut rappeler qu’avant 1948, l’organisation armée sioniste Irgoun, dont l’un des responsables a été Menahem Begin, a commis de très nombreux massacres et attentats, dont le plus connu est celui de l’Hôtel King David en 1946 à Jérusalem, qui a causé la mort à plus d’une centaine de personnes. Le terrorisme d’Israël, c’est aussi l’expulsion forcée de 800 0000 Palestiniens et la destruction de plus de 500 villages au moment de la création de l’Etat sioniste. C’est encore et toujours l’ensemble des opérations, des attentats et des assassinats de leaders politiques commis par le Mossad dans le Monde entier. Sa politique en matière de « sécurité » consiste avant tout en une répression féroce des Palestiniens par tous les moyens disponibles. On compte plus de 700 000 Palestiniens emprisonnés depuis 1967, une généralisation de la torture et des procédés violents pour contraindre la population palestinienne à la soumission.

Au-delà du discours qui vise à normaliser cet Etat terroriste et criminel, c’est ce modèle synonyme d’arbitraire répressif et colonial que les sionistes européens voudraient imposer à nos sociétés. Face à cela, les populations, notamment celles d’origine arabo-musulmane, n’ont qu’un seul choix, celui de s’organiser et résister en suivant, quant à elles, le modèle des peuples en lutte.




Humeurs – L’Affaire Amin Maalouf-Israël-24 enflamme le Liban par : Richard Labévière

Récemment l’écrivain franco-libanais Amin Maalouf, auteur de très nombreux romans dont « Les croisades vues par les Arabes », « Samarcande », « le périple de Baldassare », et membre de l’Académie française, était interviewé par la chaine de propagande sioniste i24. Cette interview a fait l’objet de très nombreuses réactions au Liban et dans le monde arabe. Dans ce texte, Richard Labévière revient sur ce qui justifie ces réactions et « salue la vigilance mémorielle et politique des Libanais ».

 

Le quotidien libanais Al-Akhbar du 7 juin publie en dernière page un éditorial au canon : Amin Maalouf, Léon l’Israélien ? D’autres médias, plusieurs revues littéraires et associations d’écrivains libanais sont également montés au créneau accusant à mots plus ou moins couverts l’écrivain libanais (membre de l’Académie française) de… trahison !

Humeurs

En effet, le 2 juin dernier Amin Maalouf était l’invité – en direct – de la chaîne de télévision israélienne I-24, répondant pendant 34 minutes aux questions d’ « une speakerine hystérique », selon les mots du grand quotidien. En effet, la présentatrice du magazine culturelle de la chaine communautaire semblait ne pas en revenir de ceinturer ainsi une telle prise de guerre : le seul écrivain arabe parmi les Immortels qui surveillent la langue française depuis que Richelieu leur en a confié la mission. C’est dire !

Pauvre Richelieu ! Aurait-il pu imaginer que son Académie soit à ce point submergée par le déshonneur, l’orwellisation de la pensée et de la morale. Alors que l’Académie française lui ouvrait ses portes, Georges Bernanos – le défenseur des Républicains espagnols qui s’opposera à Vichy et au fascisme – répondait : « quand je n’aurai plus qu’une paire de fesses pour penser, j’irai l’asseoir à l’Académie… » N’est pas Bernanos qui veut ! Mais pourquoi cette prestation lamentable de l’auteur des Croisades vues par les Arabes est-elle grave à ce point de déclencher une telle réaction ? Trois séries de raisons doivent être – ici – rappelées pour saluer la vigilance mémorielle et politique des Libanais qui ont été scandalisés par l’interview d’Amin Maalouf.

La première relève de la loi. Deux lois libanaises majeures cadrent les relations spécifiques avec Israël, à côté du code pénal qui, lui s’intéresse à l’ennemi en général. Il faut d’abord rappeler que la convention d’armistice du 23 mars 1949 n’avait ni force, ni valeur d’une reconnaissance de l’Etat d’Israël par le Liban. Ensuite, l’accord de paix du 17 mai 1983 (auquel Amin Maalouf a collaboré directement) a été annulé par la loi numéro 25/1987 du 15 juin 1987. Enfin, un deuxième texte législatif, baptisé « loi du boycott d’Israël », datant du 23 juin 1955, porte sur les matières civiles et commerciales. Les articles du code pénal DL-340 (1 mars 1943) – inscrits sous chapitre des « crimes commis contre la sécurité extérieure de l’Etat » -, traitent de la trahison, de l’espionnage et des liens illicites avec l’ennemi. Enfin, le droit qui émane de la convention de la Ligue arabe interdit les rencontre avec des Israéliens.

Deuxièmement : que l’auteur des Identités meurtrières prenne ainsi la liberté de passer outre les lois de son pays natal relève d’une responsabilité dont il aurait certainement à répondre un jour ou l’autre. Mais en parlant tous sourires (tellement mièvres) aux caméras d’une chaine proto-israélienne, il passe du plan juridique de l’indignité nationale à celui de l’anéantissement moral. En effet, comment accepter de parler à des gens qui font quotidiennement l’apologie d’une armée israélienne qui, en juillet 2006 encore, détruisait la quasi-totalité des infrastructures du Liban en tuant plus d’un millier de civils ?

Le troisième égarement de l’auteur de Léon l’Africain est, sans doute le plus consternant encore parce qu’il cède autant aux facilités de l’arrivisme le plus caricatural qu’à celles d’une trahison politique affichée. Al-Akhbar encore : « Amin Maalouf sacrifie ainsi son image d’écrivain aimé des Arabes qui étaient fiers de lui, le lisant avec plaisir et passion. Certains rêvent que les créateurs soient ainsi obligés de passer par la case Israël et recevoir l’onction de Bernard-Henri Lévy pour exister… Mais, c’est Amin Maalouf ! Que fait-il là devant cette caméra-là, comme un élève poli et docile subissant l’interrogatoire d’une speakerine israélienne ? Dans quel but ? » Boudiné dans son costume d’académicien trop serré, Maalouf n’a certainement plus de soucis de fin de mois, mais il doit faire acte d’une allégeance – immortelle elle-aussi – à ses pairs tels Jean d’Ormesson ou Marc Lambron, ainsi qu’à ceux des éditions Grasset, très pro-israéliennes, elles-aussi.

I-24 ou la voix de l’occupation israélienne et de la colonisation

S’est-il seulement demandé de quoi Israël-24 est le nom ? Lancée par un ancien rond de cuir de cabinet ministériel – Frank Melloul – parti de France-24 (avec les recettes de cuisine de ce média de l’audiovisuel public extérieur), Israël-24est une chaine de télévision spécialisée dans la communication complaisante de l’Etat d’Israël, du Likoud, de la colonisation, de l’occupation et de la répression quotidienne des territoires palestiniens occupés. Financée par le milliardaire franco-israélien Patrick Drahi (14 milliards selon Forbes) – qui a racheté SFR,L’Express et L’Expansion, entre autres -, Israël-24 s’est dernièrement illustrée par une série de licenciements abusifs pas très glorieux… Amin, vraiment renseigne-toi un peu pour savoir à qui tu parles ? Et concentre-toi sur ton travail d’écrivain trop négligé ces derniers temps. La littérature, parlons-en tout de même…

Le Rocher de Tanios lui est-il tombé sur la tête ? Amin Maalouf, qui se demande toujours s’il ne rêve pas, si c’est bien lui qui est assis dans le fauteuil 29, sous la coupole parmi les Immortels, vient de leur consacrer… un livre. Fallait-il vraiment être en panne d’inspiration et n’avoir jamais lu une ligne de Georges Bernanos ? Il paraît qu’à force de publicité grasset-touillette, le livre fait un tabac ! A voir… Le précédent – Les Désorientés – racontait les amours lycéennes un peu bébêtes d’adolescents beyrouthins pris au piège de la guerre civilo-régionale de 1975. On n’apprenait pas grand chose sur les adolescents, encore moins sur le Liban et la guerre civile, parce que le propos se voulait déjà consensuel : ni bons, ni méchants, mais que la guerre est vilaine et que la paix c’est bien mieux… Franchement, on est loin des Croisades vues par les Arabeset des Identités meurtrières. La reconnaissance sociale mérite certainement quelques concessions majeures, mais comme le laisse entendre Pierre Abi-Saab – le chef des pages culture d’AlAkhbar -, celles-ci ne font pas forcément de la bonne littérature !

Alors, un prochain livre peut-être sur le monde merveilleux des télévisions communautaires ? Celles qui veulent aussi la paix en glorifiant les faits d’armes des « armées de défense » contre des populations civiles… Adieu Amin ! On préfère t’abandonner à ton refuge de l’île de Ré, te laisser brasser de l’air avec ton épée d’Immortel en carton. Quand on songe que tu participes aussi à la révision du dictionnaire de la langue française, on est un peu mélancolique…

Richard Labévière    




Valls en pélerinage sioniste

« Par ma femme je suis éternellement lié à Israël » disait le premier ministre Manuel Valls. Aux relations historiques fortes entre les socialistes français et l’Etat sioniste, s’ajoute aujourd’hui une dimension affective, voire passionnelle lorsque le Président F. Hollande déclare son amour pour l’Etat Israélien. La visite de Manuel Valls en «Israël » s’inscrit ainsi dans un cadre politique où la France a affiché son soutien inconditionnel et multidimensionnel à l’Etat colonie israélien. Comment alors comprendre les propos de M. Valls sur l’arrêt de la colonisation et l’initiative française pour la paix ?

Il y a d’abord la logique opportuniste qui pousse M. Valls à s’assurer du soutien du lobby sioniste en France dans la perspective des élections présidentielles de 2017. Ensuite, et plus fondamentalement, le discours sur l’arrêt de la colonisation et l’initiative française pour la paix s’intègrent parfaitement dans une stratégie sioniste dont personne n’est dupe, et encore moins le peuple palestinien. Cette stratégie consiste à inviter les palestiniens dans des conférences sur la paix pour faire traîner leurs revendications. L’objectif est clair : il s’agit de gagner du temps pour que la colonisation s’intensifie, et mettre ainsi les Palestiniens devant le fait accompli.

Des accords d’Oslo en 1993 à l’initiative française pour la paix en 2016, les gains politiques ont toujours été faibles pour les Palestiniens. La paix tant recherchée est en réalité la paix sioniste qui signifie tout simplement la disparition de la Palestine. Mais face à cette stratégie, il ne reste pour les Palestiniens que la résistance. Une stratégie gagnante puisque le projet sioniste d’éradication du peuple palestinien a échoué.

A cette occasion, le Comité Action Palestine dénonce cette hypocrisie et rappelle son soutien inconditionnel à la résistance palestinienne qui est la seule voie possible pour la libération de la terre arabe de Palestine et le retour des réfugiés dans leurs foyers.

Comité Action Palestine (24 mai 2016)