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Le calendrier 2011 Palestine Libre est maintenant disponible

Les prisonniers, combattant de la liberté !

 

Tout Palestinien est potentiellement le prisonnier d’Israël, du seul fait qu’il soit Palestinien. Car l’institution carcérale est au service du plan sioniste de destruction de l’identité palestinienne.

La prison coloniale israélienne est un auxiliaire de l’agression guerrière. En procédant méthodiquement à l’anéantissement physique et psychologique du détenu, elle prend part à l’exercice de la violence par laquelle l’occupant cherche à imposer sa loi.

La prison coloniale israélienne est aussi un substitut de la peine de mort. Elle permet de criminaliser les combattants de la résistance tout en assurant au régime sioniste une façade « démocratique ».

Le système pénitentiaire sioniste enferme la société palestinienne dans une toile d’araignée dont les maillages n’épargnent personne, hormis les collaborateurs. Cette société, il cherche à la détruire en ciblant la structure familiale : il n’existe aucune famille palestinienne qui ne compte parmi ses membres un détenu ou un ex-détenu. Il s’attaque aux forces vives de la nation palestinienne en emprisonnant les enfants. Aujourd’hui, il devient improbable de croiser en Palestine occupée un Palestinien qui n’ait été raflé ou arrêté. Il en résulte qu’en Palestine, la proportion de prisonniers politiques par rapport à l’ensemble de la population est la plus élevée au monde. D’autres prisonniers arabes subissent le même sort que les Palestiniens. « Coupables » de résistance au plan de domination occidentale au Moyen-Orient, tous vivent l’enfer du cachot et de la torture dans les prisons de l’occupation et de la collaboration.

Mais l’acharnement à « punir » et à emprisonner dans des proportions industrielles révèle en réalité la peur du régime colonial sioniste d’échouer dans son projet, de se voir lui-même rayé sur le plan existentiel. Rien ne symbolise mieux que la prison coloniale la lutte à mort qui se joue entre colon et colonisé. Car si la prison est l’éventualité certaine du résistant, la résistance est aussi l’horizon du prisonnier. C’est ce qu’attestent les luttes menées au sein même des geôles sionistes. Et c’est ce que prouve la place essentielle des prisonniers dans le combat national palestinien. Les prisonniers sont les martyrs, mais non les victimes de la résistance. Ils en sont les acteurs. Lutter contre les conditions carcérales, c’est aussi lutter pour que la résistance continue. C’est donc lutter pour que la société continue d’exister. Parce que le combat des prisonniers est toujours un combat politique, le statut de prisonnier constitue, par conséquent, un repère fondamental de l’identité nationale palestinienne.

C’est pourquoi la libération inconditionnelle de tous les prisonniers, palestiniens et arabes, est une revendication centrale de la cause palestinienne.

Ce calendrier se veut l’écho de cette revendication. Il donne aussi un visage et un nom à quelques- uns de ces prisonniers combattants de la justice, oubliés du monde et noyés dans un anonymat collectif. En saluant leur courage et leur patience, il leur rend l’hommage dû à tous les résistants.

 Calendrier 2011 Palestine Libre couverture

Ce calendrier est entièrement bilingue arabe/français.

Il présente chaque mois de l’année sur 2 pages au format 21*29,7.
Chaque mois, un texte revient sur un grand moment de la résistance Palestinienne.

 Calendrier 2010 Palestine Libre Janvier

Le calendrier, réalisé par le CAP, est vendu au prix de 5 euros. L’argent collecté permet de soutenir les actions de l’association et notamment l’invitation de Palestiniens pour qu’ils présentent eux-mêmes en France leur lutte de libération.

Vous pouvez le commander dès maintenant grâce à ce formulaire . Imprimez-le et renvoyez-le nous accompagné de votre règlement.




La campagne BDS en France : boycott d’Israël ou boycott de la résistance palestinienne ?

haine-disrael[1]En 2005, 172 organisations palestiniennes lancent, parallèlement aux autres modes de résistance, un appel à un boycott généralisé d’Israël pour dénoncer la politique coloniale et raciste de l’Etat sioniste.
Après maintes hésitations, et surtout après la victoire du Mouvement de la résistance islamique aux élections palestiniennes de 2006, plusieurs organisations françaises décident d’apporter leur soutien à cet appel. Elles en soulignent essentiellement son caractère pacifique, tout en soulignant la référence à l’Afrique du Sud et en posant constamment des limites et des conditions à leur soutien.
Dans ce texte, le Comité Action Palestine propose une analyse de ce soutien français au boycott d’Israël. Il dénonce son caractère néocolonial et hypocrite, et rappelle que « l’appel au boycott prend une dimension antisioniste si, et seulement si, il reconnaît le rôle premier de la volonté des colonisés, à savoir : détruire par tous les moyens le rapport colonial !


En 2005, 172 organisations palestiniennes lancent un appel à un boycott généralisé d’Israël en guise de protestation envers la politique coloniale et raciste de l’Etat sioniste. Ces organisations palestiniennes sollicitent le mouvement de solidarité international pour qu’il soutienne cet appel dans le cadre d’une campagne BDS (Boycott Désinvestissement Sanction).

Après maintes hésitations, la campagne BDS est reprise en France depuis 2 ou 3 ans par un collectif d’organisations qui déclare soutenir la cause du peuple palestinien. Cette mobilisation qui semble aujourd’hui prendre de l’ampleur se présente comme « la réponse à l’apartheid », « à l’occupation et à la colonisation israélienne » [1] . Les signataires de cette plate-forme de revendications avancent qu’elles ont été sollicitées par la société palestinienne, « la société palestinienne nous appelle à nous saisir d’un moyen non-violent à notre disposition, afin d’arrêter la course folle du terrorisme d’Etat qui la menace, et qui nous menace tous » [2] . Bien plus, les initiateurs de cette campagne en France affirment que le boycott d’Israël permettra, comme en Afrique du Sud, de venir à bout de l’apartheid en Palestine. Ce boycott, précisent-ils, devra être maintenu « tant que les droits humains et le droit international seront bafoués, tant que ne seront pas reconnus les droits légitimes d’un peuple qui a fait preuve depuis longtemps d’une résistance exemplaire, mais qui a besoin de nous pour obtenir un minimum de justice » [3] .

Si l’appel palestinien au boycott doit être considéré comme un moyen de résistance dont le choix revient au seul peuple colonisé, le Comité Action Palestine, qui défend le principe d’autodétermination du peuple palestinien, entend apporter quelques critiques non pas sur l’utilité d’une telle démarche, mais sur l’instrumentalisation de cette campagne de boycott par un ensemble de partis, de syndicats et d’associations dites pro-palestiniennes [4] . Ceux-ci, après avoir fermement soutenu les accords d’Oslo et condamné les actions militaires de la résistance palestinienne, ont défendu la politique de la négociation, et son corollaire, le droit à l’existence d’Israël. Ces organisations, qui ont omis ainsi la revendication historique et fondamentale du droit au retour des 6 millions de réfugiés palestiniens dans leur foyer, se sont également tues face à la politique criminelle de judaïsation pratiquée contre la population palestinienne vivant toujours dans les territoires palestiniens occupés en 1948.

Alors qu’il apparaît clairement que « le processus de paix » initié à Oslo en 1993 n’était qu’une manœuvre de diversion destinée à désamorcer l’Intifada du peuple palestinien menée contre l’occupant israélien depuis 1987 et à poursuivre la colonisation en s’appuyant sur une oligarchie palestinienne administrant un appareil sécuritaire supplétif, une autre réalité historique vint s’imposer : l’impossibilité d’une solution à deux Etats.

L’expansion coloniale d’Israël, la répression et l’épuration ethnique conduites par les forces coloniales juives et les collaborateurs de l’Autorité Palestinienne (AP), confirment actuellement, s’il en était besoin, l’impossibilité structurelle de cette solution à deux Etats. L’histoire montre une fois encore que, dans un contexte colonial, et contrairement aux positions défendues par ces organisations « pro-palestiniennes », il ne peut y avoir de « coexistence pacifique et juste » entre un système colonial et le peuple colonisé.

Le développement et la consolidation de la résistance anti-sioniste {victoire de la résistance libanaise en 2000 et 2006 ; la victoire de la résistance palestinienne aux législatives de 2006 ; la résistance victorieuse menée par le HAMAS à Gaza en 2009} devraient logiquement conduire ces organisations à une conclusion politique évidente : le rapport de force qui détermine la relation entre israéliens et palestiniens est de nature coloniale. Il est fondé, d’un côté, sur la négation raciste et l’expulsion forcée de l’autochtone palestinien par les forces coloniales juives, et, de l’autre, sur le développement de la lutte et de la résistance anticoloniale palestinienne.

Pourtant, ces organisations ont fait preuve d’une remarquable continuité dans leurs analyses, occultant ainsi deux principes fondamentaux du soutien à la lutte du peuple palestinien pour ses droits nationaux :

La reconnaissance du caractère colonial et raciste de la société et de l’Etat d’Israël. La colonisation n’a pas débuté en 1967, ni même en 1948 au moment de la création de l’Etat d’Israël, elle est constitutive du projet sioniste dès son origine à la fin du19ème siècle.

Le soutien inconditionnel à la résistance palestinienne quelle que soit la forme que prend la résistance : politique, sociale, culturelle ou militaire.

En réalité, deux représentations néocoloniales expliquent le type de soutien purement formel apporté par ces organisations au peuple palestinien.

La première subordonne la réalisation des droits nationaux du peuple palestinien à l’implication de la communauté internationale et aux pressions que cette dernière pourrait exercer sur Israël afin que cet Etat respecte le droit international et autorise la création d’un Etat palestinien.

La seconde considère que « le changement » politique vers la paix et le respect des droits palestiniens ne peut être porté que par les courants « pacifistes » et « progressistes » israéliens qui inverseraient la tendance politique interne en Israël et imposeraient la paix. Combien d’articles et conférences se sont faits sous l’égide de penseurs sionistes catalogués progressistes et censés incarner le bon Israël que sont Michel Warschawski [5] , Benny Ziffer [6] , Uri Davis [7] , Haim Bresheet [8]

Selon cette conception néocoloniale, le palestinien n’est jamais sujet et acteur de son histoire. Et la transformation historique se réduit à l’action de la communauté internationale et du colon, c’est-à-dire à l’action de l’Occident. Ces organisations qui prétendent ostentatoirement défendre les Palestiniens cherchent en fait à les déposséder de leur capacité et de leur légitimité à réaliser leur propre histoire et à définir leurs propres revendications. En somme, seul le maître est à même de libérer l’esclave…

Ce sont ces mêmes postures néocolonialistes qui expliquent leur investissement « militant » dans la campagne BDS, conçue comme la seule arme efficace pour lutter contre l’occupation. Aucun soutien n’est exprimé à la résistance ou au droit des réfugiés palestiniens à retourner dans leur foyer, pas plus que la dénonciation claire d’Israël en tant qu’Etat colonial et raciste.

Par ailleurs, elles fixent comme condition incontournable à la solidarité la reconnaissance de l’entité coloniale raciste israélienne. Comment interpréter, sinon dans ce sens, des positions qui légitiment Israël dans les « frontières de 1967 » ? Il est évident que ces limites territoriales représentent historiquement une étape dans le processus de colonisation et de destruction de la Palestine. Il faut donc le dire clairement: accepter 1967 c’est accepter 1948, la Nakba , et l’ensemble des crimes contre l’humanité commis par le colonisateur en dépit des revendications des Palestiniens. Admettre 1967, c’est reconnaitre l’occupation et lui conférer la légitimité du fait accompli et œuvrer pour la normalisation de l’usurpateur sioniste. C’est se substituer aux Palestiniens et être fidèle à une attitude coloniale qui consiste à maintenir l’indigène sous tutelle.

L’instrumentalisation de la campagne BDS ne fait aucun doute lorsque la référence est faite à l’histoire de la lutte des Noirs sud-africains contre l’apartheid blanc. Si la résistance non-violente et le boycott du régime ségrégationniste blanc d’Afrique du Sud fut un élément dans le soutien apporté aux mouvements de lutte sud-africains, il n’en était qu’ « un outil et non pas une vision, ni même une stratégie d’ensemble » [9] . Il est établi que la lutte des Sud-Africains contre l’apartheid blanc prenait plusieurs aspects : 1) politique et idéologique en développant l’unité des opprimés par leur action au sein des organisations politiques comme l’ANC ou l’INKHATA-Zoulous ; 2) social par le soutien et la mobilisation de l’ensemble des secteurs de la société colonisée noire afin de supporter l’engagement des organisations politiques et de leur militants ; 3) culturel afin de résister à la destruction de l’identité culturelle et historique des africains autochtones ; 4) la lutte armée.

La lutte armée, l’action clandestine, la guerre de guérillas sont des modes de résistance qui furent appliqués selon les contextes politiques et les stratégies choisies par les organisations de la résistance notamment en 1961 sous l’impulsion d’un réseau, Umkhonto we Sizwe (MK) prônant l’action armée et dirigé alors par Nelson Mandela [10] . Ce mouvement estimait après le massacre de Sharpeville, le 21 mars 1960 [11] , et l’intensification de l’oppression avec le rétablissement de l’Etat d’urgence, que le passage à la lutte armée était inéluctable. Tout comme en Palestine, en Afrique du Sud les mouvements de résistance optèrent pour diverses stratégies, dont l’action armée, en fonction des circonstances et de l’état du rapport de force avec le pouvoir colonial blanc. Ils se sont fortement inspirés de la révolution algérienne et de sa lutte anticoloniale. C’est une vérité historique sur la lutte du peuple noir sud-africain que les prêcheurs du pacifisme ignorent sciemment.

Face à l’Etat militaire génocidaire juif, le choix des armes appartient au mouvement de résistance. Comme il appartient aux associations de soutien à la cause palestinienne de défendre et de rappeler l’existence et la légitimité de la lutte du peuple palestinien et de sa résistance qu’elle que soit sa forme. Car les sionistes utilisent, surtout en France, toutes les ressources à leur disposition et leurs moyens de pressions pour mener leur guerre sur le terrain idéologique et psychologique : diabolisation de la résistance palestinienne, normalisation d’Israël, intimidation et volonté de criminaliser le soutien à la résistance et la dénonciation du sionisme [12]

La référence tronquée et hypocrite à l’Afrique du Sud dans le cadre de la campagne BDS par des associations françaises ne trompe personne. Pour ces dernières, l’enjeu est de ne pas apporter de soutien à la résistance menée sous l’égide des organisations islamiques, et notamment le HAMAS. L’islamophobie de ces associations est à peine voilée… Certes la campagne BDS fut initiée par des organisations palestiniennes se réclamant de la société civile palestinienne. Il n’est nullement question de contester la légitimité de leur action face à l’occupant israélien. Mais, en prétendant répondre à l’appel de la société civile palestinienne tout en ignorant la réalité de la résistance palestinienne, ces organisations françaises révèlent leur vision colonialiste. L’usage qu’elles font de la notion de « société civile palestinienne» est une manière d’imposer un classement politique qui disqualifie le rôle prépondérant des mobilisations politiques dites islamistes en Palestine.

Mais la lutte contre le colonialisme et l’apartheid est l’œuvre des colonisés eux-mêmes. Elle n’a jamais été le produit d’une quelconque mobilisation civile et pacifique des opinions publiques des Etats impérialistes ou de supposées composantes progressistes des sociétés coloniales. L’appel au boycott prend une dimension antisioniste si, et seulement si, il reconnaît le rôle premier de la volonté des colonisés, à savoir : détruire par tous les moyens le rapport colonial !

COMITE ACTION PALESTINE


[1]
« Le boycott d’Israël, pourquoi ? Comment », Campagne Internationale BDS, Livret CAPJPO-Europalestine ; Campagne BDS France, Notre réponse à l’apartheid, à l’occupation et à la colonisation israélienne , CampagneBoycott. Blogspot.com.

[2]
Ibidem.

[3]
Ibidem.

[4]
Europalestine, Ligue des droits de l’homme, CCIPPP, Génération Palestine, Union des Juifs Français pour la Paix (UJFP), PCF, NPA, AFPS…

[5]
Michel Warschawski, israélien, fondateur du Centre d’Information Alternative (AIC).

[6]
Benny Ziffer, israélien, écrivain, journaliste, rédacteur en chef du supplément littéraire d’Haaretz.

[7]
Uri Davis, universitaire israélien et cofondateur du mouvement contre l’apartheid en Palestine (MAIAP).

[8]
Haim Breshteeth, universitaire israélien.

[9]
Ilan Pape, « Résister à l’apartheid israélien : stratégies et principes », www.ism-france.org , décembre 2004.

[10]
Nelson Mandela, “I am prepared to die-Nelson Mandela’s statement from the dock at the opening of the defence case in the Rivona trial” , Africa National Congress, 20/04/1964, www.anc.org ,

[11]
Le 21 mars 1960 a lieu le massacre de Sharpeville, un township de Vereeniging dans le sud du Transvaal. Lors d’une manifestation du Congrès panafricain contre l’extension aux femmes du passeport (Pass book ), que les noirs sont obligés de porter constamment sous peine d’être arrêté ou déporté. La police tire sans sommation sur la foule. On comptera 69 tués dont 10 enfants et 180 blessés.

[12]
Voir sur ce point : Le CRIF en France. Un nouveau ministère de la République , www.lexpressiondz.com ;

 




L’Etat criminel israélien a encore frappé

Déclaration du Comité Action Palestine du 31 Mai 2010

 La machine de guerre israélienne a commis un nouveau crime le 31 mai 2010 en s’attaquant à des humanitaires internationaux. Au moins 9 martyrs et des dizaines de blessés. Le CAP tient à saluer leur mémoire. Ils resteront dans l’histoire comme les combattants de la liberté, les résistants à l’ordre colonial qui chaque jour asservit et massacre un peuple entier. Ces militants de la cause du peuple palestinien voulaient dénoncer le blocus imposé à Gaza par Israël et toutes les puissances occidentales avec l’aide des régimes arabes corrompus, un blocus colonial qui voudrait réduire les Palestiniens à la famine et à la mort. Ces militants ont pour seul tort de vouloir alerter le monde entier sur cette extermination silencieuse de la population de Gaza. Mais l’attaque contre les bateaux de la part des terroristes israéliens n’est pas surprenante. La liste des massacres commis par cet Etat est déjà longue. Le massacre en décembre et janvier 2009 est encore dans toutes les mémoires avec 1400 morts et des milliers de blessés. Ces criminels n’avaient pas hésité à tirer sur les hommes, les femmes et les enfants ; sur les écoles et les hôpitaux. Le crime contre l’humanité est inscrit au cœur même du système colonial juif en Palestine.

Mais, comme on s’y attendait, Israël présente ce massacre comme un acte de légitime défense, les internationaux auraient brandi des haches et des couteaux, la flottille aurait acheminé des armes. Comme on s’y attendait également, les médias français répètent servilement les déclarations de la soldatesque israélienne en faisant porter la responsabilité sur ces internationaux. La manipulation médiatique est à la hauteur du crime. Comme on s’y attendait aussi, la réaction de l’Etat français ne dépasse pas le stade de la condamnation molle et verbale, en parlant d’un « usage disproportionné de la force ».

Soutenu par sa population juive et pris dans un engrenage infernal, l’Etat israélien poursuit la colonisation, notamment à Al-Quds, et continue à réprimer ou à assassiner tous ceux qui lui résistent. Mais cette violence coloniale exprime au fond le dépérissement et la fin certaine du projet sioniste. Après avoir été battu par la résistance libanaise en 2000 et 2006, puis mis en échec en 2009 par la glorieuse résistance palestinienne à Gaza, ce dernier massacre est un nouveau signe de faiblesse de l’Etat israélien qui, chaque jour, perd le peu de crédibilité qui lui restait auprès de l’opinion internationale.

Aujourd’hui la résistance est plus forte que jamais. A Gaza, le blocus n’a entamé en rien la détermination populaire contre l’occupant. En Cisjordanie, malgré la répression féroce de l’armée israélienne et de l’Autorité palestinienne, la colère gronde. En Palestine de 48 enfin, l’ensemble des partis politiques et des organisations palestiniennes défient ouvertement l’ordre colonial imposé depuis 60 ans. Ni les arrestations pour espionnage au compte de l’ennemi, ni les menaces de déportation ou de mort ne les font taire.

La résistance s’amplifie également avec la Syrie, le Liban, l’Iran et aujourd’hui la Turquie. Les peuples arabes et musulmans de la région rejettent massivement cet Etat criminel fondé sur l’épuration ethnique. Tôt ou tard ce système colonial disparaîtra sous les coups de la résistance.

Pour le Comité Action Palestine, croire que les Etats occidentaux (en particulier la France) peuvent infliger des sanctions à Israël pour le ramener à la raison est pure illusion ou tromperie. Produit de l’impérialisme, cet Etat colonial bénéficie depuis sa création du soutien inconditionnel de l’Europe et des Etats-Unis. C’est pourquoi il ne respecte aucune règle et continue à agir en toute impunité. Depuis sa création en 1948, il est fondé sur la violence dont le but ultime est d’anéantir le peuple palestinien et lui voler sa terre. Mais la résistance des peuples, et en premier celle du peuple palestinien, l’empêche de réaliser ce projet criminel.

A Bordeaux, résistons aussi en refusant la collaboration avec l’ordre colonial et exigeons l’arrêt immédiat du jumelage avec Ashdod. En effet Bordeaux est jumelé depuis plus de 20 ans avec la ville israélienne portuaire d’Ashdod, vers laquelle l’armée israélienne a détourné les bateaux humanitaires kidnappés en toute illégalité dans les eaux internationales. C’est aussi dans ce port que pourrit de longue date l’aide humanitaire destinée aux Palestiniens de Gaza parce que l’Etat sioniste empêche son acheminement. Ce jumelage est une honte pour la ville de Bordeaux car il est le symbole d’une collaboration avec la politique criminelle sioniste.

Vive la résistance du peuple palestinien et de tous les peuples du Moyen-Orient pour que se réalisent le droit au retour des 6 millions de réfugiés palestiniens et le droit à l’autodétermination pour une Palestine libre et arabe sur toute la Palestine.

COMITE ACTION PALESTINE




La journée de la terre : symbole international de la lutte contre la colonisation de la Palestine

palestine1900-2000[1]Le 30 mars 1976, six Palestiniens de 1948 (c’est-à-dire ceux qui ont pu rester en 1948 après la création par la force de l’Etat d’Israël) étaient abattus par l’armée d’occupation d’Israël, 96 étaient blessés et 300 autres arrêtés. Leur crime ? Avoir manifesté contre l’État sioniste qui avait confisqué et déclaré “ zone militaire ” 1700 hectares appartenant à des villages palestiniens.

Depuis lors, tous les 30 mars, la « Journée de la Terre » commémore cet événement en Palestine et partout dans le monde où se trouvent les défenseurs des droits du peuple palestinien. La Journée de la Terre est donc hautement symbolique : elle exprime à la fois le refus et la mobilisation contre l’usurpation de la terre qui est l’essence-même de la colonisation.

La spoliation des Palestiniens par les sionistes a commencé dès la fin du 19ième siècle avec l’arrivée des premières vagues de colons. En 1948, l’Etat juif nouvellement crée sous les auspices de l’ONU expulsa 800 000 Palestiniens et détruisit plus de 500 villages. La majeure partie des terres palestiniennes fut confisquée dans la perspective de fonder le « Grand Israël ». Dès lors, cette politique de confiscation des terres arabes en vue de judaïser la Palestine s’est poursuivie sans relâche, utilisant comme moyens les crimes de masses, les assassinats de leaders politiques ou les emprisonnements de résistants. La colonisation de toute la Palestine est inscrite au cœur du projet sioniste ! La ville d’Al Quds est le lieu où se concentre la lutte entre les forces antagonistes de colonisation et de résistance. La colonisation actuelle des quartiers-est de la ville, leur épuration ethnique et l’entreprise de démolition du 3ième lieu saint des Musulmans ont déjà conduit à la révolte des Palestiniens et ouvrent sans doute la voie à une violente 3ième intifada.

Ce soulèvement s’inscrit dans une longue tradition de lutte du peuple palestinien face à cette monumentale entreprise d’anéantissement de sa société. Même si les difficultés furent énormes, même si Israël est l’un des États les mieux armés du monde, même s’il a été toujours été soutenu par les puissances occidentales (Angleterre, France puis États-Unis, Europe), la résistance palestinienne a réussi à contrecarrer la volonté expansionniste d’Israël. L’évacuation de Gaza en 2005, si elle fut présentée par les dirigeants criminels d’Israël comme un retrait tactique, n’en constitue pas moins pour eux un échec. En effet, ce territoire était devenu ingérable pour les sionistes en raison de l’intensité et de la pugnacité de la résistance du peuple palestinien. Le processus d’expansion d’Israël qui a culminé avec l’occupation de toute la Palestine en 1967, du Golan syrien et du Sinaï égyptien, est entré en déliquescence avec la libération de Gaza.

Et ce n’est pas la seule défaite encaissée par les sionistes dans la région. Car depuis 2005, l’armée des colonisateurs juifs va de déboires en déconfitures. En 2006, l’armée israélienne a dû aussi se retirer du Sud-Liban face à la détermination de la résistance libanaise organisée par le Hezbollah. Six ans auparavant déjà, les soldats de l’entité sioniste durent quitter dans la débandade la plus absolue le Liban après 18 années d’occupation. Le mythe de l’invincibilité de l’État sioniste a volé en éclats, malgré les discours éculés des médias occidentaux qui s’ingénient à nous présenter Israël comme un agent de paix régionale et les résistants islamistes comme des terroristes. La soi-disant paix, toujours promise, jamais réalisée en raison de la nature guerrière et coloniale de l’État israélien, ne fait plus recette auprès du peuple palestinien qui a élu, toujours en 2006, le Hamas aux plus hautes fonctions dans le but de continuer la lutte de libération nationale. Ces élections constituèrent aussi une amère défaite politique pour l’État terroriste d’Israël qui comptait sur une Autorité palestinienne conciliante, inféodée, pour mener à bien sa politique coloniale. En juin 2007, la victoire du Hamas fut parachevée à Gaza après la défaite militaire infligée aux franges collaboratrices du Fatah qui avaient manigancé avec Israël et les Etats-Unis un plan pour renverser le nouveau pouvoir islamiste. La bataille de Gaza, engagée en décembre 2008 pour détruire le Hamas et la résistance palestinienne, s’est soldée par un nouvel échec puisque l’offensive n’a atteint aucun de ses objectifs militaires et politiques.

Confronté à une série d’échecs successifs, l’État israélien perçoit plus ou moins confusément sa fin prochaine, sa descente aux enfers, et cherche dans des tentatives désespérées de retrouver une puissance à jamais disparue. Il affame la population de Gaza, il développe la colonisation en Cisjordanie, il emprisonne par milliers les militants palestiniens, il opère des incursions meurtrières, il adopte chaque jour de nouvelles lois racistes pour étouffer la mobilisation des Palestiniens de 48. Restaurer une puissance évanouie et donner des gages de radicalisme fascisant à une société coloniale qui réclame toujours plus de répression envers les Palestiniens. La campagne des élections législatives israéliennes de 2009 n’avait-elle pas pour enjeu l’attaque et la destruction de Gaza ? Les sondages n’ont-ils pas montré que la population juive d’Israël estimait à une très grande majorité qu’il fallait poursuivre les bombardements au moment où le gouvernement de Tzipi Livni estimait que la guerre perdue devait trouver un terme ?

Plus largement, ces échecs sont ceux des États occidentaux qui, dans leur tentative de soumettre tout le Moyen-Orient à la domination d’Israël et donc à la leur, n’ont pas réussi ni à désarmer ni à contenir les insurrections palestinienne, libanaise, irakienne ou afghane. Au contraire la résistance se trouve aujourd’hui renforcée par la constitution d’un axe moyen-oriental unissant l’Iran, la Syrie, le Liban et maintenant la Turquie. Et une nouvelle déconvenue attend les armées impérialo-sionistes si jamais elles osaient s’en prendre au peuple iranien au nom de la lutte contre la prolifération nucléaire. Mais cette justification guerrière, la même qui avait été utilisée pour envahir l’Irak …, ne doit tromper personne, car s’il devait y avoir désarmement nucléaire il devrait commencer d’abord par les États-Unis, Israël et leurs alliés occidentaux.

En Palestine occupée, le peuple Palestinien est toujours debout, uni depuis plus d’un siècle contre la colonisation et contre cette machine de guerre appelée Israël. Il nous indique la voie à suivre, la voie de la résistance et de la liberté.

Pour le COMITE ACTION PALESTINE , le soutien à la cause palestinienne c’est :

* La condamnation du sionisme comme mouvement politique colonialiste et raciste.

* Le soutien inconditionnel à la résistance du peuple palestinien et à son combat pour son autodétermination et son indépendance nationale.

* La reconnaissance du droit inaliénable au retour de tous les réfugiés chez eux.

* La libération de tous les résistants emprisonnés.

Le Comité Action Palestine vous convie à deux soirées :

Vendredi 2 avril à 20h30 , au centre d’animation du Haut Floirac
Commémoration de la Journée de la terre en Palestine
Danses et musiques traditionnelles avec le groupe palestinien « Mémoire de notre terre »
Avec la participation du rappeur « Fils du Béton » ( Dravemont, tram A arrêt Dravemont)

Voir notre présentation

 Vendredi 23 avril à 20h00 , Salle du bois fleuri à Lormont,
projection du film de Maryse Gargour
La Terre parle arabe
Le film sera suivi d’un débat avec la réalisatrice




L’Impérialisme au Moyen-Orient

libya_syria_iran[1]Article du Comité Action Palestine issu d’une conférence-formation organisée en 2009.

« La guerre c’est la continuation de la politique par d’autres moyens. La politique c’est la continuation de la guerre par d’autres moyens » Carl von Clausewitz.

L’offensive menée par Israël contre le peuple palestinien entre décembre 2008 et janvier 2009 n’opposait pas seulement une armée d’occupation à un mouvement de résistance populaire. En effet, cette confrontation fut marquée par la participation de plusieurs protagonistes. Les peuples arabes et musulmans et les organisations soutenant la cause palestinienne ont à juste titre dénoncé une coalition d’états unis dans une volonté de briser la résistance palestinienne. La coalition impérialiste-sioniste et ses régimes supplétifs arabes constitue à cet égard un bloc de forces politique et militaire partageant historiquement de nombreux intérêts en particulier celui d’écraser ou de contenir le cas échéant toutes les formes de résistances à l’ordre qu’elles ambitionnent de maintenir au Moyen-Orient comme ailleurs et singulièrement en Palestine.

La politique impérialiste et sioniste au Moyen-Orient : une politique de l’asservissement

Il est primordial de garder à l’esprit que l’objectif politique du camp impérialiste-sioniste n’a jamais varié. Il ne cherche pas la paix pas plus que la démocratie, les droits de l’homme ou le multilatéralisme. Il lutte sans partage pour sa suprématie. L’impérialisme c’est la politique de défense des intérêts du capitalisme dominant, l’exploitation et l’oppression mondialisée de territoires et de peuples captifs de régimes complices ou bien colonisés. A cette logique économique correspond un ordre géopolitique impérialiste destiné au contrôle des ressources naturelles et des routes commerciales stratégiques ainsi qu’à la conquête des marchés. C’est une banalité que de le dire, mais c’est une banalité décisive. Nombre d’entre nous, surtout en Occident, se laissent bercer par les prétendues volontés de paix et les institutions juridiques à vocations universelles que les puissances occidentales ont érigées. Le lien qui uni le monde occidental et ses implantations coloniales au domaine de l’indigène n’est que celui de l’asservissement par la violence et la ruse. Pour s’engorger matériellement, pour produire et s’enrichir, ce monde ne peut définir qu’une politique. Il ne peut établir qu’un rapport géopolitique entre lui , le Centre, et sa périphérie : l’asservissement.

Oslo-Gaza : les deux faces d’une même politique

Oslo et Gaza sont une même politique. Ce sont deux modes d’intervention induit par les rapports de force et les circonstances politiques du moment destinés à atteindre un but identique. Les accords et le « processus de paix » d’0slo, en 1993, furent les sceaux d’eau que lancèrent les forces coloniales afin d’éteindre le feu de la révolte populaire palestinienne qui depuis 1948 n’avait connu pareille ampleur sur le sol de la Palestine historique. En 1993, le plan de « paix » avait précisément pour objectif de désamorcer la dynamique de développement d’une résistance organisée opérant contre le système colonial sioniste à partir du territoire palestinien. Les attaques contre Gaza en décembre 2008 et janvier 2009 montrent également qu’Israël et ses alliés se trouvaient devant la nécessité de briser la résistance palestinienne portée par le mouvement de la résistance islamique, Hamas, hégémonique tant sur le front de la résistance palestinienne que dans les champs politique et idéologique. D’un côté, la politique des négociations fut utilisée pour poursuivre l’expansion sans recourir à la confrontation armée, de l’autre, l’attaque militaire fut menée en vu d’étrangler le mouvement de résistance en frappant sa base populaire et ses infrastructures. Dans un premier temps, la stratégie consistait à s’appuyer sur une classe dirigeante palestinienne supplétive de l’ordre colonial associées et rétribuée par son économie, encaissant les dividendes de l’occupation et relayant localement le processus de colonisation. La période qui s’ouvre révèle de profondes modifications dans le face à face qui oppose l’occupant israélien au palestinien et plus globalement le camp impérialiste-sioniste, ses régimes supplétifs arabe aux forces anticoloniales dans la région.

L’évolution du rapport de force régional : l’affaiblissement du camp impérialiste-sioniste

Sur le plan interne palestinien, on a assisté à la destitution d’une classe dirigeante, remplissant la fonction lucrative de gestion de l’appareil administratif et sécuritaire que le colon leur avait confié et qu’il utilisait à son avantage grâce à leur concours, par une force de résistance organisée politiquement, idéologiquement prédominante et militarisée c’est-à-dire déployée pour vaincre l’ennemi.

Sur un plan régional, l’ordre impérial occidentale-sioniste imposé depuis la disparition de l’Empire Ottoman vacille et trébuche. Premièrement, l’émergence d’un axe rassemblant une puissance régionale telle que l’Iran, une puissance intermédiaire syrienne et un mouvement de résistance libanais capable de mettre en échec successivement à deux reprises les offensives de l’armée israélienne et de ses alliés occidentaux reflète un bouleversement majeur des rapports de force géopolitiques dans le Proche-Orient post-Ottoman. Deuxièmement, l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan, c’est-à-dire l’implication directe des forces impérialistes dans des zones conflits engageant leurs intérêts stratégiques, libère des espaces politiques et des ressources stratégiques à l’avantage des forces étatiques ou populaires objectivement adversaire de l’ordre occidental.

Les cibles régionales du bloc impérialiste-sioniste

La guerre des belligérants du club de l’Otan contre l’Irak et l’Afghanistan a renforcé l’Iran. Le fleuve de la puissance iranienne retrouve progressivement son lit, en d’autres termes, ce qui historiquement constitue ses zones d’influence géopolitique, l’Irak et Afghanistan. Un mouvement qui s’articule à un développement autocentré de ses capacités productives et commerciales, d’un côté, et, de l’autre, à l’accroissement significatif et qualitatif de ses forces technologiques et militaires comme en témoigne le lancement de plusieurs satellites de fabrication iranienne ainsi que les progrès réalisés dans le domaine du nucléaire civil et militaire en passant par le renforcement de sa puissance de frappe militaire. A présent, l’Iran a statut de puissance régionale. Un statut qui rompt la loi que fait régner l’attelage occidental et sioniste dans la région. Une règle incontournable basée sur le déséquilibre des puissances et la capacité de dissuasion instaurés en faveur d’Israël par les forces impérialistes française, anglaise et leur successeur américain.

Le cas de l’élément syrien est plus ambivalent. La position de l’Etat syrien sur l’échiquier des rapports de force dans la région le place incontestablement dans une situation antagoniste à l’égard du bloc impérialiste-sioniste. A la différence des Etats saoudien, égyptien ou jordanien qui s’intègrent en tant qu’Etats clients et supplétifs au dispositif géopolitique et militaire établit par les puissances occidentales dans la région, les intérêts stratégiques de l’Etat syrien se confrontent à ceux de la coalition puisque ses axes de projection stratégique extraterritoriaux, si l’on se borne à ce paramètre, sont sur un plan historique et géopolitique identiques à ceux qui sont vitaux pour Israël en terme de profondeur stratégique et de zone de protection. Du Liban jusqu’au territoire syrien du Golan, les guerres qui opposèrent directement ou indirectement la Syrie à Israël et ses alliés occidentaux découlent de cet antagonisme structurel. La stratégie des forces occidentale et sioniste consiste en effet à déposséder la Syrie de ses atouts stratégiques d’une part, et, de faire peser une pression politique constante de façon à l’isoler, la déstabiliser et l’affaiblir économiquement et militairement d’autre part. L’objectif fut de pousser la Syrie hors du Liban et de réduire en conséquence son influence sur le terrain palestinien. Néanmoins son influence au Liban persiste puisque la Syrie a toujours su, qu’elle soit présente ou non sur le sol libanais, recomposer efficacement ses alliances libanaises en instrumentalisant stratégiquement les contradictions internes comme le reflète le soutien politique et militaire apporté au bloc nationaliste mené par le Hezbollah et opposé aux tendances pro-impérialistes anti-syriennes.

Cependant, les relations qu’entretient l’Etat syrien avec l’impérialisme sont en même temps d’une autre nature surtout depuis le démantèlement du bloc soviétique sa puissance protectrice et ressource dans le contexte bipolaire de l’après deuxième guerre mondiale. Son engagement au sein de la coalition occidentale dans la guerre contre l’Irak en 1991 puis l’ouverture de son espace aérien aux avions américains lors de l’invasion de l’Irak en 2003, montre la dépendance relative et le caractère contradictoire de la géopolitique syrienne dans son rapport à l’impérialisme. Certes, l’Etat irakien est dans une certaine mesure un rival historique expliquant l’opportunité de son affaiblissement pour l’Etat syrien. Reste que son démantèlement et l’occupation américaine permet à l’impérialisme de se doter de moyens de pression supplémentaires sur la Syrie.

Ce qui en réalité détermine la politique extérieure de l’Etat syrien c’est précisément une politique d’alliance avec l’ensemble des forces autochtones et allogènes présentes dans la région et la conservation de ses atouts stratégiques que sont le Liban et la Palestine afin d’annuler l’action des forces hostiles tout en tentant de développer des forces militaires de dissuasion. Partenaire circonstanciel de l’Otan, alliée privilégié de la Russie et de la Chine dans la région, de l’Arabie Saoudite et l’Iran pourtant en concurrence intense pour le leadership, alliée des mouvements de résistance populaire armés du Hamas et du Hezbollah, la Syrie protège habilement ses intérêts d’Etat. Une autonomie relative construite à partir d’un système d’alliance équilibré entre les pôles antagonistes structurant les rapports de forces régionaux.

Si l’on considère l’axe palestinien-syrien-iranien-libanais, on peut penser que celui-ci s’inscrit dans une dynamique de renforcement compte tenu des antagonismes régionaux mais plus particulièrement de l’antagonisme fondamental que génèrent les intérêts vitaux de l’entité coloniale sioniste. Il faut en effet rappeler une donnée essentielle. L’existence durable d’Israël n’est possible que si l’Etat juif parvient à maintenir son hégémonie et sa supériorité militaire au Moyen-Orient. Ce qui suppose de sa part et de ses alliés impérialistes de pouvoir modifier la cartographie sociale et géopolitique de la région. C’est-à-dire de réaliser le projet historique colonial non-abouti définit par les accords de Sykes-Picot signés entre anglais et français en 1916 prévoyant le démembrement du Moyen-Orient en quantités de provinces et d’Etats faibles soumis et rivaux. La Palestine, l’Iran, la Syrie, le Liban, l’Irak et l’Afghanistan sont des zones échappant relativement au contrôle impérialiste. En Irak, l’attaque de la coalition bien qu’ayant provoqué la destruction de l’Etat et de la menace qu’il représentait aux yeux des occidentaux et de l’entité sioniste a néanmoins permis le renforcement de l’Iran comme nous le soulignions plus haut. Mais l’invasion de l’Irak a engendré une instabilité politique libérant des forces hostiles que les agresseurs sont incapables de maîtriser. Au Liban, la puissance du Hezbollah, sa supériorité militaire par rapport aux factions rivales, ses capacités organisationnelles et son pouvoir de mobilisation se sont traduits par les victoires remportées contre Israël et les organisations libanaises qu’il instrumentalise. L’émergence de ce mouvement ouvre un front de résistance dans une zone limitrophe de l’Etat sioniste auquel s’articule le front de résistance interne palestinien. Soumis au blocus, confronté à l’expansion sioniste, le mouvement de résistance palestinien s’est en retour significativement renforcé en parvenant à libérer Gaza et la défendre, et en mobilisant le peuple palestinien sur un projet d’indépendance nationale. Au reste, la constitution d’un front reliant objectivement les forces étatiques iranienne et syrienne aux forces de la résistance populaire palestinienne et libanaise marque l’essor d’un rapport de force défavorable au camp impérialiste-sioniste et ses agents locaux. De même, si l’occupation de l’Afghanistan par l’armée américaine a eu pour effet dans un premier temps de repousser l’ascension et la prise de pouvoir du mouvement taliban, celui-ci est parvenu à se réorganiser et à rétablir une influence prépondérante sur les tribus et les communautés familiales locales au point de se développer significativement au Pakistan et de déstabiliser le régime pakistanais allié de Washington.

L’impérialisme et le sionisme sur la pente du déclin

Quant à la puissance et l’hégémonie du consortium impérial-sioniste, elles déclinent. D’abord parce que ses ambitions engendrent des pôles de résistance dont les ressources et la puissance augmentent à mesure que l’Occident projette ses forces enclenchant ce que Clausewitz appelle un phénomène d’engrenage d’engagements non maîtrisés qui procurent à ses adversaires les facteurs du renforcement de leur puissance. Enfin, l’Occident est miné par des contradictions internes dues à son mode de fonctionnement économique. La récession l’ampute de moyens financiers considérables le privant du soutien de sa population, le contraignant à la politique de négociation avec l’Iran. Ceci n’est qu’un leurre mais à coup sur le signe d’un réel affaiblissement.

Comité Action Palestine




Mouvement de solidarité avec la Palestine ou mouvement pour la sauvegarde d’un état colonial

Boycott-Israel-MPI[1]Communiqué du Mouvement de Soutien à la Résistance du Peuple Palestinien (MSRPP) publié sur son site le 28 janvier 2010.


Un collectif qui se proclame « pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens » appelle à une manifestation intitulée « Gaza, un an après », le 6 février à Paris.

Tout d’abord, il est étonnant qu’une telle manifestation soit initiée plus d’un mois après l’anniversaire du début de l’agression contre Gaza, alors que, le 27 décembre dernier, date précise de l’agression en 2008, notre Mouvement de Soutien à la Résistance du Peuple Palestinien (MSRPP) organisait une marche de Denfert-Rochereau à la Place Saint-Michel, à laquelle ont participé 700 personnes et nombre d’associations, pour rappeler la dernière guerre sioniste contre Gaza, assurer un soutien indéfectible à la résistance et dénoncer toutes les collaborations aussi bien occidentales qu’arabes et palestiniennes. Le « Collectif pour une Paix Juste et Durable », ne s’est pas joint à cette manifestation et feint aujourd’hui de l’ignorer.

En réalité, il suffit de se pencher sur l’appel et la dénomination même de ce Collectif pour comprendre quels sont les réels enjeux de leur manifestation.

Les personnes à l’initiative de cet événement ont une vision politique particulière de la question palestinienne et de son « règlement ». Lorsque l’on utilise l’expression « paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens » on prend position, d’abord pour l’illusion d’une paix entre l’occupant et l’occupé, entre l’usurpateur et l’usurpé, ensuite pour une légitimation de la présence d’une entité coloniale qui, par essence, est étrangère à « la paix ».

L’entité sioniste n’existe que suite à un nettoyage ethnique perpétré en Palestine dès 1947 et ne survit que par la colonisation galopante et les massacres réguliers qu’elle commet en vue de l’établissement d’un Etat exclusivement « juif » aussi bien en Palestine de 48 que dans les territoires occupés en 67 et notamment à Al Qods. Les guerres régulièrement déclenchées aussi bien contre les Palestiniens, comme celle de Gaza de l’an passé, que contre les Libanais (juillet-août 2006), ne font que le confirmer. Parler de « paix », suppose d’occulter, voire d’absoudre, ce qui constitue la nature même de cet « État », les circonstances de sa création et les moyens qu’il utilise aujourd’hui pour exister.

Nos « amis de la Palestine » seraient-ils frappés d’amnésie ? Non, en réalité ils s’activent pour inscrire le mouvement de soutien en France dans le « processus » amorcé dès Oslo en 1993, et qui se poursuit aujourd’hui par la série des « Annapolis » et autres « négociations de paix ». Ces opérations délibérées ont pour seul objectif de « liquider » la question palestinienne et de vider de son contenu la lutte de libération de la terre de Palestine, notamment le droit au retour des réfugiés et le statut de la capitale Al Qods. Or, de même que la « paix » ne signifie plus pour les Palestiniens que renonciation, soumission et capitulation, les manifestations massives de décembre 2008-janvier 2009 ont prouvé que, contrairement aux thèses des « pacifistes », une part importante de la population en France soutient fermement la résistance du peuple palestinien sous toutes ses formes, notamment la lutte armée.

Comme corollaire à cela, le Collectif n’utilise à aucun moment le mot « résistance » dans son appel, comme si la situation palestinienne se résumait à un drame humanitaire où un agresseur prédominant inflige blessures, blocus et humiliations à une victime qui n’exprime pas la moindre opposition. Or, nier l’existence d’une résistance palestinienne en dit long non seulement sur la façon dont on considère cette résistance et son soutien, mais aussi sur la totale déconnexion dont fait preuve ce Collectif avec le terrain et les aspirations du peuple palestinien. Est-ce étonnant quand on prétend sans cesse parler « pour » ce peuple, quand on prétend être sa « voix » en France et savoir mieux que personne quelles démarches il doit accomplir, comme celles de s’asseoir à la table des négociations ou plutôt à la table des « concessions » ? On peut constater, dès lors, que les occidentaux, particulièrement certains Français, n’ont pas encore rompu avec leur tradition politique coloniale qui les pousse à adopter un comportement ethnocentriste et suprématiste vis à vis des peuples non-occidentaux qui nécessiteraient par « essence » une surveillance accrue et une mise sous tutelle.

Enfin, le texte appelle à des « sanctions contre Israël », au respect du droit international, à la levée du blocus et au soutien à la campagne Boycott Désinvestissement Sanction (BDS), déplorant dans le même temps le peu de « compromis » du côté de « l’extrême-droite israélienne », insinuant par là qu’il y aurait des différences, positives ou négatives dans la politique « israélienne », envers le peuple palestinien, alors que c’est le gouvernement de coalition d’Olmert (représentant donc un certain nombre de forces politiques) qui a commandité la guerre contre Gaza et que c’est le ministre « travailliste » Ehud Barak qui était chargé de la défense et de l’armée lors de l’agression.

Si, en soi, dénoncer le blocus et appeler au boycott est une bonne chose, il faut aussi se demander pourquoi tant d’associations se concentrent exclusivement sur ces points tout en évacuant les autres points essentiels qui devraient être les mots d’ordre du « soutien à la Palestine ». Au lieu de se limiter à une critique des comportements qui découlent automatiquement du caractère colonialiste de l’Etat sioniste, il faut en dénoncer l’essence et l’origine. La lutte de libération nationale de la Palestine contre l’occupation sioniste se réduirait-elle à la levée du siège de Gaza et au jugement des criminels de guerre ?

Par ailleurs, il nous semble également problématique de se référer au droit international, comme s’il constituait l’unique espoir, alors que les puissances impérialistes ont voté le partage de la Palestine à l’ONU en 1947, en se servant de la « légitimité » du droit international, et, que c’est toujours ces mêmes puissances impérialistes qui protègent depuis lors l’Entité coloniale, sur le fondement du droit international et via le Conseil de Sécurité et les indéfectibles soutiens au sionisme qui le composent.

Enfin, la mention du parcours de la manifestation du 6 février « en direction de l’ambassade d’Israël » est en elle-même un aveu de défaite programmée : « on ne pourra jamais arriver à l’ambassade sioniste, alors on va essayer d’aller dans sa direction jusqu’à ce qu’on nous arrête », et résume bien une démarche prédisposée aux concessions.

Pour toutes ces raisons, nous dénonçons le discours de ce Collectif autoproclamé « national » qui entretient l’illusion d’une possibilité de paix « juste et durable » clairement impossible dans l’état du rapport de forces actuel, qui ignore la réalité de la résistance sur le terrain, et qui œuvre pour « amener nos dirigeants à imposer le respect du droit international ». Et nous appelons toutes les personnes et associations désireuses de soutenir réellement la Palestine et sa résistance et de ne faire aucune concession sur les droits fondamentaux de ce peuple, comme le droit à l’autodétermination après l’abolition du système colonial et raciste qu’est « l’État d’Israël », le droit au retour intégral de tous les réfugiés depuis 1947-1948 et la libération de tous les prisonniers, à nous rejoindre au sein du Mouvement de Soutien à la Résistance du Peuple Palestinien (MSRPP), à soutenir et à participer à toutes nos initiatives.

Mouvement de Soutien à la Résistance du Peuple Palestinien Fait à Paris, Le 26 janvier 2010




Minorités issues des anciennes colonies et soutien à la cause palestinienne

manif_france[1]Article de Said Bouamama écrit à l’occasion du Forum Palestine 2009 organisé par le Comité Action Palestine.

La participation massive des jeunes français issus de l’immigration maghrébine aux initiatives de soutien à la résistance palestinienne fait couler beaucoup d’encre depuis plusieurs années. Emissions, articles et déclarations se sont multipliées pour analyser cette présence si massive que personne ne peut plus l’ignorer.

Dans leur immense majorité les discours politiques et médiatiques dominants sont caractérisés par des approches culturalistes de la question. Le soutien de ces jeunes à la lutte du peuple palestinien serait non politique et/ou apolitique et s’expliquerait par des causes « religieuses » et/ou « culturelles ». Pour certains l’explication est à rechercher dans le développement d’un « communautarisme », pour d’autres dans un inquiétant « repli religieux », pour d’autres encore dans une instrumentalisation « intégriste », etc. Ces explications parfois à prétention savantes évacuent aisément à la fois les facteurs historiques, la contextualisation des faits et les facteurs matériels pouvant produire une sensibilité particulière à l’endroit de la question palestinienne. Il n’y a pourtant pas besoin de mobiliser une grille culturelle et/ou religieuse et/ou identitaire de lecture pour comprendre le soutien des jeunes issus de l’immigration maghrébine au peuple palestinien et à son combat.

Tentons de comprendre ce soutien massif, généralisé et durable avec une approche matérialiste c’est-à-dire en réintégrant les facteurs historiques et contextuels que le culturalisme évacue.

Photo : Reuters

1. Le soutien à la cause palestinienne a une histoire dans l’immigration maghrébine

Pour justifier l’idée d’un repli communautaire et/ou religieux comme explication des mobilisations contemporaines de soutien au peuple palestinien, il faut les présenter comme entièrement nouvelles, comme non ancrées dans un temps long. Cette nouveauté permet de légitimer l’appel à une causalité qui serait elle-même nouvelle : le repli religieux et /ou communautaire. La réalité est, si on se rappelle quelques faits historiques, à l’antipode de cette affirmation. Le soutien au peuple palestinien a été une constante de toute l’histoire des mouvements sociaux et politiques de l’immigration maghrébine et de ses enfants en France. Pour illustrer notre position, parcourons les grandes figures qui ont caractérisées cette histoire désormais longue des luttes de l’immigration maghrébine. Nous illustrerons chacune de ces figures à partir de quelques thèses d’Addelmalek Sayad qui reste encore aujourd’hui un des penseurs qui a le plus tenté d’approcher la réalité spécifique de l’immigration maghrébine en France.

A. L’immigration est fille de la colonisation [i] : La figure du nationaliste ouvrier et immigré [n

Cette première thèse d’Abdelmalek Sayad est essentielle pour saisir l’émergence des premières luttes de l’immigration à l’époque coloniale. C’est en effet dans l’articulation entre identité ouvrière et identité nationale (anti-coloniale) que se forgent les premiers mouvements, les premières organisations et les premières luttes de cette immigration. Insérés, comme les autres immigrations dans les segments les plus exploités du monde du travail, ces premiers militants s’acclimatent à une culture, à des formes organisationnelles, à des revendications correspondant à leur place sociale dans le système de production. Issus de pays où gronde la révolte anti-coloniale, ces premiers militants s’orientent vers une opposition frontale à l’appareil d’état, vers des revendications politiques, vers des formes d’organisations en rupture avec les structures classiques du mouvement ouvrier. L’articulation de ces deux dimensions d’identification politique est mouvante dans le temps. Au fur et à mesure que se développent les luttes contestant l’ordre colonial dans les pays d’origine l’identité nationaliste prend le pas sur l’identité ouvrière sans jamais cependant la supprimer entièrement.

Dès cette période initiale le soutien à la cause palestinienne est présent dans les analyses et les actions de ces militants. Ainsi par exemple l’Union Intercoloniale fondé à Paris en 1922 par le Vietnamien Ho Chi Minh et l’Algérien Hadj Ali Abdelkader fait figurer dans son journal « Le Paria » de nombreux articles la dénonciation du projet sioniste et en particulier de la déclaration de Lord Balfour du 2 novembre 1917 par laquelle le gouvernement Britannique promet au mouvement sioniste la constitution « d’un foyer national pour le peuple juif » en Palestine.

Tous les partis nationalistes algériens de l’Etoile Nord Africaine en passant par le PPA, Le MTLD et le FLN feront systématiquement référence à la question palestinienne dans leurs analyses et leurs prises de positions. L’essentiel des cadres et militants de ces partis est rappelons le jusque la décennie 1930 issu de l’immigration en France. Ainsi par exemple le journal du PPA El Ouma déclare dans son numéro du 1er septembre 1937 :

« Plus de soixante mille Arabes réunis dans de nombreux meetings tenus à travers l’Algérie et sous l’égide du PPA, ont voté l’ordre du jour suivant : ils condamnent la politique impérialiste de l’Angleterre en Palestine arabe, tendant à créer un « foyer national » juif au détriment des intérêts arabes, ils se dressent avec vigueur contre le projet de partage de la Palestine arabe établi par la commission royale anglaise. Ils font appel à tous les musulmans algériens pour protester contre ce projet de partage et réclament l’indépendance complète pour la Palestine arabe. » [ii]

Un an plus tard le même journal écrit dans son numéro du 27 août 1938 :

« Pas un instant les Arabes ne cesseront la lutte que par la reconnaissance de leurs revendications justes et légitimes, à savoir : abolition immédiate de l’immigration juives, libération de tous les Arabes emprisonnés et déportés politiques, reconnaissance de l’indépendance de la Palestine et institution d’un parlement élu au suffrage universel. » [iii]

Lors du vote à l’ONU du « partage » le 29 novembre 1947, le MTLD est la seule organisation qui en France prend nettement position contre. Les élus du MTLD (qui est faut-il le rappeler la vitrine légale du PPA interdit) tant à l’assemblée algérienne qu’à l’assemblée française constituent en dépit de la répression et de la surveillance qui les frappe un « Comité algérien pour la Palestine arabe ». L’objectif de ce comité est mentionné de la manière suivante dans sa déclaration constitutive :

« aider la Palestine à se libérer de toutes les emprises impérialistes d’où qu’elles viennent, afin de permettre aux Juifs et aux Arabes de Palestine de vivre en paix, sans haine et sans craintes mutuelles, conditions qui sont délibérément sacrifiées par la politique du partage. » [iv]

B. Immigré et travailleur sont des quasi-synonymes [v] : la figure de l’O.S. syndiqué

Les indépendances acquises l’ordre des priorités tend à se transformer pour les militants de la décennie 70 sans toutefois faire disparaître entièrement le pôle d’identification nationale. Celui-ci se maintient en premier lieu du fait des acteurs eux-mêmes : des trajectoires de militants soulignent ainsi le réinvestissement du capital militant nationaliste dans les luttes syndicales et ouvrières en général. Il se maintient également en raison d’épreuves spécifiques vécues : crimes et discours racistes, effets de la situation internationale (nationalisation du pétrole en Algérie, poursuite des luttes de décolonisation, question palestinienne, etc.).

En France le début de la décennie 70 est caractérisé par le développement du soutien à la résistance palestinienne dans l’immigration. Pour la première fois une activité politique significative aborde des questions qui sortent des sphères de l’entreprise et des droits des travailleurs immigrés. Ainsi en septembre 1970 sont créés par des militants de l’immigration les « Comités de soutien à la résistance palestinienne » en réaction au septembre noir c’est-à-dire à l’intervention de l’armée jordanienne contre les camps palestiniens et aux massacres que commet cette armée. De nombreux militants que l’on retrouvera ensuite dans d’autres luttes de l’immigration ont fait leurs premières expériences militantes au sein de ces comités. Ces comités s’implantent rapidement dans les quartiers et foyers :

« Ce militantisme, au départ extérieur à la politique française, a été le vecteur — par la diffusion intensive de tracts bilingues et de journaux — d’une forme de politisation dans les foyers, les cafés et les quartiers immigrés (la Goutte d’Or et Belleville à Paris, la porte d’Aix à Marseille). Très vite, les Comités Palestine se transforment en organes de lutte contre le racisme en France, soutenus par des militants français et des intellectuels » [vi]

L’histoire des conscientisations dans l’immigration relie donc de manière inséparable les aspects de défenses des droits des travailleurs immigrés et ceux de soutien à la Palestine. Si certains militants en viennent à se mobiliser sur les questions de l’immigration par le biais de leur engagement sur la question palestinienne, d’autres font le chemin inverse. Le MTA (Mouvement des Travailleurs Arabes fondé en 1973) sera une des traductions organisationnelles de cette double racine militante dans l’immigration.

L’intense activité de soutien à la résistance palestinienne au cours de la décennie 70 se traduit par plusieurs publications : Le journal « lutte palestinienne » dès mars 1969 ; le mensuel Fedayin fin 1969 ; le journal des Comités Palestine « Fedaï » à partir d’octobre 1970 ; etc. Les deux luttes (pour les droits des travailleurs immigré et de soutien à la résistance palestinienne ne sont pas dissociées dans l’esprit des militants des comités Palestine et plus tard du MTA :

« Le soutien à la résistance palestinienne est une forme de lutte qui aide à la constitution d’une force politique autonome des travailleurs immigrés dans les quartiers, les bidonvilles et les usines » [vii]

Le bilan du comité de Gennevilliers souligne ainsi :

« C’est dans les CSRP que les travailleurs arabes ont appris à retrouver leur dignité en tant qu’ouvriers arabes et qu’ils ont développé une résistance de masse. C’est autour des CSRP que l’autonomie du mouvement des travailleurs arabes s’est développée » [viii]

La décennie 70 est celle à la fois du développement des luttes dans les entreprise et les quartiers populaires pour le droit à la dignité des travailleurs immigrés et celle où le mouvement de soutien à la résistance palestinienne a été profondément ancré dans la classe ouvrière immigrée. Les initiatives se déroulaient dans les quartiers populaires et étaient massivement suivies. Les deux combats avaient la même base militante et les mêmes organes d’expressions. Dès cette décennie l’injustice faite aux palestiniens est vécue comme le point asymptotique d’une logique de traitement inégal et injuste vécue à un moindre degré et dans un autre contexte par les immigrés.

C. Toute migration a vocation au peuplement [ix] : la figure du marcheur pour l’égalité

Le processus d’enracinement de l’immigration maghrébine dans la société française conduit logiquement à l’émergence d’une génération de français issus de l’immigration. Cette génération est d’abord à entendre sociologiquement. La nationalité possédée du fait de l’état du système juridique est ainsi pour cette période contradictoire avec ce que nous appellerons la « nationalité sociologique », ces nouveaux militants étant nés en France et y ayant vécu leur socialisation primaire. Elle est ensuite à entendre au niveau juridique du fait de l’évolution du code de la nationalité. L’expérience de cette génération, arrivant sur le marché de l’emploi au début de la décennie 80, est la découverte d’un traitement inégalitaire en raison de leurs origines, traitement de surcroît nié par le débat politique de cette période. A la différence des immigrations antérieures ces jeunes vivent une reproduction trans-générationnelle du stigmate xénophobe.

La visibilité sociale et politique de cette génération issue de l’immigration a été définitivement acquise par la « marche pour l’égalité et contre le racisme » qui réunie plus de 100 000 personnes à Paris en 1983. Le keffieh palestinien est un incontournable des jeunes marcheurs et des militants de la décennie. Ce « détail » ne passe pas inaperçu aux yeux des organisations sionistes en France et à ceux qui les soutiennent. La suite est connue en particulier par les révélations de Jacques Attali dans son Verbatim : la crainte d’un mouvement de revendications radicales dans la jeunesse issue de l’immigration au moment où le gouvernement socialiste effectuait son tournant en faveur du libéralisme économique conduit à la création de toute pièce de SOS Racisme. De manière significative Julien Dray à qui est confié cette mission fait appel pour créer ce mouvement à l’ultra sioniste UEJF (Union des Etudiants Juif de France) qui jusqu’alors ne s’était pas faite remarquée par son soucis des questions et problèmes vécus par l’immigration. La préoccupation gouvernementale de freiner les luttes sociales et le souci des organisations sionistes devant l’affichage spontané des keffiehs conduit à la promotion d’une idéologie molle : l’antiracisme abstrait et désincarné.

Progressivement la figure du marcheur pour l’égalité tend à se muer en partie importante en une autre : la figure du gavroche des quartiers populaires. Cette mutation partielle mais significative est le résultat de la conscience d’être perçu et traité comme « enfant illégitime » que nous empruntons une nouvelle fois à Abdelmalek Sayad. Nous l’utilisons parce qu’elle nous semble illustrer les deux dernières décennies de dégradation de la situation des quartiers populaires et plus particulièrement de leurs habitants issus de l’immigration postcoloniale. Ces décennies ont, en effet, était caractérisées par un triple processus articulés dans une logique globale de dégradation de la situation de ces milieux sociaux et de ces territoires. Le premier processus est celui de la paupérisation et de la précarisation. Ce premier processus enclenche une exacerbation de la « concurrence pour les biens rares » (emploi, formation, scolarité, logement, etc.) dans laquelle ceux qui ont le moins d’atouts au départ se retrouve en situation encore plus défavorable à l’arrivée. Au sein de cette concurrence exacerbée chaque catégorie d’acteurs mobilise à son profit les représentations sociales qui peuvent dévaloriser des concurrents potentiels. Ce n’est donc pas un hasard que cette même période soit caractérisée par le retour de l’imaginaire « adulto-centrique » c’est à dire de dévalorisation de la jeunesse, de l’imaginaire sexiste c’est à dire de légitimation d’une inégalité entre les hommes et les femmes et de l’imaginaire colonial c’est à dire d’une vision culturaliste des places légitimes de chacun en fonction de son origine.

Ce premier processus est donc articulé à un second : celui des discriminations racistes. Au sein même des milieux populaires en paupérisation et en précarisation se produisent des inégalités dans les chances de s’en sortir. Si la situation se dégrade pour tous, elle se dégrade encore plus pour certains. Par endroit et pour certaines catégories d’âges et de sexes, les discriminations prennent la forme d’une véritable ségrégation. Si le taux moyen de chômage par exemple voisine les 10 % en moyenne nationale, il atteint les 40 % voir le 50 % pour les jeunes français issus de l’immigration postcoloniale. L’ampleur des écarts ne peut pas ne pas avoir de conséquence sur le rapport au monde, aux structures militantes et aux formes de contestations. Progressivement l’idée d’un destin social de parias se construit dans la jeunesse prolétarienne issue de l’immigration postcoloniale.

Le troisième processus en œuvre renforce ce sentiment d’être les « parias de la république » et même les « parias du monde populaire ». Ce processus relève de l’instance idéologique. Il est constitué par le discours dominant rendant compte de la dégradation des quartiers populaires et plus particulièrement de leur composante issue de l’immigration postcoloniale. Ce troisième processus peut être dénommé, selon nous, comme étant une ethnicisation des grilles d’explications [x] de la situation conduisant lui même à une ethnicisation des rapports sociaux. Du retour de l’intégrationnisme dans les discours politiques et médiatiques à la fin des années 80, au dernier prix de Brice Hortefeux récompensant les « modèles de réussite » ou les « modèles d’intégration, en passant par le rapport Bénisti expliquant culturellement la délinquance et par les qualificatifs de « racaille » de Sarkosy pour désigner des sujets sociaux ou de « karcher » ( Sarkosy) et de « Destop» ( Fadéla Amara) pour proposer des méthodes de résolution des problèmes sociaux, etc., s’est bien un processus de négation sociale qui se met en place [xi] . Outre les inégalités vécues, c’est bien un sentiment de mépris social qui est ressentis de manière plus ou moins conscient par les jeunes issus de l’immigration postcoloniale.

Les « émeutes urbaines » sont de ce fait une forme d’expression politique qui n’est compréhensible qu’en prenant en compte ce sentiment de « hoggra » qui s’est lentement installés dans les quartiers populaires tout au long de ces deux décennies [xii] . Encore plus que pour la décennie 80 l’injustice et la « hoggra » faite aux palestiniens est vécue comme le point asymptotique d’une logique de traitement inégal et injuste vécue à un moindre degré et dans un autre contexte par les immigrés. (changement de police)

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Le soutien à la résistance palestinienne n’est pas une réalité nouvelle dans l’histoire de l’immigration maghrébine mais bien une constante qui a marquée les différentes générations. Elle ne peut donc pas s’expliquer comme l’effet d’une brusque « islamisation » ou d’un soudain « repli communautaire ». Les racines de ce soutien sont profondes même si les formes d’expressions sont dépendantes de chaque contexte historique. Tentons maintenant d’en dégager quelques causes en les recherchant dans des processus matériels objectifs et non dans des causalités de type idéaliste.

2. Un héritage et un habitus familial

Nous l’avons souligné avec Sayad l’immigration maghrébine est fille de la colonisation. Chaque groupe familial porte dans sa trajectoire et dans sa mémoire les stigmates de la colonisation. C’est sous-estimer considérablement les dégâts de la colonisation sur chaque groupe familial que de considérer qu’une telle « expérience » puisse ne pas laisser de trace dans la quotidienneté, dans les habitus, dans les valeurs promues, dans les modèles éducatifs, etc. Cela est d’autant plus vrai que l’immigration s’est engagée considérablement dans le combat pour l’indépendance. Elle a de ce fait été l’objet de répressions, de contrôles, de tortures, etc. Des traces de cette période sont présentes dans chacune des histoires familiales.

Bien sur comme toutes les autres périodes sociales traumatisantes, un certain silence s’est imposé pour de multiples raisons dans les rapports parents-enfants. Dans nos différentes enquêtes auprès des parents nous avons pu mettre en évidence plusieurs raisons invoquées pour expliquer cette tendance à la non transmission explicite : horizon d’attente énorme envers les nouvelles indépendances ; volonté de ne pas encombrer les enfants avec ces souffrances vécues ; désir d’oubli et de tourner la page ; difficulté à parler d’un traumatisme ; etc. Cependant il est erroné de conclure de cette difficulté à transmettre, l’absence de toute transmission.

D’une part dans de nombreuses familles la transmission explicite a eu lieu, même de manière partielle. D’autre part l’absence d’explicite ne signifie pas qu’une transmission implicite, indirecte, involontaire même, ne se déploie pas. Enfin devant les questions des enfants découvrant les horreurs de la colonisation ailleurs que dans le foyer familial, l’implicite tend à s’expliciter, de même d’ailleurs que les raisons du silence ou du silence partiel. Paradoxalement l’effet du temps ne tend pas ici à diminuer la transmission et son explicitation mais au contraire à les renforcer. Même de manière embryonnaire une connaissance et une conscience de l’expérience coloniale existe dans la socialisation des jeunes issus de l’immigration maghrébine.

Une des rares études portant sur la connaissance du fait colonial en témoigne. Cette étude [xiii] réalisée en 2002 à Toulouse a consisté en une enquête sous forme de questionnaire auprès d’un échantillon de 400 personnes et sur 68 entretiens individuels. Les conclusions de cette étude sont significatives. Citons en quelques unes

« L’hypothèse émise d’une faible connaissance de l’histoire coloniale et de l’histoire de l’immigration est confirmée en ce qui concerne Toulouse et sa périphérie, dans quasi toutes les catégories d’enquêtés : dates, personnalités, lieux et événements ne résonnent pas au sein des populations concernées, sauf sur un sujet : l’Algérie » (souligné par nous) ;

« Cette omniprésence de l’Algérie marque une particularité de la mémoire de la colonisation et par extension des mémoires liées à l’immigration postcoloniale : le fait historique colonial est identifié à son épisode le plus tragique (parmi un spectre de réponses d’une trentaine d’items), autrement dit à la guerre, et de façon plus spécifique, à la torture » ;

« (Cela) renvoie à la cristallisation manifeste d’un ressentiment éprouvé par les immigrés et descendants d’immigrés originaires du Maghreb, d’Afrique Noire, de l’ex Indochine ou des actuels dom-tom face à une histoire perçue comme globalement occultée ».

« Un jugement subjectif très négatif de la colonisation et de l’histoire de l’immigration perçue par une majorité de jeunes issus de l’immigration comme l’histoire d’une humiliation »

Il était nécessaire de nous étendre un peu sur ces quelques résultats dans la mesure où ils soulignent que difficultés de transmissions ne signifient pas absence totale de transmission. La découverte par les jeunes de la situation faite au peuple palestinien ne peut pas ne pas faire écho à ce « sentiment d’humiliation » et d’injustices héritées de leur propre histoire familiale. Nous ne sommes pas en présence ici d’une cause religieuse et/ou communautaire mais d’une sensibilité à certaines questions héritée.

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La colonisation comme l’a soulignée Frantz Fanon marque durablement les sociétés colonisées et leurs peuples d’une part et les sociétés colonisatrices et leurs peuples d’autre part. Pour les descendants de colonisés aujourd’hui français, les trajectoires familiales portent les traces des violences coloniales. Certes la transmission familiale de l’expérience coloniale n’a été que partielle pour de multiples raisons que nous avons soulignées. Cependant celle-ci a imbibé les socialisations de manière suffisante pour produire une sensibilité spécifique à l’endroit de la question coloniale. Le soutien au peuple palestinien dans sa constance comme dans son ampleur est un des effets parmi d’autres de cette sensibilité.

3. L’expérience des discriminations racistes systémiques

Nous avons souligné précédemment le développement de la décennie 80 à aujourd’hui de processus massifs et systémiques de discriminations racistes touchant spécifiquement les personnes issues de l’immigration postcoloniale que celles-ci soient de nationalité étrangère, française par acquisition ou française de naissance. L’hypocrisie étatique consistant à refuser d’établir une statistique prenant en compte l’origine des personnes contribue à masquer cette réalité inégalitaire. Cependant les études partielles se sont multipliées ces dernières années (je pense) et convergent vers la même conclusion : les discriminations racistes existent, s’accroissent et font système (scolarité, emplois, logement, etc.).

Ainsi par exemple une étude du Bureau International du Travail (BIT) réalisée en 2007 [xiv] souligne le caractère massif et systémique des discriminations racistes à l’encontre des « personnes d’origine maghrébine et noires-africaine » :

Les analyses développées dans la section 11 du rapport ont toutefois permis de constater que la discrimination était très forte à l’encontre de tous les candidats minoritaires, tant de sexe féminin que de sexe masculin et d’origine « noire-africaine » ou d’origine « maghrébine ». Les écarts de traitement les plus importants ont été relevés à l’encontre des hommes et des femmes d’origine « noire africaine », avec des employeurs dans 4 cas sur 5 le/la candidat(e) majoritaire. Lorsque les candidats minoritaires étaient d’origine « maghrébine », les employeurs ont favorisé 3 fois sur 4 le candidat majoritaire au sein des paires masculines, et 2 fois sur 3 la candidate majoritaire au sein des paires féminines » [xv] ( ?: il manque quelque chose)

La discrimination à l’embauche n’est, bien entendu, pas la seule subie (même si elle revêt une dimension essentielle compte tenu de ses conséquences sur le destin social) mais se cumul à d’autres dans les autres domaines de la vie sociale à la fois en amont (dans la scolarité, la formation, les loisirs, le logement, etc.) et en aval (type d’emploi occupé au regard de la qualification, le déroulement de la carrière, etc.). La rencontre avec la discrimination n’est pas unique mais multiple et cumulative. A bien des égards elle prend, pour de nombreuses personnes, la figure d’une carrière de discriminé.

Ces discriminations vécues par les personnes issues de l’immigration postcoloniale ne peuvent pas se comparer à la xénophobie vécue par les immigrations européennes dans les premières années de leur arrivée en France :

« De ces enquêtes [xvi] , il ressort en effet que, depuis plusieurs décennies, deux phénomènes sont observables : d’une part, les vagues d’immigration les plus récentes sont toujours les plus dépréciées, les plus craintes ou les plus méprisées, tandis que le temps dissipe peu à peu cette crainte et ce mépris ; d’autre part, les immigrés issus de pays anciennement colonisés, notamment d’Afrique, font exception à cette première règle. En d’autres termes, il convient de distinguer le stigmate xénophobe, qui n’existe sous une forme exacerbée que pour les nouveaux arrivants, et le stigmate raciste, qui cristallise des représentations beaucoup plus profondément enracinées, et qui par conséquent ne perd pas – ou très peu – de sa force avec le renouvellement des générations et leur enracinement en France. Contrairement aux enfants des immigrations précédentes, les enfants d’immigrés maghrébins ou noirs-Africains, sont les seuls condamnés à l’appellation absurde – mais éloquente politiquement – d’« immigrés de la deuxième ou troisième génération », et aux discriminations qui l’accompagnent. » [xvii]

Soulignons qu’une telle rencontre avec les discriminations racistes a un impact beaucoup plus important pour les enfants de l’immigration postcoloniale que pour leurs parents. Ces derniers sont, du moins pendant la première période de leur présence en France, protégés psychologiquement par leur statut d’étranger (c’est sans doute le seul exemple d’une protection issue du statut d’étranger en France). Pour de nombreux enfants nés français, les discriminations racistes sont un rappel permanent de la construction d’un statut de sous-citoyen, d’un traitement inégal permanent et d’une mise en illégitimité de présence chez soi.

Terminons enfin en soulignant la violence des processus de négation de la réalité discriminatoire vécue que véhicule de nombreux discours politiques, médiatiques, du travail social, de la formation ou du monde de la recherche d’emploi, etc. A chaque fois que ces jeunes français issus de l’immigration postcoloniale se révoltent et même se contentent de mentionner les discriminations subies, il leur est opposé le soupçon d’exagérer, de victimiser, d’avoir du ressentiment, etc. A la négation de leurs droits que constitue la discrimination, s’ajoute la négation de la négation.

Or ces jeunes ne sont pas idiots et finissent par sentir pour certains, saisir pour d’autres et conscientiser pour d’autres encore, des éléments de similitude des logiques discriminatoires en œuvre en Palestine et ici (même si les degrés de déploiement de ces logiques sont incomparables dans leurs degrés comme dans leurs effets) d’une part et surtout la similitude des logiques argumentaires mises en avant pour justifier la situation inégalitaire. Rien d’étonnant à cela : la colonisation n’est-elle pas la négation absolue du droit ? La généralisation et la légalisation absolutisées des discriminations ? La négation totale de la légitimité de séjourner chez soi ? Ne met-on pas en avant également pour les palestiniens qu’ils exagèrent et victimisent ?

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La sensibilité à la question palestinienne n’est pas qu’un héritage du passé et de la transmission familiale. Elle est également une production de la vie présente. Les jeunes issus de l’immigration postcoloniale subissent des discriminations racistes systémiques dont la responsabilité leur est renvoyée par la fameuse thèse de la « victimisation ». Les mêmes logiques sont en œuvre en Palestine mais poussées dans ses limites extrêmes. Les mêmes logiques argumentaires sont avancées à longueur de médias pour délégitimer les revendications légitimes du peuple palestinien. Avec des degrés divers, selon les personnes, se produit dès lors un sentiment de solidarité.

Conclusion

Que se soit par l’historicité de la question du soutien au peuple palestinien dans les luttes de l’immigration, par transmission plus ou moins explicite d’une expérience familiale porteuse d’une posture anticoloniale, par effets comparatifs avec les discriminations vécues et les logiques argumentaires les justifiants, les jeunes issus de l’immigration postcoloniale développent une sensibilité à la question palestinienne, qui pour être inégalement conscientisée et politisée n’en est pas moins structurelle de leur expérience sociale. Si nous ajoutons à cela les images stigmatisantes, réductrices et culturalistes de l’islam (les islamalgames) depuis le 11 septembre et les théorisations en termes de « choc des civilisations », le sentiment d’une communauté d’intérêt n’est pas étonnant. Nul besoin pour cela d’invoquer une quelconque cause religieuse ou communautaire. Que certains de ces jeunes invoquent le facteur religieux pour justifier de leur soutien au peuple palestinien ne change rien à la question et n’élimine pas les causes sociologiques et matérielles.

Said Bouamama


Notes

[i] Voici ce qu’en disait Abdelmalek Sayad : « Outre la série d’analogies qu’on peut saisir entre les deux phénomènes – analogies d’ordre historique (l’immigration est souvent fille de la colonisation directe ou indirecte) et analogies de structure (l’immigration, actuellement, occupe dans l’ordre des relations de domination la place qu’occupait hier la colonisation) – l’immigration s’est, d’une certaine façon, érigée en système de la même manière qu’on disait que la  » colonisation est un système  » (selon l’expression de Sartre) (A. Sayad, L’immigration ou les paradoxes de l’altérité, La « faute » de l’absence, De Boeck Université, Paris-Bruxelles, 1997. ).

[ii] Ben Khedda Benyoucef, Les origines du premier novembre 1954, CNERMNR, Alger, 2004, page 287 in. Youssef Girard, « Comité algérien pour la Palestine arabe », site de l’International Solidarity Movement, 7 novembre 2009.

[iii] Idem

[iv] El Maghrib El Arabi, 6 août 1948, in. Ben Khedda Benyoucef, Les origines du premier novembre 1954, op. cit., page 289-290 in. Youssef Girard, « Comité algérien pour la Palestine arabe », site de l’International Solidarity Movement, 7 novembre 2009.

[v] Voici comment A. Sayad définit l’immigré : « qu’est-ce donc qu’un immigré ? Un immigré c’est essentiellement une force de travail, et une force de travail provisoire, temporaire, en transit ; C’est le travail qui fait naître l’immigré, qui le fait être », L’immigration ou les paradoxes de l’altérité, Paris, Raisons d’agir, 2006.

[vi] Michelle Zancarini-Fournel, La question immigrée après 68, Plein droit, n° 53-54, mars 2002.

[vii] Cf. « Comités Soutien à la Révolution Palestinienne. Éléments de travail proposés par le comité d’initiative. Bilan politique de deux semaines de travail », Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC), Mfc 215/6.

[viii] CSRP, « Bilan Septembre 1971 », Mfc 215/6

[ix] « Toute immigration de travail contient en germe l’immigration de peuplement », Abdelmalek Sayad, qu’est ce qu’un immigré ?, op.cit.

[x] Un des effets de ces grilles culturalistes de lecture est le développement d’une mentalité de « petits blancs » au sein des milieux populaires qui n’est rien d’autre qu’un outil efficace pour diviser ceux qui socialement devraient s’unir et unir ceux que les intérêts sociaux devraient diviser.

[xi] La dimension internationale est également à prendre en compte en ce qui concerne ce sentiment de Hoggra. La période est en effet également celle de l’invention de la catégorie « musulman » comme symbole de danger. Les « musulmans » sont alors construits comme population « homogène », comme « communauté » compacte non traversée par des clivages de classes sociales ; de lieux de résidences, d’appartenances politiques, etc. L’ensemble de leurs comportements ne devenant dès lors explicable qu’à partir du référent « culturel » ou du « référent religieux » à l’exclusion de tous autres déterminants sociaux ou politiques. Qu’ils habitent à Sarcelles ou à Bagdad, qu’ils soient ouvriers ou chefs d’entreprise, qu’ils soient de « droite » ou de « gauche », etc., les systèmes de comportements et les rapports au monde restent expliqués qu’à partir du seul référent religieux.

[xii] Il est à cet égard assez cocasse de voir certaines voix de « gauche » critiquer la forme prise par la révolte et bouder les initiatives de soutiens aux jeunes incarcérés. Devant une situation insupportable les dominés empruntent les canaux d’expressions disponibles. Que ceux qui prétendent incarner une alternative sociale soient absents de ces quartiers populaires, participe donc des formes prises par la révolte. Si le fond de la révolte est le résultat de la domination, sa forme est, elle, issue de l’état des canaux d’espoirs sociaux dans ces quartiers populaires.

[xiii] Pascal Blanchard, Sandrine Lemaire, Nicolas Bancel et Emmanuelle Collignon, Mémoire coloniale- Mémoire de l’immigration- Mémoire urbaine, Achac, 2005.

[xiv] Rapport du BIT intitulé « Les discriminations a raison de «l’origine » dans les embauches en France ; Une enquête par tests de discrimination selon la méthode du BIT », E. Cediey et F. Foroni, BIT, 2007.

[xv] Idem, p. 110.

[xvi] Cf. Y. Gastaut, L’immigration et l’opinion en France sous la cinquième République , Seuil 1999

[xvii] Said Bouamama et Pierre Tévanian, Peut-on parler d’un racisme post-colonial ?, livre collectif « Culture postcoloniale 1961-2006, Traces et mémoires coloniales en France », Autrement, 2007.




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Vive la Résistance !

Dans des sociétés occidentales relativement pacifiées, un stéréotype est fortement prégnant : la résistance est synonyme de violence. Or l’histoire de toutes les sociétés montre que la résistance est surtout un acte de libération, un acte qui permet de vaincre l’oppression quelle qu’elle soit.

En Palestine, les colonisés n’ont pas le choix. Plus précisément les colons ne leur laissent pas le choix. A la violence coloniale sous toutes ses formes, le peuple palestinien répond par une résistance sous toutes ses formes : l’action individuelle comme l’action collective, pacifique comme armée, le peuple palestinien utilise tous les moyens qui lui permettent de desserrer l’étau colonial et faire reculer l’oppression sioniste. Il est bien connu que les formes de la résistance s’adaptent à la nature de la violence coloniale. A la violence militaire impitoyable de la colonisation juive, le peuple palestinien répond par la résistance armée. La volonté de survie prend le pas sur toute autre considération ; et seul le peuple palestinien est à même de définir les objectifs et les moyens de combattre la machine de guerre appelée Israël.

Des premières actions héroïques des paysans Palestiniens dépossédés de leurs terres par les colons juifs au début du XXe siècle à la résistance victorieuse à Gaza en janvier 2009, des milliers de Palestiniens ont fait le sacrifice de leur vie pour la justice : libérer la terre qui parle arabe, libérer toute la Palestine.

Ce calendrier rend hommage à tous ces glorieux résistants, hommes et femmes, connus ou moins connus. Il rend hommage à tout un peuple.

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Il présente chaque mois de l’année sur 2 pages au format 21*29,7.
Chaque mois, un texte revient sur un grand moment de la résistance Palestinienne.

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Ce calendrier est réalisé par le CAP en collaboration avec le Centre d’Information sur la Palestine (CIREPAL-Liban) et le Philistin (www.philistin.fr ).

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L’islamophobie et ses usages politiques

islamophobie[1]Le 19 septembre dernier, une jeune musulmane a été victime d’une agression raciste à Pessac, frappée et insultée parce qu’elle portait un voile. Le Comité Action Palestine dénonce avec force cet acte islamophobe et s’est joint à l’appel à la manifestation du samedi 10 octobre.

Le Comité Action Palestine dénonce aussi avec virulence ce qui a rendu possible une telle lâcheté, qui la cautionne et la banalise, à savoir le climat d’islamophobie entretenu par les discours médiatiques des hommes politiques de cette Nation, par leurs pratiques anti-immigrés et les lois discriminatoires qu’ils font voter. Et il est d’une évidence criante que le pas est vite franchi entre l’interdiction du voile à l’école, l’interdiction du niqab dans la rue et l’agression d’une jeune musulmane.

La classe politique française, laïque et républicaine, use de tous les instants et de tous les stratagèmes pour implanter la haine anti-musulmane dans ce pays car elle y voit deux objectifs majeurs. La première fonction de ce racisme islamophobe est à usage interne. Elle marginalise une population économiquement précaire et donc susceptible d’être politiquement contestataire : il crée donc une scission blancs-immigrés profitable au maintien de l’ordre républicain-bourgeois. La deuxième fonction, à usage externe, de ce racisme, est de délégitimer tout mouvement de solidarité en France avec les peuples musulmans dans leur résistance contre les agressions coloniales et impérialistes. Il s’agit en particulier d’éviter, pour un Etat républicain pro-sioniste, que le mouvement pro-palestinien ne trouve un écho au sein de la population française.

Parmi les stratagèmes mis en oeuvre par la classe politique française pour développer l’islamophobie au sein de la population française, c’est sans doute l’utilisation de relais indigènes de cette propagande anti-musulmane qui est la plus dangereuse. C’est pourquoi le Comité Action Palestine attire particulièrement l’attention sur ces associations de composition indigène qui travaillent au service du pouvoir néocolonial français. L’association Ni putes ni soumises par exemple est une des filiales les plus emblématique de l’industrie islamophobe. Sa stratégie repose sur deux axes idéologiques simples. Il s’agit en premier lieu de stigmatiser les jeunes des quartiers populaires comme groupe fondamentalement sexiste pour les rendre haïssables aux yeux de la société française et renforcer leur isolement. En second lieu, l’objectif visé est de créer une division hommes-femmes dans les quartiers populaires, au sein même des foyers immigrés, pour affaiblir structurellement cette underclass politiquement dangereuse et, par la même occasion, de la détourner des vraies problématiques politiques. Il faut noter au passage que cette organisation a férocement milité pour l’adoption de la loi sur l’interdiction du voile à l’école en dénigrant les femmes islamistes, ces « soldates du fascisme vert » et pour libérer, malgré elles, les musulmanes de « l’oppression de voile », selon les propres expressions de Fadéla Amara (Le Parisien-21-09-03). A l’instar du Parti Socialiste, l’association Ni putes ni soumises enveloppe sous un discours libérateur et progressiste des positions des plus rétrogrades et réactionnaires qui soient.

Les autorités politiques françaises ont promu financièrement et médiatiquement cette organisation en adoptant la même stratégie qui conduisait en 1983 à la création de SOS racisme. SOS Racisme a été crée de toute pièce par le Parti Socialiste, à l’initiative de François Mitterrand et de Julien Dray, pour désamorcer le mouvement de la Marche pour l’égalité des jeunes issus de l’immigration. Dans le même temps, les cadres qui ont été placés à la tête de cette organisation sont issus pour la plupart de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et sont connus pour leur sionisme. Pour le pouvoir, il fallait à tout prix empêcher que le mouvement des quartiers populaires ne fasse sienne la cause pro-palestinienne.

Que ce soit SOS Racisme, Ni putes ni soumises ou d’autres associations de moindre ampleur, les éléments issus des minorités immigrées à qui est confié ce travail de sous-traitance apportent une caution de non-racisme aux idéologies racistes et aux pratiques de l’Etat. Ils justifient directement ou indirectement les attaques en règle du pouvoir envers les populations immigrées des quartiers populaires. Taxer les musulmans de France de communautaristes, de fanatiques, de sexistes, de délinquants, de rétrogrades, de moyenâgeux, de sauvages ou de barbares, n’est-ce pas faciliter le travail de répression de l’Etat ? Et en retour, ce racisme d’Etat n’encourage-t-il pas les passages à l’acte, les crimes et les injures dont les musulmans sont la cible ?

Le comité Action Palestine recommande aussi une grande vigilance vis-à-vis de ces idéologues issus de l’immigration, tel Tarek Oubrou, qui derrière une phraséologie sophistiquée prônant une réforme de l’islam, font le jeu des institutions néocoloniales de la République. Il y a quelques années déjà, Tarek Oubrou proposait une « charia des minorités », c’est-à-dire une adaptation des pratiques musulmanes au contexte politique et juridique français, la possibilité de déroger à certaines prescriptions religieuses dans la mesure où elles ne cadrent pas avec le droit, les institutions, l’État français. Voilà ce qu’affirmait alors le recteur de la mosquée de Bordeaux : «J’informe la fille ou la femme qui risque l’expulsion de son établissement scolaire ou de son travail qu’elle a la dérogation de ne pas couvrir ses cheveux. » Mais, cette«dérogation n’est pas une abrogation. Au cas où elle insiste pour le porter, elle doit être soutenue dans son combat» (Libération-20 août 2002).Mais Tarek Oubrou pose délibérément le problème à l’envers et les perspectives et solutions qu’il propose doivent être questionnées : faut-il aménager et réformer des pratiques islamiques qui dérangent le pouvoir français ou faut-il critiquer et combattre des lois et des institutions qui discriminent et oppriment chaque jour davantage les populations musulmanes de France ? Il est évident que l’idéologue musulman a fait son choix, celui de la soumission et de la compromission avec une classe politique raciste et en cela il correspond exactement à la définition que donne Frantz Fanon de l’intellectuel colonisé, un intellectuel aliéné qui a fait siennes et intériorisé les demandes du dominant, un intellectuel qui veut parler le langage de l’occident en effaçant les stigmates liés à ses origines. En considérant le voile comme « une norme canonique secondaire » et en recommandant aux femmes musulmanes de ne pas le porter, notre islamologue républicain ne cherche-t-il pas l’invisibilité de l’islam dans la société française ? Et le propre de toute idéologie raciste n’est-il pas de rendre invisible, de réduire au silence, de nier l’objet du racisme ?

Mais Tarek Oubrou ne s’est pas arrêté là, et ses dernières déclarations et manifestations sur la place publique trahissent une collusion grandissante avec des cercles d’intérêt qui ont peu de considération pour les musulmans. Ainsi dans un débat avec Hervé Rehby (président du centre Yavné), dans le cadre des Amitiés judéo-musulmanes de juin 2009, il semble accréditer la thèse de son contradicteur qui établit une corrélation historique entre la femme voilée et la prostituée. En effet, voilà ce qu’affirmait Hervé Rehby : « Lors de l’une des toutes premières mentions du voile dans la Torah, il est écrit que la femme est « couverte à la manière des prostituées ». Les femmes qui se prostituaient se voilaient pour préserver leur identité. » . Et ce que répondait Tarek Oubrou : « En effet, j’ai moi-même vu ça dans mon village : les femmes voilées, on savait qu’elles étaient prostituées, et qu’elles se protégeaient ainsi (…) On oublie trop souvent que dans le choix d’un habit, il y a une stratégie. » (Sud Ouest-27 juin 2009). Étant donné que l’intervention de Tarek Oubrou manque singulièrement de clarté, il est légitime de s’interroger sur son positionnement politique : pourquoi dans un contexte si difficile pour les musulmans, dans lequel toutes les arguties semblent bonnes pour justifier la loi inique contre le voile, participe-t-il de cet amalgame ignoble ? Pourquoi apporte-t-il de l’eau au moulin du CRIF et à tous ceux qui sont animés par la haine contre les musulmans ? Et pourquoi répond-il à l’invitation du CRIF quelques mois après l’agression sioniste à Gaza sachant que celui-ci avait manifesté pour apporter son soutien inconditionnel à l’armée israélienne ? Sachant aussi que les membres musulmans de l’Amitié judéo-musulmane avaient démissionné en bloc de cette instance lors des bombardements de Gaza ! Accepterait-t-il le colonialisme israélien comme il paraît si bien accepter le néocolonialisme français ?

D’interviews en conférences et de conférences en interviews, Tarek Oubrou a perdu ses garde-fous et milite pour une absorption-dilution de l’islam dans la république française à laquelle les dirigeants de ce pays n’auraient rien à redire. Autant en 2002, il insistait pour se battre aux côtés des femmes qui refuseraient d’enlever le voile -même s’il recommandait aux musulmanes de ne pas le porter- autant en 2009, un tel combat ne semble plus pour lui ni opportun ni d’actualité. Le slogan de Tarek Oubrou est désormais « mets ton foulard dans ta poche ». En effet, l’idéologue islamo-républicain ne considère plus le voile comme une obligation religieuse mais seulement « comme recommandation implicite qui correspond à une éthique de pudeur du moment coranique. Pour autant, une femme qui ne le met pas ne commet pas de faute. Mais, aujourd’hui, la communauté musulmane est fragile, et s’attache à des adjuvants et à des normes. C’est aberrant de réduire une femme musulmane à son foulard ; c’est de l’ignorance. Le foulard n’est pas un objet cultuel, encore moins un symbole de sacré. » (Le Monde-15-10-09). Le hijab n’est plus dans la bouche de Tarek Oubrou une obligation religieuse, même pas une prescription ! Ces propos sont pour le moins étonnants et de nouvelles questions s’imposent : est-ce une relecture savante du Coran qu’il nous propose là ou une accommodation au droit sacré de la République ? Et comment l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), dont Tarek Oubrou est un membre influent, se positionne-t-elle vis-à-vis de ces déclarations ?

Le port du voile dans la société française a une signification politique qui lui échappe ou qu’il feint de ne pas voir, c’est une résistance face à une domination qui prend les formes de l’occidentalisation, c’est un combat quotidien contre l’acculturation imposée, contre la violence symbolique et physique des classes dirigeantes envers les immigrés issus des anciennes colonies et les musulmans en général. Et c’est un combat mondial contre la domination impérialiste qui est aussi une hégémonie culturelle !

Mais Tarek Oubrou joue à l’aveugle et veut aveugler le monde avec lui lorsqu’il déclare, péremptoire, que l’islamophobie n’existe pas en France : « Le racisme n’est pas une nouveauté, mais l’islamophobie présentée comme un fléau de notre société, je ne la vois pas. Je n’accepte pas cette position victimaire et cette posture de consommation de droits(…) En outre, l’islamophobie est parfois développée par des musulmans eux-mêmes qui, par leur comportement et leur visibilité, peuvent faire peur à nos concitoyens non musulmans. » (Le Monde-15-10-09). Il n’y aurait pas de fléau de l’islamophobie en France, pas de discrimination à l’embauche ni au logement, pas de monde carcéral où végètent un grande nombre de musulmans ni de justice à double vitesse, pas de violences policières ni de meurtres impunis, pas de réorientation massive des élèves musulmans vers les filières professionnelles, pas de récurrence des déclarations racistes des personnalités politiques, pas d’acharnement médiatique contre les jeunes issus de l’immigration, pas de lois discriminatoires envers les musulmans ni de reconduites quotidiennes à la frontière, pas même d’agressions racistes dans la rue. Alors si l’islamophobie est pure construction imaginaire, que faisait Tarek Oubrou au rassemblement du 10 octobre 2009 à Pessac dénonçant l’agression raciste par quatre individus d’une jeune musulmane ? Et il va jusqu’à prétendre que si l’islamophobie existe, c’est qu’elle est provoquée par les musulmans eux-mêmes. Alors faut-il supprimer les musulmans pour supprimer le racisme islamophobe ? C’est exactement le mode de pensée du raciste primaire. Il est maintenant évident que la classe politique et les islamophobes en tout genre ont trouvé en Tarek Oubrou un fidèle serviteur.

L’islamophobie, en tant qu’idéologie dominante, crée une représentation inversée de la réalité sociale. Par un mécanisme de projection inversée, elle impute à la cible de ses attaques, aux musulmans, un état d’arriération mentale qui est celui de la psychologie raciste. Les classes dominantes en France sont islamophobes par nécessité sociale, ce racisme constituant en quelque sorte un ethos de classe. L’exploitation forcenée des semi-prolétaires immigrés a besoin d’une justification idéologique, en l’occurrence le racisme anti-musulman. Mais cette islamophobie est assumée et constitue une ressource politique pour assoir une domination qui en tant que telle serait fragile. En même temps, elle s’avère être un puissant moyen d’éloigner les soutiens possibles à la cause palestinienne en France. C‘est pourquoi les agents actifs de l’islamophobie sont aussi souvent de fervents partisans d’Israël. La question sociale et la cause palestinienne sont donc consubstantiellement liées. La classe politique ne s’y est pas trompée en élevant le sionisme au rang d’idéologie officielle de l’Etat Français. En ce qui concerne les dominés, le niveau d’implication dans le soutien à la cause palestinienne constituera sans doute le révélateur de l’autonomie de leur mouvement et de leur maturation politique.

Comité Action Palestine




Antifascistes encore un effort… si vous voulez l’être vraiment !

Bricmont-CSOJ[1]Article de Jean Bricmont publié le 21 octobre 2009 par l’ISM .

Comment ne pas voir que le discours sur l’holocauste est instrumentalisé pour soutenir Israël et pour faire taire les critiques (la question n’étant pas de « mettre en cause » l’holocauste, mais de se demander pourquoi cet événement doit déterminer notre politique étrangère) ? Le temps où une majorité de gens aimait réellement Israël, « la seule démocratie au Moyen-Orient », « la villa au milieu de la jungle » etc. est passé. Mais l’étape qui reste à franchir, pour qu’une autre politique envers le Moyen-Orient soit possible, est de libérer la parole et de faire cesser l’intimidation et la culpabilisation à propos de tout ce qui concerne Israël et le sionisme.

« Pour guérir radicalement la censure, il faudrait la supprimer car l’institution est mauvaise et les institutions sont plus puissantes que les hommes. » Karl Marx (1 )

Divers amis se sont inquiétés du fait que mon nom soit cité dans un article (non signé) de REFLEX , intitulé « Procès Dieudonné – Faurisson : la Cour des Miracles négationnistes » et relayé par l’AFPS , Bellaciao .

J’ai donc lu l’article avec attention ; il s’attaque à un certain nombre de gens qui ont assisté au procès de Dieudonné et Faurisson, suite au spectacle du Zénith (2 ) et particulièrement à Paul-Eric Blanrue, auteur du livre « Sarkozy, Israël et les juifs » dont j’ai recommandé la lecture. Cet article est intéressant parce qu’il illustre tous les défauts d’une certaine « gauche antifasciste ».

Le fond de l’affaire tourne autour de la liberté d’expression. Ayant expliqué ailleurs mon point de vue à ce propos, je ne vais pas y revenir en détail. Et, avant de continuer, je voudrais souligner (même si cela devrait être inutile) que défendre la liberté d’expression de X ne signifie nullement approuver les idées de X. Cette défense découle seulement d’une réflexion sur les principes de droit sur lesquels repose une société démocratique. Et, dans une société réellement démocratique, il y aura nécessairement une telle multiplicité d’opinions qu’il est impossible de les approuver toutes – mais on peut néanmoins considérer que l’expression de toutes ces idées, aussi folles et mutuellement contradictoires qu’elles soient, doit être légale. La liberté d’expression est un principe fondamental de la démocratie, et pas, comme on le dit trop souvent, un « prétexte » pour « soutenir » X ou Y. Il est pour le moins étrange que des « antifascistes » approuvent le fait que l’on rende, comme l’a dit Chomsky à propos de l’affaire Faurisson, un triste hommage aux victimes de l’holocauste en adoptant la doctrine centrale de leurs bourreaux, à savoir qu’il appartient à l’Etat de déterminer la vérité historique et de condamner ceux qui ne s’y conforment pas.

Mais, même si l’on ne partage pas ce point de vue, la question de la pente glissante se pose : jusqu’où ira-t-on dans la répression des opinions « scandaleuses » ? On requiert un an de prison (avec sursis) contre Dieudonné pour un sketch. On est évidemment libre d’estimer ce sketch de très mauvais goût, insultant, et le condamner moralement (3 ). Mais un an de prison (même avec sursis) ? Que répondra-t-on aux Noirs et aux Musulmans qui pourraient se sentir insultés par d’autres sketches (y compris certains sketches de Dieudonné) ? Comment éviter que les Musulmans, qui se considèrent insultés par les caricatures du Prophète, et l’impunité dont elles jouissent (heureusement), n’y voient une nouvelle preuve du « deux poids, deux mesures » à leur égard (4) ? Aujourd’hui, divers courants au sein de l’Union Européenne veulent sacraliser la mémoire des « victimes du communisme ». Où s’arrêtera-t-on? Une partie de la gauche s’inquiète de cette dernière sacralisation – mais peut-être aurait-elle été mieux avisée de ne pas entrer, justement à propos des victimes du fascisme, dans le jeu de la sacralisation.

A mon humble avis, c’est cette constante restriction de la liberté d’expression qui devrait donner « froid dans le dos » aux antifascistes véritables.

Par une pure coïncidence, cette affaire Dieudonné se produit en même temps que la levée de boucliers du monde intellectuel et artistique en faveur de Roman Polanski. Alors que, dans cette dernière affaire, le « talent artistique » semble tout permettre, même des miracles, comme le fait de commettre une erreur de jeunesse (dixit BHL) à 43 ans, ou d’avoir des rapports sexuels avec une mineure non consentante sans commettre de viol (dixit Costa-Gavras), pas un mot n’est prononcé par ce même monde intellectuel et artistique en faveur de Dieudonné qui, au cours de toute sa carrière, n’a jamais été « coupable » que de délit d’opinion. Dans le cas de Polanski, le fait qu’une fille pose nue (Finkielkraut) ou paraisse plus âgée qu’elle n’est (Costa-Gavras), ou que le violeur soit une victime (du nazisme et du communisme-Finkielkraut et BHL) sert de circonstance atténuante. Finkielkraut vit dans « l’épouvante ». Lelouch compare la police suisse à la Gestapo. BHL en appelle à l’esprit de tolérance suisse, mentionnant Voltaire, comme si c’était Polanski et non Dieudonné qui était poursuivi pour délit d’opinion. Etrange époque où la lutte contre « l’ordre moral » et contre le « fascisme », ou encore le « il est interdit d’interdire », mènent simultanément à la complaisance à l’égard du viol et au rejet de la simple liberté d’expression.

L’article de REFLEXes soulève aussi le problème du « guilt by association », de la culpabilité par association, fortement dénoncée aux Etats-Unis, surtout dans la gauche, parce que c’était une des armes favorites du Maccarthysme. Que viennent faire dans cet article Michel Collon, la librairie Résistances et moi-même ? Michel Collon rien, à part le fait que j’en suis « proche ». Mais pourquoi le citer lui et pas Noam Chomsky, Alan Sokal, Régis Debray, Anne Morelli, ou quantité d’autres, dont je suis tout aussi « proche » ?

La Librairie Résistances , elle, a été attaquée par des nervis sionistes et a tenu un meeting en plein air suite à cette agression, au cours duquel Me Bastardi Daumont, avocat de Blanrue et de Faurisson, a pris la parole. Où est le crime ? Que reproche-t-on à Me Bastardi Daumont ? Suggère-t-on que Faurisson ne doit pas avoir d’avocat, contrairement aux pires assassins ? S’il doit bien en avoir un, est-ce un crime d’être celui-là ? Pense-t-on qu’un avocat partage nécessairement les vues de son client ? Pourquoi cette coïncidence (être à la fois l’avocat de Blanrue, de Faurisson et participer au meeting de soutien à la librairie) ? Sans doute parce que, précisément à cause du climat de terreur intellectuelle « antifasciste » qui règne en France, les avocats prêts à défendre le principe de la liberté d’expression ne se bousculent pas au portillon.

Et moi-même ? J’ai lu le livre de Blanrue et je l’ai trouvé salutaire. Bien que moins complet, il est un peu le « Mearsheimer et Walt » français, en ce sens qu’il met, pour la première fois, le doigt sur un problème fondamental de nos sociétés, à savoir l’extraordinaire influence sur notre vie politique des réseaux pro-israéliens (ou du lobby pro-israélien, comme disent Mearsheimer et Walt). Je le lui ai dit et je l’ai autorisé à me citer sur son site. Je ne lui ai pas trouvé d’éditeur, contrairement à ce qu’affirment nos spécialistes de l’antifascisme (et du renseignement), même si j’aurais été heureux de pouvoir le faire. Comme le dit Alain Gresh, le livre de Blanrue « mérite débat » ; mais le livre a été de facto censuré en France, vu que le diffuseur français de son éditeur belge a refusé de le distribuer (initiative extraordinaire de la part d’un diffuseur, si on y réfléchit : qu’est-il advenu du bon vieux capitalisme et de la « soif de profit » ?). De plus, bien que Blanrue soit un auteur relativement connu, aucun grand média ne parle de son livre. La puissance des réseaux sionistes est accrue par le tabou qui empêche de parler d’eux. Le terrorisme intellectuel « antifasciste » ne fait que renforcer ce tabou. Le grand mérite de Blanrue est de tenter de sortir de ce cercle vicieux qui, comme il le souligne d’ailleurs, n’est pas, à terme, « bon pour les juifs ».

Bref, j’apprécie le livre de Blanrue et je le dis. Quelle relation entre cela et le fait qu’il assiste au procès Dieudonné-Faurisson (ce qui, vu les enjeux juridiques de cette affaire, est tout à fait compréhensible) ou qu’il ait eu dans sa jeunesse des activités « suspectes » (aux yeux de la police de la pensée) en Moselle ? Il a été chrétien ? Je vais l’avouer : moi aussi (ainsi, il existe encore des chrétiens en France et en Belgique ; quelle horreur ! Que fait la police ?). Il a été royaliste ? Moi pas, mais en tant que Belge, j’en ai rencontré beaucoup et je n’ai pas remarqué qu’ils mangeaient des enfants au petit déjeuner. Et j’ai connu assez de gens qui ont, dans leur jeunesse, fait une apologie sans nuance de Staline, de Mao, ou de toute forme de violence, pourvu qu’elle soit « révolutionnaire » (et dont certains se sont recyclés dans l’antifascisme), pour que le genre d’accusations portées contre Blanrue me laisse froid (est-il vraiment si fréquent de trouver des gens en France dont le parcours est, comme dit REFLEXes , « politiquement limpide et irréprochable » ?).

De plus, quand il s’agit d’auteurs comme Heidegger, Céline ou Foucault (oui, oui, même Foucault), il est permis de citer, d’étudier, d’admirer une partie de leur œuvre sans se soucier de ce qu’ils ont dit ou fait par ailleurs, et qui est souvent plus étrange que ce que l’on reproche à Blanrue. Pourquoi ne pourrait-on pas avoir la même attitude par rapport au citoyen Blanrue ? Existe-t-il un principe de Polanski généralisé qui veut que pour des gens suffisamment célèbres (Heidegger et Co.), on puisse parler de leur œuvre ou d’une partie de celle-ci sans parler de la personne ou de l’ensemble de l’œuvre, mais pour les moins célèbres, non ?

J’avoue également avoir un petit problème avec la notion d’extrême droite en France. Pour les « antifascistes », l’extrême droite, ce sont exclusivement les gens qui sont supposés être nostalgiques de Vichy, de la monarchie, de l’Algérie française, qui sont trop souverainistes à leur goût, ou encore, pour certains, les « islamo-fascistes ».

Mais pourquoi la censure n’est-elle pas d’extrême droite ? Pourquoi l’apologie de la guerre (et la négation de crimes de guerre) à Gaza, au Liban, en Afghanistan et en Irak ne l’est-elle pas ? Pourquoi le fait de considérer qu’un peuple a le droit de s’installer sur la terre d’un autre et de l’en chasser à jamais (c’est-à-dire en lui refusant tout droit au retour) n’est-il pas d’extrême droite ? Pourquoi n’est-il pas d’extrême droite de célébrer comme démocratique (avilissant ainsi ce concept) un Etat défini explicitement sur une base ethnique (5 ) ? Pourquoi la notion de culpabilité collective (appliquée au peuple allemand, français etc.) n’est-elle pas de « l’essentialisme raciste » et donc d’extrême droite ? N’est-ce pas encore plus le cas quand cette culpabilité devient transmissible aux descendants ?

Si l’on veut bien élargir ainsi la notion d’extrême droite (ce qui me semble justifié d’un point de vue conceptuel et historique), on se rend compte que le gouvernement français, la plupart des médias et des intellectuels, et bien sûr, une bonne partie de la « gauche antifasciste » sont d’extrême droite, ce qui complique considérablement la nécessaire « lutte contre l’extrême droite ». Il ne suffit pas de ne pas « ouvrir son antenne » à Soral ou à de Benoist, mais il faudrait la refuser à pratiquement tout le monde. De plus, l’extrême droite la plus dangereuse est-elle celle de la « nostalgie », ou celle qui influence la politique et la pensée occidentale actuelles ?

Finalement, il est regrettable de voir que des articles comme celui de REFLEXes sont repris par des associations pro-palestiniennes comme l’AFPS (ou Bellaciao ). Bien sûr, ils ont le droit de le faire, là n’est pas la question. Mais le fait de diffuser certains articles plutôt que d’autres est un choix politique, et ce choix peut être discuté. Or ce choix signifie que la priorité, pour ces organisations, n’est pas de défendre la liberté d’expression mais bien de hurler avec les loups dans la dénonciation des « méchants » (Dieudonné, Blanrue etc.).

Comment ne pas voir que le discours sur l’holocauste est instrumentalisé pour soutenir Israël et pour faire taire les critiques (la question n’étant pas de « mettre en cause » l’holocauste, mais de se demander pourquoi cet événement doit déterminer notre politique étrangère) ? Le temps où une majorité de gens aimait réellement Israël, « la seule démocratie au Moyen-Orient », « la villa au milieu de la jungle » etc. est passé. Mais l’étape qui reste à franchir, pour qu’une autre politique envers le Moyen-Orient soit possible, est de libérer la parole et de faire cesser l’intimidation et la culpabilisation à propos de tout ce qui concerne Israël et le sionisme.

La « solidarité avec la Palestine » commence ici , principalement dans la lutte contre les réseaux pro-israéliens. Diffuser et faire connaître le livre de Blanrue, ou celui de Mearsheimer et Walt, défendre la liberté d’expression, aider à libérer le discours et à ouvrir le débat, c’est réellement « aider la lutte des Palestiniens », et c’est l’aider de façon essentielle.

Nous ne devons pas montrer aux sionistes que nous sommes « gentils », en nous « démarquant » sans arrêt de X ou de Y qui a eu une parole trop dure ou trop franche, mais montrer que nous sommes libres et que le temps de l’intimidation est passé. Heureusement, de même que les Palestiniens résistent, il existe encore des gens en France qui défendent les principes les plus élémentaires de la République et de la laïcité. Il ne reste plus qu’à souhaiter que les « antifascistes » se joignent à eux.

Jean Bricmont

Notes de lecture :

1 . Remarque sur la récente réglementation de la censure prussienne, 1842, Textes philosophiques , 1842-1847, Cahier Spartacus, no 33, 1970.

2 . Au cours duquel (en décembre 2008) Dieudonné fit remettre un « prix de l’infréquentabilité et de l’insolence» à Robert Faurisson, par son assistant déguisé en costume de déporté. Suite à cela, Dieudonné est poursuivi, entre autres, pour insultes à caractère raciste.

3 . Il faut néanmoins rappeler que si la liberté d’expression était respectée en France, il n’y aurait jamais eu d’affaire Faurisson, ce dernier serait probablement inconnu et il n’y aurait probablement pas eu le show du Zénith. La censure incite toujours à la transgression et il n’y a aucune raison de penser que l’affaire du Zénith soit la dernière du genre, quelles que soient les peines qui seront prononcées.

4 . Voir la vidéo pour une illustration de ce sentiment d’injustice.

5 . Par exemple, où faut-il situer sur le spectre politique la citation suivante : « Si l’on regarde une carte du monde, en allant vers l’est : au-delà des frontières de l’Europe, c’est-à-dire de la Grèce, le monde démocratique s’arrête. On en trouve juste un petit confetti avancé au Moyen-Orient : c’est l’État d’Israël. Après, plus rien, jusqu’au Japon. […] Entre Tel-Aviv et Tokyo règnent des pouvoirs arbitraires dont la seule manière de se maintenir est d’entretenir, chez des populations illettrées à 80%, une haine farouche de l’Occident, en tant qu’il est constitué de démocraties. » Elle est de Philippe Val (dans Charlie-Hebdo , 26 juillet 2006), ancien directeur de Charlie-Hebdo et actuel directeur de France Inter . Voir Le plan B , Frappes médiatiques sur le Liban , 5 janvier 2009 ; ce journal précise : « selon le Rapport des Nations unies sur le développement humain de 2003, seuls trois pays au monde avaient alors un taux d’illettrisme supérieur à 80%. Et aucun d’entre eux n’était situé entre Tel-Aviv et Tokyo, puisqu’il s’agissait du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Ailleurs, entre Tel-Aviv et Tokyo, le taux d’illettrisme était de 23% en Iran, de 9% en Chine, de 7% aux Philippines. Et… de 13% au Liban. »

Source : http://www.ism-france.org/