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Bordeaux-Haïfa : un match de football…très politique (suite)

fussballFP1[1]L’Etat israélien jouit d’un statut d’exception. En Europe et aux Etats-Unis, jamais condamné, jamais inquiété pour ses crimes. Mieux : tout ce qu’il peut faire est d’avance légitimé, justifié par les braillards sionistes et les autorités françaises dociles et soumises face au sionisme. A l’occasion du match Bordeaux-Haïfa, on a pu vérifier que lorsqu’il s’agit d’Israël, les autorités françaises n’ont aucun scrupule à suspendre la « liberté de manifester » : à proximité du stade Chaban Delmas une petite poignée de militants pro-palestiniens a été encerclée par un double cordon de CRS pour les empêcher de manifester et de dénoncer la politique criminelle d’Israël. Dans l’enceinte du stade des drapeaux palestiniens ont été violemment arrachés par les agents de sécurité. Pendant ce temps les drapeaux de l’Etat criminel pouvaient flotter au vent…

Mais il ne faut pas s’y tromper : la force et la justesse du combat palestinien font peur, très peur au point qu’il est nécessaire de mettre en place des moyens disproportionnés pour intimider ceux qui le soutiennent. Le préfet de Gironde s’est-il empressé d’obéir aux ordres des vigiles sionistes ? Il faut dire que le Bureau de Vigilance Contre l’Antisémitisme {qui devrait plutôt s’intituler Bureau de Vigilance Pour le Sionisme} avait ordonné : « Nous considérons qu’il serait temps de mettre hors d’état de nuire ceux qui, par leurs sites, notamment, appellent au boycott, incitent à la haine d’Israël et des Israéliens, car cela pousse immanquablement à l’acte anti-juif ».

Boycotter et manifester contre un Etat colonial et raciste, quel crime horrible !

Mais notre détermination est intacte, nous serons toujours aux côtés du peuple palestinien pour revendiquer la justice et l’éradication du colonialisme sioniste.

Voir notre tract et l’appel à manifestation.




Bordeaux-Haïfa : un match de football…politique

fussballFP1[1]Tract du CAP publié en septembre 2009 à l’occasion du match de footbal Bordeaux – Maccabi Haifa.

On entend souvent dire que le sport n’a rien à voir avec la politique. Peut-être. Mais dans le cas de ce match, le sport est d’abord politique. La question est ici :

Pourquoi une équipe de foot israélienne joue- t-elle dans un championnat européen ?

On ne peut y répondre qu’à la condition de savoir que l’Etat d’Israël jouit, au niveau mondial, d’une situation d’exception.

Pour vous en convaincre, nous vous invitons aussi à réfléchir aux questions suivantes :

* Pourquoi Israël a-t-il accès aux subventions distribuées aux pays européens dans la plupart des programmes de financement de l’Union européenne ?

* Pourquoi l’Etat d’Israël n’a-t-il pas de frontières définies ?

* Pourquoi l’Etat d’Israël n’a-t-il pas de constitution ?

* Pourquoi l’Etat d’Israël n’applique-t-il pas les centaines de résolution de l’ONU relatives aux droits du peuple palestinien ?

* Pourquoi l’Etat d’Israël peut-il commettre depuis 60 ans des crimes de guerre et des crimes contre l’Humanité (comme à Gaza en janvier 2009) sans être inquiété ?

* Pourquoi Israël n’accepte-t-il pas le droit de retour chez eux {reconnu par l’ONU} de près de 6 millions de réfugiés palestiniens ?

* Pourquoi Israël peut-il emprisonner des milliers de Palestiniens, hommes, femmes, enfants, et pratiquer sur eux les tortures les plus abjectes, kidnapper des élus et les détenir sans aucune forme de procès ?

* Pourquoi Israël a-t-il rayé de la carte tout un pays : la Palestine ?


Un petit rappel historique sur Haïfa

Haïfa est une ville palestinienne occupée par Israël depuis 1948, date de la création de cet Etat. En avril 1948, une grande partie de sa population palestinienne a été expulsée et jetée à la mer par les milices juives avec l’aide de la Grande Bretagne. Haïfa est le symbole de l’épuration ethnique sur laquelle est établi l’Etat d’Israël. Aujourd’hui les Palestiniens qui y vivent toujours, comme tous les Palestiniens de 48, sont soumis à une politique discriminatoire et d’apartheid et menacés à leur tour d’expulsion.

Le Comité Action Palestine dénonce tout type de collaboration avec cet Etat colonial, raciste et criminel.

Soutien à la Résistance du peuple palestinien contre l’occupation coloniale de son pays.

Voir les actions à venir




Bordeaux-Ashdod, le honteux jumelage

juppe_netanyahu[1]Dans le cadre de son jumelage avec la ville israélienne de Ashdod , Bordeaux s’apprête à accueillir, au cours de l’été 2009, quinze jeunes israéliens pour un échange entre les centres d’animation des deux villes.

Nous ne cessons de dénoncer ce jumelage avec une ville emblématique de la politique coloniale sioniste basée sur la négation du peuple palestinien.

Nous vous appelons ainsi à manifester votre refus de cautionner ce projet et à écrire massivement à ses responsables pour empêcher la venue prochaine à Bordeaux de ces jeunes israéliens.


Venue des jeunes d’Ashdod à Bordeaux : D’après les dernières informations que nous avons recueillies, le séjour de 15 jeunes de Ashdod à Bordeaux au cours de cet été se précise. Les centres d’animation de St Pierre et Monséjour (Caudéran) seraient concernés. Nous vous demandons de protester de toute urgence auprès de la Mairie de Bordeaux, de la Mairie d’Ashdod, des centres d’animation de Bordeaux et de l’association « Bordeaux-Ashdod-Israël » pour exiger que ce séjour soit annulé.

* Mairie de Bordeaux, Hôtel de ville, Place Bey Berland, 33 077 Bordeaux cedex
– Cabinet du Maire,
– Direction des relations internationales,
– Alain Cazabonne, adjoint au maire, chargé des relations internationales

Et par mail, via le site de la mairie de Bordeaux : www.bordeaux.fr (au bas de la page web, contact)

* Mairie de Ashdod : www.ashdod.muni.il

* Association des Centres d’animations de quartiers de Bordeaux, 10 rue Vilaris, BP50, 33800 Bordeaux
http://www.centres-animation-quartiers-bordeaux.eu/nous-contacter

* Association Bordeaux-Ashdod-Israël, BP12, 33036 Bordeaux


Bordeaux est jumelée avec la ville israélienne d’Ashdod depuis 1984. Fondée en 1956 sur les ruines du village palestinien d’Isdud détruit en 1948 par les forces militaires juives lors de la création d’Israël, la ville d’Ashdod est l’exemple même de la politique sioniste de destruction de la Palestine et de mystification de son histoire. Les 4000 habitants palestiniens de l’époque ont tous été expulsés et se sont pour la plupart réfugiés dans la région de Gaza. Après plus de 60 ans, ces Palestiniens et leurs descendants sont des réfugiés qui attendent toujours, comme les 6 millions de réfugiés palestiniens, l’application de leur droit au retour sur les terres dont ils ont été chassés. Pourtant à Ahsdod chaque année, 10 000 nouveaux colons venus de Russie, d’Amérique Latine et de France viennent s’installer.

Bordeaux s’enorgueillit d’être la jumelle de cette ville coloniale au point de colporter les mythes sionistes de sa création et de nier sa véritable histoire. En effet suite à un bref déplacement à Ashdod en novembre 2006 afin de redynamiser ce jumelage, Jacques Valade déclarait au Journal Sud-Ouest (30/11/2006): « une ville de 200 000 habitants, désormais le premier port du pays alors qu’il y a cinquante ans, il n’y avait que du sable ». Nous avions dénoncé cette réécriture de l’histoire dans un courrier adressé à Mr Valade le 20 décembre 2006. Cette lettre est restée sans réponse et on peut toujours lire sur le site de la ville de Bordeaux que Ashdod est construite sur un site biblique (sic). Deux mille années d’histoire de la localité, et notamment son passé arabe, sont tout simplement passées sous silence.

Enfin, il est possible de lire sur votre blog en date du 10 janvier 2009, alors que les massacres perpétrés à Gaza par l’armée israélienne sont à leur paroxysme (massacres que vous dénoncez d’ailleurs), que vous êtes attaché à l’intégrité d’Israël et que vous admirez son peuple, si créatif et si courageux. De quelle intégrité voulez-vous parler ? De son intégrité morale ? Les plans sionistes de colonisation de la Palestine et d’épuration ethnique de ses habitants autochtones depuis le début du 20ème siècle sont maintenant connus de tous. Par ses mythes fondateurs « d’une terre sans peuple pour un peuple sans terre », Israël a tout simplement réécrit l’histoire. De son intégrité territoriale, principe de droit international ? Nous ne vous apprendrons pas que l’Etat d’Israël n’a pas de frontières définies. Concernant Ashdod, cette ville est d’ailleurs située dans la partie palestinienne du plan de partition voté à l’ONU en novembre 1947. Seraient-ce donc ces mensonges et cette négation de l’histoire qui forgent votre admiration?

Aujourd’hui, nous constatons que dans le cadre de ce jumelage une convention de partenariat entre l’association des centres d’animation de quartiers de Bordeaux et les centres de quartiers d’Ashdod a été actée à l’unanimité des conseillers municipaux de la ville de Bordeaux présents (délibéré du 27/10/2008). Ainsi il est prévu, entre autres, qu’un groupe de 15 jeunes d’Ashdod soit accueilli en juillet 2009 pour rencontrer des jeunes bordelais et qu’ils réfléchissent ensemble à la notion d’enrichissement par la diversité culturelle (Revue Maillage, décembre 2008). Est-ce cette histoire réécrite par les sionistes que les jeunes bordelais vont apprendre des jeunes colons d’Ashdod ? Est-ce du soutien massif de l’immense majorité des israéliens aux massacres de Gaza que les jeunes de Ashdod sont invités à témoigner comme marque de tolérance et de respect mutuel entre les cultures ?

Depuis sa création, le Comité Action Palestine n’a de cesse de dénoncer les mensonges sionistes et ceux qui collaborent à cette propagande en niant le peuple palestinien et son droit à l’autodétermination. Comme nous l’avons annoncé à plusieurs reprises, notre association fera tout le nécessaire pour empêcher les actions menées dans le cadre de ce jumelage, et in fine pour qu’il soit arrêté. C’est pourquoi, nous vous demandons que cette rencontre de jeunes soit annulée. Les jeunes bordelais n’ont pas à cautionner la politique collaborationniste de leur ville.

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En Palestine occupée, le peuple Palestinien est toujours debout, uni depuis plus de soixante ans contre l’infernale machine de guerre coloniale israélienne et contre tous ceux qui la soutiennent. Il nous indique la voie à suivre.

Nous, membres du Comité Action Palestine, nous sommes à ses côtés sur ce chemin pour réaffirmer que la Palestine est arabe, et soutenir sa lutte jusqu’à la victoire de la résistance et la satisfaction des revendications légitimes :

La fin de l’occupation et le droit à l’autodétermination,

Le droit inaliénable au retour des réfugiés palestiniens chez eux

La libération de tous les résistants emprisonnés




La bataille de Gaza et ses retombées politiques et diplomatiques

img4992064c28462[1]Dans un article analytiquement dense et riche par la variété des questionnements, Mohamed Tahar Bensaada aborde, sous l’angle de la problématique clausewitzienne du rapport de la guerre à la politique, les conditions dans lesquelles la victoire militaire et psychologique de la résistance dirigée par le Hamas à Gaza peut se transformer en victoire politique et diplomatique. 

Après trois semaines de combat, l’échec du pouvoir sioniste et de son armée est patent puisqu’ils ont du lamentablement abandonner le terrain sans remplir aucun des objectifs qu’ils s’étaient fixés au départ. La victoire militaire de la résistance à Gaza se double d’une victoire psychologique pour tous les peuples arabes qui ont pris conscience de la vulnérabilité d’Israël, battu deux fois en l’espace de deux ans et demi, la première par le Hezbollah en juillet 2006.

Le succès du Hamas dans la bataille de Gaza a immédiatement générer des gains politiques et diplomatiques pour la résistance : mobilisation des peuples arabes, mouvement de solidarité internationale, délégitimation de l’autorité palestinienne cherchant à tout prix à négocier un gouvernement d’union nationale, sommet de Doha appelant la rupture des relations avec Israël, sommet de Koweït s’engageant à financer la reconstruction de Gaza.

Malgré les acquis notables pour la résistance palestinienne en termes politiques et diplomatiques, le problème de la conversion du succès militaire en victoire politique incontestable est toujours en suspend et dépend de plusieurs conditions : le maintien de la légitimité du Hamas à Gaza qui passe par la reconstruction et la sortie de la crise humanitaire, l’unification de la résistance à l’échelle de La Palestine, la poursuite de la mobilisation en Europe qui permettra de faire pression sur le gouvernement israélien. Ainsi, les rapports de force politiques qui se jouent aujourd’hui en Palestine mais aussi dans le monde arabe et en Europe vont être déterminants pour la consolidation de la victoire de la résistance palestinienne et la fragilisation du clan impérialiste dans la région.

COMITE ACTION PALESTINE

La bataille de Gaza et ses retombées politiques et diplomatiques, par Mohamed Tahar Bensaada

Le Hamas a eu raison de proclamer sa victoire sur son agresseur israélien obligé à un cessez-le-feu unilatéral et à un retrait de ses forces militaires alors que, quoiqu’en disent ses propagandistes zélés dans les médias occidentaux, il n’a réalisé aucun des objectifs affichés au départ de son agression militaire. Rares étaient les observateurs qui s’attendaient à une telle résistance héroïque de la part des composantes militaires du mouvement national palestinien et du Hamas en particulier.

Sans bénéficier des armes dont l’Iran a doté son allié le Hezbollah, notamment les missiles anti-char de fabrication russe, les résistants palestiniens ont donné une leçon de bravoure et de tactique de guérilla à l’armée israélienne.

Cette deuxième déconfiture en deux ans et demi, après celle du Liban de 2006, d’une armée dont la puissance supposée constitue à la fois un facteur de légitimation interne et un facteur d’intimidation externe va sans doute peser lourd dans les prochains calculs des stratèges israéliens et de leur parrain américain.

C’est une victoire psychologique de premier ordre pour le peuple palestinien et pour tous les peuples arabes qui vont intérioriser la leçon donnée par le Hezbollah et le Hamas, à savoir qu’Israël, malgré toute son armada militaire, s’avère impuissant face à une guérilla bénéficiant d’un soutien populaire indéfectible.

Mais cette victoire de la résistance palestinienne et de l’élan de solidarité populaire internationale ne doit pas faire oublier les enjeux et les défis politiques et diplomatiques immenses qui attendent le peuple palestinien dans la nouvelle étape qui s’ouvre.

Le principal enjeu d’où découlent tous les autres peut être résumé par la question suivante : Ce qu’Israël n’a pu obtenir militairement au bout de trois semaines de bombardements intenses et sauvages par air, mer et terre, le pourra-t-il par la voie diplomatique, grâce notamment à ses alliés occidentaux et la complicité du régime de Moubarak ?

Les évènements politiques et diplomatiques qui se sont accélérés depuis le sommet du 16 janvier à Doha, s’ils sont bien analysés, permettent de dessiner quelques tendances contradictoires dont l’issue finale dépendra de la détermination de chacun des protagonistes de la scène géopolitique régionale à arracher le maximum de concessions en faveur de ses intérêts stratégiques.

Retombées politiques

Sur le plan politique, mêmes les observateurs hostiles à la ligne politique du Hamas reconnaissent que même affaibli militairement, ce qui reste à prouver, ce dernier est sorti vainqueur politiquement dans la mesure où l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a commencé à perdre ce qui lui restait de légitimité en Cisjordanie à partir du moment où l’agression israélienne paraissait chaque jour davantage enlisée dans le bourbier de Gaza.

L’Autorité de Abbas ne pouvait sortir gagnante de cette bataille qu’à la condition que le Hamas soit détruit ou chassé de Gaza. Il faut croire que cette direction politique n’a pas seulement trahi la cause nationale de son peuple qu’elle est supposée défendre mais qu’elle a aussi commis une grave erreur de calcul tactique dans la mesure où elle a parié sur un résultat qui n’était pas d’avance garanti.

Les informations qui ont filtré indiquent que Abbas a réuni ses cadres militaires et policiers dès le commencement de la phase terrestre de l’agression israélienne en vue les préparer à rentrer à Gaza, à la suite des chars israéliens. Peine perdue, ses amis israéliens ne semblent exceller que dans les batailles aériennes et maritimes et que même cachés derrière leurs chars, leurs fantassins s’avèrent lamentables !

Reste à savoir qu’elles seraient les retombées de l’affaiblissement de l’Autorité de Abbas et du renforcement moral du Hamas dans un possible reclassement politique sur la scène palestinienne. Consciente de la nouvelle donne imposée par la bataille de Gaza, Abbas vient de lancer un appel aux dirigeants de Hamas en vue de constituer un gouvernement d’ « entente nationale » qui aura à affronter les quatre urgences de l’heure :

1.la prise en charge de la tragédie humanitaire laissée par l’agresseur israélien ;

2.la levée du blocus imposé à Gaza et l’ouverture des passages et notamment celui de Rafah ;

3.la reconstruction de Gaza après les dévastations qu’ont fait subir les bombardements israéliens ;

4.la préparation d’élections présidentielles et législatives dans les plus brefs délais.

Le fait que Abbas propose ce gouvernement d’ « entente nationale » est déjà en soi une victoire politique pour le Hamas et les autres composantes de la résistance palestinienne. Mais certains dirigeants du Hamas, qui n’a pas encore répondu officiellement à l’offre de Abbas, semblent se méfier et craignent une manœuvre politique destinée à piéger la résistance. Au vu des graves dérives auxquelles s’est laissé aller le gouvernement de Abbas dans sa collaboration criminelle avec l’occupant, il y a de quoi se méfier à juste titre.

Mais au vu des contraintes régionales et internationales actuelles et surtout au vu des attentes de l’opinion palestinienne elle-même, la résistance palestinienne a-t-elle un autre choix que celui du dialogue et de l’entente nationale ? Sur le principe, le Hamas ne refuse pas le dialogue et l’entente mais pose des conditions et exige des garanties. Le sommet qui aura lieu bientôt au Caire permettra d’éclairer ce point et montrera jusqu’à quel point le Hamas est capable de transformer sa victoire militaire, morale et psychologique sur l’agresseur israélien à Gaza en victoire politique.

Reste à savoir quelle forme pourrait prendre une victoire politique dans les circonstances que traverse actuellement la lutte du peuple palestinien. L’idéologue palestinien des territoires de 1948, Azmi Bichara, a appelé récemment à la reconstruction de l’Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP) autour notamment du Hamas, du Djihad islamique et du Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP).

Sans nul doute, une telle perspective, si elle venait à se réaliser et à impliquer la composante nationale du Fatah qui refuse de suivre Abbas dans sa ligne capitularde, serait une grande victoire politique du peuple palestinien à la hauteur des sacrifices de Gaza. En tout état de cause, les Palestiniens ne pourront pas engranger les fruits politiques de leur résistance héroïque, ni peser sérieusement sur les acteurs régionaux et internationaux, tant qu’ils resteront divisés, même si l’unification tant souhaitée ne saurait se faire au détriment des droits nationaux inaliénables du peuple palestinien.

Mais le défi politique le plus urgent qui attend la résistance palestinienne et à sa tête le Hamas à Gaza au lendemain d’une agression aussi barbare et aussi destructrice est celui de l’opinion publique interne. Le peuple palestinien à Gaza a montré des qualités de courage, de patience et de dignité remarquables tout au long des trois semaines infernales qu’il a subies. La victoire militaire du Hamas ne doit pas lui faire oublier cet aspect capital.

Aider la population de Gaza à traverser l’épreuve humanitaire difficile de l’après-guerre n’est pas seulement un devoir moral impérieux. C’est aussi une exigence politique de premier ordre si on n’oublie pas que la destruction des institutions et des infrastructures civiles poursuivie systématiquement par l’agresseur israélien s’inscrivait dans le but de retourner une population excédée contre le Hamas.

Le maintien de l’ordre, la chasse aux traîtres et la surveillance étroite des menées hostiles qui vont se multiplier à Gaza, s’ils évitent les excès de l’autoritarisme et de la répression et restent circonscrits dans les limites du droit et de la justice, constitueront un facteur de renforcement de la cohésion nationale, qui reste le bien le plus précieux des Palestiniens dans cette étape difficile.

La prise en charge urgente des besoins humanitaires, sociaux et médicaux de la population, grâce notamment à une gestion rigoureuse et rationnelle de l’aide arabe et internationale, constitue également un enjeu politique majeur dont l’issue déterminera pour une grande la capacité de la résistance à garder son enracinement populaire, gage de sa solidité face à un adversaire plus riche et plus puissant.

Retombées diplomatiques

Grâce à leur courage, leur solidité mentale et leur application rigoureuse et disciplinée des consignes tactiques qui leur ont été données par leur commandement, les résistants palestiniens ont écrit à Gaza une des plus belles pages de la résistance populaire contre l’occupant à travers le monde. Les retombées diplomatiques sont immenses et ce n’est pas un hasard si les médias occidentaux, qui se font le relais zélé de l’agresseur israélien, ont passé sous silence ces retombées dans le but de minimiser la victoire de la résistance palestinienne et de détourner l’attention de l’opinion publique mondiale des véritables enjeux de la bataille diplomatique qui s’ouvre désormais dans la région.

La résistance héroïque de Gaza durant trois semaines de bombardements intenses et de privations mais aussi la rue arabe et le mouvement de solidarité internationale ont eu raison de l’acharnement militaire de l’agresseur israélien obligé de constater, avec ses alliés occidentaux, que les pertes d’une telle guerre risquaient désormais d’être plus importants que ses gains.

Mais c’est sur la scène régionale arabe que la résistance palestinienne et la colère de la rue arabe ont eu des retombées diplomatiques inattendues. En appelant, même tardivement, à un sommet arabe de solidarité avec la résistance palestinienne, le petit émirat de Qatar, qui entretenait pourtant des relations avec l’Etat d’Israël, a créé la surprise. Le mur du silence officiel arabe a été brisé. Certes, le sommet de Doha du 16 janvier n’a pas rassemblé la majorité des Etats arabes mais en réunissant les chefs d’Etat du Qatar, de la Syrie, de l’Algérie, du Soudan, de la Mauritanie, de l’Iran et surtout du président du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, ce sommet a annoncé clairement la couleur.

Il ne s’agissait pas seulement de dénoncer l’agression barbare israélienne contre le peuple palestinien. Il s’agissait aussi d’affirmer le soutien à la résistance palestinienne légitime et d’appeler à la suspension des relations avec Israël. Le Qatar et la Mauritanie ont annoncé lors de ce sommet la fermeture des représentations israéliennes dans leurs capitales respectives et ont appelé les autres Etats arabes concernés à faire de même.

Quelles que soient les arrière-pensées attribuées aux Etats présents au sommet de Doha et quelques que soient les limites de ce sommet, il est désormais acquis que la résistance palestinienne peut désormais compter ouvertement sur un certain nombre d’Etats dotés de capacités politiques et diplomatiques non négligeables pour peu qu’ils les mobilisent sérieusement au service de la cause palestinienne, ce qui ne pourrait se faire sans une pression constance de leurs opinions publiques respectives.

Certes, les Etats présents au sommet de Doha ont échoué à faire endosser leurs revendications par le sommet arabe qui a eu lieu les 19-20 janvier à Koweit. En effet, ce dernier n’a pu aboutir à un consensus concernant le maintien en l’état ou la suspension de la fameuse Initiative de paix arabe adoptée à Beyrouth en 2002.

Les diplomaties égyptienne, saoudienne et jordanienne continuent à jouer sur leur proximité avec les capitales occidentales et l’absence d’alternative militaire crédible à l’alliance stratégique américano-israélienne pour dominer en fin de compte les débats politiques au sein de la Ligue des Etats arabes. Mais comme l’a souligné, à juste titre, l’éditorialiste palestinien d’Al Quds al Arabi, Abdelbari Atwane, le sommet de Koweit a néanmoins enregistré un début de réconciliation inter-arabe sur une base minimaliste qui doit être consolidé et élargi dans la mesure où il s’agit d’un acquis de la résistance palestinienne et de la pression populaire de la rue arabe.

Le principal résultat concret à l’actif du sommet de Koweit reste bien entendu les engagements financiers pris plusieurs Etats arabes pour la reconstruction de Gaza. L’engagement saoudien qui demeure le plus important ( 1 Milliard de dollars) suivi d’autres engagements ( le Qatar promet 250 millions de dollars, l’Algérie 200 millions de dollars) n’est pas négligeable au vu des destructions subies par la société palestinienne à Gaza. Mais cet engagement financier ne doit pas faire oublier ses retombées politiques et diplomatiques qui ne sauraient être neutres. Ce n’est pas un hasard si le sommet arabe s’est clôturé sans prendre une décision finale sur les mécanismes à mettre en œuvre pour dépenser ces sommes colossales tant il n’y avait pas consensus en la matière.

Le conseiller général du Congrès national-islamique, Munir Chafiq, a eu raison d’insister sur le fait que cet argent ne doit pas passer par le gouvernement de Abbas. En effet, le risque n’est pas seulement que cet argent n’aille pas à Gaza mais qu’il serve surtout à alimenter la machine de guerre d’une Autorité corrompue en vue de se renforcer au détriment de la résistance et de préparer le trucage des prochaines élections.

Sous les pressions israéliennes, américaines et européennes, les Etats arabes et surtout l’Egypte vont tout faire pour utiliser la bataille de la reconstruction de Gaza pour prendre leur revanche sur le Hamas à Gaza en tentant de le court-circuiter pour favoriser leurs partenaires politique de l’Autorité de Abbas et surtout pour imposer un cadre de négociations allant à l’encontre des droits nationaux légitimes du peuple palestinien. En d’autres termes, l’enjeu diplomatique crucial de l’heure se résume dans la question : Israël gagnera-t-il la bataille de la reconstruction de Gaza après avoir perdu celle de sa destruction ?

Tel est le véritable enjeu du sommet de Charm el-Cheikh auquel ont accouru précipitamment les principaux Etats européens qui voulaient à la fois transformer la défaite militaire de leur comparse israélien en victoire diplomatique et sauver la face de leur ami Moubarak qui a été floué et humilié par la signature de l’accord sécuritaire israélo-américain sur la surveillance du passage de Rafah et la proclamation israélienne d’un cessez-le-feu unilatéral visant à minimiser le rôle diplomatique de l’Egypte dans la région.

Mais le principal objectif poursuivi par la perfide diplomatie européenne reste bien entendu empêcher coûte que coûte que le Hamas transforme la victoire de Gaza en victoire politique au service de la création d’un nouveau rapport de forces régionales qui serait plus en faveur de la cause nationale du peuple palestinien et des acteurs régionaux qui résistent d’une manière ou d’une autre à la domination américaine, ce qui en dit long sur le rôle de sous-traitant rempli par la diplomatie européenne au service de l’Empire américain dans la région du Moyen Orient malgré tous les discours démagogiques sur une politique étrangère européenne indépendante.

Dans une telle situation, deux solutions s’offrent à la résistance palestinienne. Ou bien elle arrive à arracher un compromis arabe qui finirait par imposer que la reconstruction de Gaza se fasse avec les partenaires qui sont sur le terrain et qui bénéficient de la légitimité démocratique de leur peuple ou bien, dans le cas contraire, elle se voit obligée de se tourner vers les Etats qui la reconnaissent pour qu’elle puisse bénéficier directement de leurs engagements financiers. Même au prix d’efforts incommensurables et de concessions qui ne toucheraient pas l’essentiel, la première solution reste préférable dans la mesure où la seconde solution, si elle renforce à court terme la résistance, pourrait consacrer la division des rangs palestiniens à long terme.

Le rôle de l’opinion publique

Les efforts politiques et diplomatiques en vue d’imposer la première solution dans les prochains jours et les prochaines semaines seront déterminants pour l’issue finale de la bataille future qui attend le peuple palestinien. Le mouvement de solidarité populaire qui a montré sa force durant le siège de Gaza aura d’autres tâches dans les semaines à venir qui ne sont pas moins importantes.

Exiger que l’argent arabe aille avant tout à la population de Gaza qui a subi dans sa chair les destructions sauvages de l’armée israélienne, exiger la poursuite des criminels de guerre israéliens devant les juridictions européennes et internationales, appeler les Etats arabes qui entretiennent des relations avec Israël ( Egypte, Jordanie, Maroc, Tunisie) à suivre l’exemple de Qatar, de Mauritanie, de Bolivie et du Vénézuela, Soutenir la réconciliation inter-arabe et inter-palestinienne sur la base de revendications nationales minimales, appeler à renforcer l’engagement des Etats présents au sommet de Doha au profit de la résistance palestinienne et élargir cet engagement à d’autres Etats restent des tâches minimales pour le mouvement de solidarité arabe à l’égard du peuple palestinien.

Dans la bataille de la reconstruction et de la résistance qui s’annonce, le rôle de l’opinion publique européenne, dont la mobilisation pacifique a constitué un facteur de pression politique et diplomatique important sur le gouvernement israélien, ne sera pas négligeable.

C’est au nom de leurs peuples respectifs que les gouvernements européens s’acharnent à choisir arbitrairement les partenaires qu’ils jugent fréquentables ou non à la table des négociations alors que la véritable question n’est pas qui négocie mais quoi négocier. Veut-on un Etat palestinien viable qui signifie le démantèlement des colonies et le retour des réfugiés ou bien veut-on seulement un Etat dortoir pour surveiller les millions de prolétaires palestiniens obligés d’aller travailler de l’autre côté de la frontière ?

L’opinion européenne acquise à une paix juste et durable au Moyen Orient qui ne saurait se réaliser dans la négation des droits nationaux légitimes du peuple palestinien a aujourd’hui une occasion inespérée de juger de la sincérité et la crédibilité de gouvernements européens qui ne cessent de chanter la paix et les valeurs universelles des droits de l’Homme. Le droit international humanitaire qu’ils invoquent ailleurs pour faire passer leurs sordides intérêts économiques et leur volonté de puissance peut-il atteindre les frontières d’Israël ?

Les criminels de guerre israéliens seront-ils poursuivis devant des juridictions européennes et internationales comme le réclament de nombreuses associations civiles ? Israël sera-t-il sanctionné pour ses violations flagrantes des conventions de la guerre et pour son utilisation d’armes prohibées ? Les accords de coopération privilégiée dont bénéficie l’Etat israélien, notamment dans les domaines scientifiques, technologiques et militaires, seront-ils suspendus ?

Les syndicats européens se joindront-ils aux appels au boycott de l’Etat colonialiste et raciste d’Israël comme le demandent de nombreuses organisations de la société civile ou accepteront-ils au moins d’empêcher la livraison des produits à caractère militaire à destination d’Israël comme l’ont fait les syndicats grecs lors du siège de Gaza ? L’Union européenne alliera-t-elle les actes aux discours dans la mobilisation financière pour la reconstruction de Gaza ou bien une fois de plus, les Arabes vont payer pendant que les politiques européens continueront à donner des leçons comme au bon vieux temps de la coloniale ?

Seul le mouvement social, par une mobilisation multiforme sur le terrain qui ne doit pas fléchir, pourra répondre concrètement à toutes ces questions.




Poursuivons la lutte contre l’Etat sioniste et ses relais en France

 Manifestations Gaza Bordeaux

Nous étions encore plusieurs milliers samedi 17 janvier à Bordeaux pour dénoncer la barbarie israélienne et soutenir la résistance du peuple palestinien.

De nouveau dans le calme et la dignité, nous avons dénoncé la collaboration des Etats occidentaux à ce crime contre l’humanité, et la complicité des gouvernements arabes. Nous avons aussi dénoncé la censure et la désinformation dans les médias.

Devant l’hôtel de ville où la manifestation a pris fin, le message adressé par les manifestants, notamment les jeunes, à Alain Juppé et à la municipalité, a été ferme et clair pour signifier que ce jumelage honteux avec la ville israélienne d’Ashdod doit cesser.


Nous tenons à saluer la mobilisation de milliers de personnes, depuis 3 semaines, dans un formidable élan populaire. Cette mobilisation doit sa réussite à un travail de coopération sans précédent entre plusieurs associations : le Conseil Régional du Culte Musulmam, le Cercle des Intellectuels et Artistes Algériens de Bordeaux III, International Solidarity Movement, Femmes Plurielles, l’Association Girondine des Musulmans turcs, l’Association des Musulmans de Villenave d’Ornon et de Talence qui ont été signataires de notre appel et qui se sont tant investies pour le succès de cette immense mobilisation. Malgré toutes les tentatives de division et de diabolisation du mouvement {chantage à l’antisémitisme, accusation d’ « islamisme »}, ces associations ont fait preuve d’une grande maturité en continuant ensemble le combat.

Aujourd’hui, il est possible de dire que la Résistance palestinienne a remporté une immense victoire . Sous blocus depuis 2 ans, elle tenu tête pendant 3 semaines à l’une des armées les plus puissantes du monde dont l’objectif était de faire capituler le peuple palestinien. Cette victoire de la résistance palestinienne, c’est celle de tout un peuple et de tous ses martyrs depuis près de 100 ans. Comme en 2006 au Liban, cette résistance héroïque a redonné espoir à tous les peuples du monde qui résistent contre l’oppression coloniale et néocoloniale. Elle réaffirme la légitimité de la résistance palestinienne sous toutes ses formes, notamment armée, contre cet Etat fasciste et raciste. Plus que jamais, nous devons renforcer cette solidarité sans conditions avec la résistance du peuple palestinien qui lutte pour la justice, pour que triomphe un monde meilleur. Et ce combat, c’est aussi le nôtre !

Aussi notre mobilisation doit se poursuivre sans relâche pour empêcher l’Etat sioniste, et ses relais en France , de « blanchir » son ignoble guerre et de poursuivre son œuvre génocidaire. Seule une mobilisation sous différentes formes et sur le long terme portera ses fruits.
Nous, Comité Action Palestine, poursuivrons sans relâche notre travail d’information, de mobilisation et d’action sur les bases claires que nous avons érigées en principes. Nous invitons toutes les personnes qui partagent cet objectif à nous rejoindre pour poursuivre la lutte.

 


Prise de parole du Comité Action Palestine,  le 17 janvier 2009 , Place de la Victoire à Bordeaux.

Il n’a pas suffi aux criminels israéliens de tuer plus d’un millier de Palestiniens et de faire des milliers de blessés, des milliers de vies brisées, broyées, des milliers d’enfants à jamais traumatisés. Non, ces criminels s’attaquent aussi aux écoles, aux mosquées, aux hôpitaux, aux bâtiments de l’ONU. L’objectif du fascisme israélien n’est pas seulement de liquider les héroïques militants du HAMAS, mais aussi celui d’anéantir le peuple palestinien. Sinon pourquoi s’attaquent-ils aux écoles, aux hôpitaux, à la population civile, aux enfants ? On a bien affaire à un crime contre l’humanité !

Depuis plus de soixante ans, et sans relâche, l’entité sioniste n’a qu’un objectif : détruire le peuple palestinien ; depuis plus de 60 ans, elle déporte, tue et emprisonne des Palestiniens, depuis plus de 60 ans, Israël détruit les maisons, les écoles, les villages et toute forme d’organisation sociale des Palestiniens ; depuis plus de 60 ans Israël fait la guerre à tous les peuples de la région.

Et quelle a été la réaction des Etats occidentaux, de ces prétendus Etats démocratiques ? Un soutien inconditionnel à tous ces crimes ! Pas une seule fois Israël n’a été soumis à une quelconque pression ! La survie du peuple palestinien ne tient qu’à sa noble résistance, une résistance qui est un exemple pour nous tous ; l’émancipation du peuple palestinien sera l’œuvre du peuple palestinien lui-même !

Mais face au crime organisé par les Etats-Unis et les européens dans cette région, nous nous devons d’apporter notre solidarité à la cause anticoloniale du peuple palestinien ; le combat mené en Palestine est un combat qui nous concerne car c’est un combat pour la liberté, un combat pour la justice, un combat qui doit être mené partout dans le monde.

Le combat contre le sionisme en Palestine est un combat qui se mène aussi ici car la force du sionisme c’est d’abord le soutien que lui apportent les Etats européens !

La condition pour un cessez-le feu est claire et simple. Il ne faut pas de force soit-disant internationale qui continuerait à pourchasser les résistants pour le compte d’Israël.

Il faut dire stop à la guerre criminelle et au massacre du peuple palestinien. Il faut lever totalement et sans conditions le blocus de Gaza, ouvrir tous les passages frontaliers. L’armée israélienne doit se retirer totalement de la bande de Gaza.

C’est pourquoi la solidarité avec le peuple palestinien doit être inconditionnelle et rappeler chaque jour ses revendications :

– Le droit à l’autodétermination

– Le droit au retour de tous les réfugiés chez eux

– la libération de tous les résistants emprisonnés par les sionistes




Réduire la guerre contre Gaza à sa dimension humanitaire, pour mieux occulter la question de la décolonisation

img4961163063930[1]Mohamed Tahar Bensaada est enseignant à la Haute Ecole Ilya Prigogine de Bruxelles.

Dans cette analyse, il déconstruit avec rigueur et précision la présentation idéologique, par les politiques et les médias européens, de l’offensive israélienne à Gaza. Le discours politico-médiatique, bien ficelé, vise à justifier, par son occultation, la domination coloniale sioniste en Palestine.

L’argumentaire déployé et martelé sur toutes les ondes repose sur deux idées majeures : la réduction de la situation des Palestiniens de Gaza à une question humanitaire et la diabolisation du Hamas. Le premier axe de la propagande pro-israélienne permet en effet de passer sous silence la question essentielle des causes de l’offensive sioniste à Gaza, à savoir la volonté politique d’Israël d’éradiquer toute forme de résistance à son occupation. La souffrance brute des Palestiniens, qui, à dessein, n’est jamais restituée dans son contexte historique et politique, est utilisée pour appeler à un cessez-le-feu qui ne remet aucunement en cause le rapport d’oppression colonial.

La diabolisation du Hamas permet d’aller plus encore dans la légitimation de l’entité sioniste puisqu’elle justifie implicitement la guerre à Gaza. Et explicitement l’impossibilité de négocier avec un tel acteur politique. L’absence de discussion avec un ennemi diabolisé devrait conduire logiquement à l’envoi d’observateurs internationaux au passage de Rafah, ce qui permettrait de réaliser le bouclage total de la bande de Gaza et d’approfondir ainsi la domination coloniale israélienne.


Paru le 13 janvier sur Oumma.com

Les manifestations qui ont lieu dans la plupart des grandes villes européennes contre l’agression barbare israélienne visant Gaza, outre qu’elles donnent du courage à la population et aux résistants palestiniens, peuvent contribuer à l’établissement d’un cessez-le-feu qui permettrait à la résistance de souffler, de panser ses blessures et de se réorganiser dans la perspective de batailles politiques futures.

L’horreur que nous inspirent à juste titre les images qui nous proviennent de Gaza et les témoignages émanant d’organisations non gouvernementales nous en disent long sur les risques humanitaires encourus par la population de Gaza. Mais cette tragédie humanitaire risque d’être utilisée par les médias européens pour travestir la réalité et occulter les véritables enjeux politiques de la guerre menée par l’armée israélienne contre Gaza. Même quand ces médias font semblant de nous émouvoir, ils insistent pour déplorer le nombre élevé de victimes « civiles » et notamment des enfants. Sous-entendu, les autres victimes, les « terroristes » du Hamas, n’ont que ce qu’ils méritent.

Plus grave, cette propagande tente de légitimer le discours officiel des dirigeants israéliens qui déplorent publiquement la perte des vies humaines mais cherchent à en imputer la responsabilité au Hamas qui aurait, selon eux, pris la population palestinienne en otage. A l’appel des dirigeants européens, le gouvernement israélien a accepté de cesser ses attaques durant trois heures par jour pour permettre l’ouverture d’un corridor humanitaire à Gaza. L’agresseur, qui a fait en douze jours plus de 700 tués, dont plus de 250 enfants, tente de donner l’image d’un Etat soucieux de la crise humanitaire !

Mais comme pour démentir un acteur qui bénéficie pourtant de la complaisance démesurée des médias européens, l’actualité est venue montrer qu’il s’agit d’un Etat voyou qui viole le droit humanitaire international. En effet, le même jour, l’aviation israélienne a bombardé deux écoles appartenant aux Nations unies et le lendemain un convoi d’aide humanitaire onusien poussant l’UNRWA à suspendre son activité à Gaza. Paradoxalement, à la veille d’un cessez-le-feu auquel il se sait obligé dans les jours qui viennent, à cause non seulement des pressions internationales mais aussi de l’échec politico-militaire d’une opération qui a commencé à diviser son propre gouvernement, Israël redouble de barbarie à l’égard de la population de Gaza coupable, à ses yeux, de n’avoir pas abandonné le Hamas comme il l’espérait. C’est dire que la crise humanitaire risque de s’aggraver.

Dans ces conditions, nous ne pouvons que saluer et soutenir les ONG qui cherchent à aider la population palestinienne en bravant tous les risques. Mais si cet aspect humanitaire est à considérer, il serait politiquement dangereux de réduire la bataille actuelle de Gaza à cette seule dimension. A force d’insister sur cet aspect, les politiques et les médias européens cherchent, en fait, à nous faire oublier que la responsabilité première de ce drame humanitaire incombe à Israël et que la crise humanitaire est le résultat direct de son agression barbare. Mais le plus grave est que l’insistance sur l’aspect humanitaire sert à occulter le nœud politique de la crise qui est d’ordre politique.

Une guerre atroce lancée par un Etat colonialiste contre un peuple colonisé, en vue de le pousser à se désolidariser de ceux parmi les siens qui résistent à la colonisation, devient subitement dans le discours politique et médiatique européen un « conflit » apitoyant où la balance démographique de 1 Israélien pour 100 Palestiniens tués rejoint le racisme postcolonial le plus abject. Pourtant, ce qui se passe à Gaza n’est ni un tremblement de terre ni une épidémie mais bien le résultat d’une décision politico-militaire prise au plus haut niveau d’un Etat qui vient de voir ses relations avec l’UE « rehaussées » par la grâce de son ami de toujours, Nicolas Sarkozy.

Argumentaire raciste

La violence et la guerre ne sont pas des épiphénomènes dans l’histoire de cet Etat colonialiste et expansionniste. Elles sont dans sa nature essentielle. Dans son discours et sa pratique, le colonialisme israélien, comme tout colonialisme, s’accompagne d’une forme exacerbée de racisme. Qu’on en juge par ce que disent les dirigeants israéliens eux-mêmes. Nous ne citerons pas les discours racistes primaires du genre de celui de Golda Meir qui osait s’interroger sur l’ « existence » du peuple palestinien. Prenons plutôt le discours le plus récent des dirigeants israéliens actuels qui prétendent qu’ils ne font pas la guerre au peuple palestinien mais au Hamas.

Que cache ce discours, relayé par les politiques et les médias européens ? Israël chasse les Palestiniens de leurs terres, les sur-exploite économiquement et les opprime politiquement à coups de discriminations politiques et judiciaires dans le cadre d’un système d’apartheid mais en même temps il est prêt à faire la paix avec eux s’ils se laissent faire sans broncher. Il promet qu’il ne leur fera pas la guerre s’ils se tiennent tranquilles. La preuve, regardez ce qui se passe avec la bourgeoisie compradore et la bureaucratie corrompue de Mahmoud Abbas ! Israël ne leur fait pas la guerre puisqu’elles acceptent le fait accompli colonial au nom du réalisme politique ! Les militants et les sympathisants du Hamas n’acceptent pas cette politique du fait accompli colonial ? Israël est « malheureusement » obligé de leur déclarer la guerre !

Quelle est la logique qui sous-tend pareil raisonnement ? Pour le savoir, posons-nous la question simple : Que pense au fond de lui un être humain sensé d’un autre être humain qui se résigne indéfiniment à ce qu’on le déleste de ses droits et de sa dignité ? De deux choses, l’une : ou bien les dirigeants israéliens ne sont pas des êtres humains sensés et alors on comprend pourquoi ils ne se posent pas la bonne question ou bien ils sont des êtres humains sensés capables de se poser la question et d’y répondre justement (par le droit à la résistance). Dans ce cas, ils dénient la qualité d’être humain aux Palestiniens dans la mesure où ils attendent d’eux une réaction autre que celle qu’on est en droit d’attendre d’êtres humains mis dans pareille situation d’oppression et d’injustice ! On voit à quelle logique raciste et infâme se sont rangés les politiques et les médias européens qui reprennent à leur compte l’argumentaire israélien sans autre jugement.

Cautionner le discours politique qui voudrait réduire la bataille de Gaza à sa seule dimension humanitaire revient à occulter la véritable nature de cette guerre qui constitue avant tout une guerre d’une puissance coloniale qui s’accroche à son statut colonial au mépris de l’histoire et de la volonté de tout un peuple. A force de diaboliser le Hamas, les politiques et les médias qui reprennent à leur compte la propagande israélienne, en viennent à perdre de vue qu’il existe un peuple, le peuple palestinien qui a prouvé tout au long de son histoire qu’il reste attaché à sa terre et à son droit imprescriptible de fonder un Etat national viable.

Dans sa lutte, ce peuple s’est donné des organisations sociales, politiques et culturelles appelées à défendre ses droits légitimes en fonction de programmes, de stratégies et de tactiques dictés par la nature de sa lutte et la conjoncture régionale et internationale. Si jamais le Hamas venait à disparaître ou à abdiquer comme l’a fait la direction du Fatah, d’autres mouvements renaîtront et reprendront le flambeau de la lutte. Israël pourrait tout au plus gagner du temps mais comme tout système colonial, le système colonial israélien est condamné par l’histoire.

« Paix des braves »

Certes, nous entendons, ici et là, des voix européennes s’élever pour dire que le prise en charge de la crise humanitaire de Gaza ne peut se faire sans un arrêt des hostilités et que ce dernier, pour être durable, doit être suivi de négociations sérieuses pour l’instauration de la paix dans la région. Mais à y voir de plus près le cadre et les conditions de ces négociations, on est vite avisé sur la nature véritable de la « paix » proposée.

Une paix qui devrait cautionner et légaliser le rapport de forces actuel, en faveur du colonisateur israélien, assuré qu’il est de la protection de son parrain américain. Une paix qui consiste à laisser aux Palestiniens une sorte de bantoustan à la merci économique, politique et militaire d’Israël. Cette paix, si elle venait à se réaliser un jour, sera-t-elle durable ? Oui, si on continue à raisonner comme un raciste de la pire espèce et croire que les Palestiniens sont des sous-hommes capables d’accepter ce qu’aucun peuple digne de ce nom ne saurait accepter.

Mais si on pense que tout peuple a droit à la liberté, à la justice et à la dignité, alors une telle « paix », si jamais les Américains réussissaient à l’imposer pour un moment, risque de ne pas durer longtemps. Le temps en question n’est pas une abstraction physique. Ce sont des milliers de vies humaines fauchées par la violence et la guerre. Ce sont des milliers d’orphelins. Ce sont des souffrances indicibles. C’est une haine mutuelle qui ira en grandissant et qui fera reculer d’autant la perspective d’une paix véritable et durable. Et pour être durable, la paix a besoin de justice. Justice pour le peuple qui en est actuellement exclu, à savoir le peuple palestinien.

Diabolisation de Hamas

Les plus malins parmi les défenseurs de la politique israélienne reconnaissent la gravité de la crise humanitaire ouverte par la guerre actuelle et appellent au cessez-le-feu et à la poursuite des négociations avec l’Autorité palestinienne en vue de déboucher sur un accord de paix mais sans le Hamas. Le prétexte invoqué est que le Hamas serait un mouvement « terroriste » hostile par nature à tout accord de paix et à toute coexistence pacifique avec Israël.

Pour bien isoler le Hamas sur la scène internationale, on n’hésite pas à mobiliser l’argumentaire bien connu selon lequel islamisme rime avec antisémitisme et avec terrorisme. Comme toute propagande de guerre, celle du Hamas n’est pas exempte de dérives sémantiques dans un schéma classique de survalorisation du Même et de dévalorisation de l’Autre. Mais ne retenir de la ligne programmatique et politique du Hamas que cet aspect serait non seulement réducteur mais complètement faux.

Le discours du Hamas, et des Frères Musulmans en général dans la région, a beaucoup évolué depuis deux décennies. Les reclassements géopolitiques internationaux et régionaux mais aussi des débats idéologiques intenses ont eu raison des discours rigides du passé. De nouvelles élites politiques ont pris la relève et elles n’ont rien à envier dans le discours et dans la pratique aux mouvements de libération nationale même si le référentiel idéologique a changé. Et pour cause. La crise du mouvement de libération nationale et sociale arabe et la faillite des composantes nationalistes, libérales et socialistes, ont donné un nouveau souffle aux mouvements d’inspiration religieuse.

Il ne faut pas plus pour mobiliser l’Eglise laïque de France et de Navarre ! Dans des sociétés sécularisées depuis au moins un siècle, le fait que des courants « démocrates-chrétiens », « sociaux-chrétiens » et autres participent à vie politique et à des gouvernements de coalition n’empêche manifestement pas de dormir nos laïcs, républicains, libéraux, sociaux-démocrates ou gauchistes mais que des courants sociopolitiques dans des sociétés musulmanes s’avisent de chercher dans leur patrimoine théologico-politique et éthique des principes et des valeurs susceptibles de refonder leur pratique politique et voilà qu’on crie à l’intégrisme et au terrorisme !

Mais le plus grave dans cette opération de désinformation visant le Hamas, c’est qu’un mouvement sociopolitique d’une telle complexité et d’un telle richesse en est réduit à ses seules dimensions religieuse et militaire dans le but de le discréditer. Le Hamas aurait-il gagné les élections contre le Fatah à Gaza, comme il l’a fait en janvier 2007, s’il n’était qu’un mouvement paramilitaire et extrémiste de 10 à 15000 hommes comme on s’évertue à le présenter dans les médias occidentaux ? En fait, il s’agit d’un mouvement sociopolitique organisé et enraciné dans la société palestinienne grâce à de multiples ramifications sociales, caritatives, éducatives, médicales, estudiantines et professionnelles qui en font un partenaire politique incontournable sauf à vouloir remplacer le peuple palestinien par un autre peuple imaginaire !

Libres aux organisations gouvernementales et non gouvernementales appelées à gérer des questions palestiniennes de privilégier le partenaire de leur choix au sein de la société palestinienne en fonction de leurs convictions philosophiques et politiques. Mais cela ne doit pas pousser à l’aveuglement ni à la manipulation politique. Il est compréhensible de prendre position en faveur de tel ou tel protagoniste dans la compétition politique entre le Fatah et le Hamas. Mais cette compétition, qui ne devrait pas dégénérer en conflit fratricide, ne doit surtout pas se faire aux dépens de la cause nationale du peuple palestinien.

Dans sa composante majoritaire, le Fatah reste une organisation démocratique malgré la capitulation de sa direction. Les militants du Fatah qui ont cœur de sauver leur mouvement devraient se retourner contre les sbires de Dahlane et de Abbas au lieu de s’en prendre au Hamas ! En effet, c’est dans sa capacité concrète à mobiliser les ressources sociales, politiques et militaires de son peuple contre l’occupation que chaque organisation montrera son degré d’attachement à la cause nationale et pourra ainsi mériter la confiance populaire. Il serait politiquement faux et moralement indécent d’attendre la disqualification du Hamas et la victoire du Fatah de l’intervention militaire israélienne ! Au contraire, comme en ont témoigné des correspondants de presse européens à Ramallah, la guerre n’a fait que renforcer le crédit politique de Hamas en Cisjordanie occupée.

Quant à la supposée inféodation du Hamas à l’Iran que certains ressortent comme un argument de nature à le discréditer parmi son peuple, seuls ceux qui ne connaissent rien à la politique de la région peuvent y accorder crédit. Le Hamas et les Frères Musulmans en général, que ce soit en Egypte ou en Jordanie, tentent de tirer avantage de l’antagonisme existant entre l’Iran et les Etats-Unis pour casser l’isolement régional dans lequel les ont mis leurs régimes respectifs. Mais aussi bien leurs références religieuses sunnites que leurs analyses politiques tendent à les éloigner de la géopolitique iranienne. C’est une des raisons qui explique par ailleurs la relation complexe existant entre le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien. L’alliance objective et la coopération politico-militaire qui existent entre ces deux mouvements ne devraient pas occulter les différences de positionnement géopolitique de chacun de ces deux protagonistes de la scène régionale.

Les Israéliens et leurs alliés occidentaux traitaient hier le Fatah de Yasser Arafat de « terroriste ». Plus tard, ils ont été obligés de traiter avec lui, même si malheureusement ils l’ont fait dans une conjoncture internationale qui ne laissait aucune chance aux Palestiniens de tirer de négociations biaisées un résultat honorable. Aujourd’hui, après l’abdication du Fatah devenu fréquentable, les mêmes accusent le Hamas de « terroriste » et jurent qu’ils ne négocieront jamais avec lui. C’est là tout l’enjeu du plan franco-égyptien tendant à sortir Israël du bourbier de Gaza au moyen d’observateurs internationaux qui seront chargés d’assurer la surveillance du passage de Rafah et donc la sécurité des frontières sud d’Israël.

Nul doute que les gouvernements européens et arabes qui s’acharnent à sauver l’agresseur israélien de son impasse actuelle vont instrumentaliser la crise humanitaire de Gaza pour justifier un cessez-le-feu conditionnel qui sera comme une continuation de la guerre menée contre le peuple palestinien par d’autres moyens. Le Hamas a compris le piège et a eu raison de rejeter cette manœuvre diplomatique qui viendrait annihiler les fruits du désengagement israélien de 2005 et constituerait une violation flagrante de la souveraineté égyptienne et de celle, naissante, de l’Etat palestinien en gestation. Sarkozy et Moubarak réussiront-ils à sauver Israël d’une seconde mésaventure politico-militaire qui viendrait s’ajouter à celle du Liban de 2006 ? La réponse dépend de la résistance du peuple palestinien et de la vigilance des forces démocratiques et pacifistes qui le soutiennent à travers le monde.

Mohamed Tahar Bensaada, Enseignant-chercheur

Voir aussi : http://www.comiteactionpalestine.org/modules/wfsection/article.php?articleid=53

 




Quel soutien pour le peuple palestinien ? Commentaire du Comité Action Palestine à l’article de Sud-Ouest

 israelien arretant une palestinienne à qalqilya L’article du journal Sud-Ouest paru le 12.01.2009 (reproduit ci-dessous) mérite quelques commentaires. D’abord le propos du journaliste lui-même : « Certains ont dérapé dans des amalgames historiques plus que douteux. » Que veut dire le journaliste ? N’avait-il pas assez de place pour nous donner un exemple. Mais on peut se permettre une interprétation : des manifestants ont comparé Israël à l’Etat nazi.En quoi est-ce douteux ? Israël ne mène-t-il pas une politique de purification ethnique en Palestine {lire le livre d’Ilan Papé « le nettoyage ethnique en Palestine »} ? Le peuple juif n’est-il pas considéré comme le peuple élu ? L’Etat israélien ne se considère-t-il pas comme un Etat exclusivement juif ? Nous avons donc bien affaire à un Etat raciste qui professe et pratique la suprématie juive, un Etat qui depuis 1948 déporte des Palestiniens. Depuis le 27 décembre, il tente d’exterminer la population de Gaza, et, pour aller plus vite, utilise, {cela est confirmé aujourd’hui} des armes chimiques. On pourrait continuer la comparaison en disant que la plupart des dirigeants israéliens sont issus de l’armée ou du Mossad. Mais arrêtons-nous là. Ces seuls exemples sont assez significatifs pour oser la comparaison !

La déclaration de Palestine 33 a les apparences d’une énigme : « Ce qui se passe est grave aussi pour Israël ». Que veut bien dire cette militante de Palestine 33 ? Le « aussi » est précieux pour décrypter le sionisme honteux de cette association : le bombardement de Gaza est grave pour les Palestiniens. Certes c’est le moins que l’on puisse dire. Mais en quoi peut-il être grave pour Israël sinon qu’il provoque une perte de légitimité dans l’ « opinion » mondiale ? Ce que craint en fait Palestine 33 ce n’est rien d’autre que la délégitimation de l’entité sioniste. Il est vrai que pour cette association il n’existe que deux principes : la « solution des deux Etats », une chimère, une blague qui fait rire tous les sionistes, et la chasse aux antisémites {lire ou relire l’article de Sud-Ouest du 6 janvier où les manifestants sont implicitement accusés d’antisémitisme}. Alors, Palestine 33 une association de soutien au peuple palestinien ? Oui, autant que le CRIF !


Reprise d’article : paru dans Sud Ouest le 12.01.2009

BORDEAUX. Samedi, l’importante manifestation de soutien aux Palestiniens a mobilisé bien au-delà des habituels militants

Le soutien à Gaza prend de l’ampleur

Samedi à Bordeaux, le cortège a dénoncé « l’agression » et les « crimes de guerre » israéliens.

Quel qu’ait été le nombre exact des manifestants qui dénonçaient « l’agression » et les « crimes de guerre » israéliens samedi à Bordeaux, son élargissement au-delà des cercles militants habituels (lire « Sud Ouest Dimanche ») a été manifeste. Et symbolisé par ce télescopage entre les discours et les banderoles des partis et syndicats de gauche laïque, et la psalmodie d’une sourate en mémoire des morts de Gaza, murmurée par des femmes en foulards, au départ du cortège, place de la Victoire.

« Des tirs sur des femmes et des enfants, sur les convois de l’ONU, sur des bâtiments où des gens se réfugient, ce n’est pas une guerre. C’est Israël qui est terroriste » : cette conviction appuyée par les photos d’enfants tués à Gaza, a couru d’un bout à l’autre du cortège.

Les roquettes du Hamas, approuvées ou condamnées par les uns ou les autres, « ne peuvent pas se comparer avec les massacres », affirmaient les manifestants. Certains ont dérapé dans des amalgames historiques plus que douteux.

Le ras-le-bol

En tête du cortège, Rose-Marie Lou, coprésidente du Comité d’action Palestine de Gironde (CAP 33) expliquait « la colère » : « C’est le ras-le-bol. Les gens n’ont plus d’illusion sur le fait que la communauté internationale puisse faire quelque chose pour arrêter cela. »

Dans les rangs du CAP, on scandait « Hamas, Hezbollah, Résistance ! » Mehdi, un drapeau du mouvement libanais sur les épaules : « Le Hezbollah, le Hamas, ce n’est pas mon problème. Les Palestiniens sont occupés depuis 60 ans et Israël ne respecte aucune résolution de l’ONU. » Celle qui a fondé Israël n’entrait pas dans ce compte. Ses copains et lui, qui regardent les télévisions du Proche-Orient, ont été véhéments à l’encontre « des médias français qui ne montrent rien ».

Dans les rangs de Palestine 33, beaucoup plus réservés à l’égard du Hamas, un tract appelait notamment à « une paix juste et durable » entre les deux peuples, et à des sanctions internationales et européennes contre Israël. Il est cosigné avec les partis de gauche et d’extrême gauche, « le Fatah » et plusieurs syndicats. Martine Cavignac observait : « Ce qui se passe est grave aussi pour Israël. L’opinion se retourne. La communauté internationale n’oubliera pas. L’attitude de nos gouvernants est inadmissible. Et ça peut avoir des conséquences sociales ici. »

Cyrille, militant de Génération Palestine, qui organise des voyages de jeunes dans les territoires occupés, expliquait : « On défend plutôt une solution politique au conflit. Mais ce qui se passe à Gaza fait l’unité de la manif, malgré les dé-saccords ».

Auteur : Gilles Guitton

Voir aussi : http://www.comiteactionpalestine.org/modules/news/article.php?storyid=121




Manifestation à Bordeaux le 10 janvier 2009 : la mobilisation s’étend

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Cherchez l’erreur – Compte-rendu d’une manifestation pour Gaza

Fausto Giudice, l’auteur de cet article, est cyber-journaliste et membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Il y dénonce, avec humour et perspicacité, la défection des organisations de gauche dans les Manifestation pour Gaza, Paris, 3.1.09 mobilisations de soutien aux mouvements de résistance arabes ou islamistes, comme on peut facilement s’en apercevoir aujourd’hui en manifestant pour Gaza.

Dans les cortèges de ces manifestations, on ne trouve en effet qu’une quantité infinitésimale de gens de gauche, de libertaires, d’humanistes, de communistes, de laïcs,… aux côtés des populations musulmanes de toutes origines.

Rejetant a priori l’islam par préjugés colonialistes ou racistes, incapable de percevoir le caractère intrinsèquement politique de mouvements comme le Hamas ou le Hezbollah, la gauche a fait aujourd’hui le choix de la collaboration en se positionnant pour la clique de supplétifs dirigée par Mahmoud Abbas, de même qu’elle dénigrait au mois de juillet 2006 la résistance libanaise face à l’agression israélienne.


Samedi après-midi, je me suis rendu, avec des copains, dans la métropole régionale la plus proche de la petite localité de la France profonde dans laquelle je vis, pour participer à une manifestation de solidarité avec Gaza martyre.

Nous étions entre 2500 et 3000. Nos avons défilé pendant deux bonnes heures, sillonnant le centre-ville en boucle, pour achever notre périple là où nous l’avions commencé, sur la place principale de la ville, entre le Monoprix et le MacDo.

Nous étions donc environ 3000, dont, au bas mot, 2900 musulmans de tous âges, de toutes origines, de toutes couleurs, de toutes branches, de tous sexes.

J’ai cherché des chrétiens, je n’en ai pas vu.J’ai cherché des communistes, je n’en ai pas vu.J’ai cherché des trotskystes, j’en ai vu deux, qui ont distribué un tract puis sont repartis.

J’ai cherché des nouveaux partisans anticapitalistes, j’en ai vu un.

J’ai cherché des altermondialistes blancs, j’en ai vu trois.J’ai cherché des anarchistes, je n’en ai pas vu.

J’ai cherché des écologistes, j’en ai vu deux.

J’ai cherché des juifs, je n’en ai pas vu.

J’ai cherché des laïcs, j’en ai vu 7 ou 8.

J’ai cherché des francs-maçons, j’en ai peut-être vu, mais je ne les ai pas reconnus.

La télévisions locale a filmé le défilé, pour montrer au journal du soir que seuls des Musulmans avaient manifesté pour les Musulmans de Gaza. Le long du défilé, les gens sur les trottoirs, silencieux, nous regardaient plutôt froidement, quand ce n’était pas avec des mines hostiles.À un moment, je me suis demandé où j’étais, dans quelle France. Où étaient-ils, tous ces Français de souche laïcs, progressistes, démocrates, humanistes, libertaires, prêts à s’enflammer pour toute cause ?

En fin de manifestation, des amis arabes informés m’ont rassuré : la gauche, les partis, les syndicats, vont manifester au même endroit, mercredi prochain. Ouf, j’avais eu peur.

Peur que les progressistes-démocrates-humanistes-libertaires français de souche se soient dits que, en fin de compte, les bombes de 500 kg et d’une tonne lâchées sur les Gazaouis allaient apporter à ceux-ci la liberté, la démocratie, la libération des femmes et la laïcité. Mais non, je faisais preuve de mauvais esprit.

Et pourtant, je me souvenais qu’en août 2006, quand nous manifestions dans ma petite ville contre l’agression israélienne contre le Liban, les ténors locaux de la « gauche pro-palestinienne » avaient déclaré textuellement à la presse régionale qu’ils critiquaient l’attaque israélienne contre le Liban parce qu’ « elle faisait le jeu des islamistes du Hezbollah ». Ce à quoi j’avais répondu : « C’est comme si vous aviez été à Londres en 1941 et aviez déclaré que vous critiquiez Hitler pour avoir attaqué l’Union soviétique parce qu’ainsi il faisait le jeu de Staline. »

Et un permanent d’un éminent syndicat de gauche m’avait alors rétorqué : « Oh tu sais la guerre, la guerre, c’est toujours mauvais. Je pense que c’était une erreur de prendre les armes contre les Allemands en 40-42. » « Donc, lui avais-je rétorqué, tu aurais choisi Vichy et la collaboration ? »

Il était devenu tout rouge et était parti sans rien dire.

Plus tard, un autre ténor de la gauche locale avait pris la parole en fin de manif pour déclarer qu’il fallait donner toutes ses chances à la résolution de l’ONU instaurant le cessez-le-feu au Liban. J’étais intervenu après lui pour dire que cette résolution n’avait qu’on objectif : sauver l’armée israélienne de la pire défaite de son histoire et que cette guerre de 33 jours était vraiment historique car elle avait vu pour la première fois l’armée israélienne subir une défaite stratégique.

Mes amis de gauche firent évidemment grise mine en entendant mes propos et vinrent me voir pour me dire : « Mais enfin, le Hezbollah, c’est des islamistes, on ne peut quand même pas les soutenir ». Ce à quoi je répondis en citant la phrase de De Gaulle à un de ses lieutenants qui critiquait les choix de ses ministres dans le premier gouvernement formé à la Libération : « Sans les juifs, les communiste et les francs-maçons, la France n’aurait pas été libérée ». Et j’ajoutai : »Avez-vous écouté ou lu un seul des discours de Hassan Nasrallah faits pendant les 33 jours de guerre ? Moi, j’en ai lu huit. Nasrallah est le Ho Chi Minh du Moyen-Orient. Ses discours étaient tous purement politiques et n’avaient rien de religieux, mis à part les formules d’usage. Si je soutiens le Hezbollah ou le Hamas, ce n’est pas parce qu’ils sont islamistes, mais parce qu’ils incarnent la Résistance. Et comme par hasard, le peuple palestinien est de culture musulmane, même ses minorités chrétiennes. Vous ne pouvez pas lui demander de produire une Arlette Laguillier, une Marie-George Buffet, un Olivier Besancenot ou une Ségolène Royal. La résistance népalaise est maoïste, la résistance colombienne est communiste, la résistance mexicaine est zapatiste. La résistance palestinienne est aujourd’hui « islamiste », c’est une réalité qu’il vous faudra accepter, ou alors dites clairement que vous soutenez les collabos de Ramallah autour d’Abou Mazen. »

Notre tentative de dialogue s’était arrêtée là.

Ces mêmes camarades ont préféré, cette fois-ci, ne pas tenter d’organiser la moindre manifestation dans notre ville, préférant aller « donner leur sang pour Gaza » de manière confidentielle, en sachant pertinemment que les Gazaouis n’ont pas besoin de sang et que, même s’ils en avaient besoin, ce sang français ne leur parviendra jamais.

C’est pourquoi j’ai emmené trois copains à la métropole la plus proche pour aller tenter de sauver l’honneur perdu des non-Musulmans. Ce qui m’avait convaincu à faire ce geste minimal, c’était la phrase terrible prononcée hier par la Reine Rania de Jordanie, une femme belle, intelligente, active – et palestinienne – : « Le silence sur Gaza, c’est de la mécréance ».

En défilant avec 2990 musulmans et musulmanes, qui, entre « Israël assassin » et « Gaza résistance », criaient « Il n’y a de Dieu que Dieu » (slogan le plus repris), je me suis demandé combien de temps encore j’allais pouvoir résister à l’appel de l’Islam et rester un compagnon de route des musulmans libres et actifs tout en gardant mes convictions de laïc agnostique.

Et je sentais une profonde compréhension pour tous ces convertis qui défilaient au milieu des « musulmans de souche ». Eux ont été tellement dégoûtés par l’hypocrisie et la vacuité dominantes de la laïcité-progressiste-démocratique-humaniste-libertaire dominante qu’ils ont choisi l’Islam comme on choisit son camp dans une guerre.

Résistance ou collaboration, telle est l’alternative, en Palestine comme partout ailleurs, même ici, entre McDo et Monoprix. Jusqu’à quand allons-nous laisser les Musulmans résister seuls ? Jusqu’à ce qu’on nous traite nous-mêmes comme on les traite, eux et elles ?

Auteur : Fausto Giudice

Source : Basta ! يكفي Journal de marche zapatiste

Article original publié le 3/1/2008




Suite à la Manifestation du 03.01.09 : le CAP dénonce les tentatives de mystification

Nous reprenons ici l’article paru ce Mardi 06.01.09 dans Sud-Ouest.img4964071843151[1]

Le Comité Action Palestine dénonce avec force la tentative de Palestine 33 d’accuser implicitement les manifestants d’antisémitisme. En procédant de la sorte, Palestine 33 fait une alliance objective avec le CRIF dont les

accusations d’antisémitisme répétées ont pour fonction de décrédibiliser les mouvements de soutien à la résistance du peuple palestinien.

Le Comité Action Palestine continuera à apporter un soutien inconditionnel à la résistance du peuple palestinien contre la tentative d’épuration ethnique commencée il y a 60 ans par l’Etat sioniste.

 

Reprise d’article :

Mardi 06 Janvier 2009

HIER SOIR. Palestine 33 et le Comité action Palestine se sont mobilisés séparément contre l’offensive militaire à Gaza

Divergences chez les pro-Palestiniens
Deux rassemblements ont eu lieu hier à la même heure (18 h 30), avec le même nombre de participants (une soixantaine de personnes), autour des mêmes mots d’ordre (arrêt de l’opération militaire israélienne à Gaza et levée du blocus)… mais à un kilomètre d’écart.

Palestine 33 et ses partisans s’étaient donné rendez-vous place Jean-Moulin, tandis que le CAP 33, Comité action Palestine, se mobilisait place de la Victoire.

 Fin de manif en commun

Les deux groupes ont pourtant marché ensemble samedi dernier, mais ce ne fut pas sans crispation. « Le CAP 33 avait le premier déposé une demande pour partir de la Victoire, nous nous sommes alignés sur cette démarche, mais au retour de la manif, plusieurs d’entre nous se sont dits gênés d’avoir entendu certaines choses, certains amalgames dans le cortège », confiaient hier des membres de Palestine 33.

Ces derniers ont insisté plusieurs fois, hier soir, sur la « solution des deux États », et se sont gardés d’apporter un soutien direct au Hamas. « Un mort civil, qu’il soit arabe ou juif, est toujours un mort de trop ! Notre révolte vient du fait qu’en cinq jours, il y a eu 4 morts d’un côté et 500 morts de l’autre » notait, place Jean-Moulin, Samia Mallié, l’une des responsables de Palestine 33.

Changement de ton place de la Victoire, du côté de CAP 33. Les militants souvent jeunes de cette association non moins jeune (puisque née d’une scission en 2004 avec… Palestine 33) disent soutenir « la résistance sous toutes ses formes » (donc y compris le Hamas) et « le droit des Palestiniens à s’auto-déterminer ».

Quid de l’État d’Israël ? Pas de réponse précise hier soir. Mais sur son site, Cap 33, appelle à la « libération de la Palestine».

Tout en reconnaissant de «nettes différences d’approche », les deux groupes ont fini par converger dans la soirée, peu après 19 h 30. Ils envisagent une « manifestation unitaire » samedi prochain.

Auteur : Julien Rousset

 Lien : http://www.sudouest.com/gironde/actualite/bordeaux/article/464509/mil/3998747.html