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Forte Mobilisation pour soutenir Gaza le 03/01/2009 à Bordeaux

 Manifestion de soutien à Gaza, Bordeaux, janvier 2009 (Source : Sud Ouest Manifestation à Bordeaux en Janvier 2009 en soutien à Gaza (source : Sud-Ouest)

 

Ce samedi à Bordeaux, environ 5000 personnes ont répondu à l’appel du Comité Action Palestine et de nombreuses autres associations pour dénoncer la barbarie de l’armée d’occupation à Gaza et soutenir la résistance du peuple palestinien .

Nous revenons sur cette mobilisation en publiant ici :
le discours prononcé par le CAP place de la Victoire, à Bordeaux
le discours prononcé par le CAP place de la Bourse, à Bordeaux
l’article paru ce 04.01.2009 dans le quotidien Sud Ouest pour relater la manifestation

La barbarie israélienne continue de sévir à Gaza. Nous demandons à tous de poursuivre et d’étendre cette mobilisation avec 2 nouveaux rassemblements prévus cette semaine
:

lundi 05.01.2009 à 18h30, Rassemblement place de la Victoire

samedi 10.01.2009 à 15h, Manifestation depuis la place de la Victoire


 

Discours prononcé Place de la Victoire

 soutien à la résistance à bordeaux,  janvier 2009Depuis le 27 décembre, le carnage se poursuit à Gaza. Sans répit, l’entité sioniste massacre à coups de missiles. Mais comme d’habitude les Etats occidentaux et la plupart des régimes arabes ne réagissent pas. La force d’israël n’est pas seulement dans ses bombes ni dans le soutien occidental ; elle est aussi dans la complicité de la plupart des gouvernements arabes contre Gaza et tout le peuple palestinien.

Mais tous font une grave erreur : la justice est du côté du peuple palestinien, l’histoire est du côté du peuple palestinien. Il vaincra le colonialisme juif comme le peuple algérien a vaincu le colonialisme français, comme le peuple vietnamien a vaincu les USA.

En France, les partis politiques n’ont toujours rien dit et encore moins condamné le crime contre l’humanité perpétré par les forces sionistes à Gaza. Les médias comme à leur habitude se contentent de relayer les communiqués de l’armée israélienne. Alors une question se pose : pourquoi tout un pays, avec ses partis politiques, ses médias et ses institutions se soumet-il à la volonté israélienne ?

Oui les sionistes ont pris en otage les consciences et tout un pays, la France, qui se dit pourtant libre.

Nous vous appelons à ne pas se laisser piéger par le chantage à l’antisémitisme !

Nous vous appelons à soutenir la résistance sous toutes ses formes du peuple palestinien, jusqu’à la victoire, jusqu’à la libération de toute la Palestine !

Nous vous appelons à condamner le sionisme, à exiger le démantèlement du système colonial israélien sur toute la Palestine !

A bas le sionisme, à bas israël, vive la Palestine !

Palestine vivra, Palestine vaincra !


Discours prononcé place de la Bourse :

 barbarie occidentale et israelienne à gazaNous tenions à manifester devant le consulat des Etats-Unis hors d’Amérique parce que Cet Etat voyou, l’empire de l’argent et de la guerre, finance et soutient la barbarie sioniste. Cet Etat fondé sur l’esclavage et le pillage des ressources des pays du Sud est un Etat de la guerre perpétuelle. Après les ravages en Amériques latine, les guerres en Asie, notamment le Vietnam, les coups d’Etat orchestrés dans toutes les régions du monde, il cherche maintenant à mettre à genoux les peuples du moyen orient. Il a détruit l’Irak, il soutient l’épuration ethnique en Palestine, il mène une guerre sans merci en Afghanistan, et sa prochaine proie c’est l’Iran. Mais les peuples de cette région résistent héroïquement contre l’impérialisme étasunien ;

Il est de notre devoir de résister aussi, de résister à la soumission de l’Etat français aux Etats-Unis. Il est de notre devoir de dire non à la guerre, aux crimes commis dans le monde entier. L’histoire est du côté des peuples en lutte. Depuis la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis n’ont réussi à vaincre aucune résistance. Ils ont perdu la guerre du Vietnam, perdu contre Cuba, perdu en Somalie, perdu au Liban ils sont en train de perdre en Afghanistan. Des pays d’Amérique latine comme la Bolivie et le Venezuela résistent à l’impérialisme étasunien.

Le Comité Action Palestine estime que Barack Obama ne changera rien. Qu’a dit Obama sur les massacres de Gaza ? Rien, pas un mot ! Quel est son projet pour le Moyen Orient ? Rien moins que rationaliser la guerre menée là bas puis qu’il propose de retirer une partie des troupes d’Irak pour les envoyer en Afghanistan ! Le projet de Barack Obama est fidèle à la stratégie américaine : régner par la force sur le monde.

Vive la résistance du peuple palestinien et de tous les opprimés de la terre.


Reprise d’article : paru dans Sud Ouest, le 04.01.2009

BORDEAUX. Plus de 1 500 personnes ont manifesté hier contre les frappes israéliennes

Les jeunes dans la rue en solidarité avec la Palestine

 

La manif a réuni des jeunes et des femmes. (photo Laurent theillet)

« Les gens ont besoin d’exprimer leur colère face à ce qui se passe. On a tracté ce matin à Saint-Michel et tout le monde a voulu venir. Vous voyez le résultat ? » Rose Marie Lou, du Comité action Palestine, désigne le long cortège hérissé de drapeaux palestiniens, parfois turcs ou libanais, parti hier après-midi de la place de la Victoire.

Entre 1 500 et 2 000 personnes. Beaucoup, beaucoup de jeunes. Des familles avec des enfants. Des femmes qui se donnent le bras sur toute la largeur de la rue Sainte-Catherine. Des pancartes, bricolées dans l’urgence, dénoncent « Nuits et brouillards pour les enfants de Gaza » ou « Silence, on tue ».

Mais la manif, partie pour rejoindre la mairie en signe de protestation contre le jumelage Bordeaux-Ashdod, est tout sauf silencieuse. Et les jeunes n’ont pas besoin de porte-voix pour scander « Israël assassin, Sarkozy complice », slogan qui fait largement recette devant « Palestine vaincra » et « Nous sommes tous des Palestiniens ».

« Les juifs, assassins » risque une femme, les larmes aux yeux, que l’on fait taire en lui exposant les risques de l’amalgame.

Le tramway bloqué

Juchée sur un banc de la place Pey-Berland, Djamila crie sa solidarité avec les Palestiniens : « Déjà, il leur fallait vivre dans une prison à ciel ouvert. Là, des enfants meurent dans ce qui est une véritable guerre d’occupation. Tant d’injustice choque tout le monde. Pas seulement ceux qui s’y intéressent depuis longtemps par leur religion ou leur culture. »

À la mairie, les manifestants ont trouvé porte de bois. Ils ont continué par le cours Alsace-Lorraine, reprenant leurs slogans de plus belle et bloquant pendant une demi-heure la circulation du tram.

À l’appel du Comité action Palestine, la manif d’hier n’est pas la première de la semaine. Mais elle se veut plus unitaire. Le parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon est là avec sa banderole toute neuve. Des communistes, militants de la LCR et de Lutte ouvrière aussi. L’association Palestine 33 ferme la marche, qui s’est associée au mot d’ordre national lancé par l’association France-Palestine pour réclamer l’arrêt des frappes, la levée du blocus et la suspension des relations entre l’Union européenne et Israël.

Plus radical, en tout cas dans les termes qui évoquent volontiers « le crime sioniste » et la « résistance palestinienne (qui) répondra à la violence par la résistance sous toutes ses formes », plus jeune, aussi, le Comité action Palestine est né en 1994 d’une scission avec Palestine 33.

Voir aussi l’article paru dans Sud-Ouest le 03.01.2009 « Plusieurs milliers de personnes manifestent pour la Palestine ».
Lien : http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/463029/mil.html

Appel à Rassemblement lundi 05.01.2009 à Bordeaux :
Lien: http://www.comiteactionpalestine.org/modules/wfsection/article.php?articleid=51

Appel à Rassemblement Samedi 10.01.2009 à Bordeaux :
http://www.comiteactionpalestine.org/modules/wfsection/article.php?articleid=52




Conférence sans Débat sur la Palestine. Ou la compassion en lieu et place d’engagement politique

Hate-speech-Latuff[1]Badia Benjelloun dénonce avec justesse et virulence les propos tenus par Tarik Ramadan, Bernard Ravenel et Michel Warschawski lors d’une conférence tenue à Paris le 1er novembre sur la Palestine. En effet, les trois conférenciers et en particulier Warschawski, qui faute d’une analyse lucide de la situation coloniale en Palestine et de la géopolitique du Moyen-Orient, n’ont rien d’autre à proposer que les platitudes fades d’un humanisme compassionnel. Par exemple, le boycott d’Israël proposé par les 170 organisations palestiniennes qui devait être à la fois mondial et économique et culturel se transforme dans la bouche des trois orateurs en simple refus moral d’acheter les dattes provenant des territoires occupés !

Ainsi en est-il de tous les thèmes traités au cours de cette conférence comme la fin de la guerre au Liban en 1982, l’invasion de l’Irak, la victoire politique du Hamas, l’apport scientifique de l’Andalousie arabe,…qui furent soit analytiquement escamotés soit interprétés dans un sens favorable à Israël ou aux Juifs en général. Pas un mot sur la résistance, celle du peuple palestinien et des autres peuples de la région, la compassion humaniste ne sachant rien faire d’autre que de s’apitoyer sur les pauvre palestiniens enfermés à Gaza auxquels il faudrait rendre visite par simple souci moral !

Assommé par une phraséologie creuse et souvent perverse, le public s’est vu nié le droit de s’exprimer et d’échanger, la parole étant restée confinée entre les conférenciers. Et ceux-ci de finir leur discours par des remontrances à l’auditoire, sommé de ne pas verser dans l’antisémitisme. Mais les intervenants eux n’ont pas semblé craindre de verser dans « l’industrie de l’holocauste » et la culpabilisation mortifère sur laquelle le sionisme actuel fonde son existence et sa justification.


Ce samedi premier novembre s’est tenue une conférence-débat à Paris sur la question de la Palestine qui fut un succès par l’affluence des auditeurs venus boire les paroles des orateurs dont au moins deux font autorité sur la question de la solidarité avec un peuple spolié de son territoire, composé essentiellement de réfugiés éparpillés de par le monde.

Propos tout de langue ligneuse.

Il y fut exposé la théorie néo-conservatrice mise en oeuvre par l’administration étasunienne de la guerre préventive perpétuelle contre le Terrorisme, largement inspirée des principes constitutifs de l’entité militaro-théocratique sioniste.

L’essentiel n’en fut pas dit.

La dite administration de Bush le deuxième négocie actuellement ouvertement avec les Talibans en Afghanistan.

Elle se voit refuser le permis de faire résider en Irak son armée composée pour plus de sa moitié de mercenaires sans limitation dans le temps et dans l’exécution de ses tâches de destruction par les officiels irakiens qu’elle a porté au pouvoir au travers d’élections plus que frauduleuses.

L’histoire vue par un Israélien anti-colonialiste (notons ici l’oxymoron) Michel Warshawski, ne fait pas mention de la résistance des peuples de cet Orient moyen qui a défait la première puissance militaire qui consacre à elle seule autant de deniers que le reste de toutes les autres nations réunies.

Dans le tableau dressé par les différents intervenants ne fut jamais fait mention de deux faits essentiels récents qui ont bouleversé la donne et transformé radicalement la perception de leur devenir des opprimés par le sionisme.

L’éclatante victoire de la résistance libanaise l’été 2006 a irrévocablement fait ranger le mythe de l’invincibilité de l’armée de l’entité sioniste parmi les colifichets de l’histoire. Quoi ? 2000 hommes et 5000 sympathisants ont tenu en échec un greffon occidental perfusé de dollars et de technologies offensives et destructrices de pointe.

Le deuxième fait majeur ignoré par nos conférenciers, comme s’ils n’avaient pas vécu en direct sur leurs écrans de téléviseur comme les trois quarts de l’humanité la crise du Caucase, n’est pas moins que la mise en évidence de la nullité des conseillers militaires techniques et stratégiques au cours de l’agression de la Géorgie en août 2008 sur l’Ossétie. La campagne de reconquête de l’Ossétie du Sud par le ministre de la Défense de Géorgie israélien, entièrement fomentée par le Complexe militaro-industriel israélien, est un autre échec retentissant pour l’entité sioniste. Ceci constitue une mise en garde pour quelconque autocrate de petite ou de grande envergure qui voudrait se mettre sous garde israélienne ou qui espérerait se perpétuer au pouvoir grâce aux conseils de ses agents autrefois crédités de perspicacité inégalable. En réalité, nous avons appris que l’essentiel de ce qu’ils pouvaient prédire survenait infailliblement puisqu’ils en étaient les auteurs.

La conférence d’Annapolis a été citée pour ce qu’elle n’a pas été. D’un air entendu, Michel Warshawski selon des sources qui lui seraient confidentielles a évoqué que la véritable conférence aurait été une convocation pour faire agréer aux pays arabes l’attaque future de l’Iran. Or les ballets diplomatiques dans cette région du golfe arabo-persique depuis plus de deux années avant la dite conférence ont démontré plus que la réticence, le refus officiel des monarchies pétrolières de servir de base pour la destruction tant souhaitée de l’Iran.

En réalité, Annapolis comme tous les autres « plans » de paix ne pouvait aboutir pour la raison essentielle que dans la situation d’un pays colonisé, ce dont il est question, c’est de mettre fin à la colonisation et de l’élémentaire droit d’un peuple à disposer de lui-même et de sa patrie.

La paix est un leurre et la situation de non guerre pour l’entité sioniste dont la substance même est la conquête coloniale avec épuration ethnique à la clé est un danger existentiel mortel pour un ramassis de personnes venues de contrées différentes ayant ou non la même pratique religieuse et prétendant constituer un peuple.

Annapolis avait été organisée pour d’abord justifier les milliers de kilomètres parcourus par Mme Rice en Palestine occupée et pour sacrifier à la tradition de toutes les administrations étasuniennes en fin de mandat de simuler une volonté de règlement du « conflit ». Conflit est mis entre guillemets car dans l’acception commune, cela suppose deux entités qui lutteraient à force égale ou équivalente alors qu’ici nous avons d’un côté un peuple affamé, anémié, sans travail et de l’autre une armée occidentale et une minorité qui contrôle l’expression dans les mass-media et fournit le prêt à penser à l’échelle planétaire.

Il était du devoir de Bush II de sauver Lehudi Olmert largement englué dans ses problèmes de corruption. À cette occasion d’ Annapolis, Olmert a libéré une parole vraie. En l’absence d’une perspective, perspective équivaut à un but lointain qu’il n’est pas forcément souhaitable d’atteindre, de la solution de deux États, c’en est fini de l’entité sioniste car il ne restera plus aux résistants palestiniens à n’exiger que ce qu’ils revendiquaient depuis le début de l’occupation, l’établissement d’un État laïc, démocratique pour tous ses citoyens.

Annapolis avait d’autres buts concrets pour les sionistes, au moins deux. D’abord, elle obligeait à une mise en scène de la normalisation encore une fois de la relation entre les États arabes, tous corrompus et sionistes, et l’entité sioniste. Puis elle a contraint les pays donateurs à l’Autorité Palestinienne en crise de légitimité totale à fournir de nouveaux fonds dont moins du dixième promis arrivera à destination sous forme de formation d’un groupe paramilitaire palestinien, sorte de Garde de Mahmoud Abbas avec un entraînement digne du GIGN pour seconder les manoeuvres répressives contre le peuple palestinien. Comble de l’ironie, les dons ont profité à Israël et aux USA chargés de l’entraînement.

Pas une seule fois, le Peuple Palestinien n’a été présenté sous sa caractéristique la plus forte, à savoir sa capacité à RÉSISTER. Nous avons espéré entendre ce mot, soutien à la Résistance Palestinienne, laquelle ne fut jamais évoquée, escamotée derrière un verbiage qui soulignait le refus de combattre de certains Israéliens lors de l’invasion du Liban en 1982. Ce seraient les manifestations des refuzniks qui aurait été la raison de l’arrêt des combats à cette époque. Simple victime invertébrée et impuissante, le Peuple Palestinien ne requiert de nous que compassion et un appel à le visiter dans la configuration de ce que les Mass Media ont contribué à appeler les Territoires Occupés comme si toute la Palestine historique ne l’était pas. Il a été recommandé vivement aux auditeurs de la conférence d’aller faire du tourisme éthique, d’aller voir le peuple encagé comme seule perspective de solidarité. Pas un mot sur le blocus de Gaza et comment tenter de le rompre. Pas un mot sur l’initiative de Free Gaza et l’embarcation partie de Chypre pour la seconde fois défier la décision de l’entité sioniste d’isoler les Gazaouis privés de tout et soumis au pire des états de siège qu’aucune instance internationale ou de solidarité n’a voulu contester dans les faits.

Même pas d’aller sur place puis de revenir et de témoigner, simplement aller voir.

Tout à fait en fin d’un discours purement compassionnel, il a été mis en avant l’hypothèse de s’abstenir d’acheter des dattes provenant des territoires palestiniens occupés et ravis par les colons. Cette version très édulcorée du BOYCOTT d’Israël recommandée par plus de 170 organisations palestiniennes comme réponse politique cohérente qui se devrait mondiale par rapport à un État violeur de tout l’édifice du droit international taillé par les ‘Alliés’ après la guerre intra-européenne de 1939 secondairement mondialisée. En effet si une solidarité concrète et effective devait avoir lieu, ce serait ce principe de rendre paria une entité qui se met elle-même au ban de l’humanité.

Le boycott se devrait d’être économique ET culturel.

Mais l’un des conférenciers, Michel Warchawski après avoir fait croire qu’il ne participerait pas au Salon du Livre de Paris organisé en 2008 en l’honneur de l’entité sioniste a fini par rejoindre les marchands de papier qui se sont bousculés à la porte de Versailles. Vendre de la camelote sous l’enseigne de l’honneur fait à Israël encensé pour avoir appliqué le plan DALET et expulsé plus de la moitié du peuple palestinien n’indisposait pas les professionnels de la cause palestinienne qu’ils séquestrent pour le plus grand profit de la perpétuation d’une idéologie mortifère, celle du sionisme.

La question de la colonisation de la Palestine n’a pas été mise sous la perspective historique qui conviendrait, l’impérialisme occidental encore à l’œuvre à ce jour depuis le 19ème siècle. Elle a été présentée noyée sous des commentaires mille fois entendus ailleurs et sans consistance sur la thématique médiocre servie par les fournisseurs d’histoires et de thèmes ignares des mass media, le choc des civilisations. L’élaboration sioniste et son application date des nationalismes meurtriers européens et de la compétition entre des nations incertaines d’elles-mêmes et de leur identité rendue floue car déjà en proie à l’internationalisation du capitalisme, de son mode de production et de la recherche de débouchés pour sa marchandise.

À toujours argumenter point par point les leurres idéologiques qui emplissent les journaux et donc la conscience du citoyen-monde spectateur de sa vie, c’est étoffer la construction du divertissement.

En effet si choc il y a et il y a eu et il y a encore, c’est la barbarie du capitalisme qui connaît les spasmes de sa dernière version totalement virtuelle. Au lieu de cela, le peuple palestinien a été accusé par l’un des orateurs d’avoir accompli la réalisation du piège des sionistes en votant Hamas, la victime est toujours responsable des malheurs qu’elle vit ou a vécu. Acculé à refuser la perpétuation du règne sans partage de la faction Fatah préoccupée uniquement des avantages matériels octroyés par l’occupant, le peuple palestinien avait espéré des occidentaux, même sous leur forme dégradée d’ ‘immigrés’ d’origine arabe et/ou musulmane qu’ils défendissent le principe élevé au rang d’un instrument de culte de l’élection démocratique et transparente. Le Hamas pour les ignorants de la question palestinienne rappelons-le a vu son existence fomentée par les sionistes pour faire perdre son caractère laïc original de la résistance palestinienne. Devant l‘affaiblissement des organisations politiques qui composent l’OLP, d’organisation caritative le Hamas a été propulsé à la faveur d’élections tenues sous occupation en l’absence des 4,5 millions de réfugiés. Il ne s’attendait pas lui-même à une telle victoire qui a surpris les services de renseignements israéliens eux-mêmes. Le Fatah de Mahmoud Abbas obéissant aux ordres de ses maîtres a refusé de participer à un gouvernement de coalition qui eût pu ‘négocier’ dans une position de force avec les occupants et leurs complices. Le résultat en fut une ‘vacance’ de gouvernement durant de longs mois dont seuls les substituts des colons vivant de leurs subsides sont responsables. Aujourd’hui c’est comme si tout le monde veut oublier que Gaza, plus que la Cisjordanie, bien avant les élections de janvier 2006, était l’objet de privations décidées arbitrairement par l’occupant et c’en est même la raison du triomphe du Hamas.

La parole n’a pas été distribuée au public, sans quoi il aurait pu être rétorqué que les Palestiniens ne sont que dans un seul piège, celui de la colonisation raciste.

Nous aurions souhaité questionner l’un des orateurs à propos des frontières internationalement reconnues de l’entité sioniste.

Lesquelles ?

Celles que l’ONU avait décidées en novembre 1947, à une majorité arrachée grâce à des pays comme le Libéria, les Philippines et dans dernières quarante huit heures avant le vote, sous la pression de menaces et de chantage à peine discret à l’époque où une très grande part des pays colonisés du tiers-monde n’avaient pas accédé à l’indépendance et n,’avaient pas voix au chapitre ?

Celles établies à l’armistice de 1948 ? L’ONU a déclaré illégales les annexions de territoires obtenus après une conquête militaire.

Ou celles que l’entité sioniste ne veut pas admettre car elle se réserve le droit d’annexer encore et encore depuis le Nil jusqu’à l’Euphrate.

Et ce qualificatif d’internationalement, il désigne qui ? Tant que le peuple palestinien n’a pas signé sa reddition, du point de vue du droit international communément admis, y compris l’entité sioniste en tant qu’État n’est pas validée.

L’auditoire a eu l’occasion d’apprendre que l’Andalousie arabe a été interprétée comme judéo-musulmane par le distributeur de bons points en matière de solidarité « acceptable » avec la Palestine. Il commençait à se savoir que des bourses étaient principalement accordées aux étudiants en histoire de l’Andalousie qui se destinaient à revisiter l’histoire dans ce sens. La présence arabe en Andalousie qui a duré plus de sept siècles devrait tout au génie judaïque. Nous avons eu la preuve de la banalisation d’un mythe naissant d’une Andalousie judaïque par cette juxtaposition incongrue de judéo-musulmane pour l’Andalousie alors qu’elle a été arabe et musulmane même si elle abritait en son sein sans discrimination toutes les confessions du Livre.

En matière d’imposture historique, nous n’en sommes pas à celle-ci près. L’introduction du langage mathématique dans les sciences physiques et de la méthode expérimentale parfaitement décrite et reproductible est une contribution essentielle à la science due à des savants de culture arabo-musulmane.

La première fois que fut énoncée la loi de la réfraction de la lumière dans un corps plus ou moins réfringeant que l’air, l’humanité la doit à un savant ayant vécu à Baghdad, le mathématicien Ibn Sahl (940-1000), soit plus de six cents ans avant que ne la « redécouvre » ( ?) Descartes (1596-1650). Sans compter que le doute posé en prémisse de toute réflexion philosophique fut posé comme principe méthodologique par l’immense philosophe Al Ghazali (1058-1111) donc bien des siècles avant le discours de la méthode. L’actuel pape, malgré sa tiare et son statut d’ infaillibilité, ignore sans doute que l’humanité ne dispose que des versions arabes du physicien et astronome grec d’Alexandre, Ptolémée, de même elle n’a eu accès aux travaux d’Euclide qu‘essentiellement par l’arabe, non tant au travers de traductions que de commentaires. Ce qui peut laisser à penser que ce sont des savants arabes qui se sont inventé des ancêtres grecs. Où et quand fut inventé que l’Islam est incompatible avec la rationalité?

Faut-il simplement reprendre cette vieille lune du colonialisme européen resservie à l’occasion d’un 11 septembre tout droit sorti des boîtes à outils de la CIA depuis qu’elle a envoyé de toutes les contrées musulmanes des charters entiers d’inemployés pour aller aider les Taliban en Afghanistan contre les Soviétiques, alors qu’il faut consacrer son énergie à déployer des solutions politiques aux impasses où nous conduit ce capitalisme à un stade ultime de sa décomposition ?

Les orateurs nous avaient avertis que la question de la Palestine n’était pas une question de religion mais un problème politique sans le nommer toutefois.

Toutes les personnes présentes ont été sommées de ne pas verser dans l’antisémitisme, comme si elles en étaient suspectées avant même d’être consultées, enfermant le public justement par cette admonestation préventive dans une perspective religieuse et communautariste. De la sorte, les Maîtres dispensateurs de leçons inactuelles sur la solidarité avec la Palestine opèrent la glissade de sens vers le terrain qui ne concerne aucun arabe (ni les Arabes ni les Musulmans n’ont été impliqués dans les chambres à gaz construites en territoire européen et chrétien ni dans les déportations). Celui qu’affectionnent les sionistes car il justifie à leurs yeux la spoliation de la Palestine, les crimes contre l’humanité des sociétés occidentales au vingtième siècle contre des Européens de confession juive, la culpabilité toute chrétienne qui lui est liée.

Les Palestiniens n’ont pas à être les victimes des victimes, comme l’avait si bien dit Mahmoud Darwish, et nous, solidaires du peuple palestinien, n’avons pas porter la culpabilité des criminels de guerre et contre l’humanité que nous n’avons pas été.

La question de la Palestine n’a enfin pas à être détachée de l’histoire et présentée comme un conflit incompréhensible sans début ni fin. Dans le contexte actuel de la fin de l’hégémonie étasunienne tant sur les plans militaires, Bush II négocie avec les Talibans et l’armée étasunienne risque de ne pas être reconduite en Irak que diplomatique et économique, tous les opprimés de la planète du sionisme non seulement redressent la tête mais ont à construire un autre monde, un monde de justice et de fraternité.

 COMITE ACTION PALESTINE




Sauver Siné

le-dessinateur-sine-en-2008-image-d-archives-10797243dywjd_1713[1]Ce texte de l’écrivain Marc Edouard Nabe, daté du 20 septembre 2008, pose une question essentielle : quelle posture faut-il adopter lorsqu’on est marqué au fer rouge de l’accusation d’antisémitisme ? La réponse prend d’abord la forme d’une autre question : quelle est la légitimité de cette juridiction suprême instituée par les sionistes qui pullulent dans les appareils idéologiques d’Etat ?

 Cette juridiction suprême n’a aucune légalité ni même aucune existence incarnée dans un organe d’Etat. Mais elle est présente dans des institutions, dans des associations et sa force de frappe réside surtout dans son influence médiatique. Elle est difficilement identifiable comme entité organisée et reconnue, et pourtant elle juge, délibère et sanctionne quiconque ose la moindre critique à l’endroit du projet sioniste de liquidation du peuple palestinien.

Dans ce contexte l’affaire Siné n’est qu’un moment dans la longue série d’accusations d’antisémitisme, mais elle est révélatrice d’une certaine pathologie post-traumatique : donner des gages, comme l’a fait Siné, de son « anti-antisémitisme » au lieu de dénoncer la légitimité de cette juridiction suprême. Celle-ci a eu raison d’un anarchiste « historique » qui s’est donc, hélas, conformé au rituel de la génuflexion alors qu’il fallait saisir cette occasion pour critiquer radicalement cette nouvelle idéologie de contrôle.


Il faut sauver Siné. Pas de l’accusation d’antisémitisme, mais de la bande de cons qui l’entoure et qui, pour se refaire une virginité de faux rebelles sur son dos de vieil anar, l’a poussé à lancer un journal de merde. Je ne veux pas que Siné meure en se recentrant. Je l’aime et l’admire trop pour ça.

C’était pourtant un bel été : un de mes pères spirituels était traîné dans la boue. Il s’était fait gauler pour antisémitisme. Encore ! On le traitait d’ordure ! J’étais fier. À 80 ans, il allait finir en beauté, sali, honni, méprisé. «Antisémite », je crois que c’est le mot que je préfère dans la langue française. J’ai suivi toute l’affaire et puis, le 23 juillet, j’ai eu une idée… J’ai appelé Siné pour lui faire part de ma vision : pourquoi ne pas répondre au connard qui l’a viré de Charlie Hebdo par un autre journal, un numéro spécial de Siné Massacre , où Bob montrerait qu’il y en a marre de ce chantage à l’antisémitisme ? Il n’était pas chaud et trouva la chose irréalisable, il préférait se cantonner au Net. Je le stimulai et raccrochai.

Au matin du 27 août, Bob me rappela pour me dire, un peu gêné, qu’il allait sortir le 10 septembre un journal… Je le félicitai et lui demandai ce qui allait y avoir dedans. Mon idole absolue en provoc, ce pur génie du dessin et de l’anarchie, ce grandiose fouteur de merde à pisser de rire dès qu’il ouvre la bouche ou trace un trait, ce géant historique aux énormes couilles me sortit une pauvre liste de tout un tas de minables de l’humour et du journalisme tous plus bien-pensants les uns que les autres…

Au ton de sa voix, j’avais déjà compris mais j’attendais que Bob, en se raclant la gorge, finisse par cracher le morceau: « Pour l’instant, les mecs comme toi on préfère éviter. » Les mecs comme moi ? Mais il n’y a qu’un mec comme moi ! Et puis même, qu’est-ce qu’ils ont les mecs comme moi ?

Cette peur que je grille tout un journal à cause de ma « réputation », et exprimée par un octogénaire notoirement ennemi d’Israël m’a fait de la peine. « Les mecs comme toi, on préfère éviter… » Je croyais être pour Siné autre chose qu’un mec comme moi… Pourtant, c’était inutile de paniquer.Vu l’ours, je ne risquais pas d’écrire dans Siné Hebdo ! Entre Didier Porte (chroniqueur chez Stéphane Bern !) et Christophe Alevêque (chroniqueur chez Laurent Ruquier !), merci bien… Et puis au point où j’en suis dans mon destin, je me fous d’écrire dans un journal : je préfère aller droit dans le mur, je veux dire sur le mur.

Ça va, j’ai compris : il y a les bons accusés d’antisémitisme et les mauvais accusés. Le clan des antisémites sympas, bien de gauche, soixante-huitards tellement toujours libertaires et celui des antisémites méchants, de droite, fascistes, avec de grandes dents pointues, assoiffés de nazisme… Et puis il y a l’antisémite errant, solitaire, ni de droite ni de gauche, exclu de partout, frissonnant de toutes ses petites plumes noires, avec sa coquille d’oeuf sur la tronche ! C’est moi, le Caliméro de l’antisémitisme…

Ma mise à l’écart de Siné Hebdo est pour mes ennemis le certificat implicite de mon « antisémitisme » délivré, et c’est bien ce qui est le plus dégueulasse, par mes plus fervents supporters ! Ceux pour qui je n’étais jamais assez violent, radical, flamboyant ! Ceux qui pleurnichent que c’est trop injuste le sort que la société intellectuelle me réserve depuis 25 ans ! Ceux qui s’insurgent au quart de tour qu’on puisse penser tant de mal d’un artiste comme moi que tant de méchants ont mis au coin ! Et eux, ils ne m’y mettent pas, au coin ?

Quand Delfeil de Ton, en regardant le sommaire de Siné Hebdo , dit « Elle a de la gueule, cette équipe ! », c’est de la gueule de qui qu’il se fout ? Vous êtes sûrs, les gars, qu’il ne manque pas quelqu’un ? Recomptez-vous ! Ça aurait été trop beau qu’ils ne m’intègrent pas à leur torchon parce qu’ils m’estiment audessus de ça, ou bien parce qu’ils savent que je me fous de me recentrer et que j’abhorre tout ce qui sort de la radicalisation extrême. Mais non ! C’est uniquement pour se protéger eux ! Et tant pis si ça avait pu me faire du bien à moi, car dans leur petites têtes d’indécrottables gauchistes prétentieux, ils croient encore qu’être avec eux, c’est bon pour moi !

Je me retrouve finalement dans la même position que Bob au début de son affaire : viré d’un hebdo pour antisémitisme, sauf que moi je n’y ai rien écrit et que je suis exclu d’un journal avant même d’y avoir mis les pieds ! Plus fort encore ! Siné doit comprendre ce que je ressens, lui qui était furax que ses potes de Charlie ne démissionnent pas en solidarité ! Je voyais mal Berroyer, Delfeil de Ton,Vuillemin, Gaccio, menacer de ne rien faire dans Siné Hebdo si je n’écrivais pas dedans dès le premier numéro… L’argument de Berroyer, et surtout de Delfeil de Ton, qui s’est excité stakhanovistement tout l’été à défendre Siné dont il n’a jamais rien eu à foutre, c’est que je fais bien de me tenir à l’écart de ce groupe, sinon « on » pourrait dire: « Évidemment, un antisémite défend un autre antisémite ! » Défense de défendre Siné… Bravo ! Résultat, moi, je me retrouve encore seul, toujours avec mon « infamie », et « on» peut dire sans crainte : « S’il n’est pas dans le coup c’est que lui, il est vraiment antisémite ! » Merci du cadeau, les mecs ! On peut compter sur ses amis…

Certains naïfs s’étaient déjà étonnés de ne pas voir mon nom dans la pétition de soutien à Siné… En effet, je n’y suis pas, comme tous ceux qui aiment Bob pour ce qu’il est vraiment : Vergès, Strelkoff, Wolinski, Pauvert… Bien sûr, dans cette liste, il y a un ou deux génies, et des proches, des parents, même ! Mais, en gros, c’est n’importe quoi : Henry-Jean Servat et Edgar Morin, Jean- Luc Godard et Patrick Font… Non ! Moi, je ne signe pas une pétition entre un pédophile et mon propre père !

Cette pétition pue plus que celle contre Siné… Il faut le faire ! Au moins, l’autre est plus courte et surtout plus sincère. Je crois BHL et Élie Wiesel, pour prendre des exemples limites dans l’horreur, sincères dans leur haine dégueulasse de l’antisémitisme, alors que je sais totalement insincères un Daniel Mermet ou un Jean-Yves Lafesse dans leur amour tout aussi dégueulasse de la liberté d’expression… Quand on maintient un Olivier Besancenot dans sa liste de soutien, on n’en vire pas un Alain Soral, qui l’avait signée, sous prétexte que lui est un « vrai » antisémite. Vive la liberté d’exclusion !

Ce n’est pas le bal des faux-culs ! C’est le cimetière des faux-culs ! Ces pétitionnaires pétochards pensent qu’ils échapperont, par la diversité de leur plumage, à la chasse aux oiseaux douteux ! Qu’est-ce qu’ils croient ? Ils sont de toutes façons louches à Sion. Ils se sont autoraflés, les cons ! Les Juifs (je dis « les Juifs », parce que saint Jean dans son Évangile dit les Juifs) méprisent ces tartuffes de l’antisionisme soft , et ils ont bien raison ! Ils savent à quoi s’en tenir avec ces hypocrites. Ils doivent se marrer de les voir tous trembler comme les vieilles rombières d’une gauche paléolithique, outragés qu’on puisse penser qu’ils en sont ! Les ennemis de Siné rigolent de voir sa liste parsemée de quelques « meilleurs amis juifs » pour contre-balancer les pas nets-nets qui ont signé aussi…

Sionistes ou pétitionnistes, quelle alternative ! Le protocole des sages de la pétition ! OK, Siné n’est pas antisémite, et eux non plus, puisqu’ils le défendent ! La bonne affaire ! Pourquoi, au lieu de défendre abstraitement la « liberté d’expression », tous ces pro-Siné ne nous disent-ils pas ce qu’ils pensent personnellement d’Israël et de l’exploitation de la Shoah en France, à des fins de pure intimidation, par une poignée de fanatisés ? J’écoute M. Arrabal (sans logorrhée gongoresque sous-dalinienne, je vous prie), et M.Guy Bedos (sans « humour » ni pirouette SVP), et Mme Marina Vlady (sans pleurnicherie russe, vous me ferez plaisir). Et M. Noël Godin (hors-tarte, c’est bon). Gloup-Gloup ? Gloops… Silence ! Silence de mort, de morts plutôt, car ils sont tous morts d’avoir fermé leur gueule sur ça depuis tant d’années, alors qu’ils savent les uns les autres ce qu’ils pensent. Et si jamais il leur arrivait de répondre à la question, ce serait à coup sûr pour dire qu’il faut absolument deux États en Israël / Palestine. Ignorentils que ce n’est pas du tout, mais alors pas du tout, ce que pense le grand artiste qu’ils font semblant de soutenir ?

« L’affaire Siné » aurait pu être l’occasion de percer l’abcès. Ce n’est pas pour son cliché antisémite que Val a viré Siné, c’est pour son attaque hebdomadaire d’Israël. Comment peut-on faire encore le scandalisé d’être traité d’antisémite quand pendant quarante ans on tape sur Israël ? On sait bien que, dans ce pays coupable qu’est la France, entre les antisionistes et les antisémites la police ne fait pas de différence. Qu’on ne s’y trompe pas : l’objectif, en foutant Siné à la porte, était aussi de supprimer sa rubrique, c’est-à-dire les seuls propos violemment anti-israéliens qui restaient encore lisibles dans la presse traditionnelle. Du coup, ça saute ! Et le paradoxe, c’est que ce n’est pas dans Siné Hebdo qu’on les retrouvera ! Catherine Sinet sera, vous verrez, plus regardante que Philippe Val ! Un comble !

Ah, Catherine ! Elle a dû lui passer un sacré savon à son Bob quand il a « dérapé ». Ça n’aurait tenu qu’à elle, Siné aurait continué à dessiner jusqu’à 100, 120, 130 ans dans cette monstruosité qu’est le Charlie actuel, pour gagner sa croûte ça ne la dérangeait pas ! Au contraire, elle arrondissait les angles, elle avait demandé à Pierre Carles de couper de son film sur Choron les propos trop sévères de Bob contre Val à l’époque où tout baignait ! Peine perdue ! Le vieux n’a pas pu s’empêcher de passer outre !

La Catherine en chef peut pavoiser : elle l’a, son hebdo. Catherine Sinet Hebdo ! Autrement dit Sinée Hebdo : un journal de gonzesses faussement dirigé par un génie vieillissant. C’est elle qui dirigera et contrôlera tout. On n’est pas prêt de voir un dessin de Vuillemin pleine page sur la comédie musicale Rabbi Jacob , qu’il n’aurait pas manqué de faire dans LaVérité . Comment faire un nouveau journal « politiquement incorrect » si on le veut avant tout « inattaquable » ? On se demande à quoi ça sert de l’avoir créé. C’était donc juste par orgueil blessé d’avoir été chassé de Charlie Hebdo ?

Quand j’ouvre ce Siné Hebdo moche, débile, creux, potache, inepte, indigne, j’ai honte ! Honte pour Siné Massacre et L’Enragé ! « Un journal, sans tabou, ouvert à tous, réunissant tous ceux à qui on a fermé le clapet dans les autres journaux », dit Bob. Tu parles Charles, et même Charlie ! C’est pire que celui de Val où au moins il y a encore Willem et Wolinski. Charlie Hebdo est un journal de vieux, et Siné Hebdo , un journal de morts. Le casting donne la nausée : polardeux, cultureux, inrockuptibleux, philosopheux, chansonniers… L’Axe Ruquier-Groland, il fallait le trouver ! Quand je pense que c’est Siné qui en est responsable… Philippe Geluck / Benoît Delépine, même combat… Merci, Bob, de montrer qu’en vérité ce sont tous les mêmes minus de l’humour… Les différences n’étaient qu’apparentes : ils servent la même France franchouillarde de beaufs, celle que Siné a combattu toute sa vie, son oeuvre, son cul ! Je parie qu’on verra bientôt Michel Drucker faire la pub de Siné Hebdo à «Vivement Dimanche ». Canal+ s’en délecte déjà. Siné Hebdo ne peut que rencontrer un grand succès comme tout ce qui est un ersatz aujourd’hui. Notre époque c’est : parce qu’il n’y a rien d’autre à se mettre sous la dent, on bouffe n’importe quoi. Le pis-aller roi !

Siné Hebdo , c’est la fête aux billets d’humeur et aux petits Mickeys dans les coins… Que du remplissage ! Siné lui-même reprend ses vieux clichés graphiques et les autres dessinateurs, ça fait peur de voir comment ils sont ininspirés. Même Tardi recycle un dessin de l’époque de l’affaire des caricatures de Mahomet. Les textes, n’en parlons même pas puisqu’eux-mêmes ne parlent de rien. Ou de trois fois rien… Entre deux basses attaques contre l’Islam (et donc les Arabes), on n’oublie pas la petite charge anti-antisémite d’usage contre une personnalité du XIXe siècle pour montrer qu’on est du bon côté… Pitoyable !

Tel que je le connais (depuis 48 ans !), il est impossible qu’engager dans un journal censé « chier dans la colle et dans les bégonias » un Frédéric Bonnaud soit dans le goût de Bob Siné ! Entre la débandante Isabelle Alonso et le dépressif Denis Robert, Bob va bien se faire chier. Il l’a sabordé d’avance, son journal. Les bégonias ont encore de beaux jours devant eux !

À quand Jean Amadou ? Non, quand même pas, mais Albert Algoud, Christine Bravo, Gérard Mordillat, Didier Daenincks, c’est pour bientôt. Alain Gerber à la rubrique jazz ? Bruno Masure à la télé ! Cet ours est un nounours, pas un grizzly. Inoffensif Hebdo , chaque mercredi, 2 euros. Ce n’est pas avec une troupe de branquignols éclopés pareille qu’on fera la révolution ! Il y a déjà un petit Val en herbe dans l’équipe qui prendra le pouvoir dès que Siné s’en ira…

«ONFRAY ENFOIRÉ ! », voilà un bon slogan soixante-huitard. Bob s’est laissé abuser par ce prof hédoniste (mon cul ! ) qui décrète, entre deux cours de philo à la mode de Caen où il est incapable de sortir ses tripes, qu’il représente la vraie « gauche de gauche », monsieur, qu’il est pour « la vraie liberté de la presse » et qu’il déteste toutes les religions… C’est tout ? On gagne l’estime de Siné à peu de prix en ce moment. Moi, ça me fait mal de voir qu’un géant comme Siné accepte de travailler sous l’oeil sournois derrière de petites lunettes post-beigbederiennes à la con d’un flic chevelu qui, parce qu’il a mis des billes dedans, déclare qu’il sera « attentif au contenu de chaque numéro » ! Pire, qui dit carrément : « Je suis sioniste » ! Et qui est connu pour détester le marquis de Sade ! Siné, Bob Siné, lance donc un journal avec à sa tête un sioniste coincé du cul, lui qui vomit Israël et dont le marquis est le dieu ?

Voilà où ça mène, l’athéisme militant… La ligne de Siné Hebdo est claire : taper sur Sarkozy. Comme c’est commun, prévisible et sans danger ! Après avoir fait de l’antilepenisme pendant vingt ans, les mêmes vont faire de l’antisarkozysme… Quel courage ? Ce sont ceux qui ont couché le plus avec les Allemands qui incarnent la Résistance ! Escrocs qui confondent exprès le Système et Sarkozy. Ce n’est pas parce qu’ils ne collaborent pas avec Sarkozy qu’ils ne collaborent pas avec le Système.

En 2008, Siné croit toujours que le monde se partage entre « réacs de droite » et « mecs sympas de gauche », qu’il y a les « fachos » d’un côté et de l’autre les gentils potes avec qui on boit des coups, et accessoirement on fait un journal. Assez! Toujours boire et se marrer entre copains ! La revoilà, la gauche de l’horreur, l’ignoble gauche de 68 qui a fait des 69 avec 81 avant de passer à côté de 2001 ! Elle s’est gourée sur tout et revient se gourer sur tout. C’est celle-là ! Au secours ! Une bande d’ados attardés… Enfants gâtés de la rébellion… Gaudriole et compagnie. Amusements de bourgeois ! Siné dirige un journal « mal élevé » avec des « trublions », des « insolents ». C’est tout ? Pourquoi pas avec des « impertinents », tant qu’il y est ?

Il n’est plus temps de faire un journal. L’époque a tragiquement changé. Faire un journal alors que des millions d’individus souffrent, sans le savoir, de ne rien comprendre au film qu’on leur projette depuis 60 ans ? Faire un journal au moment où plus personne ne croit qu’un jour quelque chose a pu être vrai et beau tellement tout est désormais faux et laid ? Faire un journal aujourd’hui où des jeunes filles splendides et des mecs intelligents sont détruits d’avance par le marasme, l’ignorance et l’indifférence imposés depuis des décennies par les exploiteurs du suicide de l’Occident ? Non, merci. Un peu de décence, les amis ! C’est fini, Bob, les journaux…

Le seul journal que Siné aurait dû faire était celui dont j’avais eu l’idée, avant qu’une bande de jaloux et d’incapables la pervertissent derrière mon dos. Un seul numéro, exceptionnel, historique, beau, fort, drôle, avec TOUS ceux qu’on a accusés d’antisémitisme, sans distinction ni sectarisme. Ils auraient expliqué au public qui l’ignore comment une poignée de fanatiques omnipotents les ont punis pour avoir parlé en mal d’Israël et de ses propagandistes. Là, ça aurait eu du sens et de la « gueule »… Une pléiade de parias qui n’ont rien à voir les uns avec les autres, mais qui ont souffert la même chose. Je ne suis pas un intime de Dieudonné, mais je suis solidaire de lui à 100%. Ainsi que de Soral qui sait très bien ce que je pense du Front national. Je ne suis pas du tout islamiste, mais je soutiens totalement Tarik Ramadan. Le côté vieille France de Renaud Camus me fout la gerbe, mais je compatis avec ce qu’il a subi. Etc, etc, etc, je pourrais citer des dizaines d’exemples et parmi des « accusés » que je ne connais même pas personnellement, mais à qui je donne raison sur la question.

Ça, c’est de l’ouverture ! Moi, je suis le moins sectaire de tous… Personne ne me soutient mais moi, je soutiens tout le monde ! Malheureusement, il n’y a aucune solidarité entre les accusés d’antisémitisme ! Quand on est Siné, on ne fait pas un procès à Asklovitch parce qu’il vous a traité à la radio d’« ordure antisémite» pour après aller traiter à son tour Dieudonné d’«ordure antisémite », dans les même termes, et toujours à la radio ! Qu’espère Bob ? Se dédouaner ? Même pas : c’est juste qu’il ne peut pas piffer Dieudonné parce que celui-ci a fait baptiser sa fille par Le Pen. Mais c’est ça l’humour aujourd’hui ! « Ça ne me fait pas rire.», m’a dit sérieusement Bob.Quelle tristesse de devoir lui expliquer que ce qu’il y a de plus drôle, c’est que Dieudonné n’est pas croyant. Provocation au carré ! Si en 2008 Siné préfère Guy Bedos, c’est désespérant… Dieudonné, lui, au moins, fait avancer l’anti-schmilblick ! Qu’il demande à sa copine Alonso ce qu’elle a pensé de son spectacle « antisémite » Mes excuses , elle qui en riait de toutes ses gencives à côté de moi au Gymnase, avant de courir féliciter l’artiste dans sa loge!

Bob a loupé l’occasion de créer un journal anti-antiantisémite déclaré, et pas seulement « mal élevé ». La stratégie à la Catherine Sinet de se recentrer après avoir frappé, c’est bien joli, mais à 80 ans, c’est pathétique. Qu’est-ce qu’il a à perdre ? La vie ? C’est peut-être mieux que ses couilles, non ?… À cet âge, il devrait n’en avoir rien à foutre de rien et persévérer dans ce qui fait 99% de sa conversation, saoul ou pas, c’est-à-dire : sa détestation hilarante d’Israël.

Aujourd’hui, ce n’est plus grave d’être traité d’antisémite, c’est quoi ces histoires de déshonneur et d’infamie ? Pourquoi se soumettre à la peur de passer pour antisémite ? Siné m’a enseigné toute ma jeunesse de ne pas avoir peur et c’est lui aujourd’hui qui tremble, recule, fait des procès, craint d’en avoir ? J’en ai bien peur. Dans cette circonstance, son doigt d’honneur équivaut à demander pardon. Résultat : il est obligé, après tous les chefs-d’oeuvre qu’il a dessinés en cinquante ans de combat, d’aller se justifier devant Paul Amar, Daniel Schneidermann, Marek Halter… En ne pouvant pas s’empêcher, d’ailleurs, de sortir des gaffes énormes du point de vue de sa stratégie de recentrage. Un peu comme Le Pen, finalement ! Je l’adore ( je parle de Siné, bien sûr) !

Les signataires de sa pétition et les journalistes de son hebdo ne font pas que soutenir Siné, ils accréditent la thèse comme quoi l’antisémitisme est une accusation dont il faut encore se défendre aujourd’hui. D’odieux culpabilisateurs essaient de nous persuader que aujourd’hui, on est encore juste après la Shoah, alors qu’on vit soixante ans après. Oui, ceux qui nous clouent les uns après les autres à la grande croix de l’antisémitisme (sans jamais le définir d’ailleurs) font croire à l’opinion qu’entre la fin de la Shoah (1945) et la fin de l’Occident (2001) il ne s’est rien passé. Si : il s’est passé la création de toutes pièces de cet État ni fait ni à faire : Israël.

De cet escamotage historique nous crevons. Pour se venger d’Hitler, les Juifs ont bloqué le Temps. On stagne avec eux, pour eux, dans une époque qui ne signifie rien pour des milliards d’individus vivants aujourd’hui, obligés de se ronger de culpabilité sous peine d’être dénoncés comme « antisémites »…

Tout contemporain qui a peur qu’on le traite d’antisémite est complice du système qui fait qu’à cause de la Shoah on n’a pas le droit d’être contre Israël. «Quel rapport ? » serait en droit de se demander un jeune homme d’aujourd’hui qui n’a pas vécu Auschwitz mais qui vit Gaza tous les jours. Comme je dis souvent, moi qui ne suis pas révisionniste : «Oui, la Shoah a existé, c’est Israël qui ne devrait pas exister. » Si le premier crime contre l’humanité est la Shoah, alors le vol de la terre de Palestine par les Israéliens est le second.

C’est ce genre de chose qu’on aimerait lire dans Siné Hebdo , journal créé, on va finir par l’oublier, parce qu’un petit moine de l’Inquisition américanosioniste a voulu brûler un grand prophète antisioniste, historique et héroïque, qui a dit que le fils Sarkozy irait loin dans la vie en se convertissant au judaïsme.Vieux cliché qui a échappé comme un rot à Siné, et qu’autant de cons ont osé lui reprocher que d’autres tout aussi cons ont essayé de nier. Les enculés contre les hypocrites ! Sacrée bataille estivale ! Ce qui est sûr, c’est que le fils Zanini n’ira pas loin dans la vie parce qu’il ne veut pas se convertir à l’antisémitisme faux-derche, religion très courue en ce moment. Ça va être tendance ! Je vois d’ici les slogans : « Soyez un antisémite bobo, lisez Siné Hebdo ! » On a souffert à cause des anti-antisémites. Voici le temps des anti-antiantiantisémites !

J’entends déjà Askolovitch commenter Siné Hebdo : « C’est un journal dirigé par un antisémite avec des collaborateurs qui eux ne le sont pas ! » Insoupçonnables, mon cul ! Je pourrais à chacun des participants ressortir sa petite casserole. Ils se sont bien planqués, c’est tout. Comme disait Marius Jacob : « Un millième de seconde avant son arrestation, le criminel était un honnête homme. » Que mes amis se rassurent, je ne vais pas faire comme Rosa vonPraunheim, qui balançait le nom des homos de son pays, l’Allemagne, parce qu’il trouvait utile qu’ils arrêtent de se cacher et d’avoir honte.

Aucun des proches sérieux de Siné n’a été étonné qu’il « tombe » pour antisémitisme. Ce qui nous aurait troué le cul, c’est que Val le vire pour islamophobie, il aurait marqué là un point, mais Val ne peut virer personne pour islamophobie, tout le monde sait pourquoi. Et Siné a beau cracher sur les islamistes, personne n’est dupe : sa bête noire, c’est Israël.

Il y en a marre de réfuter cette accusation d’antisémitisme, il faut l’accepter comme Jean Genet, le maître de Siné, le préconisait : répondre oui à tout ce dont on vous accuse même si c’est faux. Intéressante, l’amitié Genet /Siné… Lui aussi, j’en suis sûr, aurait fait partie de ces « mecs » qu’on préfère éviter à Siné Hebdo … C’est un honneur aujourd’hui, c’est même un devoir, d’accepter d’être accusé d’antisémitisme par des gens tels queVal, Askolovitch, Adler, Joffrin, Slama, Jean-Luc Hees, etc.

J’en ai marre de ces bourgeois qui pleurnichent parce qu’on risque de les prendre pour des gens qui n’aiment pas les Juifs ! Moi, j’aime les Juifs mais je les combats quand ils nient qu’ils sont tous pro-israéliens. Je ne fais ni semblant de les aimer en fermant ma gueule, ni semblant de ne pas les détester en l’ouvrant sur un autre sujet, technique que tant de faux-culs pratiquent.

Au fait, c’est quoi être antisémite aujourd’hui ? C’est vouloir détruire tous les Juifs comme Hitler le voulait ? Ou bien c’est juste refuser de se plier au chantage à la Shoah martelé par certains Juifs culpabilisateurs et beaucoup de goys culpabilisés dans le seul but que tout le monde ferme sa gueule sur Israël ? Si être antisémite, c’est la seconde option, alors il faut être fier d’être traité d’antisémite.

Marc-Edouard Nabe, 20 septembre 2008
http://marc.edouard.nabe.free.fr/




Rapper et résister – Sud Ouest – Vendredi 08 Août 2008

Publié: Fri, 29-Aug-2008
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par Dominique Andrieux *

Bleue comme une orange propose, samedi, théâtre et musique palestiniennes. Et le rap de Leeroy

Pour sa 12ème édition, le Festival Bleue comme une orange (1 ) reste fidèle à son double objectif. La ville de Lormont souhaite « destiner ce rendez- vous estival à celles et ceux qui n’ont pas la possibilité de par tir en vacances » et « offrir une rencontre orientée sur les musiques du monde ». Une programmation de qualité, les amateurs de rap pouvant en attester puisque Leeroy, dans le cadre de la tournée suivant la sortie du CD Open Bar, fera étape à Lormont, samedi 9 août, à partir de 20 heures.

Cette année voit toutefois une petite modification puisqu’à l’origine le Festival se déroulait toujours le dernier week end de juillet. « Nous avons décalé la date de deux semaines de façon à permettre aux jeunes Palestiniens séjournant à Lormont de présenter le travail artistique qu’ils ont pré paré avec des jeunes lormontais », explique le service municipal en charge de l’organisation du festival. Cette 12ème édition est donc portée par le Comité Action Palestine de la Gironde et l’association Didee, auxquels il convient d’ajouter le soutien financier de l’Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU).

Haut-Carriet . Toute la première partie de la soirée est consacrée à ces jeunes palestiniens, aux origines différentes, qui en amont de leur venue à Lormont, ont préparé un petit spectacle, chacun de leur côté. Sur le même thème de «Résister pour exis ter ». Toute cette semaine; Christian Rousseau, comédien professionnel, les a aidés à mettre en scène leur ré flexion.

Sans vouloir trahir ces acteurs, soucieux de ménager l’effet de surprise, leur presta tion pourrait tourner autour du théâtre et du slam. Deux formes servant le texte.

Le Festival Bleue comme une orange offrira un autre pan de la culture palestinienne avec le Trio A1 Khatib, lequel explore un répertoire de musique traditionnelle.

(1 ) Festival Bleue comme une orange. Samedi 9 août, à partir de 20 heures, place Magendie. Accès libre.

* La mise en forme originale de l’article a été modifiée par nos soins [CAP] pour les besoins de la publication numérique.




D’une même voix– Sud Ouest – Lundi 11 Août 2008

Publié: Fri, 29-Aug-2008
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par Dominique Andrieux *

une_meme_voix-SO_11082008Le Festival Bleue comme une orange a été marqué par le spectacle de vingt jeunes Palestiniens.

Danse, théâtre, chant, les jeunes palestiniens ont exprimé leur message – Photo D.A.

Ca lui fait du bien à cette place Magendie d’accueillir le Festival Bleue comme une orange. Samedi, avec la 12ème édition ce lieu habituellement plutôt fade a pris des allures intimistes. L’attitude du petit public ne trompait pas lors de la première partie qui a vue la vingtaine de jeunes palestiniens en séjour à Lormont endosser le rôle d’acteur (Lire « Sud Ouest » de mardi).

« C’était un peu difficile parce que c’est la première f ois qu’on mixe le théâtre, le chant, la danse, en plus nous n’avions que cinq jours de travail » analysait Yassar l’étudiant en francais à la faculté de Birzeit. Il venait d’explorer ces registres en compagnie de six camarades. Une prestation dense avec pour fil rouge « le génocide social, la révolution intérieure, la culture et l’éducation ». « Et l’espoir » ajoute Mohamed lequel étu die l’économie à Paris.

L’échange . Les gestes de ces deux jeunes hommes montrent qu’ils sont heureux. « Nous sommes tous les deux de Rammallah et nous ne nous connaissions pas », sourit Mohamed. Cette semaine de rencontre organisée par le Comité Action Palestine de la Gironde , avec le concours de la ville de Lormont, aura été très riche sur le plan humain.

« Le projet a atteint son objectif, de permettre à ces jeunes de discuter, en France, alors qu’ils ne peuvent pas le faire dans leur Pays », retient Christian Rousseau, le comédien professionnel qui les a accompagnés dans la mise au point de leur spectacle. Un homme de théâtre revendiquant la culture comme fondement essentiel de toute société. « L’art aide à réunir 1es gens en marquant les différences de chacun » poursuit-il.

Yassar et Mohamcd ont eu le temps l’analyser au cours de cette semaine rassemblant des jeunes palestiniens issus de Cisjor danie, du Liban et des territoires de 48 : « Nous avons des menta lités différentes mais nous sommes tous un même peuple ».

Y compris les musiciens d’Al khatih qui ont fait découvrir la musique traditionnelle lors d’un festival qui s’est poursuivi par le r ap de Leeroy.

* La mise en forme originale de l’article a été modifiée par nos soins [CAP] pour les besoins de la publication numérique.




Terre de Rencontre – Sud Ouest – Mardi 05 Août 2008

Publié: Fri, 29-Aug-2008
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par Dominique Andrieux *

Quatorze jeunes palestiniens partagent une semaine autour de la culture et de leur identité

Les onze jeunes palestiniens d’origine différente ont fait connaissance à Lormont – Photo D.A.

« Je ne sais pas ce qu’on va faire parce que je ne sais pas ce que vous voulez faire, on devra prendre du temps pour apprendre à se connaître, se reconnaître, accepter de prendre le temps. » Christian Rousseau, comédien de théâtre, s’adressait hier matin en ces termes à onze jeunes palestiniens arrivés la veille à Lormont pour un séjour d’une semaine.

« Ça nous a demandé un an de travail mais nous y sommes arrivés, il fallait voir l’ambiance au moment du repas hier soir, ils ont chanté, dansé », commente Rose-Marie Lou, membre du Comité Action Palestine qui a porté le projet avec le partenariat notamment de la ville de Lormont et le centre social de Génicart.

La cité lormontaise est le symbole d’une première rencontre entre cinq jeunes femmes et hommes vivant en Israël, des adhérents d’Ittijah, une association de jeunes palestiniens, et six autres venus de Cisjordanie, plus précisément du camp de réfugiés d’Aida. « C’est la

première fois que je rencontre des Palestiniens d’état, je m’informe de leurs souffrances, de leurs difficultés », confie Yassar, un étudiant en francais de 21 ans, venu de Ramallah.

Ils travaillent un spectacle . Hier soir, le groupe devait s’enrichir de trois invités, de La GUPS, une association parisienne d’étudiants palestiniens. Et cette « rencontre de jeunes de différentes composantes » aurait pu être plus conséquente si leurs homologues libanais avaient pu obtenir leurs visas.

Les onze jeunes présents hier matin se sont présentés entre eux. À les entendre, une très forte majorité étudie les arts. Un lien qu’ils développeront lors d’ateliers au cours desquels interviendront divers spécialistes, à l’instar de Christian Rousseau. « Nous leur avions demandé de travailler quelque chose en amont du séjour », salive Rose-Marie Lou à l’idée « des bonnes surprises » qui seront présentées samedi prochain, dans le cadre du Festival bleue comme une orange.

« J’ai préparé un sketche de théâtre », glisse Yassar.

« Résister et exister »

Outre l’aspect culturel du séjour, « La question de la Palestine » était hier dans toutes les bouches des onze jeunes qui se donnent « l’objectif d’informer » lors de diverses rencontres (conférence, projection-débat commémoration, blabladej…). « Les Français vont apprendre une image différente de celle, déformante, que leur donnent les médias », confie Yassar, un des jeunes impliqués dans cette rencontre placée sous le thème « Résister Pour Exister ». Une conférence débat se déroule au centre social Génicart ce mardi, à 20 heures, avec Saïd Bouamama, sociologue, sur le thème de « l’Oppression coloniale à l’oppression néocoloniale racisme et discriminations ».

* La mise en forme originale de l’article a été modifiée par nos soins [CAP] pour les besoins de la publication numérique.




Premier bilan de la rencontre Resister pour Exister

Retour sur la rencontre 

organisée par le CAP entre le 3 et le 11 Août 2008 autour du thème :

Résistances à l’Oppression et Droit des Peuples à l’Autodétermination

MERCI à tous les participants

Blog consacé à la rencontre
resisterpourexister.unblog.fr

A l’occasion de la commémoration du 60ème anniversaire de la Nakba, 20 jeunes Palestiniens ont été accueillis en France {à Lormont près de Bordeaux} du 3 au 11 août 2008.

Venus du camp de réfugiés de Aida en Cisjordanie, des camps de réfugiés du Liban, de Haifa, de Gaza et de Ramallah, ces jeunes Palestiniens étaient invités par le Comité Action Palestine

L’objectif de cette rencontre était de faire connaître, de populariser la cause du peuple palestinien en France, en faisant intervenir de jeunes palestiniens qui n’ont pas la possibilité de se rencontrer en Palestine. De jeunes français ont également participé à cet échange.

Ils ont pu témoigner de l’oppression sioniste et partager la réflexion sur le thème du droit à la résistance et à l’autodétermination avec de jeunes Français. Au cours de la soirée consacrée à la Nakba, les Palestiniens et un intervenant du Comité Action Palestine ont clairement exposé l’histoire de la colonisation de la Palestine par les sionistes. Les Palestiniens ont insisté sur l’idée que la Nakba continue toujours {construction du mur raciste, judaïsation de la Palestine, crimes de masses, expulsions …} et ont vigoureusement défendu le principe, non négociable, du droit au retour des réfugiés palestiniens.

Plusieurs autres conférences publiques ont été organisées afin de présenter d’autres situations d’oppression, passées ou présentes.

La résistance algérienne contre la colonisation française a été évoquée grâce à la projection du film « la bataille d’Alger » de Gillo Pontecorvo. Deux raisons expliquent le choix de ce film : d’abord la lutte de libération du peuple algérien a longtemps symbolisé pour les peuples des pays du Sud une victoire exemplaire contre le colonialisme et l’impérialisme occidental ; ensuite de nombreux parallèles ont été faits entre le modèle de libération nationale algérienne et la résistance palestinienne. En effet, les jeunes Palestiniens ont été frappés par les nombreuses similitudes des modes d’oppression coloniale israéliens et français et des formes de lutte de la résistance algérienne et palestinienne.

Lors d’une autre soirée publique, le sociologue Saïd Bouamama a abordé le thème de l’oppression néo-coloniale en France. Sa thèse est qu’il y a une persistance de l’idéologie coloniale en France. C’est une idéologie qui peut se résumer à son caractère raciste et discriminatoire confinant la population issue de l’immigration à un statut social inférieur. L’interdiction du port du voile à l’école, la répression permanente dans les quartiers à forte concentration de personnes immigrées, le débat sur les effets positifs de la colonisation, sont autant d’exemples concrets qui montrent que la société française n’a pas rompu avec l’idéologie coloniale.

De nombreux débats ainsi que des ateliers artistiques ont été organisés. Cet évènement a aussi donné lieu à de multiples rencontres avec les habitants de Lormont et des environs. A l’issue de cette semaine, un spectacle retraçant l’histoire du peuple palestinien depuis 1948 a été présenté par l’ensemble des jeunes palestiniens et français, à l’occasion d’un festival organisé par la ville de Lormont.

Auprès de la presse locale, les jeunes palestiniens ont pu s’exprimer sur « le génocide social, la révolution intérieure et sur l’importance de la culture et de l’éducation ». Ils ont déclaré « Nous avons des mentalités différentes, mais nous sommes tous un même peuple ».

Les organisations palestiniennes associées à cette rencontre étaient Al Rowwad (Camp de réfugiés de Aida), Ajial (réfugiés palestiniens au Liban), Ittijah (collectif d’associations de Palestine de 48) et la GUPS.

Vous pouvez retrouver sur notre site, certains des articles de presses parrus à propos de cette rencontre :

– Terre de Rencontre – Sud Ouest – Mardi 05 Août 2008
– Rapper et résister – Sud Ouest – Vendredi 08 Août 2008
– D’une même voix – Sud Ouest – Lundi 11 Août 2008




PROGRAMME de la rencontre

Publié: Thu, 28-Aug-2008
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Blog consacé à la rencontre :

resisterpourexister.unblog.fr

Une vingtaine de jeunes palestiniens venant de Cisjordanie, du Liban et des territoires de 48 seront présents à Lormont pour rencontrer de jeunes français et conduire une réflexion sur la résistance à l’oppression et le droit des peuples à l’autodétermination.

Voir notre présentation de la rencontre .

Débats, conférences, ateliers artistiques, visites à thème, projection de film sont au programme.

Plusieurs rencontres publiques vous sont proposées.

Mardi 5 août 20h00 au Centre Social Lormont Génicart
Conférence-débat avec Said Bouamama, sociologue.
De l’oppression coloniale à l’oppression néocoloniale :
racisme et discriminations

Mercredi 6 août 20h00 au Centre Social Lormont Génicart
Commémoration du 60ème anniversaire de la Nakba palestinienne : interventions politiques, témoignages des participants palestiniens.

Vendredi 8 août 20h30 au Centre Social Lormont Génicart
Projection-débat du film « La Bataille d’Alger ».

Samedi 9 août 9h30 au Centre Social Lormont Génicart
Blabladej sur le thème « Résistances et Solidarités ».

Samedi 9 août : Soirée de clôture, place Magendie à Lormont,
dans le cadre du Festival « Bleue comme une Orange »
* Présentation d’une création artistique préparée par les jeunes participants au cours de la semaine
* Concert du trio Al Khatib, musique traditionnelle palestinienne
* Concert de reggae avec LeeRoy

Avec le partenariat de la Mairie et des Centres Sociaux de Lormont, des associations « Collectif pour l’Egalité », « Qu’on pose », « DiversCités », et le soutien du CCFD, du CBSP, du Conseil Général de Gironde et du Conseil Régional d’Aquitaine.




Rencontres de jeunes, Palestiniens et Français

Publié: Thu, 07-Aug-2008
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Blog consacé à la rencontre :

resisterpourexister.unblog.fr

Formes de résistance à l’oppression et droit des peuples à l’autodétermination

L’objectif général de ce projet est de faire connaître et de populariser la cause du peuple palestinien, élément central de cette manifestation, auprès d’autres jeunes et auprès d’un public plus large.

L’enjeu de cette rencontre est aussi de permettre que des jeunes échangent à partir de leur histoire et de celle de leurs peuples. Non seulement ceux-ci ont une appartenance géographique commune, la Méditerranée, mais les histoires de leurs peuples se sont souvent croisées et elles présentent de grandes similarités. Si les modèles politiques de types fascistes ou coloniaux ont été vaincus, les Palestiniens, eux, résistent toujours à la plus terrible des colonisations. Aujourd’hui nous nous trouvons également dans une phase politique mondiale où les peuples font face à une réapparition de modèles politiques autoritaires et à de nouvelles formes d’occupation ou de colonialisme.

La Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 ainsi que la Déclaration Universelle des droits de l’homme de 1948 reconnaissent le droit de résistance à l’oppression. La charte des Nations Unies reconnaît, quant à elle, le droit des peuples à la libre détermination. Le droit à la résistance et le droit à l’autodétermination seront le thème central de l’échange intellectuel, politique et artistique entre ces jeunes. Cet échange ne sera pas donc un simple exercice formel, il devrait déboucher sur une expérience positive de la solidarité entre ces jeunes, une solidarité durable au-delà des nombreuses frontières qu’elles soient d’ordre culturel, géographique, historique, etc.

Il s’agira donc au cours de l’échange de restituer le vécu de chacun des groupes et leurs réflexions sur les différentes formes d’oppression et de répression politiques vécues par leurs peuples.

Choisie comme l’un des modes principaux de la rencontre, la création artistique, comme médiation universelle entre les peuples, est un mode approprié pour établir une communication entre ces jeunes aux histoires particulières et mettre en lumière ce qui les unit, les rassemblent : la résistance contre des modèles politiques par nature répressifs et aliénants, tout en soulignant le caractère central de la cause des Palestiniens qui vivent l’une des formes de domination politique les plus radicales. Dans ce cas, la création artistique s’appuie sur le particulier, sur ce qui est propre à chaque groupe, pour nous indiquer la voie commune fondée sur la solidarité et la conscience d’un destin commun : la libération.

 Cet échange rassemblera, du 3 au 11 août 2008 , 35 jeunes, principalement palestiniens (réfugiés en Cisjordanie, territoires de 48, réfugiés au Liban) et français, à Lormont, commune de l’agglomération bordelaise.

Ces échanges se concrétiseront entre autres par une création collective qui sera élaborée au cours de la semaine à partir de ce que chaque groupe apportera et des échanges qui auront lieu pendant la rencontre. Cette création collective sera présentée en fin de semaine lors d’une soirée festive intitulée « Palestine au cœur du Monde ». Un espace débat et la participation de musiciens palestiniens sont envisagés.

La semaine de rencontre et d’échanges entre jeunes palestiniens et français sera aussi animée par des conférences-débats autour de la question des formes de résistance à l’oppression et du droit des peuples à l’autodétermination .

Trois thèmes structurant cette problématique ont été retenus :

– censure et désinformation,
– racisme et discrimination,
– guerre et démocratie .

Le Comité Action Palestine a décidé d’inviter pour aborder chacun des thèmes un spécialiste en la matière. Les thèmes choisis ont le mérite d’être transversaux, ce qui permettra d’exposer des situations communes d’oppression aux Palestiniens et aux Français, de réfléchir aux causes systémiques de la domination et de l’injustice et enfin d’envisager les modalités de résistance populaire.

Conjointement auront lieu des projections de film et des témoignages en rapport avec la question de l’oppression des peuples.

Des journées détente sont prévues. Plusieurs soirées publiques seront organisées, pour que les jeunes, notamment les Palestiniens, témoignent et rendent compte de ce partage d’expérience. Une soirée sera consacrée à la commémoration de la Nakba.

Si vous voulez nous aider pour que cette rencontre ait lieu dans les meilleures conditions, envoyez vos dons par chèque à Comité Action Palestine, 6 bis rue de Janeau, 33 100 BORDEAUX.

Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à nous contacter :

– rubrique CONTACT du site
– ou par mail : actionpalestine@hotmail.com




Aimé Césaire : Lettre à Maurice Thorez

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Dans cette lettre de démission envoyée par Aimé Césaire à Maurice Thorez, alors secrétaire général du PCF, le 24 octobre 1956 , il y a des éléments de réflexion précieux et toujours actuels qui ne concernent pas seulement la critique du stalinisme.

Aimé Césaire a admirablement bien décrit le rapport instauré par le PCF avec les mouvements de libération anticoloniaux : une posture de « fraternalisme », qui à l’instar du paternalisme colonial, dictait aux militants anticoloniaux leur conduite politique ; une condescendance qui n’avait rien à envier à celle qui était instituée par les colons avec les indigènes.

Le Parti Communiste Français considérait la lutte de libération nationale comme une question secondaire, subordonnée à la révolution prolétarienne mondiale (horizon politique très lointain bien sur). Aimé Césaire a justement refusé ce rôle secondaire dévolu aux indépendantistes, cette subordination au PCF, comme au fait colonial en général.

Une analyse juste et toujours actuelle ? Lisez plutôt : « c’est une véritable révolution copernicienne qu’il faut imposer, tant est enracinée en Europe, et dans tous les partis, et dans tous les domaines, de l’extrême droite à l’extrême gauche, l’habitude de faire pour nous, l’habitude de disposer pour nous, l’habitude de penser pour nous, bref l’habitude de nous contester ce droit à l’initiative dont je parlais tout à l’heure et qui est, en définitive, le droit à la personnalité« .

Transposée à la Palestine aujourd’hui, l’analyse semble lumineuse. En effet de l’extrême droite à l’extrême gauche en France comme dans toute l’Europe on refuse aux Palestiniens ce droit à l’initiative, ce droit à la personnalité. Cette révolution copernicienne souhaitée par Aimé Césaire est plus que jamais très lointaine.


 

Aimé Césaire, Député de la Martinique,
à Maurice Thorez, Secrétaire Général du Parti Communiste Français.

 

Maurice Thorez,

Il me serait facile d’articuler tant à l’égard du Parti Communiste Français qu’à l’égard du Communisme International tel qu’il est patronné par l’Union Soviétique, une longue liste de griefs ou de désaccords.

La moisson a été particulièrement riche ces derniers temps et les révélations de Khrouchtchev sur Staline sont telles qu’elles ont plongé, ou du moins, je l’espère, tous ceux qui ont, à quelque degré que ce soit, participé à l’action communiste dans un abîme de stupeur, de douleur et de honte.

Oui, ces morts, ces torturés, ces suppliciés, ni les réhabilitations posthumes, ni les funérailles nationales, ni les discours officiels ne prévaudront contre eux. Ils ne sont pas de ceux dont on conjure le spectre par quelque phrase mécanique.

Désormais leur visage apparaît en filigrane dans la pâte même du système, comme l’obsession de notre échec et de notre humiliation.

Et bien entendu, ce n’est pas l’attitude du Parti Communiste Français, telle qu’elle a été définie en son XIVe Congrès, attitude qui semble avant tout avoir été dictée par le dérisoire souci des dirigeants de ne pas perdre la face, qui aura permis de dissiper le malaise et obtenu que cesse de s’ulcérer et de saigner au plus vif de nos consciences une blessure.

Les faits sont là, massifs.

Je cite pêle-mêle : les précisions données par Khrouchtchev sur les méthodes de Staline ; la vraie nature des rapports entre le pouvoir de l’Etat et la classe ouvrière dans trop de démocraties populaires, rapports qui nous font croire à l’existence dans ces pays d’un véritable capitalisme d’Etat exploitant la classe ouvrière de manière pas très différente de la manière dont on en use avec la classe ouvrière dans les pays capitalistes ; la conception généralement admise dans les partis communistes de type stalinien des relations entre états et partis frères, témoin le tombereau d’injures déversées pendant cinq ans sur la Yougoslavie coupable d’avoir affirmé sa volonté d’indépendance ; le manque de signes positifs indiquant la volonté du Parti Communiste Russe et de l’Etat soviétique d’accorder leur indépendance aux autres partis communistes et aux autres états socialistes ; ou alors le manque de hâte des partis non russes et singulièrement du Parti Communiste Français à s’emparer de cette offre et à affirmer leur indépendance à l’égard de la Russie ; tout cela nous autorise à dire que – exception faite pour la Yougoslavie – dans de nombreux pays d’Europe, et au nom du Socialisme, des bureaucraties coupées du peuple, des bureaucraties usurpatrices et dont il est maintenant prouvé qu’il n’y a rien à attendre, ont réussi la piteuse merveille de transformer en cauchemar ce que l’humanité a pendant longtemps caressé comme un rêve : le Socialisme.

Quant au Parti Communiste Français, on n’a pas pu ne pas être frappé par sa répugnance à s’engager dans les voies de la déstalinisation ; sa mauvaise volonté à condamner Staline et les méthodes qui l’ont conduit au crime ; son inaltérable satisfaction de soi ; son refus de renoncer pour sa part et en ce qui le concerne aux méthodes antidémocratiques chères à Staline ; bref par tout cela qui nous autorise à parler d’un stalinisme français qui a la vie plus dure que Staline lui,même et qui, on peut le conjecturer, aurait produit en France les mêmes catastrophiques effets qu’en Russie, si le hasard avait permis qu’en France il s’installât au pouvoir.

Ici comment taire notre déception ?

Il est très vrai de dire qu’au lendemain du rapport Khrouchtchev nous avons tressailli d’espérance.

On attendait du Parti Communiste Français une autocritique probe ; une désolidarisation d’avec le crime qui le disculpât ; pas un reniement, mais un nouveau et solennel départ ; quelque chose comme le Parti Communiste fondé une seconde fois… Au lieu qu’au Havre, nous n’avons vu qu’entêtement dans l’erreur ; persévérance dans le mensonge ; absurde prétention de ne s’être jamais trompé ; bref chez des pontifes plus que jamais pontifiant, une incapacité sénile à se déprendre de soi même pour se hausser au niveau de l’événement et toutes les ruses puériles d’un orgueil sacerdotal aux abois.

Quoi ! Tous les partis communistes bougent. Italie. Pologne. Hongrie. Chine. Et le parti français, au milieu du tourbillon général, se contemple lui, même et se dit satisfait. Jamais je n’ai eu autant conscience d’un tel retard historique affligeant un grand peuple…

Mais, quelque grave que soit ce grief – et à lui seul très suffisant car faillite d’un idéal et illustration pathétique de l’échec de toute une génération – je veux ajouter un certain nombre de considérations se rapportant à ma qualité d’homme de couleur.

Disons d’un mot : qu’à la lumière des événements (et réflexion faite sur les pratiques honteuses de l’antisémitisme qui ont eu cours et continuent encore semble-t-il à avoir cours dans des pays qui se réclament du socialisme), j’ai acquis la conviction que nos voies et celles du communisme tel qu’il est mis en pratique, ne se confondent pas purement et simplement ; qu’elles ne peuvent pas se confondre purement et simplement.

Un fait à mes yeux capital est celui-ci : que nous, hommes de couleur, en ce moment précis de l’évolution historique, avons, dans notre conscience, pris possession de tout le champ de notre singularité et que nous sommes prêts à assumer sur tous les plans et dans tous les domaines les responsabilités qui découlent de cette prise de conscience.

Singularité de notre « situation dans le monde » qui ne se confond avec nulle autre.

Singularité de nos problèmes qui ne se ramènent à nul autre problème.

Singularité de notre histoire coupée de terribles avatars qui n’appartiennent qu’à elle.

Singularité de notre culture que nous voulons vivre de manière de plus en plus réelle.

Qu’en résulte-t-il, sinon que nos voies vers l’avenir, je dis toutes nos voies, la voie politique comme la voie culturelle, ne sont pas toutes faites ; qu’elles sont à découvrir, et que les soins de cette découverte ne regardent que nous ? C’est assez dire que nous sommes convaincus que nos questions, ou si l’on veut la question coloniale, ne peut pas être traitée comme une partie d’un ensemble plus important, une partie sur laquelle d’autres pourront transiger ou passer tel compromis qu’il leur semblera juste de passer eu égard à une situation générale qu’ils auront seuls à apprécier.

Ici il est clair que je fais allusion au vote du Parti Communiste Français sur l’Algérie, vote par lequel le parti accordait au gouvernement Guy Mollet Lacoste les pleins pouvoirs pour sa politique en Afrique du Nord – éventualité dont nous n’avons aucune garantie qu’elle ne puisse se renouveler. En tout cas, il est constant que notre lutte, la lutte des peuples coloniaux contre le colonialisme, la lutte des peuples de couleur contre le racisme est beaucoup plus complexe – que dis-je, d’une tout autre nature que la lutte de l’ouvrier français contre le capitalisme français et ne saurait en aucune manière, être considérée comme une partie, un fragment de cette lutte.

Je me suis souvent posé la question de savoir si dans des sociétés comme les nôtres, rurales comme elles sont, les sociétés de paysannerie, où la classe ouvrière est infime et où par contre, les classes moyennes ont une importance politique sans rapport avec leur importance numérique réelle, les conditions politiques et sociales permettaient dans le contexte actuel, une action efficace d’organisations communistes agissant isolément (à plus forte raison d’organisations communistes fédérées ou inféodées au parti communiste de la métropole) et si, au lieu de rejeter à priori et au nom d’une idéologie exclusive, des hommes pourtant honnêtes et foncièrement anticolonialistes, il n’y avait pas plutôt lieu de rechercher une forme d’organisation aussi large et souple que possible, une forme d’organisation susceptible de donner élan au plus grand nombre, plutôt qu’à caporaliser un petit nombre. Une forme d’organisation où les marxistes seraient non pas noyés, mais où ils joueraient leur rôle de levain, d’inspirateur, d’orienteur et non celui qu’à présent ils jouent objectivement, de diviseurs des forces populaires.

L’impasse où nous sommes aujourd’hui aux Antilles, malgré nos succès électoraux, me paraît trancher la question : j’opte pour le plus large contre le plus étroit ; pour le mouvement qui nous met au coude à coude avec les autres et contre celui qui nous laisse entre nous ; pour celui qui rassemble les énergies contre celui qui les divise en chapelles, en sectes, en églises ; pour celui qui libère l’énergie créatrice des masses contre celui qui la canalise et finalement la stérilise.

En Europe, l’unité des forces de gauche est à l’ordre du jour ; les morceaux disjoints du mouvement progressiste tendent à se ressouder, et nul doute que ce mouvement d’unité deviendrait irrésistible si du côté des partis communistes staliniens, on se décidait à jeter par dessus bord tout l’impedimenta des préjugés, des habitudes et des méthodes hérités de Staline.

Nul doute que dans ce cas, toute raison, mieux, tout prétexte de bouder l’unité serait enlevé à ceux qui dans les autres partis de gauche ne veulent pas de l’unité, et que de ce fait les adversaires de l’unité se trouveraient isolés et réduits à l’impuissance.

Et alors, comment dans notre pays, où le plus souvent, la division est artificielle, venue du dehors, branchée qu’elle est sur les divisions européennes abusivement transplantées dans nos politiques locales, comment ne serions-nous pas décidés à sacrifier tout, je dis tout le secondaire, pour retrouver l’essentiel ; cette unité avec des frères, avec des camarades qui est le rempart de notre force et le gage de notre confiance en l’avenir.

D’ailleurs, ici, c’est la vie elle-même qui tranche. Voyez donc le grand souffle d’unité qui passe sur tous les pays noirs ! Voyez comme, çà et là, se remaille le tissu rompu ! C’est que l’expérience, une expérience durement acquise, nous a enseigné qu’il n’y a à notre disposition qu’une arme, une seule efficace, une seule non ébréchée : l’arme de l’unité, l’arme du rassemblement anticolonialiste de toutes les volontés, et que le temps de notre dispersion au gré du clivage des partis métropolitains est aussi le temps de notre faiblesse et de nos défaites.

Pour ma part, je crois que les peuples noirs sont riches d’énergie, de passion qu’il ne leur manque ni vigueur, ni imagination mais que ces forces ne peuvent que s’étioler dans des organisations qui ne leur sont pas propres, faites pour eux, faites par eux et adaptées à des fins qu’eux seuls peuvent déterminer.

Ce n’est pas volonté de se battre seul et dédain de toute alliance. C’est volonté de ne pas confondre alliance et subordination. Solidarité et démission. Or c’est là très exactement de quoi nous menacent quelques uns des défauts très apparents que nous constatons chez les membres du Parti Communiste Français : leur assimilationisme invétéré ; leur chauvinisme inconscient ; leur conviction passablement primaire – qu’ils partagent avec les bourgeois européens – de la supériorité omnilatérale de l’Occident ; leur croyance que l’évolution telle qu’elle s’est opérée en Europe est la seule possible ; la seule désirable ; qu’elle est celle par laquelle le monde entier devra passer ; pour tout dire, leur croyance rarement avouée, mais réelle, à la civilisation avec un grand C ; au progrès avec un grand P (témoin leur hostilité à ce qu’ils appellent avec dédain le « relativisme culturel », tous défauts qui bien entendu culminent dans la gent littéraire qui à propos de tout et de rien dogmatise au nom du parti).

Il faut dire en passant que les communistes français ont été à bonne école. Celle de Staline. Et Staline est bel et bien celui qui a ré introduit dans la pensée socialiste, la notion de peuples « avancés » et de peuples « attardés ». Et s’il parle du devoir du peuple avancé (en l’espèce les Grands Russes) d’aider les peuples arriérés à rattraper leur retard, je ne sache pas que le paternalisme colonialiste proclame une autre prétention.

Dans le cas de Staline et de ses sectateurs, ce n’est peut-être pas de paternalisme qu’il s’agit. Mais c’est à coup sûr de quelque chose qui lui ressemble à s’y méprendre.

Inventons le mot : c’est du « fraternalisme ».

Car il s’agit bel et bien d’un frère, d’un grand frère qui, imbu de sa supériorité et sûr de son expérience, vous prend la main (d’une main hélas ! parfois rude) pour vous conduire sur la route où il sait se trouver la Raison et le Progrès.

Or c’est très exactement ce dont nous ne voulons pas. Ce dont nous ne voulons plus.

Nous voulons que nos sociétés s’élèvent à un degré supérieur de développement, mais d’ elles-mêmes, par croissance interne, par nécessité intérieure, par progrès organique, sans que rien d’extérieur vienne gauchir cette croissance, ou l’altérer ou la compromettre.

Dans ces conditions on comprend que nous ne puissions donner à personne délégation pour penser pour nous ; délégation pour chercher pour nous ; que nous ne puissions désormais accepter que qui que ce soit, fût-ce le meilleur de nos amis, se porte fort pour nous. Si le but de toute politique progressiste est de rendre un jour leur liberté aux peuples colonisés, au moins faut-il que l’action quotidienne des partis progressistes n’entre pas en contradiction avec la fin recherchée et ne détruise pas tous les jours les bases mêmes, les bases organisationnelles comme les bases psychologiques de cette future liberté, lesquelles se ramènent à un seul postulat : le droit à l’initiative.

Je crois en avoir assez dit pour faire comprendre que ce n’est ni le marxisme ni le communisme que je renie, que c’est l’usage que certains ont fait du marxisme et du communisme que je réprouve. Que ce que je veux, c’est que marxisme et communisme soient mis au service des peuples noirs, et non les peuples noirs au service du marxisme et du communisme. Que la doctrine et le mouvement soient faits pour les hommes, non les hommes pour la doctrine ou pour le mouvement. Et bien entendu cela n’est pas valable pour les seuls communistes. Et si j’étais chrétien ou musulman, je dirais la même chose. Qu’aucune doctrine ne vaut que repensée par nous, que repensée pour nous, que convertie à nous. Cela a l’air d’aller de soi. Et pourtant dans les faits cela ne va pas de soi.

Et c’est ici une véritable révolution copernicienne qu’il faut imposer, tant est enracinée en Europe, et dans tous les partis, et dans tous les domaines, de l’extrême droite à l’extrême gauche, l’habitude de faire pour nous, l’habitude de disposer pour nous, l’habitude de penser pour nous, bref l’habitude de nous contester ce droit à l’initiative dont je parlais tout à l’heure et qui est, en définitive, le droit à la personnalité.

C’est sans doute là l’essentiel de l’affaire.

Il existe un communisme chinois. Sans très bien le connaître, j’ai à son égard un préjugé des plus favorables. Et j’attends de lui qu’il ne verse pas dans les monstrueuses erreurs qui ont défiguré le communisme européen. Mais il m’intéresserait aussi et plus encore, de voir éclore et s’épanouir la variété africaine du communisme. Il nous proposerait sans doute des variantes utiles, précieuses, originales et nos vieilles sagesses nuanceraient, j’en suis sûr, ou compléteraient bien des points de la doctrine.

Mais je dis qu’il n’y aura jamais de variante africaine, ou malgache, ou antillaise du communisme, parce que le communisme français trouve plus commode de nous imposer la sienne. Qu’il n’y aura jamais de communisme africain, malgache ou antillais, parce que le Parti Communiste Français pense ses devoirs envers les peuples coloniaux en termes de magistère à exercer, et que l’anticolonialisme même des communistes français porte encore les stigmates de ce colonialisme qu’il combat. Ou encore, ce qui revient au même, qu’il n’y aura pas de communisme propre à chacun des pays coloniaux qui dépendent de la France, tant que les bureaux de la rue Saint- Georges, les bureaux de la section coloniale du Parti Communiste Français, ce parfait pendant du Ministère de la rue Oudinot, persisteront à penser à nos pays comme à terres de missions ou pays sous mandat. Pour revenir à notre propos, l’époque que nous vivons est sous le signe d’un double échec : l’un évident, depuis longtemps, celui du capitalisme. Mais aussi l’autre, celui, effroyable, de ce que pendant trop longtemps nous avons pris pour du socialisme ce qui n’était que du stalinisme. Le résultat est qu’à l’heure actuelle le monde est dans l’impasse.

Cela ne peut signifier qu’une chose : non pas qu’il n’y a pas de route pour en sortir, mais que l’heure est venue d’abandonner toutes les vieilles routes. Celles qui ont mené à l’imposture, à la tyrannie, au crime.

C’est assez dire que pour notre part, nous ne voulons plus nous contenter d’assister à la politique des autres. Au piétinement des autres. Aux combinaisons des autres. Aux rafistolages de consciences ou a la casuistique des autres.

L’heure de nous mêmes a sonné.

Et ce que je viens de dire des nègres n’est pas valable que pour les nègres. Oui tout peut encore être sauvé, tout, même le pseudo socialisme installé çà et là en Europe par Staline, à condition que l’initiative soit rendue aux peuples qui jusqu’id n’ont fait que la subir ; à condition que le pouvoir descende et s’enracine dans le peuple, et je ne cache pas que la fermentation qui se produit à l’heure actuelle en Pologne, par exemple, me remplit de joie et d’espoir.

Ici que l’on me permette de penser plus particulièrement à mon malheureux pays : la Martinique.

J’y pense pour constater que le Parti Communiste Français est dans l’incapacité absolue de lui offrir une quelconque perspective qui soit autre chose qu’utopique ; que le Parti Communiste Français ne s’est jamais soucié de lui en offrir ; qu’il n’a jamais pensé à nous qu’en fonction d’une stratégie mondiale au demeurant déroutante.

J’y pense pour constater que le communisme a achevé de lui passer autour du cou le noeud coulant de l’assimilation ; que le communisme a achevé de l’isoler dans le bassin caraïbe ; qu’il a achevé de le plonger dans une manière de ghetto insulaire ; qu’il a achevé de le couper des autres pays antillais dont l’expérience pourrait lui être à la fois instructive et fructueuse (car ils ont les mêmes problèmes que nous et leur évolution démocratique est impétueuse) : que le communisme enfin, a achevé de nous couper de l’Afrique Noire dont l’évolution se dessine désormais à contre-sens de la nôtre. Et pourtant cette Afrique Noire, la mère de notre culture et de notre civilisation antillaise, c’est d’elle que j’attends la régénération des Antilles, pas de l’Europe qui ne peut que parfaire notre aliénation, mais de l’Afrique qui seule peut revitaliser, repersonnaliser les Antilles.

Je sais bien. On nous offre en échange la solidarité avec le peuple français ; avec le prolétariat français, et à travers le communisme, avec les prolétariats mondiaux. Je ne nie pas ces réalités. Mais je ne veux pas ériger ces solidarités en métaphysique. Il n’y a pas d’alliés de droit divin. Il y a des alliés que nous impose le lieu, le moment et la nature des choses. Et si l’alliance avec le prolétariat français est exclusive, si elle tend à nous faire oublier ou contrarier d’autres alliances nécessaires et naturelles, légitimes et fécondantes, si le communisme saccage nos amitiés les plus vivifiantes, celle qui nous unit à l’Afrique, alors je dis que le communisme nous a rendu un bien mauvais service en nous faisant troquer la Fraternité vivante contre ce qui risque d’apparaître comme la plus froide des abstractions. Je préviens une objection. Provincialisme ? Non pas. Je ne m’enterre pas dans un particularisme étroit. Mais je ne veux pas non plus me perdre dans un universalisme décharné.

Il y a deux manières de se perde : par ségrégation murée dans le particulier ou par dilution dans l’ « universel ».

Ma conception de l’universel est celle d’un universel riche de tout le particulier, riche de tous les particuliers, approfondissement et coexistence de tous les particuliers. Alors ? Alors il nous faudra avoir la patience de reprendre l’ouvrage, la force de refaire ce qui a été défait ; la force d’inventer au lieu de suivre ; la force « d’inventer » notre route et de la débarrasser des formes toutes faites, des formes pétrifiées qui l’obstruent. En bref, nous considérons désormais comme notre devoir de conjuguer nos efforts à ceux de tous les hommes épris de justice et de vérité pour bâtir des organisations susceptibles d’aider de manière probe et efficace les peuples noirs dans leur lutte pour aujourd’hui et pour demain : lutte pour la justice ; lutte pour la culture ; lutte pour la dignité et la liberté ; des organisations capables en un mot de les préparer dans tous les domaines à assumer de manière autonome les lourdes responsabilités que l’histoire en ce moment même fait peser si lourdement sur leurs épaules.

Dans ces conditions, je vous prie de recevoir ma démission de membre du Parti Communiste Français.

Aimé Césaire, Paris, le 24 octobre 1956