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La Journée de la Terre : symbole de résistance au sionisme

img4f6c327324f6c[1]C’est pourquoi la Journée de la Terre est hautement symbolique : elle exprime à la fois la résistance au sionisme et le refus de l’usurpation de la terre qui est l’essence-même de la colonisation juive de la Palestine.

Depuis plus d’un siècle, l’entité sioniste bénéficie du soutien inconditionnel des puissances impérialistes occidentales qui la considèrent comme leur chien de garde au Proche et au Moyen-Orient. Dès le départ, l’objectif de la politique impérialiste est de s’emparer des ressources naturelles de la région et de conquérir de nouveaux marchés. Aujourd’hui, cet objectif est poursuivi avec un cynisme d’autant plus grand que les Etats occidentaux se trouvent au bord de l’effondrement économique. Pour ne citer qu’un exemple, Alain Juppé n’a-t-il pas déclaré en août dernier que l’intervention en Libye était « un investissement pour l’avenir ? »

Maintenir sous le joug toute la région, la fragmenter selon des frontières voulues par lui, en détruire les identités et l’histoire, la soumettre à ses cadres politiques et idéologiques : voilà ce que l’impérialisme prétend imposer aux peuples du Proche et du Moyen-Orient. Et dans le contexte des mouvements populaires dans le Monde arabe, ses réactions obéissent au même impératif : empêcher la généralisation d’un mouvement de masse d’émancipation et de résistance au sionisme. Aujourd’hui, les alliances sont évidentes. L’Arabie Saoudite et le Qatar se positionnent clairement dans le camp impérialiste en réalisant sa stratégie de contre-révolution. Hier en Libye, aujourd’hui en Syrie, demain en Iran : l’Occident et ses alliés tentent de poursuivre leur vieille entreprise de démantèlement de toute la région.

Mais la supériorité technologique et militaire ne peut venir à bout de la légitime soif de liberté et de justice qui fait se lever les damnés de la terre. Le monde arabe vit un moment de rupture historique. Le processus révolutionnaire en cours dans les pays arabes nous le montre, même s’il est encore loin d’être achevé. Il est clair qu’il s’agit d’en finir avec les régimes politiques assujettis à l’impérialisme, qui ont entravé le développement économique, social et politique de leurs peuples, et qui collaborent avec l’entité sioniste. Les peuples égyptien et tunisien ont décapité les dictatures pro-sionistes de Ben Ali et de Moubarak. En Libye, en dépit du coup d’Etat qui a conduit à la mise à mort sauvage de Kadhafi par les vassaux de l’impérialisme et à l’installation au pouvoir d’un CNT aux ordres, rien n’est acquis ; en Syrie, où le pouvoir en place dispose d’une armée plus forte qu’en Libye ainsi que du soutien de la Chine, de la Russie et de l’Iran, la contre-révolution a été mise en déroute. En Palestine, la collaboration active de l’Autorité palestinienne avec l’entité sioniste ne vient pas à bout de la ténacité de la résistance qui refuse toujours de reconnaître la légitimité de son agresseur et d’accepter la judaïsation de sa terre. Malgré la poursuite de la colonisation en Cisjordanie, à Jérusalem, des déportations des bergers du Naqab, et la situation socio-économique désastreuse à Gaza, le peuple palestinien dans son ensemble continue à lutter contre la colonisation et à revendiquer ses droits. Et tout particulièrement le droit au retour, dont l’application signifierait la fin du système colonial sioniste.

Par conséquent, en dépit des efforts de l’impérialisme pour saboter le processus révolutionnaire en cours, de grandes victoires ont été acquises et rien ne sera jamais plus comme avant. Les peuples savent désormais que leur volonté et leur détermination peuvent renverser les dictatures et changer la face du monde. Comme les peuples arabes retrouveront la liberté que l’impérialisme leur a depuis trop longtemps confisquée, le peuple palestinien récupèrera la terre qui est la sienne, et le sionisme sera balayé par le vent de l’histoire.

La lutte contre le sionisme et l’impérialisme apparaît désormais comme une nécessité historique.

C’est bien ce qui fait trembler les Etats occidentaux. Ceux-ci se trouvent mis en échec par la résistance anti-impérialiste dans leurs tentatives de retrouver une puissance au moins égale à celle des empires coloniaux d’autrefois. Leur seule politique est la violence guerrière et son cortège de crimes pour contrôler les ressources économiques stratégiques. Du coup les masques tombent et la légitimation de cette violence retrouve le visage ouvertement raciste de l’époque coloniale.

En France, l’islamophobie tient lieu de fil conducteur aux discours d’une classe politique idéologiquement vide. Et celle-ci multiplie les clichés racistes les plus éculés. Ainsi, lorsque le ministre de l’Intérieur français énonce que « toutes les civilisations ne se valent pas », ne reprend-il pas de façon pathétique le vieil argument colonial de ceux qui prétendaient « civiliser les sauvages » ? Et que cherche-t-il à justifier, sinon l’oppression des musulmans qui représentent, en France et dans le monde arabe, le plus fort potentiel de résistance au sionisme et à l’impérialisme ? C’est pourquoi on ne peut délier le racisme islamophobe des intérêts sionistes, comme on ne peut délier les intérêts sionistes de ceux des Etats occidentaux.

Ainsi l’Etat français, qui participe largement à l’entreprise impérialiste et collabore activement avec l’Etat d’Israël, contribue sans scrupule aux campagnes d’accusation d’antisémitisme, d’injonction en justice et de censure envers tous ceux qui remettent en question l’entité sioniste. Dernier exemple en date, le Président de l’Université de Paris 8, qui, sous la pression du CRIF, a récemment fait interdire un colloque portant sur le sujet « Israël, Etat d’apartheid ».

Et pourvu que la chasse aux sorcières soit efficace, qu’importe la contradiction ?…. Quand il s’agit d’Israël, le droit à la liberté d’expression est violé, alors qu’il ne manque pas, en d’autres circonstances, notamment quand il s’agit d’Islam et des musulmans, d’être clamé à cors et à cris par toute l’intelligentsia et la classe politique…

Il est donc plus que jamais impératif de se mobiliser pour dénoncer cette collaboration de criminels que représentent la classe politique française et l’Etat sioniste.

Vive la lutte du peuple palestinien !
Vive la lutte des peuples arabes!
A bas le sionisme !
Comité Action Palestine



Jean Bricmont : défendre la liberté d’expression

393735259_640[1]A l’occasion des conférences concernant la résistance au sionisme qui auront lieu les 23 et 29 mars prochains, le Comité Action Palestine a posé quelques questions au premier des deux intervenants, le physicien belge Jean Bricmont. Très attaché à la liberté d’expression, il a donc été invité à se prononcer sur l’antisionisme, le chantage à l’antisémitisme, le rôle du CRIF et le lien entre les médias et le sionisme. Ses réponses préliminaires, que nous publions dans leurs intégralités, fournissent une analyse que le Comité Action Palestine considère comme devant être complétée. Pour bénéficier de développements plus approfondis de la part de Jean Bricmont, nous vous invitons à assister à la conférence-débat du 23 mars qui se tiendra à 20 heures 30 à l’Athénée municipal de Bordeaux.

Jean Bricmont est un physicien belge, actuellement professeur à l’université catholique de Louvain en Belgique. Mais c’est pour son combat pour la défense de la liberté d’expression et contre l’impérialisme qu’il est le plus connu. Il a pris fait et cause pour de nombreux intellectuels, notamment Noam Chomsky faussement accusé de négationnisme en raison de son analyse critique de l’impérialisme, et Dieudonné accusé d’antisémitisme pour ses positions clairement antisionistes. Il fut l’un des rares intellectuels à s’être opposé publiquement à l’intervention de l’OTAN en Lybie.

Il est l’auteur de « Impérialisme humanitaire. Droits de l’homme, droit d’ingérence, droit du plus fort ? » (Éditions Aden, 2005) et de « Raison contre pouvoir. Le pari de Pascal » avec Noam Chomsky, (L’Herne, Carnets, 2010).

Il a publié de très nombreux articles et donne de nombreuses conférences sur le sionisme, la liberté d’expression, l’impérialisme humanitaire, et a été à plusieurs reprises l’invité de l’émission de Frédéric Taddeï « Ce soir ou jamais » sur FR3.


Interview de Bricmont

1. Comment définissez-vous l’antisionisme ?

Je n’utilise pas beaucoup ce terme, en tout cas pas pour définir ma position. Le sionisme était défini comme le projet visant à établir un état juif en Palestine. Et l’antisionisme consistait donc à s’opposer à ce projet en prônant, soit l’intégration des juifs dans les pays où ils vivaient, soit un état binational ou encore autre chose. Mais comme ce projet à « réussi » (en ce sens que l’état juif existe), il n’est pas clair pour moi ce que veut dire antisionisme. On pourrait appeler au démantèlement de l’état existant (en tant qu’état juif) et son remplacement par un État binational ou un État laïc; c’est certainement la position de nombreuses personnes aux Moyen-Orient et cette position est implicite dans la revendication du « droit au retour » (des réfugiés palestiniens). Mais, pour toutes sortes de raisons que j’expliquerai plus en détail sur place, je ne me sens ni la capacité ni le droit de dire ce qui doit être fait au Moyen-Orient, par rapport à cet « état juif » qui existe (s’opposer à lui une fois qu’il existe n’est pas la même chose que de s’y opposer avant qu’il n’existe).

On peut utiliser le terme « antisionisme » dans un sens plus général, mais plus vague, d’opposition, en France même, à la politique des lobbys communautaires, à la censure, à la monopolisation du discours dans un sens unique, en particulier sur l’histoire, sur l’Islam, etc. Dans ce sens-là, je me définirais volontiers comme antisioniste.

2. Quel est l’objectif du chantage à l’antisémitisme ?

Je ne suis pas sûr que l’on puisse parler d’objectif, au sens d’un objectif conscient, mais il est évident que ce chantage a un effet, celui de faire taire les critiques d’Israël. Il faut néanmoins noter que ce chantage a eu différents effets au cours du temps et, en fait, régresse: il ne faut pas oublier qu’en 1967, il était presque impossible de ne pas soutenir le petit David israélien attaqué par le méchant Goliath arabe. Le simple fait d’avoir des contacts avec l’OLP ou Arafat, ou de prôner de tels contacts, a longtemps été synonyme de mort politique ou médiatique. Aujourd’hui, le chantage porte essentiellement sur les critiques « radicales » d’Israël, c’est-à-dire celles qui mettent en cause la légitimité de l’entreprise sioniste ou qui insistent sur le droit au retour, et plus encore sur ceux qui mettent en cause l’action des lobbies ou qui défendent la liberté d’expression. Mais la simple critique des actions du gouvernement israélien, ou le fait de plaider pour une « solution à deux états », ce qui, dans un passé pas si lointain, était impensable, est devenu banal aujourd’hui. Donc, je pense que l’efficacité du chantage diminue, même si, à certains égards, son intensité augmente.

3. Quelle analyse faites-vous des liens existants entre les médias et le sionisme ?

Je suppose qu’il existe un certain nombre de pressions explicites, mais je ne connais pas bien cet aspect des choses. Il me semble qu’il y a une sorte d’intériorisation de la « culpabilité » qui mène à pas mal d’autocensure. Notez que l’angle d’attaque s’est déplacé avec le temps; d’une impossibilité de critiquer les politiques israéliennes on est passé à une censure des mises en question de la « légitimité » d’Israël et bien sûr de l’antisémitisme réel ou supposé de ceux qui critiquent les lobbies communautaires. Imaginez une salle de rédaction où quelqu’un soutient une opinion sur un sujet lié à Israël ou à l’antisémitisme, tout en mentionnant le fait que ses parents ou grands-parents ont été déportés. Qui va oser le contredire?

Il me semble aussi (mais, étant d’une autre génération, je peux me tromper) que l’éducation actuelle, au nom de l’éducation à la tolérance, inculque aux jeunes une certaine inquiétude face au fait d’avoir des opinions hétérodoxes (quelles soient considérées comme antisémites, fascistes, racistes, sexistes, homophobes ou, chez certains, islamophobes) et cette inquiétude les empêche de penser librement sur un certain nombre de sujets, dont Israël, mais aussi les lobbies, la construction européenne ou la liberté d’expression, sujets sur lesquels des opinions hétérodoxes ne sont pas nécessairement fascistes, antisémites etc., mais qui sont souvent considérées comme « suspectes » ou qui sont « assimilées » à des « propos inacceptables ». Tout cela crée un climat de politiquement correct, de censure, et, chez ceux qui entretiennent ce climat, de dénonciation généralisée, qui est extrêmement malsain à tous points de vue.

4. Quel rôle joue le CRIF dans la censure de l’antisionisme ?

Leur rôle est assez évident. Ils attaquent systématiquement tout ce qui leur déplaît et font pression sur toute une série d’institutions jusqu’au sommet de la République, comme on peut le voir lors de leur dîner annuel pour qu’elles suivent assez strictement une ligne pro-israélienne, ou, plus précisément, la ligne des gouvernements israéliens (qui peut, en fait, être à terme nocive pour Israël).

Mais ma critique ne porte pas tant sur le CRIF que sur tous les individus et organisations qui cèdent devant cet organisme ou qui censurent le fait de le critiquer (en général, au nom de la lutte contre l’antisémitisme).

5. Connaissant vos prises de position sur Israël, avez-vous rencontré des difficultés pour les exprimer ?

Oui et non. Tout d’abord, quand on parle de difficultés, il faut prendre un certain recul historique, pour ne pas tomber dans la victimisation. Pendant la guerre d’Algérie, l’appartement de Sartre a été plastiqué, l’OAS appelait ouvertement à le fusiller, Henri Alleg était torturé, Maurice Audin aussi, puis « disparu ». Je ne parle ici que des français, et sous un régime républicain, c’est-à-dire pas sous l’Occupation. On ne compte pas le nombre de communistes ou assimilés qui ont eu des « ennuis » dans leurs carrières au cours de la guerre froide en France (aux Etats-Unis, c’était bien pire et nombreux sont ceux qui ont dû s’exiler).

Aujourd’hui, les « islamistes » et « antisémites » ou assimilés ont remplacé les communistes dans l’imaginaire occidental et dans la diabolisation et la répression. Il y a quantités de gens qui perdent leur emploi ou doivent « faire attention » afin d’être sûrs de le conserver, pour ne pas parler des poursuites juridiques pour « incitation à la haine » ou pour « contestation de faits historiques », qui se soldent par de lourdes amendes et, parfois, par de la prison.

En ce qui me concerne, je me considère comme assez fortuné, au moins pour le moment. J’ai eu un certain nombre de conférences annulées (je peux en raconter les détails oralement). On trouve aussi des sites qui, probablement au nom de la « lutte contre la haine », contiennent un bon nombre de calomnies à mon sujet, mais tout cela est assez banal et, comparé à ce qui arrive à d’autres, relativement bénin. C’est la vie…

Comité Action Palestine

 




Omar Mazri : Révolutions et contre-révolution dans le monde arabe

img4f63093f6e864[1]Dans le cadre de la préparation du cycle de conférences-débats « Résister au sionisme » organisé par le Comité Action Palestine du 23 au 29 mars 2012, Omar Mazri, qui sera l’un des intervenants sur la question « révolutions et contre-révolution dans le monde arabe », a accepté de répondre à l’interview que nous lui avons proposée. Vous pourrez y trouver une analyse approfondie des rapports de force politiques et géopolitiques qui agitent actuellement le monde arabe, des conditions socio-politiques des phénomènes révolutionnaires, des obstacles internes et externes de l’avancée des mouvements populaires et de la nature des axes étatiques qui s’affrontent au Moyen-Orient. Le Comité Action Palestine ne peut que recommander très fortement cette réflexion rigoureuse et stimulante sur les forces et les faiblesses des mouvements populaires arabes et sur les mutations de l’équilibre régional qui à terme peuvent faire basculer les rapports de domination Nord-Sud localement et sans doute globalement.

Omar Mazri est ingénieur polytechnicien  algérien en technologie de pointe. Il a été économiste spécialisé en planification industrielle et transfert de technologie. Il travailla également comme logisticien pour les états-majors de l’armée de terre. Il a consacré sa vie professionnelle au transfert technologique, à l’administration publique et à la gestion d’entreprises en Algérie. Il a travaillé ensuite près de 12 ans dans les quartiers Nord de Marseille comme formateur en mathématiques et en physique-chimie dans la filière électrotechnique. Penseur de l’Islam politique en Algérie, il a été conseiller stratégique et géopolitique de Abdelkader Hachani, leader du Front islamique du Salut.

Il anime actuellement une réflexion sur la globalité d’approche civilisationnelle de l’Islam dans ses aspects de théologie de libération, de mystique et de Praxis socio-politique.

Il est l’auteur de plus de 120 articles sur l’Islam, l’Algérie, la communauté musulmane de France, le sionisme et les révolutions arabes. Récemment, il a publié plusieurs ouvrages dont : « Le dilemme arabe et les 10 commandements US » (2012), « Islamophobia : Deus ex Machina » (2011), « Les « Révolutions arabes » : Mystique ou mystification?» (2011), « Gaza : La bataille du Forqane » (2010), « La République et le Voile : Symboles et inversions » (2010) tous aux éditions « Editions et Conseils ».

Interview  de Omar Mazri

1-Comment analysez-vous les transformations politiques récentes dans le monde arabe ? Font-elles avancer la cause des peuples arabes ?

Il faut d’abord insister sur le fait que tout changement est une rupture avec l’immobilisme morbide, mortel et mortifère, même si le changement ne va pas dans le sens espéré. Que le monde arabe bouge et se transforme ou tente de se transformer est donc une rupture bénéfique qui va générer à terme une culture du changement sans laquelle il n’y aurait ni progrès ni salut. Il faut aussi insister sur le fait que les changements imposés au peuple par les armes, la dictature ou la pression de l’Empire ne sont pas des changements et à terme ils seront remis en cause par le peuple.

Pour l’instant au-delà du discours émotionnel et infantile, des déceptions ou des euphories, il faut que nous sachions que la conscience collective va imprimer durablement l’idée de la possibilité du changement et l’idée sur le mode de changement. Cette conscience imprimée par le changement va finir fatalement par exprimer le cap du changement qui à son tour sera de nouveau imprimé dans la conscience sociale et politique. Cela prend du temps et consomme de l’énergie. Les élites de demain devront gérer l’efficacité, c’est-à-dire réduire les énergies dissipées et mettre en synergie les efforts socialement et politiquement utiles pour un meilleur rendement. Il y a des gisements de travail à explorer et à activer pour aller plus vite et plus loin et en harmonie. Dans mon livre Les Révolutions arabes : mystique ou mystification ?, j’ai développé quelques axes pour disposer d’une grille de lecture méthodologique sur la nature et le mode des mouvements, à la lumière des récits coraniques sur les Prophètes.

Ces généralités n’occultent pas la réalité tangible : il y a eu des mouvements populaires dont les transformations politiques, sociales et économiques sont en attente de visibilité. La visibilité est caricaturée, rendant impossible une lecture objective. Ces mouvements, d’un pays à l’autre, sont hétérogènes en revendications, en mode d’expression et en indépendance par rapport à l’Empire et à ses vassaux. Au sein d’un même pays, comme en Egypte, le positionnement par rapport aux monarchies et à la Turquie ne s’est pas stabilisé et des revirements spectaculaires sont possibles. Certains de ces mouvements ont occupé le devant de la scène médiatique et d’autres ont été occultés, car l’agenda étranger intervient comme facteur d’amplification ou de réduction, de subversion ou de mobilisation de ces mouvements à son profit tactique, stratégique ou civilisationnel.

Indépendamment des acteurs endogènes et exogènes, on ne peut déboiter l’histoire des peuples arabes en relation avec la Palestine. À titre d’illustration, la Syrie a eu son indépendance en 46, l’Égypte sa révolution en 52 et l’Algérie en 54, autour du drame de 48. La révolution libyenne en 69 après 67. La révolution iranienne en 1979 après les Accords du Camp David de 78. 2011 et 2012 après la bataille du Forqane en décembre 2009. La Palestine subit et influence le monde arabe et musulman et elle sera l’un des critères d’analyse des mouvements arabes et musulmans en perdant cette fois la possibilité d’être instrumentalisée, comme par le passé, par les rentes du nationalisme arabe et de l’islamisme infantile.

En Égypte et en Tunisie, nous avons assisté à des soulèvements sociaux qui se sont transformés en désobéissance populaire menant à la chute des têtes du régime. Ces mouvements ont souffert de six lacunes.

La première lacune est l’absence de cadre idéologique qui fixe le cap et le rythme de la révolution ainsi que le clivage idéologique du moment historique, tant interne qu’externe.

La seconde est la confiscation du mouvement populaire par l’esprit partisan. Le mouvement populaire se trouve privé de l’exercice politique, économique et informationnel ainsi que de la force de proposition et d’initiative, pour être relégué à jouer le rôle de votant qui confie son destin aux élus instaurant la polyarchie au lieu de la démocratie.

La troisième est l’arrangement des appareils qui a permis de ralentir le rythme et le niveau des revendications, donnant ainsi le temps de coopération de l’ancien système et de l’impérialisme pour mener un mouvement contre-révolutionnaire.

La quatrième lacune est la médiocrité et la pensée unique cultivées par les gouvernants despotiques que les opposants ont héritées comme legs culturels et politiques qu’ils se transmettent et qu’ils cultivent.

La cinquième lacune est de s’inscrire dans l’économie mondiale et les règles du jeu géopolitique au lieu de fédérer le peuple sur la résistance et de se faire protéger par ce peuple. La méconnaissance de la géopolitique et l’absence de laboratoire de veille stratégique dans le monde arabe sont accentuées par une culture d’empire qui s’appuie sur la connaissance des idées, du terrain des idées, des hommes qui, s’appuyant sur les lacunes, a la compétence d’anticiper, de mettre plusieurs fers au feu et d’imaginer plusieurs scénarios avec la compétence et les moyens de les mettre en œuvre.

La sixième lacune est qu’en dehors de la revendication de faire tomber la tête du régime, il n’y a eu ni projet d’avenir énoncé ni travail pédagogique pour expliquer les mécanismes politiques et géopolitiques qui sont derrière les tyrans arabes qu’il faut détricoter. Je suis presque certain que les machines qui choisissent et nomment les commis de l’État sont toujours en place à ce jour, même s’il y a un ravalement de façade au sommet.

En Libye, nous avons vu la contre-révolution se mettre en place en réalisant la stratégie impérialiste. La stratégie avait quatre axes. Le premier axe est la mainmise du prédateur sur l’objet de sa convoitise : ressources naturelles, finances et exportation de ses crises internes. Le second axe est d’interdire toute possibilité d’émancipation hors du cadre idéologique et politique de l’Occident. Le troisième axe est de procéder à une dislocation de la grammaire des civilisations en disloquant ses constituants : les mentalités collectives, les espaces, les histoires communes, les économies sur le plan de la considération historique (continuer la fragmentation commencée par Sykes Picot), sur le plan du présent des révolutions qui ne doivent pas faire jonction, sur le plan de l’avenir pour interdire toute situation pacifique et harmonieuse favorable à une émergence d’une aire civilisationnelle autonome, alternative. Enfin, il s’agit de faire des islamistes, certains islamistes naïfs, cyniques, revanchards ou ignorants, les agents de la disharmonie, de l’entropie, pour bloquer l’émergence de l’Islam politique, social, libérateur et civilisateur et maintenir « l’Islam » rétrograde, réactionnaire, bigot, consumériste. Dans les faits : l’Égypte et la Tunisie sont coupées, l’Égypte a maintenant un front ouest qui s’ajoute au front sioniste. Dans les faits, l’Algérie et le Maroc sont poussés à faire des concessions : passer en base coloniale après avoir été comptoir commercial, les peuples arabes sont traumatisés par l’issue entropique et ils sont isolés du processus de résistance contre l’Empire et le sionisme. Pour la Libye, il faut garder en tête la conjugaison d’au moins trois agendas : la subversion interne pour faire tomber un régime et changer les donnes en Libye et en Afrique ; la diversion pour déplacer le centre d’intérêt des révolutions égyptiennes et tunisiennes ; la lutte idéologique pour diaboliser l’Islam. Dans mon livre Islamophobia : deus machina , j’ai montré quelques aspects de la lutte idéologique menée par l’Empire pour créer la méfiance envers l’Islam et créer la défiance entre les musulmans en jouant sur l’émotionnel et l’infantilisme d’un côté, et sur les techniques de guerre psychologique et de propagande médiatique. Il s’agit de détruire le capital de résistance, de libération et d’édification civilisationnel de l’Islam en profitant de la médiocrité politique et culturelle des Musulmans qui sont parvenus à se réveiller après un long cauchemar, sans pour autant voir la réalité dans sa globalité, sa complexité et sa dynamique. Il s’agit de détruire la confiance et les repères pour ne laisser que la défiance et la confusion qui ne favorisent pas la résistance quand elles s’ajoutent à la corruption et à la mal gouvernance.

Pour l’instant il n’y a donc pas de changement significatif ; mais les possibilités du changement réel deviennent plus impératives et seront davantage clarifiées une fois que l’expérience du vote et de la polyarchie sans programme de résistance et d’édification aura montré de nouveau ses limites en Egypte, en Tunisie, en Algérie, au Yémen et au Maroc.

2-Quels sont les enjeux politiques ou géopolitiques du conflit actuel en Syrie ?

En Syrie, nous sommes face au scénario libyen avec l’accent mis davantage sur la géopolitique. Il s’agit pour l’Occident de parachever Sykes Picot qui a donné la Syrie en démembrant le Cham, pour démembrer la Syrie sur des bases ethniques et confessionnelles et réaliser le nouveau Moyen-Orient. Étouffer la révolution égyptienne en l’encerclant avec deux guerres civiles, deux présences étrangères. Le troisième point est discréditer les islamistes pour liquider toute contestation islamique révolutionnaire dans les monarchies vassales. Le quatrième point est de briser l’axe Iran, Syrie, Palestine, Liban et Irak et de liquider la résistance contre l’entité sioniste poussant les Arabes et les Palestiniens à accepter la feuille de route américaine. Enfin, le dernier point est la guerre sunnite/chiite pour remettre en marge le monde musulman de cet ensemble Euro-Asie et faire face à la Chine dont l’Empire veut couper les sources et les voies d’approvisionnement avant de les agresser une fois que les Arabes ont montré leur vassalité à l’Empire dans l’agression contre l’Iran et le désarmement nucléaire du Pakistan appelé à poursuivre l’œuvre de fragmentation commencée par l’Empire britannique. Contrairement à la Libye, le régime syrien dispose d’une armée plus forte, d’une population moins ruraliste, de savants de stature internationale, de couches moyennes préférant le statu quo au changement incontrôlé. La Syrie dispose de l’appui de la Chine et de la Russie qui ont laissé les Occidentaux et les Arabes sortir déshonorés de l’agression par une stratégie cynique, mais payante.

Le régime syrien avait la possibilité hier de livrer la Palestine (les cadres vivant en Palestine, la logistique et le droit au retour) et de servir l’Empire. Les données ont changé et la Syrie sait qu’elle sera, à la moindre concession, sur la trajectoire du reniement envers le Hezbollah, l’arabité et la résistance et être disloquée car géographiquement et historiquement elle constitue la ligne de démarcation Orient-Occident. Elle a livré une bataille de survie et elle vient de remporter une victoire éclatante. L’axe Syrie-Iran remporte des victoires stratégiques contre l’Empire et ses vassaux ainsi que contre les défaitistes. Les médias minimisent le retrait des forces d’occupation de l’Irak et la disponibilité de l’Irak à venir renforcer l’axe de la résistance contre le remodelage de la région. La logique impérialiste est normale : elle exige de mener de front une campagne subversive, une opération de diversion et une lutte idéologique dans un cadre plus vaste et plus complexe que le cas libyen. La plus grande hantise est la jonction Syrie-Egypte avec pour conséquence l’encerclement d’Israël et la coopération avec l’Iran.

Le régime syrien doit se réformer et faire passer des mesures radicales et rapides contre la corruption et la marginalisation du peuple pour apporter le coup de grâce au projet du nouveau Moyen-Orient et faire porter la véritable révolution dans les pays du Golfe, celle que refusent les dix commandements américains : la révolution iranienne avec une ouverture vers l’Égypte. Les Frères Musulmans égyptiens doivent en contrepartie se libérer de leur esprit partisan. Les élections présidentielles en Égypte vont sans doute relancer le débat idéologique et géopolitique en Égypte.

3-Quels sont, selon vous, les effets des transformations politiques dans le monde arabe sur la situation en Palestine ?

Pour l’instant, on va assister à des maquillages et des instrumentalisations, mais sur le plan concret, les Palestiniens vont être relégués au second plan et ils vont faire des concessions de survie. La bataille est dans le camp arabe, mais aussi sur d’autres terrains de confrontation comme en Afghanistan. Par ailleurs, les Turcs ont su s’imposer comme nouvelle pièce majeure dans le conflit, et la Turquie est dans une situation instable face à l’axe Syrie-Iran. La question palestinienne est passée de question d’occupation coloniale à une question humanitaire à Gaza et à l’indemnisation de quelques réfugiés. Pour l’instant, ces problèmes sont relégués à la réconciliation FATAH- HAMAS imposée par les conditions géopolitiques. Tous ces éléments dépendent de la conjoncture et de l’issue de la confrontation des axes arabes.

A terme les mouvements islamiques prendront de la consistance politique et géopolitique tout en favorisant l’émergence de nouvelles élites jeunes et intellectuellement compétentes qui vont fatalement reposer la question idéologique en interne pour la constitution d’un front national de résistance à l’impérialisme et d’édification nationale, ainsi que la constitution d’un front externe idéologique et diplomatique contre Israël, aboutissant inévitablement à une confrontation globale et au recentrage de la question palestinienne dans la conscience collective , avec ses effets tactiques et stratégiques sur des changements révolutionnaires plus soutenus, plus étendus et plus radicaux.

Dans mon livre Le dilemme arabe et les dix commandements américains, j’ai montré les axiomes de la géopolitique que les révolutions ont occultés et qui se retournent contre eux et contre la cause palestinienne. Ces commandements sont la nature idéologique de l’Empire et ils sont dévastateurs pour le reste du monde. Ce n’est pas le vote d’un parlement ici ou ailleurs qui va changer l’équation des rapports de force, de domination et d’intelligence, mais la remise du curseur sur les véritables défis, sur les véritables clivages et sur les véritables ingénieries politiques, économiques et informationnelles. Les Musulmans non seulement ne donneront pas des solutions à la libération de la Palestine, mais ne se libéreront pas du formaliste, des slogans et de la vassalisation s’ils ne parviennent pas à hiérarchiser et à harmoniser la notion de souveraineté divine avec la souveraineté du peuple. Il en est de même de la notion (fi sabil Allah) qui doit être libérée du confinement au seul qualificatif islamique pour s’ouvrir à l’universel de sa vocation. Le premier pas de libération de la Palestine sera celui de la libération des concepts, des mots, des comportements hérités de la décadence musulmane qui a fait du musulman un minus habens errant sur son propre sol et gaspillant son temps et son énergie faute de stratégie autonome, de veille sur le monde…

Pour l’instant le chaos qui s’est emparé du monde arabe annonce des clarifications à venir. A titre d’illustration nous avons les fossoyeurs de la question palestinienne, qui sont la Ligue arabe, la conférence internationale islamique et les monarchies du Golfe, qui viennent d’être discrédités aux yeux de l’opinion arabe dans leur rôle de vassal au Soudan, en Libye et en Syrie. La seconde illustration est le comportement erratique d’Ennahda et de Moncef Marzouki qui acceptent de faire de la Tunisie le pion avancé de l’Empire et de ses vassaux, moyennant quelques petro dollars, prouvant ainsi la confiscation de la révolution tunisienne non par des traitres comme le disent certains, mais par l’absence de cadre d’orientation idéologique qui permet tous les retournements et toutes les compromissions faute de cap, de veille, de boussole et de carte de navigation. La partie gagnée par le régime syrien va imposer de nouveau la ligne palestinienne radicale et fermer la porte aux compromis de Doha, d’Istanbul et de Tunis.

En Egypte, une fois la devanture institutionnelle parachevée, deux questions vont émerger et imposer de nouveaux défis à la classe politique : les luttes sociales et la question palestinienne (notamment l’ouverture des frontières et le soutien plus consistant à Gaza)

4-Comment expliquez-vous la relative stabilité de l’Algérie dans le contexte de déstabilisation du monde arabe :

L’absence de clivage idéologique des révolutions arabes, les scénarios violents en Libye et en Syrie, la mémoire des stigmates de 20 ans, la gestion de la pénurie, du terrorisme résiduel et la distribution de la rente sociale avec l’absence de culture d’État et l’absence de culture d’opposition politique, le caractère non mécaniste de contagion des révolutions laissent le peuple livré à l’attente messianique. Cette attente est mise à profit par les Eradicateurs pour faire du matraquage idéologique rappelant les événements depuis juin 90 à ce jour. Cette attente est mise à profit par les « Réformateurs » pour imputer au FIS la responsabilité des événements et prendre les résultats en Egypte, Libye, Maroc et Tunisie comme la réalisation de l’axe de Washington et demander de ne pas voter pour les islamistes lors des prochaines législatives. Les partis islamistes sont divisés, certains trop impliqués dans l’appui au CNT Libyen et au CNS syrien sans prise de distance, laissant l’émotionnel prendre le pas dans un pays en catastrophe politique, sociale et économique, qui a davantage besoin de clarification et d’assurances que de confusion ou d’aventurisme. Ils font peur à la classe moyenne et à la grande masse des fonctionnaires qui ne sont pas prêts de prendre le risque libyen. En Algérie Il y a eu 500 000 victimes, 20 000 disparus et 3 millions de personnes déplacées et il n’y a toujours pas de réponses ni de justice ni de clarification ni de vérité. Le peuple vit sa révolution passive laissant la porte ouverte à l’inconnu. Pour l’instant il ne cible pas Bouteflika comme a été ciblé Moubarak ou Ben Ali. Le peuple algérien ne voit pas les occasions ratées et les ambitions de l’Algérie piétinées mais la « concorde civile », la rente sociale. Il ne voit pas l’Algérie comme cible dans le projet de dislocation des territoires musulmans, il ne voit pas l’esprit de revanche instrumentalisé par les Etats-Unis, il ne voit pas la lutte des appareils et des clans partisans des Etats-Unis, de la France ou de la monarchie saoudienne se livrer bataille comme il ne voit pas les luttes de clans pour la possession de la rente du pétrole. Il ne décode pas la signification de l’aveu des jeunes loups et des seconds couteaux de s’émanciper de la génération de novembre 54.

Le peuple algérien conserve encore intacte sa mémoire de peuple agressé par l’extérieur et par l’intérieur pour avoir choisi une solution islamique dans une conjoncture de réformes politiques et économiques qui ne siéent pas à l’impérialisme ni aux monarchies. Il a connu la tragédie et la solitude alors qu’il était agressé par des hordes ayant la garantie de l’impunité car elles entrent dans le plan de diaboliser l’Islam et de bloquer le potentiel de développement et de l’indépendance de l’Algérie. Le peuple algérien n’a trouvé ni l’ONU ni la communauté internationale « démocratique » ni la ligue arabe ni les monarchies du Golfe pour l’aider en tant que victime et faire face à l’agression ou pour l’armer juridiquement, médiatiquement et militairement contre ses agresseurs. Le peuple algérien attaché à l’Islam sait par l’expérience et par la doctrine que la révolution est légitime sur le plan religieux si et seulement si elle ne se fait pas sous l’étendard de la confusion, si elle ne se réalise par une alliance stratégique avec les profanateurs et les prédateurs et si le mal qu’elle occasionne n’est pas supérieur au mal qu’elle est censée guérir. Le peuple algérien n’a jamais revendiqué l’internationalisation du conflit ni l’ingérence étrangère par intuition politique, par expérience du colonialisme qu’il a vécu comme la forme la plus cynique et la plus humiliante de deshumanisation.

5-Le mot de la fin :

La culture d’empire nous a vendu son modèle politique, économique et médiatique. Maintenant, alors que l’Empire est en plein déclin, sa culture parvient à nous vendre la fin de l’Histoire et la fin de l’idéologie, alors que jamais l’équation idéologique n’a été au cœur de notre existence et de notre devenir. L’idéologie ou l’art de production et de discours des idées est la seule démarche à répondre aux questions de sens de la grammaire des civilisations : comment conjuguer l’homme, le sol et le temps une fois que la finalité ultime a été définie et que le sens d’orientation a été tracé. Le monde arabe non seulement a fait de l’idéologie un discours creux et vague sans logique pragmatique, mais il est déchiré entre des idéologies antagonistes y compris au sein des mouvances islamiques. Sans idéologie commune, nous ne pouvons ni définir notre identité, ni notre appartenance, ni notre implication dans une cause en toute indépendance ou en résistance contre les autres idéologies. Pour l’instant, la voie pacifique ou la voie armée n’ont pas de réponse à apporter sur le projet de société, sur le projet de civilisation, sur le projet d’édification de l’homme nouveau, faute de débat idéologique fédérateur pour faire émerger l’idée primordiale sur laquelle il y a consensus pour vivre ensemble, regarder l’avenir dans la même direction et résister pour défendre les mêmes valeurs. L’Empire, spécialiste de la lutte idéologique, mène une œuvre de fragmentation idéologique pour empêcher toute continuité des mentalités collectives, des territoires géographiques, des idées, des économies et de l’histoire des peuples en opérant dans le Moi arabe des disharmonies, des intrusions, des incisions, des déchirures, des déchirements. L’impérialisme à l’avantage de connaitre notre état de décadence avant la colonisation, les fléaux qu’il nous a inoculé durant la colonisation, et les syndromes post indépendance qu’il a géré grâce à sa cinquième colonne et à notre ignorance de la lutte idéologique, politique et économique pour nous maintenir dans la posture de proie et se maintenir dans celle du prédateur. Les Arabes n’ont pas d’autres voies que de se fédérer autour d’un axe de résistance et de libération pour décoloniser leur esprit et produire leurs idées en autonomie de pensée et de décision.




Les fonctions sociales et politiques d’un racisme respectable : entretiens avec Rokhaya Diallo, Abdelaziz Chaambi et Pierre Tévanian

526x297-jif[1]Le Comité Action Palestine est l’une des rares organisations en France à produire une analyse et à intervenir publiquement sur la question du lien étroit entre sionisme et islamophobie. L’analyse proposée permet de comprendre le lien entre l’oppression coloniale en Palestine et l’oppression sociale en France qui légitime une certaine forme de domination sociale et politique dans un contexte de crise.

L’islamophobie, fabriquée et entretenue par les « intellectuels médiatiques sionistes », chiens de garde de la domination sioniste dans un monde arabe aujourd’hui en transformation, est une arme raciste à double usage.

D’une part, cette islamophobie concourt à ôter toute légitimité aux mouvements islamiques de résistance contre l’impérialisme et le sionisme à travers le monde, et à contrer toute forme de soutien en France aux peuples arabo-islamiques luttant pour leur émancipation, notamment au peuple palestinien qui combat le sionisme depuis plus de 100 ans…

Elle permet, d’autre part, de neutraliser le potentiel contestataire des populations immigrées en France, en fabriquant l’image d’un musulman antirépublicain, sexiste et violent, en marge du code culturel dominant, l’objectif est bien de normaliser les discriminations et la répression contre les minorités issues des anciennes colonies.

Afin de mieux cerner cette problématique, le Comité Action Palestine a organisé un cycle de conférences au cours de la deuxième quinzaine de juin 2011 qui visait à condamner le sionisme comme mouvement politique colonialiste et raciste implantés dans les pays occidentaux et plus particulièrement en France.

Nous vous présentons, sur les liens suivants, les interviews des principaux intervenants qui ont participé à ce cycle de conférences.

Pierre Tévanian

Abdelaziz Chaambi

Rokhaya Diallo

  

 




Le calendrier 2012 Palestine Libre est maintenant disponible

Le Droit au retour des réfugiés palestiniens

Nous rentrerons !

Le droit au retour des réfugiés chez eux est indissociable du droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Ce droit sacré ne peut être l’objet ni de tractations ni de négociation. Il est individuel et collectif . Il est inscrit dans le droit international : la résolution 194 votée par l’ONU au lendemain de la « création » de l’Etat colonial israélien reconnaît que le peuple palestinien a vécu une injustice effroyable. Les colonisateurs juifs ont pratiqué en 1948 une épuration ethnique de grande envergure pour s’approprier les terres des Palestiniens chassés de chez eux.

Cette épuration ethnique se poursuit aujourd’hui sous des formes différentes et ne semble pas déranger les bonnes consciences occidentales. Bien au contraire, les Occidentaux ont fait du droit au retour une formule juridique vidée de son sens politique. Ces tartuffes du droit international se sont ingéniés à faire de ce droit au retour une question humanitaire. La raison en est simple : rendre effectif le droit au retour, c’est signer l’acte de décès du sionisme, c’est démanteler l’un des systèmes coloniaux les plus abjects au regard de l’exigence de justice. Le retour chez eux des réfugiés rendrait impossible la réalisation de l’objectif raciste d’un Etat exclusivement juif. Ce droit imprescriptible est devenu une hantise pour les sionistes et leurs soutiens occidentaux. L’enjeu pour eux est de contrecarrer par tous les moyens la réalisation de ce droit.

Autour du droit au retour, se joue donc une lutte à mort entre un régime colonial impitoyable et un peuple qui résiste pour que justice soit faite.

Si le peuple palestinien continue à se battre pour la reconnaissance de ce droit ou pour qu’il ne soit pas sacrifié en échange d’un Etat croupion, il le fait d’abord de manière très concrète. Il s’agit pour lui de résister à la destruction des camps où vivent les réfugiés. L’existence de ces camps est le témoignage vivant que l’épuration ethnique est la colonne vertébrale de l’Etat israélien. Rester dans les camps, c’est maintenir vivant l’espoir du retour. Préserver les camps c’est préserver l’identité de réfugiés, et dire au monde que le peuple palestinien ne renoncera pas face à la barbarie.

A Gaza, en Cisjordanie, en Palestine de 48, dans les camps de réfugiés et partout dans le Monde, les Palestiniens ne renonceront pas après plus de 60 ans de résistance acharnée pour libérer la Palestine, toute la Palestine : la Palestine arabe qui est la seule patrie des réfugiés palestiniens. Défendre le droit au retour c’est combattre le racisme colonial et lutter pour que l’égalité entre les hommes ne soit pas un vain mot.

 Calendrier 2011 Palestine Libre couverture

Ce calendrier est entièrement bilingue arabe/français.

Il présente chaque mois de l’année sur 2 pages au format 21*29,7.

Chaque mois, un texte revient sur un grand moment de la résistance Palestinienne.

  Calendrier 2012 Palestine Libre Janvier

Le calendrier, réalisé par le CAP, est vendu au prix de 5 euros. L’argent collecté permet de soutenir les actions de l’association et notamment l’invitation de Palestiniens pour qu’ils présentent eux-mêmes en France leur lutte de libération.

Vous pouvez le commander dès maintenant grâce à ce formulaire . Imprimez-le et renvoyez-le nous accompagné de votre règlement.




Indicible mais vrai : Charlie Hebdo parodie la Shoah avec Shoah Hebdo !

liberte[1]Charlie Hebdo a reçu un soutien unanime de la classe politique et médiatique pour défendre la liberté d’expression. Rien d’étonnant à cette unanimité, la judéophobie dans les années 30 faisait aussi l’unanimité dans la classe politico-médiatique…La défense de la liberté d’expression n’est qu’hypocrisie car l’éviction de Siné de Charlie hebdo pour de supposés propos antisémites (Charlie hebdo a été condamné dans cette affaire) n’a pas mobilisé ces hypocrites islamophobes. Que dire alors de la liberté d’expression s’agissant de Dieudonné qui a eu le tort de caricaturer un colon juif ? Eric Blanrue a raison de lancer un défi à Charlie Hebdo : faites nous rire avec une Shoah Hebdo…

On ne savait pas que les soixante-huitards de Charlie Hebdo, grands amateurs de cocktails molotovs lorsque ceux-ci sont lancés sur des policiers, des pompiers, des manifestants catholiques ou musulmans, considéraient que cela devenait répréhensible lorsque la cible était…Charlie Hebdo. Ce répugnant canard de fausse provoc, fort avec les faibles, faible avec les forts, passé sous pavillon sioniste sous le règne de Philippe Val, s’était notamment illustré pas sa campagne de caricatures contre le prophète de l’Islam. On peut aussi compter sur lui pour injurier tout ce qui de près ou de loin ressemble à un catholique.

Ne lui demandez pas en revanche de s’attaquer à des symboles sionistes, juifs ou shoahtiques. A Charlie Hebdo, on ne mélange pas les torchons goys avec les serviettes juives. Ainsi si le journal annonce qu’il titrera mercredi sur « Charia (législation) Hebdo », ne comptez pas sur lui pour titrer sur « Shoah Hebdo » par exemple, d’ici à sa fermeture révolutionnaire…

On a donc droit à une levée de bouclier de toute la camarilla libérale-sioniste pour défendre la « liberté d’expression », et dénoncer le fanatisme, sans d’ailleurs que les auteurs ne soient connus. Florilège :

« Si je peux aider Charlie Hebdo à retrouver des locaux, je le ferai » – Bertrand Delanoë

Jean-Luc Mélenchon : « Si c’est un incendie volontaire, c’est tout à fait répugnant ».

Jean-François Copé qualifie l’incendie de Charlie Herbo d’attentat.

Christine Boutin : cet acte « manifeste un symptôme de violence. »

Souhaitons que les meilleurs des catholiques aient le même réflexe que certains musulmans à l’occasion de la manifestation contre la christianophobie à laquelle ils ont participé, et refusent de s’associer à cette opération de défense d’un journal qui confond injure et opinion, contre le christianisme comme contre l’Islam. [Eric Blanrue]
[Source : http://www.medialibre.eu/culture/charlie-hebdo-titre-sur-shoah-hebdo-et-recoit-un-coktail-molotov-texte-et-video/11102]




Libye : L’impérialisme et les nouveaux harkis

BHL en Libye
Dans un sursaut de fin de règne, l’Occident en déclin (crise sociale, économique et morale ), a lancé en 2011 une nouvelle offensive sanglante et barbare contre des peuples arabes et leurs gouvernants qui résistent encore à l’hégémonie impérialiste. Après l’Afghanistan et l’Irak au cours de la première décennie du XXIème siècle, l’Occident vient d’installer durablement le chaos en Libye et s’apprête à faire de même en Syrie, puis en Iran.

Profitant des mouvements populaires de contestation en Tunisie et en Egypte, l’Occident a pu mettre en œuvre un plan prévu de longue date pour dépecer la Libye et se débarrasser de son Chef d’Etat le colonel M. Kadhafi. Après sept mois d’une guerre approuvée par l’ONU et menée par l’OTAN, dont le nombre de victimes civiles s’élève certainement à plusieurs dizaines de milliers, les puissances impérialistes pensent enfin avoir atteint leur objectif avec le lynchage programmé de Kadhafi par des mafieux armés, que les médias appellent les « rebelles ».

Pour s’emparer du pétrole libyen, ne pouvant prendre le prétexte de la lutte contre le terrorisme international comme en Afghanistan ou de la présence supposée d’armes de destruction massive comme en Irak, une autre stratégie a été utilisée : celle du coup d’Etat, vraisemblablement planifié depuis longtemps. Les services secrets occidentaux avaient réussi à retourner des responsables politiques proches de Kadhafi, des traîtres comme on en trouve dans les allées du pouvoir dans tous les Etats arabes et prêts à vendre leur pays pour une poignée de dollars. La rapidité avec laquelle l’ONU, puis l’OTAN ont apporté leur « soutien » massif à ces « rebelles » ne laisse aucun doute sur les intentions de l’Occident.ces impérialistes pensent enfin avoir atteint leur objectif avec le lynchage programmé de Kadhafi par des mafieux armés, que les médias appellent les « rebelles ».

Mais l’impérialisme est peu regardant sur les harkis qu’il utilise. Moustapha Abdeljalil l’actuel président du CNT était ministre de la Justice de Kadhafi, et en tant que président de la cour d’appel de Tripoli, avait confirmé par deux fois la peine de mort des infirmières bulgares. F.D Roosevelt disait du dictateur nicaraguayen Somoza : « c’est un fils de pute, mais notre fils de pute ». M. Abdeljalil est bien le « fils de pute » de la coalition américaine, anglaise et française !

Maintenant que la Libye est exsangue et qu’une guerre civile s’annonce, il est fort probable que les puissances occidentales abandonneront très vite leurs marionnettes peu recommandables afin de maintenir leur mainmise sur les ressources libyennes. La démission peu après l’assassinat de Kadhafi, de Mahmoud Djibril, premier ministre du CNT, est un signe : « les rats quittent le navire ». Les opposants syriens auraient tout intérêt à se méfier, l’Occident n’a ni scrupule ni sens de la loyauté quand il s’agit de ses intérêts.

Il ne fait aucun doute que les régimes de Mouammar Kadhafi et de Bachar el Assad ne peuvent être considérés comme des modèles en matière de libertés civiles et politiques. Mais que dire alors du régime saoudien et de ceux des pays du Golfe ? Que dire alors de la monarchie marocaine ou jordanienne ? Que dire aussi des pays occidentaux eux-mêmes où la démocratie n’est qu’un leurre et la toute-puissance de la finance une réalité ?

L’Occident protègent les dictatures serviles et d’un autre âge dès lors qu’elles préservent ses intérêts vitaux et ceux du sionisme. Comme à l’époque coloniale, les puissances occidentales sèment terreur et destruction dans les pays qui leur résistent et appuient les régimes « amis » les plus rétrogrades.

Cette politique coloniale doit être condamnée avec force. Ceux qui au sein de ces Etats arabo-musulmans et africains pensent que l’Occident peut jouer un rôle favorable à la liberté se trompent assurément. Le seul projet de l’Occident pour le monde arabe et l’Afrique, c’est l’asservissement. Ces régimes « amis » pris en étau entre la prédation occidentale et l’élan révolutionnaire des peuples ont déjà la corde autour du cou.

Comité Action Palestine




Les révolutions arabes nous donnent de la force

Ameer Makhoul est prisonnier politique palestinien.Ameer Makhoul Il présidait le comité populaire pour la défense des libertés politiques en Palestine occupée en 1948, lorsqu’il a été arrêté par les forces coloniales sionistes en mai 2010. Il a été condamné à 9 ans d’emprisonnement. Son arrestation fait partie de la stratégie de l’occupant pour empêcher toute structuration de la résistance en Palestine de 48.

Dans ce texte, A.M. produit une analyse particulièrement clairvoyante du changement actuel du rapport de forces dans le monde arabe. Il replace les révolutions arabes actuelles dans le cadre général des mouvements révolutionnaires, tout en soulignant leurs spécificités. En plus du caractère fédérateur au niveau des peuples de la région, ces révolutions permettent de réafficher avec plus de force la dimension arabe de la lutte de libération palestinienne.

Il montre comment ces révolutions marquent une inversion du rapport de forces dans la région, inversion sans laquelle aucune cause même la plus juste ne peut triompher. Cette force croissante des masses arabes contraste avec l’effondrement du projet sioniste qui ne cesse d’afficher son affaiblissement militaire et son absence de vision stratégique de l’avenir. Ce changement de rapport de forces, notamment avec la chute du régime égyptien représente un atout majeur pour la lutte du peuple palestinien pour la libération de sa terre.


Ameer Makhoul, prisonnier politique palestinien, le 17 juin 2011 :

 

Aucun régime au monde ne peut se soustraire à la possibilité de tomber quand certaines conditions sont réunies mais il n’est jamais arrivé qu’un régime politique tombe de lui-même, en l’absence d’une action qui vise à le renverser.

Lire l’histoire des révolutions est très riche en enseignements mais quand une révolution se déroule maintenant, elle apporte ses propres enseignements.

Ainsi en est-il des révolutions que mène actuellement notre peuple arabe. Elles apportent ce que doit apprendre toute révolution qui se déroule en cette ère de mondialisation et d’internet. Mues par de formidables masses humaines qui croissent et gagnent en force à un rythme inconnu auparavant, elles tirent leur force d’un mouvement social- celui des gens ordinaires- qui porte en lui toute la diversité des courants de pensée et d’action qui aspirent au changement. C’est, en pratique, l’écrasante majorité de la société. Les révolutions arabes se déroulent conformément à la loi qui préside à la naissance des révolutions : ce moment où les opprimés n’acceptent plus leur statut d’opprimés et où les oppresseurs deviennent incapables de se maintenir au pouvoir en usant des mêmes méthodes d’oppression. Nous vivons alors ce que l’on peut appeler « le dernier quart d’heure des dictatures ».

Ces révolutions nous donnent à voir comment des régimes arabes oppressifs et injustes, réputés invulnérables, se fissurent, se désagrègent avant de s’effondrer. Elles nous donnent aussi à voir comment les gens –tous les gens, le peuple- créent des situations où l’institution militaire est, comme cela s’est passé en Tunisie et en Egypte, placée devant un choix incontournable et excluant toute voie médiane : abandonner le sommet du régime ou affronter le peuple. Le peuple, dans cette situation nouvelle qu’il a créée, devient alors le seul détenteur de la légitimité qui se traduit par la conquête de places fortes au sein même du régime, dans l’armée aussi bien que dans des centres de décision économique, médiatique, judiciaire, religieux etc.

Dans de tels moments, quand la tyrannie s’exerce de façon plus féroce que jamais et que se multiplient sans frein les atteintes à la dignité humaine et nationale, la colère et le sentiment d’humiliation longtemps réprimés chez le peuple deviennent une force qui secoue les fondements du régime et l’amène à l’effondrement total ou partiel. Nous entrons alors dans une ère de transformation rapide.

Il est difficile de croire que les révolutions qui ont éclaté en Tunisie et en Egypte soient l’œuvre planifiée d’une seule force, quelle qu’elle soit. Tout en elles, en effet, indique qu’elles sont mouvement spontané et là, il faut souligner les façons dont Twitter , Facebook, Internet de façon générale ainsi que les chaînes satellitaires pour transmettre des images prises sur le vif, sont devenues, entre les mains de la jeunesse de Tunisie, d’Egypte et d’autres partie du monde arabe , de formidables instruments d’information, d’échange et de coordination de la parole et de l’action, non seulement à l’échelle d’un pays mais dans un espace qui embrasse le monde arabe dans son ensemble. L’usage des moyens de communication les plus avancés est la marque d’une jeunesse arabe qui monte et aspire à extirper le monde arabe de l’état de morcellement, d’archaïsme et d’écrasement des libertés qui pèse sur lui depuis si longtemps. Il porte en lui –au moins pour ce qu’il nous est donné de constater maintenant et en attendant que se dessine de façon plus nette le cours des choses – la volonté des peuples arabes d’édifier un ordre social et politique où règneront la dignité des citoyens, la démocratie et le pluralisme.

Pour le moment, nous ne pouvons pas faire beaucoup plus que de vivre intensément en esprit et en émotion ce qui se passe. Chacun de nous aspire à être dans ces lieux où se déroule l’action libératrice arabe, dans ces lieux baptisés « Place de la Libération » et précisément, au sein même du Caire. Mais en dépit de tout cela, nous sommes beaucoup plus que de simples spectateurs de ces révolutions, car ces révolutions ne nous sont pas étrangères, ce sont nos révolutions, une partie intégrante de notre combat pour la Libération. Notre désir d’y participer activement, cet élan qui nous porte spontanément vers elles précède souvent nos positions politiques officielles mais il porte en lui une chose que rien ne peut altérer : l’authenticité. Ce sont des révolutions qui apportent à notre combat un souffle nouveau, un souffle porté par une vision qu’on s’était empressé, ces dernières années, de croire moribonde mais qui renaît maintenant avec plus avec plus de force que jamais : c’est la dimension arabe.

Pour compléter le tableau des révolutions arabes, il y a cette image qu’il ne nous a pas été donné de voir depuis des décennies, celle, pitoyable, d’un Israël que rongent le désespoir et le sentiment de la défaite. Une telle chose n’est pas étonnante quand on sait qu’Israël est totalement privé de perspectives d’avenir et que d’ores et déjà s’accélère pour lui la perte irrémédiable de ce qui faisait sa force et son influence en tant qu’entité. Il faut dire que pour poser l’équation qui a fait prévaloir la force et l’arrogance d’Israël durant ces soixante dernières années, parler de sa puissance militaire et de la solidité de son front intérieur n’est pas suffisant , il y a dans la configuration stratégique en place un donnée essentielle : c’est la faiblesse chronique des Arabes, faiblesse qui s’est traduite et cristallisée dans les accords de Camp David avec l’Egypte et ceux d’Oslo avec l’OLP, ces derniers étant le rejeton des premiers, conclus à une époque où selon les termes de Shimon Pérès tentant de les justifier aux yeux de l’opinion israélienne, l’OLP était au « summum de sa faiblesse ». Aujourd’hui, à la suite du véto étasunien apposé au projet de résolution de l’Autorité Palestinienne déposé au Conseil de Sécurité et condamnant la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem, nous ne pouvons que constater l’érosion de la capacité de pression des Américains sur les Palestiniens, érosion qui n’a pas d’autre cause que la perte de l’allié principal des USA et d’Israël dans la région : Hosni Moubarak. Ce dernier eût-il été toujours en place, constatent amèrement les Américains au plus haut niveau, il eût étouffé l’idée même de ce projet. Les exemples de la soumission des régimes arabes dictatoriaux aux desseins stratégiques des Usa et d’Israël sont innombrables. Parmi ces exemples, les révélations de Wikileaks et, plus récemment, ce que la révolution égyptienne a révélé en levant le voile sur les liens multiples, économiques, énergétiques, militaires et stratégique du régime de Moubarak avec Israël, liens qui s’insèrent dans la stratégie américaine dans la région.

Une des grandes vérités touchant au combat contre le projet sioniste , projet colonialiste, raciste et belliqueux , est qu’il ne suffit pas que la cause du camp palestinien et arabe soit juste pour qu’elle triomphe, car une cause aussi juste soit-elle a besoin d’un état des forces en présence qui la protège et lui offre les conditions de sa réalisation.

La chute de régimes arabes importants aux niveaux régional et mondial inaugure, en rupture nette avec le passé, une ère de changements de grande ampleur car ces régimes et en particulier le régime égyptien, étaient des pièces essentielles dans le dispositif belliqueux et agressif de l’axe américano-israélien. Que ce dispositif se fissure maintenant montre qu’aucun régime fondé sur la falsification historique, la conquête militaire, la colonisation et la purification ethnique et raciale n’est capable d’affronter les peuples.

Un fait marquant dans les positions israéliennes aujourd’hui est qu’elles sont comme frappée d’abattement et d’absence totale de vision devant les tempêtes soulevées par les peuples arabes. Dans ce contexte, Il n’est pas étonnant d’entendre Netanyhahou lui-même exprimer ouvertement son inquiétude de constater qu’Israël non seulement perd des positions et de l’influence dans le monde mais reste exposé au danger de perdre jusqu’à sa légitimité internationale. Cet état de fait n’est pas le fruit du hasard mais le résultat de l’action menée par nous, les Palestiniens, les peuples arabes et toutes les personnes éprises de liberté dans le monde. Avec l’effondrement des régimes de Ben Ali et de Moubarak et les secousses subies par la plupart des régimes arabes s’effrite tout un discours trompeur qui désigne les mouvements de résistance, ces forces qui refusent l’hégémonie américano-israélienne dans la région, comme l’ennemi principal des peuples arabes. A la place de ce discours périmé, une vision juste des choses est en train de gagner en force, qui refuse que le fond du conflit à l’échelle de la région soit posé en termes ethniques, religieux ou sectaires et que l’Iran, entre autres tentatives de diversion, soit désigné comme la grande menace. Elle s’oppose à l’invasion américaine de l’Irak et aux projets de mainmise sur la région. Elle remet les choses à leur place, à savoir que le fond du conflit est constitué par la conquête sioniste de la Palestine, par les projets hégémoniques de l’axe américano-israélien sur la région et par l’asservissement de régimes négateurs de la volonté des peuples aux desseins de cet axe. Cette vision qui éclaire les vrais enjeux est portée par l’irruption des peuples arabes sur la scène politique mais ces peuples ne sont pas masses compactes mesurables seulement en quantité. Ce sont des sociétés qui s’affirment dans toute la diversité de leurs composantes sociales et intellectuelles, qui joignent côte à côte dans le combat pour la démocratie et le pluralisme, femmes et hommes, laïques comme religieux, libéraux comme forces de gauche et nationalistes arabes. Ces masses sont les peuples arabes qui ont décidé de prendre leur destin en main afin de le conduire vers un avenir de liberté, d’état de droit et de dignité du citoyen.

En tant que Palestiniens et pour ce qui a trait à notre lutte, nous observons que les grands équilibres dans la région ont changé et qu’ils sont appelés à changer encore plus profondément. Il va sans dire que nos droit fondamentaux en tant que Palestiniens restent les mêmes et que l’essence de notre combat reste la même, mais il est clair que nous nous dirigeons vers une situation dans la région où les antagonismes sont posés en termes nouveaux. Nous n’avons plus affaire à une confrontation entre armées mais à un combat opposant la volonté des peuples- ainsi que des pouvoirs nouveaux issus de cette volonté et investis de responsabilités nouvelles- à un régime militariste et belliqueux d’essence colonialiste et raciste.

Nous, Palestiniens, sommes un peuple engagé dans un combat incessant depuis la mise en place du projet sioniste dans la région en 1948. Nous avons connu des moments de flux et de reflux, mais nous n’avons jamais perdu de vue le but ultime de notre lutte, celui de notre libération, celui de la restauration du droit à notre terre, la terre de Palestine. Face à des ennemis implacables, aucun répit, aucun relâchement ne nous ont été permis et, conformément au droit et au devoir que nous dicte notre situation de peuple opprimé, nous avons usé de toutes les formes de lutte afin de restaurer l’ensemble de nos droits au premier plan desquels il y a le retour des réfugiés, la fin de l’occupation, la libération des prisonniers et le droit à l’autodétermination. C’est cette lutte que nous, masses palestiniennes de l’intérieur, menons en célébrant, chaque année le 30 mars et cela depuis 1976, la Journée de la Terre. Cette célébration qui gagne en ampleur chaque année, secouant toujours plus fort les chaînes de l’oppression, est un des hauts lieux de notre lutte et rappel que nulle force, nul régime ne sont capables d’affronter un peuple déterminé à recouvrer ses droits inaliénables.

Les révolutions arabes sont pour nous, peuple palestinien, source de plus de force, d’unité et de capacité à agir sur les évènements. Elles démontrent de façon plus nette que jamais qu’aucun équilibre fondé sur l’injustice ne peut prétendre à la pérennité.

Traduction : Najib Alaoui

Comité Action Palestine




Lutter contre l’islamophobie et pour la Palestine : un même combat politique

arton1186[1]D’une réflexion dense au style énergique, ce texte de la Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie (CRI) publié le 27 octobre  2009,démontre qu’il ne peut exister d’affirmation positive de soi de la communauté musulmane en France sans revendication du soutien à la résistance palestinienne, pas de combat authentique contre l’islamophobie et toutes les formes d’injustices vécues par l’immigration postcoloniale sans un militantisme en faveur de la cause palestinienne.

L’histoire du colonialisme et du post-colonialisme a définitivement lié les destins du peuple palestinien et des populations immigrées en France, et les injonctions de l’Etat ne doivent pas faire taire l’expression d’une solidarité bien ancrée dans la communauté musulmane, sauf à l’amputer d’une partie vitale de son identité politique.

L’alternative est à la fois cruciale et simple : renier la cause palestinienne et s’affaiblir immanquablement sur le terrain des luttes sociales et politiques ou soutenir sans concession cette cause qui nous renforce face à un pouvoir néocolonial et sioniste.


LUTTER CONTRE L’ISLAMOPHOBIE ET POUR LA PALESTINE : UNE MEME RESISTANCE ET UN MEME COMBAT POLITIQUE !

Lutter contre l’islamophobie ne consiste pas seulement en une dénonciation des actes racistes qui frappent de plus en plus et de plus en plus violemment les musulmans, aussi ferme, tranchée, intransigeante et subversive soit-elle. Certes, on doit dénoncer les institutions et les autorités publiques qui, tout en feignant de dénoncer ponctuellement ces actes agressifs alors même qu’elles en sont les principaux vecteurs, engendrent ce racisme et cette islamophobie structurels. Cette démarche suppose un engagement réel dans l’espace public et une implication politique totale et assumée, qui s’émancipe des fonctions qu’on veut nous voir tenir : expert fanfaron qui vient cautionner des mesures racistes à notre encontre, musulman de service chargé de contrôler la communauté ou autre oncle Tom musulman à la solde de l’ordre établi. Si nous voulons voir l’islamophobie reculer, nous n’avons d’autre alternative que celle qui conduit sur le terrain politique. Mais, au-delà d’un seul discours centré sur des revendications spécifiques liées à une problématique islamique, l’implication en politique doit être globale.

Il est certes nécessaire de porter le combat contre l’islamophobie mais se contenter de cette seule dimension est insuffisant. Lutter contre l’islamophobie, c’est imposer la présence des musulmans, une présence non pas seulement sociale, médiatique et économique, mais une présence politique, sans que cette dernière ne soit sujette à une quelconque compromission car, comme l’écrit Abdelmalek Sayad, « exister, c’est exister politiquement ». Les musulmans, comme n’importe quel autre citoyen ou résident soucieux de s’occuper des affaires publiques, doivent se saisir de toutes les questions sans se cantonner aux problèmes qu’on nous attribue d’office et en prenant en charge même celles qui sont dites sensibles et qu’on voudrait précisément nous voir abandonner. Et à ce titre, la question palestinienne est déterminante.

Alors que Gaza en janvier 2009 subissait l’atrocité des attaques et résistait dans la plus grande dignité, des foules immenses, constituées pour l’essentiel d’arabes et de musulmans, ont déferlé dans les rues des grandes villes. Ce soutien au peuple palestinien et à sa résistance n’est en aucun cas le reflet d’une solidarité confessionnelle : c’est une solidarité éminemment politique sur des critères historiques. La connaissance de notre histoire nous impose cette solidarité. On sait que les musulmans, issus de l’immigration post-coloniale, sont l’objet de regards et pratiques déterminés notamment mais de façon marquante par l’histoire coloniale de la France et c’est cette même expérience de résistance face au colonialisme et au post colonialisme que partagent musulmans en France et palestiniens. Evidemment, les effets ne se réalisent pas de la même manière ni dans les mêmes degrés, toutefois, la conscience de notre historicité et la compréhension de cette histoire commune de libération face à l’oppression coloniale explique cette solidarité avec la lutte palestinienne, consubstantielle à nos luttes intrinsèques. Cette histoire coloniale qui continue de s’écrire sous les noms d’assimilation, de discrimination, de stigmatisation : qu’il s’agisse de résister à la dépossession identitaire, et à son lot d’acculturation et de dépersonnalisation tragiques, ou à la dépossession territoriale, c’est un même combat.

Islamophobie, choc des civilisations et sionisme, dans un cas comme dans un autre, il s’agit d’un colonialisme polymorphe. L’hostilité générale qui a accueilli ces manifestations témoigne à la fois d’un consensus en faveur de l’entité sioniste mais aussi d’une islamophobie arrogante à l’égard de ces musulmans qui se font visibles et politiques pour soutenir des résistances et contester des injustices. Les commentaires douteux et méprisants stigmatisant cette foule en la qualifiant de communautaire et d’islamiste révèlent que c’est encore une fois ce processus de diabolisation de l’Islam et des musulmans qui est à l’œuvre pour disqualifier des luttes politiques. Ce même procédé qui est utilisé lorsqu’il s’agit d’écraser la résistance palestinienne : « … vous dites que, si les Palestiniens arabes s’opposent à l’installation et à l’occupation de leurs terres par les Israéliens, ce n’est rien d’autre que le « retour de l’islam » » (E. W. Said , L’Orientalisme). Tout se passe comme s’il suffisait d’attribuer la caractéristique d’ « islamique » ou pire d’ « islamiste » à un militant , un mouvement ou un événement politique pour qu’aussitôt il soit touché de suspicion, de défiance et de discrédit ; et l’exemple des bagagistes de Roissy est révélateur en ce sens. Ainsi, à la lumière de ce processus, les raisons pour lesquelles le Hamas et le Hezbollah sont la cible de toutes les attaques de la part des régimes occidentaux paraissent évidentes : ils résistent et luttent contre l’injustice, on les affuble alors de stigmates islamiques disqualifiant pour essayer de les neutraliser. On perçoit d’autant mieux l’utilisation de ce prisme déformant, et qui est d’une efficacité redoutable dans les médias et l’opinion publique, quand on compare le traitement réservé aux différents régimes du Moyen-Orient selon la règle de la géométrie variable : quand des musulmans choisissent de résister, ils sont diabolisés ; quand des musulmans font allégeance, ils deviennent alors fréquentables et courtisés, comme c’est le cas des régimes corrompus, soumis et serviles. La diabolisation, véritable carburant de l’islamophobie, frappe délibérément la catégorie de l’Islam et des musulmans qui résiste à l’oppression. Et les répercussions sur les musulmans en France sont immédiates.

L’instrumentalisation et la diabolisation de l’Islam visent à nous faire taire. On ne peut pas, sous prétexte d’être mieux entendu ou mieux accepté, faire l’économie de la dénonciation de la diabolisation de l’Islam à des fins coloniales, qu’elle soit à l’échelle nationale ou internationale, comme en Afghanistan ou en Palestine, qu’elle s’appelle islamophobie ou choc des civilisations. Le risque étant de devenir, ad vitam aeternam, des sous-citoyens ou des individus de seconde zone toujours en proie aux discriminations quotidiennes et autres humiliations. Il est impératif de s’affranchir de ce cadre discursif fondé sur une espèce de chantage tacite à la respectabilité et qui nous impose, comme condition de notre recevabilité, de nous détacher d’une part de notre identité, de nous désolidariser des mouvements de résistance et d’abandonner la Palestine. Et sans redouter d’être rabroué, disqualifié et renvoyé au statut illégitime qu’on voudrait nous voir porter en permanence.

La Palestine a toujours été un catalyseur de conscience politique et d’engagement militant dans l’immigration post-coloniale, et ce qu’elle nous dit aujourd’hui, c’est qu’oublier la Palestine, c’est se nier soi-même. Etre capable de revendiquer haut et fort, sans complexe et sans concession, la libération totale de la Palestine c’est, aussi, lutter contre l’islamophobie.

Septembre 2009, Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie




Cycle de conférences sur l’islamophobie : Les fonctions sociales et politiques d’un racisme respectable

islamophobie_01[1]La France a peur. Elle a peur du « voile islamique » et de la « bombe islamique », des minarets et du hallal dans les restaurants. Elle a peur de l’Islam et des musulmans. Elle a peur de l’« islamo-gauchisme » comme jadis elle avait peur du « judéo-bolchévisme ». Son identité semble vaciller : la laïcité et les racines chrétiennes seraient menacées !


Selon le philosophe Enzo Travenso, le « portrait de l’arabo-musulman brossé par la xénophobie contemporaine ne diffère pas beaucoup de celui du juif construit par l’antisémitisme au début du XX e siècle. Dans les deux cas, les pratiques religieuses, culturelles, vestimentaires et alimentaires d’une minorité ont été mobilisés afin de construire un stéréotype négatif d’un corps étranger inassimilable à la communauté nationale ». (Libération, 5 janvier 2011)

Comparaison n’est pas raison, mais il existe des homologies entre le racisme anti-juif des années 1930 et l’islamophobie à la française. Un contexte de crise économique et politique semble favoriser la fabrication d’un bouc émissaire. Comme dans les années 30, l’enjeu est-il à la fois de faire diversion (détourner l’attention des problèmes réels) et « diviser ceux qui sont unis et unir ceux qui sont divisés » (S. Bouamama)? A qui profite cette stratégie politique? Et surtout comment contrer cette stratégie dont l’objectif est de légitimer une certaine forme de domination sociale et politique en crise ?

Apparue au début des années 2000, cette nouvelle islamophobie (V. Geisser) est une arme raciste à double détente. A usage interne, l’islamophobie a pour fonction de neutraliser le potentiel contestataire des populations immigrées : En fabriquant l’image d’un musulman antirépublicain, sexiste et violent, en marge du code culturel dominant, l’objectif est bien de normaliser les discriminations et la répression contre les minorités issues des anciennes colonies.

A usage externe, cette islamophobie concourt à ôter toute légitimité aux mouvements islamiques de résistance contre l’impérialisme et le sionisme : sur ce front, l’objectif est de contrer et de délégitimer toute forme de soutien en France aux peuples arabo-musulmans luttant pour leur émancipation, notamment au peuple palestinien qui combat le sionisme depuis plus de 100 ans.

En bref, en interne, l’enjeu est de recoller les morceaux d’une domination politique qui se fissure ; en externe, de légitimer une domination occidentale radicalement contestée.

Mais comment peut-on expliquer cette virulence islamophobe à partir du début des années 2000 ? Quelles en sont les conditions sociales et politiques ? Le racisme est un fait social normal dans les sociétés occidentales (F. Fanon), mais il s’agit ici de comprendre et d’analyser les nouvelles formes qu’il revêt. Certes, le racisme et les discriminations relèvent de mécanismes structurels, mais il importe aussi d’interroger les formes variables qu’ils prennent : l’islamophobie ne serait-elle pas une forme de racisme anti-arabe non avouable ?

Cette islamophobie à double détente a mis en lumière un acteur central dans la production des normes racistes « respectables » : l’intellectuel médiatique sioniste. Chien de garde de la domination sioniste dans un monde arabe aujourd’hui en transformation, il alerte en permanence contre le danger « islamiste » qui menacerait l’ordre social et républicain français.

L’Etat d’Israël et la République française auraient un même ennemi : un islam conçu comme un « corps étranger non assimilable », incompatible avec la « modernité » et les « valeurs fondatrices » du monde occidental.

En agitant le danger de la décomposition du modèle républicain, en exigeant des lois d’exception pour les musulmans et davantage de répression dans les quartiers populaires, l’intellectuel médiatique sioniste n’est-il pas le produit de la mutation actuelle vers un ordre politique autoritaire ?

Sur la base de ce questionnement général, le Comité Action Palestine organise un cycle de conférences au cours de la deuxième quinzaine de juin.

  Comité Action Palestine