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Libye : Offensive impérialiste

libyeAujourd’hui vendredi 18 mars 2011, le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies, dirigé par les puissances impérialistes, a adopté la résolution 1973 autorisant de fait, la violation de la souveraineté et du principe d’autodétermination du peuple libyen. Cet acte d’ingérence militaire, qui légitime le recours à la force même s’il n’est pour le moment que question d’interventions aériennes, ne doit tromper personne.

Comme toujours, l’impérialisme avance masqué. C’est sous le prétexte de venir en aide à la population libyenne que l’Occident justifie son intervention dont les buts sont en réalité tout autres.

La France, par l’action de son ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, maire de Bordeaux, a pris les devants dans l’agression qui se prépare contre la Libye. Une fois encore, sous couvert d’un mandat onusien, l’objectif est bel et bien de préparer, comme en Irak, le terrain à une occupation militaire.

En fait, on l’aura bien compris : le discours des puissants sur le respect des droits de l’homme et des peuples est pure hypocrisie.

Engagé dans un soutien sans faille aux dictatures serviles de la région jusqu’aux soulèvements populaires arabes de ce début d’année, l’Occident change de discours, mais continue la même politique : Soutien aux régimes combattus par le peuple en Egypte et en Tunisie. Feu vert donné à l’armée de l’allié saoudien pour envahir Bahreïn et mater la révolte populaire à l’œuvre contre la monarchie corrompue. Soutien à la monarchie marocaine quand elle réprime massivement un peuple écrasé par l’injustice et la pauvreté. Soutien sans conditions à l’entité coloniale sioniste qui génocide le peuple palestinien.

Les guerres menées en Irak et en Afghanistan prouvent que toute intervention occidentale débouche sur les massacres de masse de civils.

Après avoir officiellement fait en 2004 du régime de Kadhafi un allié dans sa stratégie sécuritaire contre le « terrorisme », et alors qu’une révolution populaire menace de renverser ce régime, l’impérialisme, après maints atermoiements, met en place une nouvelle stratégie. L’enjeu est clair : face à une révolution armée populaire risquant de donner le pouvoir réel au peuple, c’est-à-dire le contrôle de l’Etat, des ressources en hydrocarbures et des armes, face à un régime discrédité et condamné à moyen terme, l’objectif est d’intervenir afin d’imposer un « régime de transition » en apparence révolutionnaire, mais en réalité favorable aux intérêts économiques et géopolitiques occidentaux.

La reconnaissance précipitée par certains Etats impérialistes, les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, d’un Conseil National libyen, téléguidé par cette même coalition occidentale, n’est qu’une ruse de plus pour justifier l’intervention militaire et saborder l’élan révolutionnaire du peuple libyen, voire le processus révolutionnaire en Tunisie et en Egypte.

Le mouvement révolutionnaire libyen est hétérogène et composé de comités de résistance populaire locaux sans véritables instances de coordination et de représentation politique. Néanmoins, les révolutionnaires libyens sont unanimes et opposés à une intervention étrangère quelle qu’en soit la forme. Et c’est au peuple libyen de conduire sa lutte et de choisir ses alliances. La contre-révolution née de cette résolution de l’ONU aura des conséquences désastreuses pour le peuple libyen, mais elles seront surtout à terme désastreuses pour l’Occident. Perdant peu à peu pied dans le monde arabe, l’Occident, divisé et affaibli, cherche par des tentatives désespérées à garder le contrôle en recourant à des actions armées. Mais il est déjà perdu, l’avenir appartient aux damnés de la terre.

Nous, militants du Comité Action Palestine, qui soutenons inconditionnellement l’autodétermination et la résistance du peuple palestinien contre la plus abjecte des oppressions qu’est le sionisme, exprimons notre totale solidarité avec les mouvements populaires du monde arabe qui réclament la liberté et l’égalité.

Comité Action Palestine




Le soulèvement en Tunisie, de l’alliance de classes à la lutte de classes

Cinquante ans après les guerres de décolonisation, le monde arabe est entré dans une nouvelle ère de révolutions. Du Maroc au Yémen, les pouvoirs politiques sont partout contestés par des grèves incessantes, des mobilisations violentes, des émeutes, des soulèvements populaires. C’est un véritable moment de rupture historique, moment crucial au cours duquel les peuples arabes veulent en finir avec des Etats post-coloniaux inféodés à l’impérialisme, oppressifs et impotents sur tous les plans. Les révolutions éclatent partout parce que les Etats ont institué des rapports sociaux qui font obstacle au développement économique, social et politique des peuples. Bien qu’ayant des spécificités nationales, les différents pays arabes présentent des caractéristiques similaires : en général, l’appareil d’Etat est contrôlé par une oligarchie qui s’en sert pour spolier les richesses et ressources du pays et créer une économie extravertie, complètement dépendante des Etats occidentaux et des multinationales. Du même coup, l’appropriation conjointe des richesses et du surplus économique par les clans au pouvoir et les capitalistes occidentaux se transforme en système générateur d’exclusion pour de larges secteurs de la société. La bourgeoisie locale est bloquée dans ses investissements, dans son accumulation du capital et dans ces conditions une économie nationale ne peut pas émerger. En conséquence, la main d’œuvre salariée ne trouve que très difficilement les possibilités de s’employer, et lorsqu’elle y parvient, c’est l’exploitation forcenée qui lui est réservée. En s’exacerbant, les contradictions entre les rapports socio-politiques institués et les forces vives de la société débouchent fatalement sur des explosions révolutionnaires. C’est cette hypothèse que nous avons voulu démontrer à travers l’étude du soulèvement tunisien.


Le spectre révolutionnaire a refait surface. Sorti des entrailles de la Tunisie, il s’est déployé sur l’ensemble du pays, propageant ses ondes tel un violent séisme, et plongeant dans le cauchemar les cliques dirigeantes arabes, les dictateurs de tout acabit ainsi que les pouvoirs impérialistes. L’effet de surprise fut total pour les ennemis du peuple, intérieurs et extérieurs. Rien ne laissait présager qu’au bout d’un mois de soulèvement populaire la dictature policière implacable de Ben Ali et des Trabelsi allait être renversée.

Il a suffi d’un geste désespéré d’un chômeur, vendeur à la sauvette de légumes dans une ville du Centre-sud de la Tunisie pour que le pays entier entre dans un processus révolutionnaire. La contestation populaire du régime est partie de la ville de Sidi Bouzid et a gagné ensuite l’Ouest de la Tunisie : Kasserine, Thala, Siliana, Gafsa et bien d’autres localités. Au bout de trois semaines c’est Tunis qui entre en lutte ainsi que toutes les autres villes du Nord et de l’Est. Une semaine de mobilisation populaire conjointe sous le slogan « Ben Ali dégage ! » a suffi pour chasser le clan politico-mafieux des Ben Ali-Trabelsi. Une fois le clan démantelé, il s’agissait de s’en prendre au système Ben Ali, à savoir l’emprise du parti RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique) sur toutes les institutions et entreprises. C’est encore le Sud et l’Ouest qui engagèrent la première offensive sous le slogan « RCD dégage ! » et le Nord et l’Est ont pris le relais. Le Sud et l’Ouest poussent et le Nord et l’Est convertissent la lutte en victoire politique. La révolution a éclaté à la périphérie du système, dans les régions les plus pauvres, laissées à l’abandon par le pouvoir politique. Lorsque la révolution a gagné les centres de pouvoir, c’est-à-dire les grandes villes du Nord-est, la domination oligarchique des Ben Ali-Trabelsi a été renversée.

Les caractéristiques du système économique imposé par le clan Ben Ali-Trabelsi et les quelques familles appartenant à ce clan par alliance sont simples : enrichissement via la mise en place de sociétés d’import bloquant toute possibilité d’industrialisation du pays, accaparement des entreprises locales prospères par des méthodes diverses d’intimidation, portes ouvertes à l’installation des multinationales. Comme on peut le constater, le clan parasite au pouvoir s’est enrichi sur la dépendance intégrale de l’économie tunisienne par rapport à l’Occident. Le pouvoir politique du clan a reposé essentiellement sur un parti, le RCD, infestant l’ensemble de la bureaucratie étatique, une police très puissante exerçant en toute impunité et le soutien indéfectible de l’Occident, plus précisément de la France. L’Etat tunisien constitue un cas typique de ce que les sociologues appellent « néo-patrimonialisme » ou l’utilisation des leviers du pouvoir pour faire main basse sur les richesses et ressources économiques du pays.

Violence économique et violence politique se sont donc conjuguées pour éradiquer toute forme d’opposition. Au niveau économique, il fallait empêcher la formation d’une bourgeoisie qui aurait pu concurrencer le pouvoir. Au niveau politique, le régime Ben Ali a poursuivi l’œuvre engagée sous le régime Bourguiba. Les partis politiques ont été démantelés, leurs militants emprisonnés, torturés ou sommairement exécutés. La violence policière s’est d’abord abattue sur le parti islamiste Ennahda dont 30000 membres sont jetés en prison dans les années 1990. L’intelligentsia et la plupart des organisations de gauche, effrayées par l’ascension fulgurante du FIS en Algérie, vont approuver la répression. Puis une fois la gauche instrumentalisée contre le parti de Rashed Ghannouchi, ce fut à son tour d’être décapitée.

Voilà donc, en résumé, le contexte dans lequel a éclaté la révolution tunisienne : au niveau structurel, une dictature sans fard appuyée par la France, l’Italie, les Etats-Unis et Israël, une bourgeoisie sans réelle puissance, des classes moyennes en manque de débouchés professionnels, des classes populaires victimes soit du chômage massif soit de l’exploitation forcenée dans les mines, le textile ou les multinationales du tourisme, des partis politiques sans force organisationnelle ni capacité d’action ou totalement inféodés au pouvoir ; et au niveau conjoncturel, les grèves de 2008 des ouvriers miniers de Gafsa (gouvernorat limitrophe de celui de Sidi Bouzid), qui ont duré six mois et qui ont été violemment réprimées (de nombreux morts, des centaines d’arrestations et de cas de torture) ont sans doute brisé le mur de la peur et rendu possible l’explosion révolutionnaire qui a commencé le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid.

C’est ce contexte spécifique qui va imprimer les formes particulières de l’intifada populaire en Tunisie. Ce soulèvement apparait en ses origines comme un modèle pur de révolution. En l’absence de forces politiques structurées, le peuple a pris son destin en main, s’est organisé et mobilisé pour défier l’oligarchie au pouvoir. Conscient politiquement, uni autour de revendications politiques claires, les franges déshéritées du sud et de l’ouest et les quartiers populaires des grandes villes ont porté des assauts successifs jusqu’au renversement de Ben Ali. Face au chaos généré par la police fidèle au régime après la chute du dictateur, le peuple s’est organisé en comités de défense pour ramener l’ordre et arrêter les fauteurs de trouble. Il est intervenu dans les administrations, les entreprises et les banques pour destituer les responsables affiliés au RCD. Le peuple, par la mobilisation de rue, continue, encore aujourd’hui, à faire pression pour faire tomber un « gouvernement de transition » autoproclamé dont l’unique but est de mettre un terme à la révolution, de maintenir le système Ben Ali sans Ben Ali.

Ces bureaucrates de l’ancien système œuvrent aujourd’hui pour consolider un pouvoir en alliance avec l’armée et des secteurs de la bourgeoisie locale. Si l’armée jouit d’une image positive parce qu’elle a adopté une attitude de neutralité, en ayant refusé d’ouvrir le feu sur le peuple et accepté de s’interposer entre le peuple et la police, son accession au pouvoir constituerait une usurpation de la révolution et la mise en place d’une nouvelle dictature. En tant que corps organisé issu du système Ben Ali, l’armée ne peut en aucune manière représenter le peuple. Elle défendra ses intérêts catégoriels et les intérêts des impérialistes qui la soutiennent. Pour y parvenir, elle brimera le peuple à l’image de ce qui s’est passé en Algérie : démocratisation politique après le soulèvement de 1988, floraison des partis, élections réellement libres qui ont au donné la victoire FIS puis coup d’Etat militaire en 1991, stratégie délibérée du chaos durant une décennie pour mater le peuple et spolier les richesses du pays.

En ses origines, le mouvement révolutionnaire tunisien est un mouvement interclassiste. Lorsqu’il fallut abattre la dictature mafieuse et policière de Ben Ali, il y eut une unité parfaite du peuple. Les masses populaires menèrent l’assaut et la petite-bourgeoisie ainsi que les secteurs lésés de la bourgeoisie s’y associèrent. Débarrassées des Ben Ali, Trabelsi et consorts, des franges de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie se contenteraient volontiers de ce nouveau pouvoir débarrassé de quelques têtes gênantes mais préservé dans ses fondements et ses institutions. Caractérisés par leur faiblesse, les capitalistes tunisiens s’imaginent aisément dans une alliance politique pour diriger le pays, alliance qui les unirait à l’armée, à d’anciens bureaucrates du RCD et bien sûr l’occident avec la France et les Etats-Unis en tête. Les ouvriers et les paysans, les précaires et les chômeurs voient les choses d’un tout autre œil. Ils perçoivent parfaitement que le deal proposé est une arnaque politique, une nouvelle dictature avec un semblant d’ouverture démocratique, quelques partis légalisés bien contrôlés ainsi que de futures élections surement truquées. Et quid des revendications économiques et sociales ? Oualou, rien! C’est pourquoi, le 22 janvier, une Caravane de la liberté est partie du cœur du pays, des gouvernorats ruraux de Kasserine et Sidi Bouzid pour aller réclamer à Tunis la démission d’un gouvernement provisoire composé des caciques du RCD, prêts à s’acoquiner avec toute nouvelle faction hégémonique pourvu que leur traitement de bureaucrate-parasite-corrompu soit maintenu. A l’appel des régions centre-ouest, les ouvriers de Sfax, les enseignants du primaire et du secondaire se sont soulevés ainsi que les quartiers populaires de Tunis et de toutes les villes. Les manifestants de la Caravane de la liberté ont été durement réprimés et chassés de la Casbah où ils campaient. Mais le 20 février, une manifestation regroupant 40 000 personnes a défilé à Tunis pour de nouveau réclamer le départ du gouvernement provisoire. Et le 25 février ce sont plus de 100 000 personnes qui défilent à nouveau contre le gouvernement honni. Le 27 février, le Premier Ministre Mohamed Ghannouchi, sous la pression populaire, annonce sa démission. Le gouvernement provisoire est tombé mais il semble probable qu’il soit remplacé par un nouveau gouvernement provisoire où la tendance bureaucratique des anciens du RCD soit réduite tandis que la tendance technocratique-bourgeoise formée à l’étranger soit plus forte. Ce combat pour la destitution du gouvernement provisoire constitue véritablement l’indicateur de la transformation du mouvement interclassiste en lutte de classes.

Les damnés de la terre, eux, ne veulent pas d’une pseudo-démocratie dans laquelle les élections à venir n’auraient pour seule fonction que de cautionner le pouvoir d’une bande de nantis. Ils réclament la justice sociale, l’égalité et une liberté politique réelle. Pour eux, « la révolution de jasmin » est une expression creuse. C’est une formule petite-bourgeoise, employée à l’origine par des « cyberdissidents » et relayée par les médias occidentaux pour ranger le soulèvement populaire tunisien dans la catégorie des « pseudo-révolutions » des pays de l’Est. En répétant cette formule comme une invocation, les médias occidentaux espèrent pouvoir dompter les spectres et démons de la violence révolutionnaire.

Le combat révolutionnaire est donc entré dans une deuxième phase. Après l’unité entre toutes les composantes de la société pour faire tomber la dictature de Ben Ali, c’est la guerre des classes qui se profile. Arrêter ou poursuivre la révolution, telle est la question !

Si la mobilisation venait à perdurer, si la lutte devait s’intensifier, le peuple tunisien aurait à trancher parmi les différentes options qui apparaissent déjà en filigrane, qui émergent de manière plus ou moins consciente dans les débats et les décisions prises. Les options retenues seront déterminantes pour la victoire du peuple ou la régression à un régime autoritaire. Le premier questionnement concerne l’organisation rapide d’élections ou la mise en place d’une assemblée constituante. La première option est celle des élites et de la petite-bourgeoisie affairiste qui voient dans les élections l’arrivée d’un personnel légèrement renouvelé dans le cadre des institutions existantes. Ceci permettrait de contenir la poussée populaire et de préserver les intérêts acquis. L’option opposée d’une assemblée populaire, définissant une nouvelle constitution, radicaliserait la révolution et engagerait le pays dans l’anéantissement des institutions existantes et l’édification d’une nouvelle société.

Le second concerne les moyens de défense de la révolution : faut-il oui ou non armer le peuple ? Les élites ne veulent pas en entendre parler car elles-mêmes s’apprêtent à remettre au peuple ses anciennes chaines. Il est évident que la révolution tunisienne est en sursis et qu’elle est gravement menacée par des ennemis tous plus dangereux les uns que les autres. Par les ennemis de l’intérieur d’abord : les tenants de l’ancien système, la police, la bureaucratie et les personnels qui dépendaient de l’État, par la bourgeoisie et la petite bourgeoisie, par l’armée, par l’opposition légale. Et surtout par les ennemis de l’extérieur : les États arabes effrayés par une propagation de la révolution ; Israël, le grand agent de la contre-révolution mondiale qui ne supporterait pas l’apparition d’un nouvel État ennemi ; et l’Occident qui œuvre sans discontinuer pour un « grand Moyen-Orient » vassalisé. Pendant que les États arabes agissent au plus pressé en essayant de contenir les poussées révolutionnaires qui fusent de partout, les États occidentaux préparent déjà la réaction.

Les Etats-Unis ont dès le départ misé sur l’armée tunisienne pour mettre un terme à la révolution et garantir l’ordre, et c’est une stratégie identique qu’ils ont appliqué quelques jours plus tard en Egypte. Historiquement, ils entretenaient de très bonnes relations avec l’institution militaire tunisienne d’autant plus que cette dernière avait été formée par les militaires US. Pendant le soulèvement, le chef d’état-major Rachid Ammar était en contact permanent avec des officiels américains et il est clair qu’il a reçu des consignes sur la conduite à adopter. Trois axes apparaissent dans la stratégie conjointe de l’état-major tunisien et des dirigeants américains. D’abord, adopter une position de neutralité pour éviter que l’armée n’implose. Ensuite, pousser Ben Ali à la fuite pour éviter que le mouvement de protestation ne se radicalise. Enfin, faire en sorte de préserver le système ancien. C’est pourquoi quelques jours après la chute de Ben Ali, le général Ammar a tenu un discours public adressé aux manifestants dans lequel il a affirmé que l’armée protègerait la révolution mais que la Tunisie devait rester dans le cadre constitutionnel. Pour l’armée (et les Américains) la révolution devait s’arrêter là et si le mouvement de contestation venait à se renforcer, il n’est pas sûr que l’armée reste cette fois-ci dans une position de neutralité.

La France, quant à elle, a opté jusqu’à la dernière minute pour le soutien au clan des Ben Ali-Trabelsi. L’attitude et les déclarations de la diplomatie française ont suscité la risée internationale. Plutôt discrètes pendant plus de trois semaines, les langues se sont déliées au moment où la chute de Ben Ali devenait probable pour laisser entendre une invraisemblable cacophonie. D’un côté on suggérait à l’allié de toujours Ben Ali, par la bouche de Mme Alliot-marie, que l’expertise française en terme de sécurité pouvait servir à maintenir l’ordre en Tunisie. Ces propos ont été tenus le 11 janvier 2011 devant une Assemblée nationale pour le moins acquise et convaincue de la justesse d’une telle offre. De l’autre, et ce dès le 14 janvier, jour de l’escapade de Ben Ali, celui qui avait fidèlement servi les intérêts français pendant plus de deux décennies et qui avait, aux dires de certains analystes fait rempart contre l’islamisme, des voix s’élevèrent pour honnir l’hideux dictateur qui avait martyrisé son peuple pendant 23 ans. La perfide complicité entre le pouvoir français et le clan Ben Ali-Trabelsi venait de s’éteindre. En coulisse, les dirigeants français envisageaient avec Ben Ali au début du soulèvement de perpétrer un attentat et de l’attribuer à Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI). Ben Ali aurait décliné l’offre selon les dires d’un de ses proches conseillers par peur de voir le tourisme fortement affecté.

Pour l’Occident, il n’y a que deux scenarii de contre-révolution possibles : réussir à placer leurs hommes de main à la tête de l’Etat tunisien et si cette stratégie venait à échouer, créer le chaos par la multiplication des attentats et briser l’élan révolutionnaire du peuple. Faisant partie des techniques modernes de contre-insurrection, la stratégie du chaos a déjà été appliquée avec succès en Irak et la Tunisie n’est pas à l’abri de ce type de stratagèmes impérialistes et sionistes. Les rumeurs sur les destructions de synagogues, l’assassinat d’un prêtre polonais ou les manifestations contre les prostituées à Tunis ne constituent-elles pas des manigances pour délégitimer le mouvement islamiste et tenter de créer la confusion à un moment où la contestation semble reprendre de l’ampleur ? La nomination de l’ambassadeur français Boris Boillon, ex-ambassadeur en Irak, n’est-elle pas un indicateur de la possible mise en œuvre de la stratégie du chaos ?

Pour l’instant donc les occidentaux semblent opter dans l’ensemble pour le premier scenario. Face à la pression populaire, le remaniement ministériel s’imposait. Les anciens du RCD ont été écartés mais l’ex-premier ministre de Ben Ali, Mohamed Ghanouchi, est resté à son poste. Etant donné que les institutions existantes sous l’ère Ben Ali ont été maintenues, il était peu probable que la nouvelle direction politique exprimât les aspirations populaires. Bien au contraire, c’est encore un gouvernement parachuté de très haut et qui exprime les intérêts français et américains. Universitaires ou chefs d’entreprise, les nouveaux ministres ont tous des liens plus ou moins explicites avec la France ou les Etats-Unis. En ce sens, la continuité avec le régime Ben Ali est totale : la Tunisie reste sous la dépendance intégrale des puissances impérialistes politiquement et économiquement. Le premier geste politique de ce gouvernement n’a-t-il pas été de se déplacer à Davos pour rassurer les membres du G 20, les investisseurs étrangers et les marchés financiers internationaux ? Après la désignation du nouveau gouvernement, l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) a appelé à la reprise du travail légitimant de cette manière le nouveau pouvoir. Il ne fallait sûrement pas s’attendre de la part d’une organisation qui avait fait bon ménage avec le régime Ben Ali qu’elle puisse porter les revendications populaires jusqu’à leur réalisation. La stratégie mesquine de ce syndicat officiel est aujourd’hui parfaitement lisible. Il n’a accompagné la contestation populaire que pour éviter de perdre sa base et toute crédibilité. De cette manière il pouvait aussi rappeler à l’ordre et à la fin du mouvement dès qu’un nouveau pouvoir, débarrassé des stigmates du benalisme, était mis en place. Stratégie efficace pour déposséder un peuple de sa révolution !

Si des éléments de la bourgeoisie locale trouvent leur compte dans un pouvoir politique caractérisé par une alliance avec d’anciens bureaucrates du RCD, l’armée et les Etats occidentaux, il est certain que ce ne peut être le cas de toute la bourgeoisie prise dans son ensemble puisque à nouveau elle devra subir la domination implacable des multinationales. Etant faible, n’ayant pas de base économique assez large, elle doit s’allier à d’autres puissances pour gouverner. Mais en nouant son destin à celui de l’étranger, elle se met directement en danger de mort puisque son marché se trouve happé par les firmes européennes, américaines, etc. De l’autre coté, les classes populaires, en particulier la classe ouvrière, sont elle aussi caractérisées par leur faible consistance étant donné l’aspect très fragmentaire du développement industriel ou l’absence de développement autocentré. En ce sens, les classes populaires ne peuvent pas elles aussi espérer prendre le pouvoir politique de manière autonome. Economiquement et socialement, elles ne sont pas assez puissantes pour gouverner seules. C’est pourquoi, dans les pays du Sud, les révolutions ont des chances d’aboutir lorsque s’échafaudent des alliances politiques entre la bourgeoisie locale dominée, la petite-bourgeoisie et les couches sociales déshéritées pour renverser des pouvoirs corrompus aux ordres de l’impérialisme. C’est le chemin qu’avait emprunté la révolution victorieuse en Iran en 1979. Dans les pays arabes aujourd’hui, le succès du combat révolutionnaire dépend de la formation de ce mouvement interclassiste orienté par le refus de toute forme d’ingérence occidentale, qu’elle soit économique ou politique.

Alliance interclassiste sur le plan interne et surtout solidarité entre les peuples en lutte sur le plan externe : telles sont les conditions sine qua non de la victoire et de la consolidation des acquis révolutionnaires. Un pays arabe aujourd’hui, s’il venait à connaitre une transformation révolutionnaire, ne pourrait pas seul faire face aux attaques et aux manipulations en tout genre des Etats impérialistes et de l’Etat sioniste. C’est pourquoi la révolution ne peut être victorieuse qu’à l’échelle d’un bloc de pays. C’est sans doute ce qu’ont compris intuitivement les peuples arabes en déclenchant ensemble les luttes pour leur émancipation. Les soulèvements actuels posent donc avec une grande acuité la question de l’unité du monde arabe. Cette union du monde arabe ne peut se réaliser que dans l’antagonisme avec Israël qui est l’agent régional de la division des Etats et des peuples. La question de l’union du monde arabe pose donc directement la question la libération de la terre arabe de Palestine. Plus la mobilisation des peuples arabes se radicalisera et plus l’espérance de vie de l’Etat d’ Israël se restreindra.

Comité Action Palestine




Communiqué de CRI et de Résistance Palestine, Lyon

islamophobie_01[1]La Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie et le collectif Résistance Palestine dénoncent avec la plus grande fermeté la décision du Maire de Lyon, Gérard Collomb, de nous interdire la Salle Rameau à Lyon, dans laquelle nous devions organiser ce 12 Février 2011 la conférence « Gaza, 2 ans après » avec Georges Galloway (ex député britannique, convoi Viva Palestina), Gilles Devers (avocat), René Naba (journaliste et écrivain) et Tahar Al Labadi (président des Etudiants Palestiniens en France). Etaient prévues aussi deux interventions téléphoniques d’un représentant du Hamas et un autre du Hezbollah, annulées suite à un échange téléphonique, et confirmées par écrit, hier auprès du cabinet de Gérard Collomb, dans un esprit de conciliation de notre part.

Rappelons que l’année dernière, nous avions fait la même conférence avec les mêmes intervenants, en plus d’une intervention d’un ministre du Hamas à Gaza Monsieur Ahmed El Kourd, et cela s’est déroulé sans aucun problème.
La liberté d’expression est la règle, et nous la revendiquons dans le cadre du débat démocratique, au service de la cause palestinienne. La mairie n’a aucun droit pour interdire une réunion, car c’est de la censure. Nous avions pris l’engagement d’assurer le service d’ordre et la bonne tenue des interventions. Nous sommes prêts à assumer toutes nos responsabilités, mais ne pouvons accepter cette censure néocolonialiste.
Cette annulation scandaleuse a eu lieu alors que nous avions réglé la totalité de la location, signé le contrat de location et obtenu toutes les autorisations pour cette soirée. Aucun document officiel ne nous est parvenu pour ce changement arbitraire de dernière minute : le Régisseur de la salle a reçu l’ordre de la Mairie le matin même de la conférence et il nous a affirmé n’avoir jamais vu cela durant sa vie professionnelle.
Non content d’avoir obtempéré aux injonctions du lobby sioniste qui fait la pluie et le beau temps chez nous, (qui fait interdire même les conférences de Stéphane Hessel et Leila Shahid, pourtant loin du Hamas et du Hezbollah) Gérard Collomb et les autorités préfectorales nous ont envoyé des dizaines de CRS qui nous ont agressés, gazés, matraqués avec sauvagerie : des femmes, des enfants et des vieillards pacifiques ont été frappés et mis à terre, puis deux d’entre eux ont été emmenés au poste de police. Une plainte va donc être déposée contre le Maire de la ville de Lyon et une diffusion massive des images aura lieu pour montrer le visage de la France (pays des Droits de l’Homme) et celle du socialiste et soi-disant progressiste, en fait ami des sionistes, à qui il a donné la même salle pour le gala pour le « bien être du soldat israélien », et offre gratuitement une salle pour la conférence du Patronat Juif en France.
Il faut rappeler que le Parti Travailliste d’occupation en Palestine est membre de l’Internationale Socialiste de Collomb qui affirme : « Je tiens à confirmer mon soutien fidèle et inconditionnel à la communauté juive ainsi qu’à l’état d’Israël , dans les épreuves douloureuses qui les touchent, comme je soutiens tous les défenseurs de la paix au Proche Orient ».
Au moment où les dictateurs tombent et les oppresseurs tremblent, la France et Gérard Collomb continuent à soutenir un régime raciste et d’apartheid qui massacre en Palestine depuis plus de 60 ans, en salissant l’image de notre pays à l’étranger et en donnant des arguments aux extrémistes qui exploitent ces atteintes aux libertés fondamentales et constitutionnelles (droit de manifester, et droit de s’exprimer).
Cette réaction montre la peur des sionistes devant des évènements qui leur échappent. L’avenir nous appartient car nous, nous défendons le droit, la liberté et la justice.
Nous appelons tous les amis du peuple palestinien ainsi que les démocrates à dénoncer ce choix politique désastreux et à en tenir compte lors de toutes les prochaines échéances électorales.

RESISTANCE PALESTINE

06 18 79 76 61 http://www.resistancepalestine.fr

Vous trouverez à ce lien un fichier ZIP avec les photos de l’agression subie par Résistance Palestine et ses sympathisants par les chiens de garde du maire « SOSIONISTE » (et non plus Socialiste) gérard CollON.
Photos prises par RP à diffuser sans modération.
Remarque : Le lien est un peu lent. Pour décompresser le fichier, utiliser un logiciel de décompression (winzip, winrare ou 7zip…etc). Très prochainement, les vidéos seront à votre disposition.

Résistance Palestine




Les soulèvements dans le monde arabe, une nouvelle phase dans la lutte contre l’impérialisme

drapeaux-monde-arabe[1]Le spectre révolutionnaire a refait surface. Sorti des entrailles de la Tunisie, il s’est déployé sur l’ensemble du pays, propageant ses ondes tel un violent séisme, et plongeant dans le cauchemar les cliques dirigeantes arabes, les dictateurs de tout acabit ainsi que les pouvoirs impérialistes.

Lorsque Mohamed Bouazizi s’immole par le feu à Sidi Bouzid, il déclenche le feu de la révolution dans toute la Tunisie. L’immolation est un acte politique . C’est un geste qui veut alerter la population sur les conditions de vie, d’oppression et d’humiliation car elle a toujours lieu devant une institution publique. C’est une dénonciation de l’Etat, de sa corruption et de l’injustice qu’il fait régner. L’immolation, c’est donc l’indicateur de l’enfer vécu et sans doute le signe annonciateur de l’embrasement à venir. Lorsque des Arabes s’immolent partout, en Algérie, en Mauritanie, au Maroc, en Egypte ou au Yémen, cela ne signifie-t-il pas que mourir par le feu est préférable à l’enfer au quotidien ? Cela n’annonce-t-il pas le grand incendie qui va emporter dans tout le monde arabe des institutions décadentes et périmées, des pouvoirs soutenus par l’impérialisme ?

En Tunisie, le soulèvement a éclaté dans un contexte où se conjuguent au plus haut point violence économique et violence politique : une dictature sans fard appuyée par la France, l’Italie, les Etats-Unis et Israël, une bourgeoisie sans réelle puissance, des classes moyennes en manque de débouchés professionnels, des classes populaires victimes soit du chômage massif soit de l’exploitation forcenée dans les mines, le textile ou les multinationales du tourisme, des partis politiques sans force organisationnelle, ni capacité d’action. Au bout d’un mois de luttes, le peuple a réussi à chasser le clan mafieux des Ben Ali-Trabelsi qui régnait depuis 23 ans. Fuites, arrestations et exécutions, tel est le sort de ceux qui ont régné par l’oppression et qui ont dépouillé le pays de ses richesses en compagnie des multinationales occidentales.

Aujourd’hui, le nouveau gouvernement provisoire est une émanation des puissances impérialistes, de la France et des Etats-Unis, en accord avec la bourgeoisie locale, l’armée et d’anciens cadres du système Ben Ali. La révolution populaire a été usurpée. Même si les choses devaient en rester là, la Tunisie ne sera jamais plus comme avant et le peuple tunisien aura fait un grand bond en avant : toute nouvelle classe politique, pour rendre le pays gouvernable, devra tôt ou tard faire des concessions au peuple, qu’elles soient politiques ou sociales. Et surtout, le peuple tunisien aura compris que tout pouvoir, même le plus impitoyable, peut être mis à terre. Une telle bataille est extrêmement formatrice et présage d’un avenir plus radieux. Chaque nouveau soulèvement, enrichi des expériences précédentes, produira, pour les damnés de la terre, des résultats plus grandioses encore en termes de justice sociale et d’émancipation.

Les peuples arabes ont suivi et suivent avec attention les événements en Tunisie. Parce que si le soulèvement tunisien n’a pas force de contagion, s’il n’est pas transposable dans les autres pays, en revanche il est riche d’enseignements en termes d’organisation politique pour toutes les mobilisations populaires à venir. Dans le monde arabe aujourd’hui plusieurs pays présentent des situations homologues, à savoir une économie sans vitalité, n’absorbant qu’une partie de la main d’œuvre disponible et fortement dépendante de l’étranger au niveau de l’import-export et des capitaux internationaux ; un système politique fortement répressif et bloquant toute possibilité de développement économique et social. Dans ce contexte, soit les peuples font sauter le verrou de systèmes politiques périmés pour entrer dans une phase de changements sociaux et politiques générateurs de progrès, soit ils se condamnent aux formes les plus extrêmes de la pauvreté et de la décadence.

Après les guerres de décolonisation, le monde arabe est entré dans une nouvelle ère de révolution .

En Algérie, la violente révolte des jeunes des milieux populaires de toutes les régions a forcé le gouvernement à multiplier les concessions . En s’attaquant violemment aux institutions étatiques, aux locaux des multinationales ou aux quartiers des nouveaux riches, cette contestation s’est inscrite d’emblée dans une logique de lutte des classes. Si le mouvement manque encore de structuration il porte cependant en lui les germes d’une profonde remise en cause des rapports économiques et politiques de domination.

Au Yémen et en Jordanie, les manifestations contre le pouvoir se succèdent jour après jour et les dictatures en place font proposition sur proposition pour calmer la colère populaire : subventions des biens de première nécessité, dissolution des gouvernements, promesses de céder le pouvoir à la fin du mandat, etc. Mais rien ne semble pouvoir apaiser la vindicte populaire.

En Egypte, un soulèvement d’une grande ampleur menace gravement le régime de Moubarak . Le pouvoir politique égyptien fragilisé, en perte totale de légitimité depuis des mois a cherché, par des subterfuges, à détourner la colère populaire vers d’autres horizons : guerre médiatique contre l’Algérie pour entretenir un nationalisme chauvin, attentat contre les coptes pour opposer les communautés. Mais les manipulations n’ont pas suffi à faire oublier les problèmes sociopolitiques internes. Et dans ce contexte de rejet généralisé du régime, le trucage des dernières élections législatives au mois de novembre 2010 a sans doute constitué le moment de rupture et de début de contestation violente du système Moubarak. C’est pourquoi aujourd’hui le peuple scande à l’unisson le slogan devenu célèbre : « Moubarak dégage ! ».

L’effet de surprise fut total pour les ennemis des peuples arabes, qu’ils soient internes ou externes. Tous réagissent autant dans la précipitation que dans la confusion. Surprise et stupeur pour les régimes arabes qui s’activent pour conjurer le spectre révolutionnaire dans leurs Etats respectifs. Du Maroc au Yémen en passant par la Jordanie, c’est le branle-bas de combat et la course aux concessions. Mais les demi-mesures ne résoudront pas les problèmes socio-économiques et surtout ne calmeront pas l’ardeur des masses. Surprise et grave embarras pour les Etats occidentaux qui hésitent entre le soutien aux dictateurs et l’accompagnement des mouvements populaires pour placer leurs hommes de main. La seule constante qui se dessine au milieu de ce fatras de discours diplomatiques creux et de gesticulations, c’est de maintenir intact l’appareil militaire, seul véritable socle des régimes répressifs arabes inféodés à l’occident. La réaction de la diplomatie française au soulèvement tunisien fut un fiasco. Son aveuglement à soutenir le système Ben Ali jusqu’à la dernière minute alors que les Américains préparaient déjà l’après Ben Ali a suscité la risée internationale.

Mais quelque soit la stratégie adoptée, le risque est grand que la situation finisse par totalement leur échapper. Et si des pouvoirs vraiment populaires venaient à voir le jour en Egypte et ailleurs, ce serait sans doute la mort programmée pour Israël et la fin de l’hégémonie occidentale dans la région.

Nous, Comité Action Palestine, qui soutenons inconditionnellement la résistance du peuple palestinien contre la plus abjecte des oppressions qu’est le sionisme, tenons à exprimer notre totale solidarité avec tous les peuples arabes qui réclament la liberté et l’égalité.




Le calendrier 2011 Palestine Libre est maintenant disponible

Les prisonniers, combattant de la liberté !

 

Tout Palestinien est potentiellement le prisonnier d’Israël, du seul fait qu’il soit Palestinien. Car l’institution carcérale est au service du plan sioniste de destruction de l’identité palestinienne.

La prison coloniale israélienne est un auxiliaire de l’agression guerrière. En procédant méthodiquement à l’anéantissement physique et psychologique du détenu, elle prend part à l’exercice de la violence par laquelle l’occupant cherche à imposer sa loi.

La prison coloniale israélienne est aussi un substitut de la peine de mort. Elle permet de criminaliser les combattants de la résistance tout en assurant au régime sioniste une façade « démocratique ».

Le système pénitentiaire sioniste enferme la société palestinienne dans une toile d’araignée dont les maillages n’épargnent personne, hormis les collaborateurs. Cette société, il cherche à la détruire en ciblant la structure familiale : il n’existe aucune famille palestinienne qui ne compte parmi ses membres un détenu ou un ex-détenu. Il s’attaque aux forces vives de la nation palestinienne en emprisonnant les enfants. Aujourd’hui, il devient improbable de croiser en Palestine occupée un Palestinien qui n’ait été raflé ou arrêté. Il en résulte qu’en Palestine, la proportion de prisonniers politiques par rapport à l’ensemble de la population est la plus élevée au monde. D’autres prisonniers arabes subissent le même sort que les Palestiniens. « Coupables » de résistance au plan de domination occidentale au Moyen-Orient, tous vivent l’enfer du cachot et de la torture dans les prisons de l’occupation et de la collaboration.

Mais l’acharnement à « punir » et à emprisonner dans des proportions industrielles révèle en réalité la peur du régime colonial sioniste d’échouer dans son projet, de se voir lui-même rayé sur le plan existentiel. Rien ne symbolise mieux que la prison coloniale la lutte à mort qui se joue entre colon et colonisé. Car si la prison est l’éventualité certaine du résistant, la résistance est aussi l’horizon du prisonnier. C’est ce qu’attestent les luttes menées au sein même des geôles sionistes. Et c’est ce que prouve la place essentielle des prisonniers dans le combat national palestinien. Les prisonniers sont les martyrs, mais non les victimes de la résistance. Ils en sont les acteurs. Lutter contre les conditions carcérales, c’est aussi lutter pour que la résistance continue. C’est donc lutter pour que la société continue d’exister. Parce que le combat des prisonniers est toujours un combat politique, le statut de prisonnier constitue, par conséquent, un repère fondamental de l’identité nationale palestinienne.

C’est pourquoi la libération inconditionnelle de tous les prisonniers, palestiniens et arabes, est une revendication centrale de la cause palestinienne.

Ce calendrier se veut l’écho de cette revendication. Il donne aussi un visage et un nom à quelques- uns de ces prisonniers combattants de la justice, oubliés du monde et noyés dans un anonymat collectif. En saluant leur courage et leur patience, il leur rend l’hommage dû à tous les résistants.

 Calendrier 2011 Palestine Libre couverture

Ce calendrier est entièrement bilingue arabe/français.

Il présente chaque mois de l’année sur 2 pages au format 21*29,7.
Chaque mois, un texte revient sur un grand moment de la résistance Palestinienne.

 Calendrier 2010 Palestine Libre Janvier

Le calendrier, réalisé par le CAP, est vendu au prix de 5 euros. L’argent collecté permet de soutenir les actions de l’association et notamment l’invitation de Palestiniens pour qu’ils présentent eux-mêmes en France leur lutte de libération.

Vous pouvez le commander dès maintenant grâce à ce formulaire . Imprimez-le et renvoyez-le nous accompagné de votre règlement.




La campagne BDS en France : boycott d’Israël ou boycott de la résistance palestinienne ?

haine-disrael[1]En 2005, 172 organisations palestiniennes lancent, parallèlement aux autres modes de résistance, un appel à un boycott généralisé d’Israël pour dénoncer la politique coloniale et raciste de l’Etat sioniste.
Après maintes hésitations, et surtout après la victoire du Mouvement de la résistance islamique aux élections palestiniennes de 2006, plusieurs organisations françaises décident d’apporter leur soutien à cet appel. Elles en soulignent essentiellement son caractère pacifique, tout en soulignant la référence à l’Afrique du Sud et en posant constamment des limites et des conditions à leur soutien.
Dans ce texte, le Comité Action Palestine propose une analyse de ce soutien français au boycott d’Israël. Il dénonce son caractère néocolonial et hypocrite, et rappelle que « l’appel au boycott prend une dimension antisioniste si, et seulement si, il reconnaît le rôle premier de la volonté des colonisés, à savoir : détruire par tous les moyens le rapport colonial !


En 2005, 172 organisations palestiniennes lancent un appel à un boycott généralisé d’Israël en guise de protestation envers la politique coloniale et raciste de l’Etat sioniste. Ces organisations palestiniennes sollicitent le mouvement de solidarité international pour qu’il soutienne cet appel dans le cadre d’une campagne BDS (Boycott Désinvestissement Sanction).

Après maintes hésitations, la campagne BDS est reprise en France depuis 2 ou 3 ans par un collectif d’organisations qui déclare soutenir la cause du peuple palestinien. Cette mobilisation qui semble aujourd’hui prendre de l’ampleur se présente comme « la réponse à l’apartheid », « à l’occupation et à la colonisation israélienne » [1] . Les signataires de cette plate-forme de revendications avancent qu’elles ont été sollicitées par la société palestinienne, « la société palestinienne nous appelle à nous saisir d’un moyen non-violent à notre disposition, afin d’arrêter la course folle du terrorisme d’Etat qui la menace, et qui nous menace tous » [2] . Bien plus, les initiateurs de cette campagne en France affirment que le boycott d’Israël permettra, comme en Afrique du Sud, de venir à bout de l’apartheid en Palestine. Ce boycott, précisent-ils, devra être maintenu « tant que les droits humains et le droit international seront bafoués, tant que ne seront pas reconnus les droits légitimes d’un peuple qui a fait preuve depuis longtemps d’une résistance exemplaire, mais qui a besoin de nous pour obtenir un minimum de justice » [3] .

Si l’appel palestinien au boycott doit être considéré comme un moyen de résistance dont le choix revient au seul peuple colonisé, le Comité Action Palestine, qui défend le principe d’autodétermination du peuple palestinien, entend apporter quelques critiques non pas sur l’utilité d’une telle démarche, mais sur l’instrumentalisation de cette campagne de boycott par un ensemble de partis, de syndicats et d’associations dites pro-palestiniennes [4] . Ceux-ci, après avoir fermement soutenu les accords d’Oslo et condamné les actions militaires de la résistance palestinienne, ont défendu la politique de la négociation, et son corollaire, le droit à l’existence d’Israël. Ces organisations, qui ont omis ainsi la revendication historique et fondamentale du droit au retour des 6 millions de réfugiés palestiniens dans leur foyer, se sont également tues face à la politique criminelle de judaïsation pratiquée contre la population palestinienne vivant toujours dans les territoires palestiniens occupés en 1948.

Alors qu’il apparaît clairement que « le processus de paix » initié à Oslo en 1993 n’était qu’une manœuvre de diversion destinée à désamorcer l’Intifada du peuple palestinien menée contre l’occupant israélien depuis 1987 et à poursuivre la colonisation en s’appuyant sur une oligarchie palestinienne administrant un appareil sécuritaire supplétif, une autre réalité historique vint s’imposer : l’impossibilité d’une solution à deux Etats.

L’expansion coloniale d’Israël, la répression et l’épuration ethnique conduites par les forces coloniales juives et les collaborateurs de l’Autorité Palestinienne (AP), confirment actuellement, s’il en était besoin, l’impossibilité structurelle de cette solution à deux Etats. L’histoire montre une fois encore que, dans un contexte colonial, et contrairement aux positions défendues par ces organisations « pro-palestiniennes », il ne peut y avoir de « coexistence pacifique et juste » entre un système colonial et le peuple colonisé.

Le développement et la consolidation de la résistance anti-sioniste {victoire de la résistance libanaise en 2000 et 2006 ; la victoire de la résistance palestinienne aux législatives de 2006 ; la résistance victorieuse menée par le HAMAS à Gaza en 2009} devraient logiquement conduire ces organisations à une conclusion politique évidente : le rapport de force qui détermine la relation entre israéliens et palestiniens est de nature coloniale. Il est fondé, d’un côté, sur la négation raciste et l’expulsion forcée de l’autochtone palestinien par les forces coloniales juives, et, de l’autre, sur le développement de la lutte et de la résistance anticoloniale palestinienne.

Pourtant, ces organisations ont fait preuve d’une remarquable continuité dans leurs analyses, occultant ainsi deux principes fondamentaux du soutien à la lutte du peuple palestinien pour ses droits nationaux :

La reconnaissance du caractère colonial et raciste de la société et de l’Etat d’Israël. La colonisation n’a pas débuté en 1967, ni même en 1948 au moment de la création de l’Etat d’Israël, elle est constitutive du projet sioniste dès son origine à la fin du19ème siècle.

Le soutien inconditionnel à la résistance palestinienne quelle que soit la forme que prend la résistance : politique, sociale, culturelle ou militaire.

En réalité, deux représentations néocoloniales expliquent le type de soutien purement formel apporté par ces organisations au peuple palestinien.

La première subordonne la réalisation des droits nationaux du peuple palestinien à l’implication de la communauté internationale et aux pressions que cette dernière pourrait exercer sur Israël afin que cet Etat respecte le droit international et autorise la création d’un Etat palestinien.

La seconde considère que « le changement » politique vers la paix et le respect des droits palestiniens ne peut être porté que par les courants « pacifistes » et « progressistes » israéliens qui inverseraient la tendance politique interne en Israël et imposeraient la paix. Combien d’articles et conférences se sont faits sous l’égide de penseurs sionistes catalogués progressistes et censés incarner le bon Israël que sont Michel Warschawski [5] , Benny Ziffer [6] , Uri Davis [7] , Haim Bresheet [8]

Selon cette conception néocoloniale, le palestinien n’est jamais sujet et acteur de son histoire. Et la transformation historique se réduit à l’action de la communauté internationale et du colon, c’est-à-dire à l’action de l’Occident. Ces organisations qui prétendent ostentatoirement défendre les Palestiniens cherchent en fait à les déposséder de leur capacité et de leur légitimité à réaliser leur propre histoire et à définir leurs propres revendications. En somme, seul le maître est à même de libérer l’esclave…

Ce sont ces mêmes postures néocolonialistes qui expliquent leur investissement « militant » dans la campagne BDS, conçue comme la seule arme efficace pour lutter contre l’occupation. Aucun soutien n’est exprimé à la résistance ou au droit des réfugiés palestiniens à retourner dans leur foyer, pas plus que la dénonciation claire d’Israël en tant qu’Etat colonial et raciste.

Par ailleurs, elles fixent comme condition incontournable à la solidarité la reconnaissance de l’entité coloniale raciste israélienne. Comment interpréter, sinon dans ce sens, des positions qui légitiment Israël dans les « frontières de 1967 » ? Il est évident que ces limites territoriales représentent historiquement une étape dans le processus de colonisation et de destruction de la Palestine. Il faut donc le dire clairement: accepter 1967 c’est accepter 1948, la Nakba , et l’ensemble des crimes contre l’humanité commis par le colonisateur en dépit des revendications des Palestiniens. Admettre 1967, c’est reconnaitre l’occupation et lui conférer la légitimité du fait accompli et œuvrer pour la normalisation de l’usurpateur sioniste. C’est se substituer aux Palestiniens et être fidèle à une attitude coloniale qui consiste à maintenir l’indigène sous tutelle.

L’instrumentalisation de la campagne BDS ne fait aucun doute lorsque la référence est faite à l’histoire de la lutte des Noirs sud-africains contre l’apartheid blanc. Si la résistance non-violente et le boycott du régime ségrégationniste blanc d’Afrique du Sud fut un élément dans le soutien apporté aux mouvements de lutte sud-africains, il n’en était qu’ « un outil et non pas une vision, ni même une stratégie d’ensemble » [9] . Il est établi que la lutte des Sud-Africains contre l’apartheid blanc prenait plusieurs aspects : 1) politique et idéologique en développant l’unité des opprimés par leur action au sein des organisations politiques comme l’ANC ou l’INKHATA-Zoulous ; 2) social par le soutien et la mobilisation de l’ensemble des secteurs de la société colonisée noire afin de supporter l’engagement des organisations politiques et de leur militants ; 3) culturel afin de résister à la destruction de l’identité culturelle et historique des africains autochtones ; 4) la lutte armée.

La lutte armée, l’action clandestine, la guerre de guérillas sont des modes de résistance qui furent appliqués selon les contextes politiques et les stratégies choisies par les organisations de la résistance notamment en 1961 sous l’impulsion d’un réseau, Umkhonto we Sizwe (MK) prônant l’action armée et dirigé alors par Nelson Mandela [10] . Ce mouvement estimait après le massacre de Sharpeville, le 21 mars 1960 [11] , et l’intensification de l’oppression avec le rétablissement de l’Etat d’urgence, que le passage à la lutte armée était inéluctable. Tout comme en Palestine, en Afrique du Sud les mouvements de résistance optèrent pour diverses stratégies, dont l’action armée, en fonction des circonstances et de l’état du rapport de force avec le pouvoir colonial blanc. Ils se sont fortement inspirés de la révolution algérienne et de sa lutte anticoloniale. C’est une vérité historique sur la lutte du peuple noir sud-africain que les prêcheurs du pacifisme ignorent sciemment.

Face à l’Etat militaire génocidaire juif, le choix des armes appartient au mouvement de résistance. Comme il appartient aux associations de soutien à la cause palestinienne de défendre et de rappeler l’existence et la légitimité de la lutte du peuple palestinien et de sa résistance qu’elle que soit sa forme. Car les sionistes utilisent, surtout en France, toutes les ressources à leur disposition et leurs moyens de pressions pour mener leur guerre sur le terrain idéologique et psychologique : diabolisation de la résistance palestinienne, normalisation d’Israël, intimidation et volonté de criminaliser le soutien à la résistance et la dénonciation du sionisme [12]

La référence tronquée et hypocrite à l’Afrique du Sud dans le cadre de la campagne BDS par des associations françaises ne trompe personne. Pour ces dernières, l’enjeu est de ne pas apporter de soutien à la résistance menée sous l’égide des organisations islamiques, et notamment le HAMAS. L’islamophobie de ces associations est à peine voilée… Certes la campagne BDS fut initiée par des organisations palestiniennes se réclamant de la société civile palestinienne. Il n’est nullement question de contester la légitimité de leur action face à l’occupant israélien. Mais, en prétendant répondre à l’appel de la société civile palestinienne tout en ignorant la réalité de la résistance palestinienne, ces organisations françaises révèlent leur vision colonialiste. L’usage qu’elles font de la notion de « société civile palestinienne» est une manière d’imposer un classement politique qui disqualifie le rôle prépondérant des mobilisations politiques dites islamistes en Palestine.

Mais la lutte contre le colonialisme et l’apartheid est l’œuvre des colonisés eux-mêmes. Elle n’a jamais été le produit d’une quelconque mobilisation civile et pacifique des opinions publiques des Etats impérialistes ou de supposées composantes progressistes des sociétés coloniales. L’appel au boycott prend une dimension antisioniste si, et seulement si, il reconnaît le rôle premier de la volonté des colonisés, à savoir : détruire par tous les moyens le rapport colonial !

COMITE ACTION PALESTINE


[1]
« Le boycott d’Israël, pourquoi ? Comment », Campagne Internationale BDS, Livret CAPJPO-Europalestine ; Campagne BDS France, Notre réponse à l’apartheid, à l’occupation et à la colonisation israélienne , CampagneBoycott. Blogspot.com.

[2]
Ibidem.

[3]
Ibidem.

[4]
Europalestine, Ligue des droits de l’homme, CCIPPP, Génération Palestine, Union des Juifs Français pour la Paix (UJFP), PCF, NPA, AFPS…

[5]
Michel Warschawski, israélien, fondateur du Centre d’Information Alternative (AIC).

[6]
Benny Ziffer, israélien, écrivain, journaliste, rédacteur en chef du supplément littéraire d’Haaretz.

[7]
Uri Davis, universitaire israélien et cofondateur du mouvement contre l’apartheid en Palestine (MAIAP).

[8]
Haim Breshteeth, universitaire israélien.

[9]
Ilan Pape, « Résister à l’apartheid israélien : stratégies et principes », www.ism-france.org , décembre 2004.

[10]
Nelson Mandela, “I am prepared to die-Nelson Mandela’s statement from the dock at the opening of the defence case in the Rivona trial” , Africa National Congress, 20/04/1964, www.anc.org ,

[11]
Le 21 mars 1960 a lieu le massacre de Sharpeville, un township de Vereeniging dans le sud du Transvaal. Lors d’une manifestation du Congrès panafricain contre l’extension aux femmes du passeport (Pass book ), que les noirs sont obligés de porter constamment sous peine d’être arrêté ou déporté. La police tire sans sommation sur la foule. On comptera 69 tués dont 10 enfants et 180 blessés.

[12]
Voir sur ce point : Le CRIF en France. Un nouveau ministère de la République , www.lexpressiondz.com ;

 




L’Etat criminel israélien a encore frappé

Déclaration du Comité Action Palestine du 31 Mai 2010

 La machine de guerre israélienne a commis un nouveau crime le 31 mai 2010 en s’attaquant à des humanitaires internationaux. Au moins 9 martyrs et des dizaines de blessés. Le CAP tient à saluer leur mémoire. Ils resteront dans l’histoire comme les combattants de la liberté, les résistants à l’ordre colonial qui chaque jour asservit et massacre un peuple entier. Ces militants de la cause du peuple palestinien voulaient dénoncer le blocus imposé à Gaza par Israël et toutes les puissances occidentales avec l’aide des régimes arabes corrompus, un blocus colonial qui voudrait réduire les Palestiniens à la famine et à la mort. Ces militants ont pour seul tort de vouloir alerter le monde entier sur cette extermination silencieuse de la population de Gaza. Mais l’attaque contre les bateaux de la part des terroristes israéliens n’est pas surprenante. La liste des massacres commis par cet Etat est déjà longue. Le massacre en décembre et janvier 2009 est encore dans toutes les mémoires avec 1400 morts et des milliers de blessés. Ces criminels n’avaient pas hésité à tirer sur les hommes, les femmes et les enfants ; sur les écoles et les hôpitaux. Le crime contre l’humanité est inscrit au cœur même du système colonial juif en Palestine.

Mais, comme on s’y attendait, Israël présente ce massacre comme un acte de légitime défense, les internationaux auraient brandi des haches et des couteaux, la flottille aurait acheminé des armes. Comme on s’y attendait également, les médias français répètent servilement les déclarations de la soldatesque israélienne en faisant porter la responsabilité sur ces internationaux. La manipulation médiatique est à la hauteur du crime. Comme on s’y attendait aussi, la réaction de l’Etat français ne dépasse pas le stade de la condamnation molle et verbale, en parlant d’un « usage disproportionné de la force ».

Soutenu par sa population juive et pris dans un engrenage infernal, l’Etat israélien poursuit la colonisation, notamment à Al-Quds, et continue à réprimer ou à assassiner tous ceux qui lui résistent. Mais cette violence coloniale exprime au fond le dépérissement et la fin certaine du projet sioniste. Après avoir été battu par la résistance libanaise en 2000 et 2006, puis mis en échec en 2009 par la glorieuse résistance palestinienne à Gaza, ce dernier massacre est un nouveau signe de faiblesse de l’Etat israélien qui, chaque jour, perd le peu de crédibilité qui lui restait auprès de l’opinion internationale.

Aujourd’hui la résistance est plus forte que jamais. A Gaza, le blocus n’a entamé en rien la détermination populaire contre l’occupant. En Cisjordanie, malgré la répression féroce de l’armée israélienne et de l’Autorité palestinienne, la colère gronde. En Palestine de 48 enfin, l’ensemble des partis politiques et des organisations palestiniennes défient ouvertement l’ordre colonial imposé depuis 60 ans. Ni les arrestations pour espionnage au compte de l’ennemi, ni les menaces de déportation ou de mort ne les font taire.

La résistance s’amplifie également avec la Syrie, le Liban, l’Iran et aujourd’hui la Turquie. Les peuples arabes et musulmans de la région rejettent massivement cet Etat criminel fondé sur l’épuration ethnique. Tôt ou tard ce système colonial disparaîtra sous les coups de la résistance.

Pour le Comité Action Palestine, croire que les Etats occidentaux (en particulier la France) peuvent infliger des sanctions à Israël pour le ramener à la raison est pure illusion ou tromperie. Produit de l’impérialisme, cet Etat colonial bénéficie depuis sa création du soutien inconditionnel de l’Europe et des Etats-Unis. C’est pourquoi il ne respecte aucune règle et continue à agir en toute impunité. Depuis sa création en 1948, il est fondé sur la violence dont le but ultime est d’anéantir le peuple palestinien et lui voler sa terre. Mais la résistance des peuples, et en premier celle du peuple palestinien, l’empêche de réaliser ce projet criminel.

A Bordeaux, résistons aussi en refusant la collaboration avec l’ordre colonial et exigeons l’arrêt immédiat du jumelage avec Ashdod. En effet Bordeaux est jumelé depuis plus de 20 ans avec la ville israélienne portuaire d’Ashdod, vers laquelle l’armée israélienne a détourné les bateaux humanitaires kidnappés en toute illégalité dans les eaux internationales. C’est aussi dans ce port que pourrit de longue date l’aide humanitaire destinée aux Palestiniens de Gaza parce que l’Etat sioniste empêche son acheminement. Ce jumelage est une honte pour la ville de Bordeaux car il est le symbole d’une collaboration avec la politique criminelle sioniste.

Vive la résistance du peuple palestinien et de tous les peuples du Moyen-Orient pour que se réalisent le droit au retour des 6 millions de réfugiés palestiniens et le droit à l’autodétermination pour une Palestine libre et arabe sur toute la Palestine.

COMITE ACTION PALESTINE




La journée de la terre : symbole international de la lutte contre la colonisation de la Palestine

palestine1900-2000[1]Le 30 mars 1976, six Palestiniens de 1948 (c’est-à-dire ceux qui ont pu rester en 1948 après la création par la force de l’Etat d’Israël) étaient abattus par l’armée d’occupation d’Israël, 96 étaient blessés et 300 autres arrêtés. Leur crime ? Avoir manifesté contre l’État sioniste qui avait confisqué et déclaré “ zone militaire ” 1700 hectares appartenant à des villages palestiniens.

Depuis lors, tous les 30 mars, la « Journée de la Terre » commémore cet événement en Palestine et partout dans le monde où se trouvent les défenseurs des droits du peuple palestinien. La Journée de la Terre est donc hautement symbolique : elle exprime à la fois le refus et la mobilisation contre l’usurpation de la terre qui est l’essence-même de la colonisation.

La spoliation des Palestiniens par les sionistes a commencé dès la fin du 19ième siècle avec l’arrivée des premières vagues de colons. En 1948, l’Etat juif nouvellement crée sous les auspices de l’ONU expulsa 800 000 Palestiniens et détruisit plus de 500 villages. La majeure partie des terres palestiniennes fut confisquée dans la perspective de fonder le « Grand Israël ». Dès lors, cette politique de confiscation des terres arabes en vue de judaïser la Palestine s’est poursuivie sans relâche, utilisant comme moyens les crimes de masses, les assassinats de leaders politiques ou les emprisonnements de résistants. La colonisation de toute la Palestine est inscrite au cœur du projet sioniste ! La ville d’Al Quds est le lieu où se concentre la lutte entre les forces antagonistes de colonisation et de résistance. La colonisation actuelle des quartiers-est de la ville, leur épuration ethnique et l’entreprise de démolition du 3ième lieu saint des Musulmans ont déjà conduit à la révolte des Palestiniens et ouvrent sans doute la voie à une violente 3ième intifada.

Ce soulèvement s’inscrit dans une longue tradition de lutte du peuple palestinien face à cette monumentale entreprise d’anéantissement de sa société. Même si les difficultés furent énormes, même si Israël est l’un des États les mieux armés du monde, même s’il a été toujours été soutenu par les puissances occidentales (Angleterre, France puis États-Unis, Europe), la résistance palestinienne a réussi à contrecarrer la volonté expansionniste d’Israël. L’évacuation de Gaza en 2005, si elle fut présentée par les dirigeants criminels d’Israël comme un retrait tactique, n’en constitue pas moins pour eux un échec. En effet, ce territoire était devenu ingérable pour les sionistes en raison de l’intensité et de la pugnacité de la résistance du peuple palestinien. Le processus d’expansion d’Israël qui a culminé avec l’occupation de toute la Palestine en 1967, du Golan syrien et du Sinaï égyptien, est entré en déliquescence avec la libération de Gaza.

Et ce n’est pas la seule défaite encaissée par les sionistes dans la région. Car depuis 2005, l’armée des colonisateurs juifs va de déboires en déconfitures. En 2006, l’armée israélienne a dû aussi se retirer du Sud-Liban face à la détermination de la résistance libanaise organisée par le Hezbollah. Six ans auparavant déjà, les soldats de l’entité sioniste durent quitter dans la débandade la plus absolue le Liban après 18 années d’occupation. Le mythe de l’invincibilité de l’État sioniste a volé en éclats, malgré les discours éculés des médias occidentaux qui s’ingénient à nous présenter Israël comme un agent de paix régionale et les résistants islamistes comme des terroristes. La soi-disant paix, toujours promise, jamais réalisée en raison de la nature guerrière et coloniale de l’État israélien, ne fait plus recette auprès du peuple palestinien qui a élu, toujours en 2006, le Hamas aux plus hautes fonctions dans le but de continuer la lutte de libération nationale. Ces élections constituèrent aussi une amère défaite politique pour l’État terroriste d’Israël qui comptait sur une Autorité palestinienne conciliante, inféodée, pour mener à bien sa politique coloniale. En juin 2007, la victoire du Hamas fut parachevée à Gaza après la défaite militaire infligée aux franges collaboratrices du Fatah qui avaient manigancé avec Israël et les Etats-Unis un plan pour renverser le nouveau pouvoir islamiste. La bataille de Gaza, engagée en décembre 2008 pour détruire le Hamas et la résistance palestinienne, s’est soldée par un nouvel échec puisque l’offensive n’a atteint aucun de ses objectifs militaires et politiques.

Confronté à une série d’échecs successifs, l’État israélien perçoit plus ou moins confusément sa fin prochaine, sa descente aux enfers, et cherche dans des tentatives désespérées de retrouver une puissance à jamais disparue. Il affame la population de Gaza, il développe la colonisation en Cisjordanie, il emprisonne par milliers les militants palestiniens, il opère des incursions meurtrières, il adopte chaque jour de nouvelles lois racistes pour étouffer la mobilisation des Palestiniens de 48. Restaurer une puissance évanouie et donner des gages de radicalisme fascisant à une société coloniale qui réclame toujours plus de répression envers les Palestiniens. La campagne des élections législatives israéliennes de 2009 n’avait-elle pas pour enjeu l’attaque et la destruction de Gaza ? Les sondages n’ont-ils pas montré que la population juive d’Israël estimait à une très grande majorité qu’il fallait poursuivre les bombardements au moment où le gouvernement de Tzipi Livni estimait que la guerre perdue devait trouver un terme ?

Plus largement, ces échecs sont ceux des États occidentaux qui, dans leur tentative de soumettre tout le Moyen-Orient à la domination d’Israël et donc à la leur, n’ont pas réussi ni à désarmer ni à contenir les insurrections palestinienne, libanaise, irakienne ou afghane. Au contraire la résistance se trouve aujourd’hui renforcée par la constitution d’un axe moyen-oriental unissant l’Iran, la Syrie, le Liban et maintenant la Turquie. Et une nouvelle déconvenue attend les armées impérialo-sionistes si jamais elles osaient s’en prendre au peuple iranien au nom de la lutte contre la prolifération nucléaire. Mais cette justification guerrière, la même qui avait été utilisée pour envahir l’Irak …, ne doit tromper personne, car s’il devait y avoir désarmement nucléaire il devrait commencer d’abord par les États-Unis, Israël et leurs alliés occidentaux.

En Palestine occupée, le peuple Palestinien est toujours debout, uni depuis plus d’un siècle contre la colonisation et contre cette machine de guerre appelée Israël. Il nous indique la voie à suivre, la voie de la résistance et de la liberté.

Pour le COMITE ACTION PALESTINE , le soutien à la cause palestinienne c’est :

* La condamnation du sionisme comme mouvement politique colonialiste et raciste.

* Le soutien inconditionnel à la résistance du peuple palestinien et à son combat pour son autodétermination et son indépendance nationale.

* La reconnaissance du droit inaliénable au retour de tous les réfugiés chez eux.

* La libération de tous les résistants emprisonnés.

Le Comité Action Palestine vous convie à deux soirées :

Vendredi 2 avril à 20h30 , au centre d’animation du Haut Floirac
Commémoration de la Journée de la terre en Palestine
Danses et musiques traditionnelles avec le groupe palestinien « Mémoire de notre terre »
Avec la participation du rappeur « Fils du Béton » ( Dravemont, tram A arrêt Dravemont)

Voir notre présentation

 Vendredi 23 avril à 20h00 , Salle du bois fleuri à Lormont,
projection du film de Maryse Gargour
La Terre parle arabe
Le film sera suivi d’un débat avec la réalisatrice




L’Impérialisme au Moyen-Orient

libya_syria_iran[1]Article du Comité Action Palestine issu d’une conférence-formation organisée en 2009.

« La guerre c’est la continuation de la politique par d’autres moyens. La politique c’est la continuation de la guerre par d’autres moyens » Carl von Clausewitz.

L’offensive menée par Israël contre le peuple palestinien entre décembre 2008 et janvier 2009 n’opposait pas seulement une armée d’occupation à un mouvement de résistance populaire. En effet, cette confrontation fut marquée par la participation de plusieurs protagonistes. Les peuples arabes et musulmans et les organisations soutenant la cause palestinienne ont à juste titre dénoncé une coalition d’états unis dans une volonté de briser la résistance palestinienne. La coalition impérialiste-sioniste et ses régimes supplétifs arabes constitue à cet égard un bloc de forces politique et militaire partageant historiquement de nombreux intérêts en particulier celui d’écraser ou de contenir le cas échéant toutes les formes de résistances à l’ordre qu’elles ambitionnent de maintenir au Moyen-Orient comme ailleurs et singulièrement en Palestine.

La politique impérialiste et sioniste au Moyen-Orient : une politique de l’asservissement

Il est primordial de garder à l’esprit que l’objectif politique du camp impérialiste-sioniste n’a jamais varié. Il ne cherche pas la paix pas plus que la démocratie, les droits de l’homme ou le multilatéralisme. Il lutte sans partage pour sa suprématie. L’impérialisme c’est la politique de défense des intérêts du capitalisme dominant, l’exploitation et l’oppression mondialisée de territoires et de peuples captifs de régimes complices ou bien colonisés. A cette logique économique correspond un ordre géopolitique impérialiste destiné au contrôle des ressources naturelles et des routes commerciales stratégiques ainsi qu’à la conquête des marchés. C’est une banalité que de le dire, mais c’est une banalité décisive. Nombre d’entre nous, surtout en Occident, se laissent bercer par les prétendues volontés de paix et les institutions juridiques à vocations universelles que les puissances occidentales ont érigées. Le lien qui uni le monde occidental et ses implantations coloniales au domaine de l’indigène n’est que celui de l’asservissement par la violence et la ruse. Pour s’engorger matériellement, pour produire et s’enrichir, ce monde ne peut définir qu’une politique. Il ne peut établir qu’un rapport géopolitique entre lui , le Centre, et sa périphérie : l’asservissement.

Oslo-Gaza : les deux faces d’une même politique

Oslo et Gaza sont une même politique. Ce sont deux modes d’intervention induit par les rapports de force et les circonstances politiques du moment destinés à atteindre un but identique. Les accords et le « processus de paix » d’0slo, en 1993, furent les sceaux d’eau que lancèrent les forces coloniales afin d’éteindre le feu de la révolte populaire palestinienne qui depuis 1948 n’avait connu pareille ampleur sur le sol de la Palestine historique. En 1993, le plan de « paix » avait précisément pour objectif de désamorcer la dynamique de développement d’une résistance organisée opérant contre le système colonial sioniste à partir du territoire palestinien. Les attaques contre Gaza en décembre 2008 et janvier 2009 montrent également qu’Israël et ses alliés se trouvaient devant la nécessité de briser la résistance palestinienne portée par le mouvement de la résistance islamique, Hamas, hégémonique tant sur le front de la résistance palestinienne que dans les champs politique et idéologique. D’un côté, la politique des négociations fut utilisée pour poursuivre l’expansion sans recourir à la confrontation armée, de l’autre, l’attaque militaire fut menée en vu d’étrangler le mouvement de résistance en frappant sa base populaire et ses infrastructures. Dans un premier temps, la stratégie consistait à s’appuyer sur une classe dirigeante palestinienne supplétive de l’ordre colonial associées et rétribuée par son économie, encaissant les dividendes de l’occupation et relayant localement le processus de colonisation. La période qui s’ouvre révèle de profondes modifications dans le face à face qui oppose l’occupant israélien au palestinien et plus globalement le camp impérialiste-sioniste, ses régimes supplétifs arabe aux forces anticoloniales dans la région.

L’évolution du rapport de force régional : l’affaiblissement du camp impérialiste-sioniste

Sur le plan interne palestinien, on a assisté à la destitution d’une classe dirigeante, remplissant la fonction lucrative de gestion de l’appareil administratif et sécuritaire que le colon leur avait confié et qu’il utilisait à son avantage grâce à leur concours, par une force de résistance organisée politiquement, idéologiquement prédominante et militarisée c’est-à-dire déployée pour vaincre l’ennemi.

Sur un plan régional, l’ordre impérial occidentale-sioniste imposé depuis la disparition de l’Empire Ottoman vacille et trébuche. Premièrement, l’émergence d’un axe rassemblant une puissance régionale telle que l’Iran, une puissance intermédiaire syrienne et un mouvement de résistance libanais capable de mettre en échec successivement à deux reprises les offensives de l’armée israélienne et de ses alliés occidentaux reflète un bouleversement majeur des rapports de force géopolitiques dans le Proche-Orient post-Ottoman. Deuxièmement, l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan, c’est-à-dire l’implication directe des forces impérialistes dans des zones conflits engageant leurs intérêts stratégiques, libère des espaces politiques et des ressources stratégiques à l’avantage des forces étatiques ou populaires objectivement adversaire de l’ordre occidental.

Les cibles régionales du bloc impérialiste-sioniste

La guerre des belligérants du club de l’Otan contre l’Irak et l’Afghanistan a renforcé l’Iran. Le fleuve de la puissance iranienne retrouve progressivement son lit, en d’autres termes, ce qui historiquement constitue ses zones d’influence géopolitique, l’Irak et Afghanistan. Un mouvement qui s’articule à un développement autocentré de ses capacités productives et commerciales, d’un côté, et, de l’autre, à l’accroissement significatif et qualitatif de ses forces technologiques et militaires comme en témoigne le lancement de plusieurs satellites de fabrication iranienne ainsi que les progrès réalisés dans le domaine du nucléaire civil et militaire en passant par le renforcement de sa puissance de frappe militaire. A présent, l’Iran a statut de puissance régionale. Un statut qui rompt la loi que fait régner l’attelage occidental et sioniste dans la région. Une règle incontournable basée sur le déséquilibre des puissances et la capacité de dissuasion instaurés en faveur d’Israël par les forces impérialistes française, anglaise et leur successeur américain.

Le cas de l’élément syrien est plus ambivalent. La position de l’Etat syrien sur l’échiquier des rapports de force dans la région le place incontestablement dans une situation antagoniste à l’égard du bloc impérialiste-sioniste. A la différence des Etats saoudien, égyptien ou jordanien qui s’intègrent en tant qu’Etats clients et supplétifs au dispositif géopolitique et militaire établit par les puissances occidentales dans la région, les intérêts stratégiques de l’Etat syrien se confrontent à ceux de la coalition puisque ses axes de projection stratégique extraterritoriaux, si l’on se borne à ce paramètre, sont sur un plan historique et géopolitique identiques à ceux qui sont vitaux pour Israël en terme de profondeur stratégique et de zone de protection. Du Liban jusqu’au territoire syrien du Golan, les guerres qui opposèrent directement ou indirectement la Syrie à Israël et ses alliés occidentaux découlent de cet antagonisme structurel. La stratégie des forces occidentale et sioniste consiste en effet à déposséder la Syrie de ses atouts stratégiques d’une part, et, de faire peser une pression politique constante de façon à l’isoler, la déstabiliser et l’affaiblir économiquement et militairement d’autre part. L’objectif fut de pousser la Syrie hors du Liban et de réduire en conséquence son influence sur le terrain palestinien. Néanmoins son influence au Liban persiste puisque la Syrie a toujours su, qu’elle soit présente ou non sur le sol libanais, recomposer efficacement ses alliances libanaises en instrumentalisant stratégiquement les contradictions internes comme le reflète le soutien politique et militaire apporté au bloc nationaliste mené par le Hezbollah et opposé aux tendances pro-impérialistes anti-syriennes.

Cependant, les relations qu’entretient l’Etat syrien avec l’impérialisme sont en même temps d’une autre nature surtout depuis le démantèlement du bloc soviétique sa puissance protectrice et ressource dans le contexte bipolaire de l’après deuxième guerre mondiale. Son engagement au sein de la coalition occidentale dans la guerre contre l’Irak en 1991 puis l’ouverture de son espace aérien aux avions américains lors de l’invasion de l’Irak en 2003, montre la dépendance relative et le caractère contradictoire de la géopolitique syrienne dans son rapport à l’impérialisme. Certes, l’Etat irakien est dans une certaine mesure un rival historique expliquant l’opportunité de son affaiblissement pour l’Etat syrien. Reste que son démantèlement et l’occupation américaine permet à l’impérialisme de se doter de moyens de pression supplémentaires sur la Syrie.

Ce qui en réalité détermine la politique extérieure de l’Etat syrien c’est précisément une politique d’alliance avec l’ensemble des forces autochtones et allogènes présentes dans la région et la conservation de ses atouts stratégiques que sont le Liban et la Palestine afin d’annuler l’action des forces hostiles tout en tentant de développer des forces militaires de dissuasion. Partenaire circonstanciel de l’Otan, alliée privilégié de la Russie et de la Chine dans la région, de l’Arabie Saoudite et l’Iran pourtant en concurrence intense pour le leadership, alliée des mouvements de résistance populaire armés du Hamas et du Hezbollah, la Syrie protège habilement ses intérêts d’Etat. Une autonomie relative construite à partir d’un système d’alliance équilibré entre les pôles antagonistes structurant les rapports de forces régionaux.

Si l’on considère l’axe palestinien-syrien-iranien-libanais, on peut penser que celui-ci s’inscrit dans une dynamique de renforcement compte tenu des antagonismes régionaux mais plus particulièrement de l’antagonisme fondamental que génèrent les intérêts vitaux de l’entité coloniale sioniste. Il faut en effet rappeler une donnée essentielle. L’existence durable d’Israël n’est possible que si l’Etat juif parvient à maintenir son hégémonie et sa supériorité militaire au Moyen-Orient. Ce qui suppose de sa part et de ses alliés impérialistes de pouvoir modifier la cartographie sociale et géopolitique de la région. C’est-à-dire de réaliser le projet historique colonial non-abouti définit par les accords de Sykes-Picot signés entre anglais et français en 1916 prévoyant le démembrement du Moyen-Orient en quantités de provinces et d’Etats faibles soumis et rivaux. La Palestine, l’Iran, la Syrie, le Liban, l’Irak et l’Afghanistan sont des zones échappant relativement au contrôle impérialiste. En Irak, l’attaque de la coalition bien qu’ayant provoqué la destruction de l’Etat et de la menace qu’il représentait aux yeux des occidentaux et de l’entité sioniste a néanmoins permis le renforcement de l’Iran comme nous le soulignions plus haut. Mais l’invasion de l’Irak a engendré une instabilité politique libérant des forces hostiles que les agresseurs sont incapables de maîtriser. Au Liban, la puissance du Hezbollah, sa supériorité militaire par rapport aux factions rivales, ses capacités organisationnelles et son pouvoir de mobilisation se sont traduits par les victoires remportées contre Israël et les organisations libanaises qu’il instrumentalise. L’émergence de ce mouvement ouvre un front de résistance dans une zone limitrophe de l’Etat sioniste auquel s’articule le front de résistance interne palestinien. Soumis au blocus, confronté à l’expansion sioniste, le mouvement de résistance palestinien s’est en retour significativement renforcé en parvenant à libérer Gaza et la défendre, et en mobilisant le peuple palestinien sur un projet d’indépendance nationale. Au reste, la constitution d’un front reliant objectivement les forces étatiques iranienne et syrienne aux forces de la résistance populaire palestinienne et libanaise marque l’essor d’un rapport de force défavorable au camp impérialiste-sioniste et ses agents locaux. De même, si l’occupation de l’Afghanistan par l’armée américaine a eu pour effet dans un premier temps de repousser l’ascension et la prise de pouvoir du mouvement taliban, celui-ci est parvenu à se réorganiser et à rétablir une influence prépondérante sur les tribus et les communautés familiales locales au point de se développer significativement au Pakistan et de déstabiliser le régime pakistanais allié de Washington.

L’impérialisme et le sionisme sur la pente du déclin

Quant à la puissance et l’hégémonie du consortium impérial-sioniste, elles déclinent. D’abord parce que ses ambitions engendrent des pôles de résistance dont les ressources et la puissance augmentent à mesure que l’Occident projette ses forces enclenchant ce que Clausewitz appelle un phénomène d’engrenage d’engagements non maîtrisés qui procurent à ses adversaires les facteurs du renforcement de leur puissance. Enfin, l’Occident est miné par des contradictions internes dues à son mode de fonctionnement économique. La récession l’ampute de moyens financiers considérables le privant du soutien de sa population, le contraignant à la politique de négociation avec l’Iran. Ceci n’est qu’un leurre mais à coup sur le signe d’un réel affaiblissement.

Comité Action Palestine




Mouvement de solidarité avec la Palestine ou mouvement pour la sauvegarde d’un état colonial

Boycott-Israel-MPI[1]Communiqué du Mouvement de Soutien à la Résistance du Peuple Palestinien (MSRPP) publié sur son site le 28 janvier 2010.


Un collectif qui se proclame « pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens » appelle à une manifestation intitulée « Gaza, un an après », le 6 février à Paris.

Tout d’abord, il est étonnant qu’une telle manifestation soit initiée plus d’un mois après l’anniversaire du début de l’agression contre Gaza, alors que, le 27 décembre dernier, date précise de l’agression en 2008, notre Mouvement de Soutien à la Résistance du Peuple Palestinien (MSRPP) organisait une marche de Denfert-Rochereau à la Place Saint-Michel, à laquelle ont participé 700 personnes et nombre d’associations, pour rappeler la dernière guerre sioniste contre Gaza, assurer un soutien indéfectible à la résistance et dénoncer toutes les collaborations aussi bien occidentales qu’arabes et palestiniennes. Le « Collectif pour une Paix Juste et Durable », ne s’est pas joint à cette manifestation et feint aujourd’hui de l’ignorer.

En réalité, il suffit de se pencher sur l’appel et la dénomination même de ce Collectif pour comprendre quels sont les réels enjeux de leur manifestation.

Les personnes à l’initiative de cet événement ont une vision politique particulière de la question palestinienne et de son « règlement ». Lorsque l’on utilise l’expression « paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens » on prend position, d’abord pour l’illusion d’une paix entre l’occupant et l’occupé, entre l’usurpateur et l’usurpé, ensuite pour une légitimation de la présence d’une entité coloniale qui, par essence, est étrangère à « la paix ».

L’entité sioniste n’existe que suite à un nettoyage ethnique perpétré en Palestine dès 1947 et ne survit que par la colonisation galopante et les massacres réguliers qu’elle commet en vue de l’établissement d’un Etat exclusivement « juif » aussi bien en Palestine de 48 que dans les territoires occupés en 67 et notamment à Al Qods. Les guerres régulièrement déclenchées aussi bien contre les Palestiniens, comme celle de Gaza de l’an passé, que contre les Libanais (juillet-août 2006), ne font que le confirmer. Parler de « paix », suppose d’occulter, voire d’absoudre, ce qui constitue la nature même de cet « État », les circonstances de sa création et les moyens qu’il utilise aujourd’hui pour exister.

Nos « amis de la Palestine » seraient-ils frappés d’amnésie ? Non, en réalité ils s’activent pour inscrire le mouvement de soutien en France dans le « processus » amorcé dès Oslo en 1993, et qui se poursuit aujourd’hui par la série des « Annapolis » et autres « négociations de paix ». Ces opérations délibérées ont pour seul objectif de « liquider » la question palestinienne et de vider de son contenu la lutte de libération de la terre de Palestine, notamment le droit au retour des réfugiés et le statut de la capitale Al Qods. Or, de même que la « paix » ne signifie plus pour les Palestiniens que renonciation, soumission et capitulation, les manifestations massives de décembre 2008-janvier 2009 ont prouvé que, contrairement aux thèses des « pacifistes », une part importante de la population en France soutient fermement la résistance du peuple palestinien sous toutes ses formes, notamment la lutte armée.

Comme corollaire à cela, le Collectif n’utilise à aucun moment le mot « résistance » dans son appel, comme si la situation palestinienne se résumait à un drame humanitaire où un agresseur prédominant inflige blessures, blocus et humiliations à une victime qui n’exprime pas la moindre opposition. Or, nier l’existence d’une résistance palestinienne en dit long non seulement sur la façon dont on considère cette résistance et son soutien, mais aussi sur la totale déconnexion dont fait preuve ce Collectif avec le terrain et les aspirations du peuple palestinien. Est-ce étonnant quand on prétend sans cesse parler « pour » ce peuple, quand on prétend être sa « voix » en France et savoir mieux que personne quelles démarches il doit accomplir, comme celles de s’asseoir à la table des négociations ou plutôt à la table des « concessions » ? On peut constater, dès lors, que les occidentaux, particulièrement certains Français, n’ont pas encore rompu avec leur tradition politique coloniale qui les pousse à adopter un comportement ethnocentriste et suprématiste vis à vis des peuples non-occidentaux qui nécessiteraient par « essence » une surveillance accrue et une mise sous tutelle.

Enfin, le texte appelle à des « sanctions contre Israël », au respect du droit international, à la levée du blocus et au soutien à la campagne Boycott Désinvestissement Sanction (BDS), déplorant dans le même temps le peu de « compromis » du côté de « l’extrême-droite israélienne », insinuant par là qu’il y aurait des différences, positives ou négatives dans la politique « israélienne », envers le peuple palestinien, alors que c’est le gouvernement de coalition d’Olmert (représentant donc un certain nombre de forces politiques) qui a commandité la guerre contre Gaza et que c’est le ministre « travailliste » Ehud Barak qui était chargé de la défense et de l’armée lors de l’agression.

Si, en soi, dénoncer le blocus et appeler au boycott est une bonne chose, il faut aussi se demander pourquoi tant d’associations se concentrent exclusivement sur ces points tout en évacuant les autres points essentiels qui devraient être les mots d’ordre du « soutien à la Palestine ». Au lieu de se limiter à une critique des comportements qui découlent automatiquement du caractère colonialiste de l’Etat sioniste, il faut en dénoncer l’essence et l’origine. La lutte de libération nationale de la Palestine contre l’occupation sioniste se réduirait-elle à la levée du siège de Gaza et au jugement des criminels de guerre ?

Par ailleurs, il nous semble également problématique de se référer au droit international, comme s’il constituait l’unique espoir, alors que les puissances impérialistes ont voté le partage de la Palestine à l’ONU en 1947, en se servant de la « légitimité » du droit international, et, que c’est toujours ces mêmes puissances impérialistes qui protègent depuis lors l’Entité coloniale, sur le fondement du droit international et via le Conseil de Sécurité et les indéfectibles soutiens au sionisme qui le composent.

Enfin, la mention du parcours de la manifestation du 6 février « en direction de l’ambassade d’Israël » est en elle-même un aveu de défaite programmée : « on ne pourra jamais arriver à l’ambassade sioniste, alors on va essayer d’aller dans sa direction jusqu’à ce qu’on nous arrête », et résume bien une démarche prédisposée aux concessions.

Pour toutes ces raisons, nous dénonçons le discours de ce Collectif autoproclamé « national » qui entretient l’illusion d’une possibilité de paix « juste et durable » clairement impossible dans l’état du rapport de forces actuel, qui ignore la réalité de la résistance sur le terrain, et qui œuvre pour « amener nos dirigeants à imposer le respect du droit international ». Et nous appelons toutes les personnes et associations désireuses de soutenir réellement la Palestine et sa résistance et de ne faire aucune concession sur les droits fondamentaux de ce peuple, comme le droit à l’autodétermination après l’abolition du système colonial et raciste qu’est « l’État d’Israël », le droit au retour intégral de tous les réfugiés depuis 1947-1948 et la libération de tous les prisonniers, à nous rejoindre au sein du Mouvement de Soutien à la Résistance du Peuple Palestinien (MSRPP), à soutenir et à participer à toutes nos initiatives.

Mouvement de Soutien à la Résistance du Peuple Palestinien Fait à Paris, Le 26 janvier 2010