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Le  Comité Action Palestine édite chaque année un calendrier rassemblant articles et photos sur un thème particulier ; il a été consacré en 2013 à « La Palestine arabe ». Nous publierons mois après mois les articles de ce calendrier. Le deuxième texte est consacré : »Aux origines du nationalisme palestinien ».


Les premières expressions du nationalisme arabe apparurent au Moyen Orient après 1850. Elles furent d’origine libérale ou religieuse, la revendication d’autonomie se construisit d’abord en opposition à la domination turque, puis à la domination coloniale occidentale. En Syrie, dont la Palestine formait la région Sud, ces mouvements revendiquaient l’indépendance et le respect de l’unité avec le Liban, la reconnaissance de l’arabe en tant que langue officielle, ainsi que la levée de la censure et le respect de la liberté d’expression. En Palestine ce nationalisme prit dès 1880 et bien avant la déclaration Balfour de 1917, une connotation anti-sioniste, Dès lors, l’opposition arabe au sionisme devint générale, au delà des frontières de la Palestine.

Le nationalisme palestinien se matérialisa d’abord par la résistance des paysans palestiniens, les fellahin, contre l’implantation des colonies agricoles juives, la vente des terres et l‘expropriation. Très vite, ces révoltes paysannes furent un élément de sensibilisation contre les dangers du mouvement sioniste pour les autres parties de la société palestinienne. Petits entrepreneurs, commerçants et professions libérales redoutaient alors la concurrence économique à venir. La presse palestinienne et arabe joua un grand rôle dans cette mobilisation en Palestine et dans tout le monde arabe. Les journaux informaient sur les avancées de la colonisation, mais aussi sur les objectifs et la portée du sionisme en général. Parmi ces journaux, al-Karmil, publié à Haïfa, fut l’outil essentiel de la longue campagne contre la colonisation sioniste en Palestine. Il fut à l’origine d’une Société anti-sioniste qui mena l’agitation et organisa les luttes contre la vente des terres et pour la préservation des droits des paysans.

Les hommes politiques arabes ne furent pas dupes des enjeux d’un tel projet et se mobilisèrent dès la fin du XIXème pour en dénoncer les dangers. Yussuf Diya al-Khalidi, élu palestinien au parlement ottoman et maire de Jérusalem écrivit à Herzl en 1899 : « L’argent ne peut acheter la Palestine, qui ne peut être prise que par la force des canons…/… jamais les sionistes ne seront maitres de ce pays…». Après 1908, les notables palestiniens trouvèrent dans le cadre du nouveau parlement ottoman issu de la Révolution une possibilité de formuler leur opposition au sionisme et de réclamer des mesures gouvernementales contre l’immigration juive et les achats de terre. En 1911, le parti national ottoman constitua la première forme d’organisation politique opposée au sionisme. Pourtant malgré une participation palestinienne au premier congrès arabe de 1913, aucune résolution ne fût votée sur la question du danger sioniste. L’immigration juive galopante, l’intensification de la vente des terres et le développement d’une économie juive parallèle juste avant la première guerre mondiale entrainèrent une forte mobilisation antisioniste en Palestine. De nombreuses organisations politiques furent créées pour dénoncer la colonisation, encourager le développement de l’économie palestinienne et critiquer l’immobilisme du gouvernement. Le sentiment que les nationaux turcs et les sionistes étaient alliés, motiva un important soutien et une implication palestinienne à la révolte arabe contre les Turcs à la fin de la première guerre mondiale.

Mais bien que les Arabes aient combattu aux côtés des Britanniques, la victoire des alliés se solda par une nouvelle occupation de la Palestine par une puissance qui avait, au travers de la Déclaration Balfour en 1917, fait sien le projet sioniste. Le nationalisme palestinien et arabe allait alors entrer dans une nouvelle ère et affronter toute la violence de l’impérialisme occidental. Pourtant la lutte nationale palestinienne resterait toujours marquée par ses origines, centrée sur la défense de la terre et alimentée par une dynamique souvent venue de la base.

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