Coloniser et emprisonner
le 27/3/2011 21:00:00 (745 lectures)
Le Comité Action Palestine édite chaque année un calendrier rassemblant articles et photos sur un thème particulier ; il a été consacré en 2011 aux prisonniers. Nous publierons mois après mois les articles de ce calendrier. « Coloniser et emprisonner » a été publié pour le mois de janvier 2011.
Depuis le début de la colonisation juive de la Palestine, analyser l’histoire de la résistance palestinienne, c’est aussi étudier l’histoire de la question des prisonniers.
On peut distinguer deux grandes périodes. La première phase débute dans les années 1920, avec la montée du nationalisme palestinien, et se termine en 1948. Sous le mandat britannique, la Révolution palestinienne {1936/1939} fut impitoyablement matée avec des milliers de martyrs, d’arrestations et de déportations de leaders politiques. Cette révolution inscrira dans la conscience nationale palestinienne la centralité non seulement du martyre mais aussi celle des prisonniers politiques.
Affaibli par la répression britannique, le peuple palestinien doit à nouveau affronter les sionistes en 1948 lors de la création de l’Etat d’Israël qui procède à des transferts de population, des massacres et des arrestations par milliers. Vaincus et dispersés, les Palestiniens mettront 20 ans avant de se réorganiser. A la fin des années 1960, l’émergence d’un mouvement national palestinien structuré sous l’égide de l’OLP, et l’occupation de toute la Palestine ainsi que du Golan syrien par les Israéliens, sont le point de départ d’un nouveau cycle de résistance/répression.
Ainsi depuis 1967 près de 700 000 Palestiniens sont passés par les geôles sionistes, soit environ 20% de la population palestinienne. Avec la seconde Intifada {2000}, le phénomène s’amplifie : les arrestations prennent un caractère massif avec plus de 70 000 Palestiniens kidnappés.
Plus la résistance s’étend, plus la répression se généralise. L’extension et l’organisation de la résistance en Palestine de 48 à partir des années 2000 notamment conduit l’Etat sioniste à jeter en prison des « citoyens arabes », des Palestiniens qui, à l’instar de leur frères de Gaza et de Cisjordanie, refusent obstinément la judaïsation de leur terre.
Au sein même des prisons le colonisateur doit faire face à une mobilisation des prisonniers politiques palestiniens qui s’organisent contre des conditions de détention inhumaines et maintiennent des liens avec la résistance. Cette mobilisation est en soi un défi gigantesque pour le colonisateur qui s’aperçoit que la résistance ne s’arrête jamais, que l’enfermement est aussi le lieu où elle s’exprime. Elle est pour lui un cauchemar, ce que comprennent ses soutiens occidentaux qui feignent d’ignorer que plus de 8OOO palestiniens sont aujourd’hui enfermés dans les prisons coloniales. Cette absence d’indignation de la part des Etats occidentaux est dans l’ordre des choses puisque l’Etat sioniste est le gardien de leurs intérêts dans la région en affamant, en tuant et en enfermant de manière industrielle les Palestiniens.
Mais les prisonniers palestiniens « ne sont pas les enfants d’un moindre Dieu ». Leur nation toute entière s’est engagée à les libérer.
Comité Action Palestine