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Hate-speech-Latuff[1]Badia Benjelloun dénonce avec justesse et virulence les propos tenus par Tarik Ramadan, Bernard Ravenel et Michel Warschawski lors d’une conférence tenue à Paris le 1er novembre sur la Palestine. En effet, les trois conférenciers et en particulier Warschawski, qui faute d’une analyse lucide de la situation coloniale en Palestine et de la géopolitique du Moyen-Orient, n’ont rien d’autre à proposer que les platitudes fades d’un humanisme compassionnel. Par exemple, le boycott d’Israël proposé par les 170 organisations palestiniennes qui devait être à la fois mondial et économique et culturel se transforme dans la bouche des trois orateurs en simple refus moral d’acheter les dattes provenant des territoires occupés !

Ainsi en est-il de tous les thèmes traités au cours de cette conférence comme la fin de la guerre au Liban en 1982, l’invasion de l’Irak, la victoire politique du Hamas, l’apport scientifique de l’Andalousie arabe,…qui furent soit analytiquement escamotés soit interprétés dans un sens favorable à Israël ou aux Juifs en général. Pas un mot sur la résistance, celle du peuple palestinien et des autres peuples de la région, la compassion humaniste ne sachant rien faire d’autre que de s’apitoyer sur les pauvre palestiniens enfermés à Gaza auxquels il faudrait rendre visite par simple souci moral !

Assommé par une phraséologie creuse et souvent perverse, le public s’est vu nié le droit de s’exprimer et d’échanger, la parole étant restée confinée entre les conférenciers. Et ceux-ci de finir leur discours par des remontrances à l’auditoire, sommé de ne pas verser dans l’antisémitisme. Mais les intervenants eux n’ont pas semblé craindre de verser dans « l’industrie de l’holocauste » et la culpabilisation mortifère sur laquelle le sionisme actuel fonde son existence et sa justification.


Ce samedi premier novembre s’est tenue une conférence-débat à Paris sur la question de la Palestine qui fut un succès par l’affluence des auditeurs venus boire les paroles des orateurs dont au moins deux font autorité sur la question de la solidarité avec un peuple spolié de son territoire, composé essentiellement de réfugiés éparpillés de par le monde.

Propos tout de langue ligneuse.

Il y fut exposé la théorie néo-conservatrice mise en oeuvre par l’administration étasunienne de la guerre préventive perpétuelle contre le Terrorisme, largement inspirée des principes constitutifs de l’entité militaro-théocratique sioniste.

L’essentiel n’en fut pas dit.

La dite administration de Bush le deuxième négocie actuellement ouvertement avec les Talibans en Afghanistan.

Elle se voit refuser le permis de faire résider en Irak son armée composée pour plus de sa moitié de mercenaires sans limitation dans le temps et dans l’exécution de ses tâches de destruction par les officiels irakiens qu’elle a porté au pouvoir au travers d’élections plus que frauduleuses.

L’histoire vue par un Israélien anti-colonialiste (notons ici l’oxymoron) Michel Warshawski, ne fait pas mention de la résistance des peuples de cet Orient moyen qui a défait la première puissance militaire qui consacre à elle seule autant de deniers que le reste de toutes les autres nations réunies.

Dans le tableau dressé par les différents intervenants ne fut jamais fait mention de deux faits essentiels récents qui ont bouleversé la donne et transformé radicalement la perception de leur devenir des opprimés par le sionisme.

L’éclatante victoire de la résistance libanaise l’été 2006 a irrévocablement fait ranger le mythe de l’invincibilité de l’armée de l’entité sioniste parmi les colifichets de l’histoire. Quoi ? 2000 hommes et 5000 sympathisants ont tenu en échec un greffon occidental perfusé de dollars et de technologies offensives et destructrices de pointe.

Le deuxième fait majeur ignoré par nos conférenciers, comme s’ils n’avaient pas vécu en direct sur leurs écrans de téléviseur comme les trois quarts de l’humanité la crise du Caucase, n’est pas moins que la mise en évidence de la nullité des conseillers militaires techniques et stratégiques au cours de l’agression de la Géorgie en août 2008 sur l’Ossétie. La campagne de reconquête de l’Ossétie du Sud par le ministre de la Défense de Géorgie israélien, entièrement fomentée par le Complexe militaro-industriel israélien, est un autre échec retentissant pour l’entité sioniste. Ceci constitue une mise en garde pour quelconque autocrate de petite ou de grande envergure qui voudrait se mettre sous garde israélienne ou qui espérerait se perpétuer au pouvoir grâce aux conseils de ses agents autrefois crédités de perspicacité inégalable. En réalité, nous avons appris que l’essentiel de ce qu’ils pouvaient prédire survenait infailliblement puisqu’ils en étaient les auteurs.

La conférence d’Annapolis a été citée pour ce qu’elle n’a pas été. D’un air entendu, Michel Warshawski selon des sources qui lui seraient confidentielles a évoqué que la véritable conférence aurait été une convocation pour faire agréer aux pays arabes l’attaque future de l’Iran. Or les ballets diplomatiques dans cette région du golfe arabo-persique depuis plus de deux années avant la dite conférence ont démontré plus que la réticence, le refus officiel des monarchies pétrolières de servir de base pour la destruction tant souhaitée de l’Iran.

En réalité, Annapolis comme tous les autres « plans » de paix ne pouvait aboutir pour la raison essentielle que dans la situation d’un pays colonisé, ce dont il est question, c’est de mettre fin à la colonisation et de l’élémentaire droit d’un peuple à disposer de lui-même et de sa patrie.

La paix est un leurre et la situation de non guerre pour l’entité sioniste dont la substance même est la conquête coloniale avec épuration ethnique à la clé est un danger existentiel mortel pour un ramassis de personnes venues de contrées différentes ayant ou non la même pratique religieuse et prétendant constituer un peuple.

Annapolis avait été organisée pour d’abord justifier les milliers de kilomètres parcourus par Mme Rice en Palestine occupée et pour sacrifier à la tradition de toutes les administrations étasuniennes en fin de mandat de simuler une volonté de règlement du « conflit ». Conflit est mis entre guillemets car dans l’acception commune, cela suppose deux entités qui lutteraient à force égale ou équivalente alors qu’ici nous avons d’un côté un peuple affamé, anémié, sans travail et de l’autre une armée occidentale et une minorité qui contrôle l’expression dans les mass-media et fournit le prêt à penser à l’échelle planétaire.

Il était du devoir de Bush II de sauver Lehudi Olmert largement englué dans ses problèmes de corruption. À cette occasion d’ Annapolis, Olmert a libéré une parole vraie. En l’absence d’une perspective, perspective équivaut à un but lointain qu’il n’est pas forcément souhaitable d’atteindre, de la solution de deux États, c’en est fini de l’entité sioniste car il ne restera plus aux résistants palestiniens à n’exiger que ce qu’ils revendiquaient depuis le début de l’occupation, l’établissement d’un État laïc, démocratique pour tous ses citoyens.

Annapolis avait d’autres buts concrets pour les sionistes, au moins deux. D’abord, elle obligeait à une mise en scène de la normalisation encore une fois de la relation entre les États arabes, tous corrompus et sionistes, et l’entité sioniste. Puis elle a contraint les pays donateurs à l’Autorité Palestinienne en crise de légitimité totale à fournir de nouveaux fonds dont moins du dixième promis arrivera à destination sous forme de formation d’un groupe paramilitaire palestinien, sorte de Garde de Mahmoud Abbas avec un entraînement digne du GIGN pour seconder les manoeuvres répressives contre le peuple palestinien. Comble de l’ironie, les dons ont profité à Israël et aux USA chargés de l’entraînement.

Pas une seule fois, le Peuple Palestinien n’a été présenté sous sa caractéristique la plus forte, à savoir sa capacité à RÉSISTER. Nous avons espéré entendre ce mot, soutien à la Résistance Palestinienne, laquelle ne fut jamais évoquée, escamotée derrière un verbiage qui soulignait le refus de combattre de certains Israéliens lors de l’invasion du Liban en 1982. Ce seraient les manifestations des refuzniks qui aurait été la raison de l’arrêt des combats à cette époque. Simple victime invertébrée et impuissante, le Peuple Palestinien ne requiert de nous que compassion et un appel à le visiter dans la configuration de ce que les Mass Media ont contribué à appeler les Territoires Occupés comme si toute la Palestine historique ne l’était pas. Il a été recommandé vivement aux auditeurs de la conférence d’aller faire du tourisme éthique, d’aller voir le peuple encagé comme seule perspective de solidarité. Pas un mot sur le blocus de Gaza et comment tenter de le rompre. Pas un mot sur l’initiative de Free Gaza et l’embarcation partie de Chypre pour la seconde fois défier la décision de l’entité sioniste d’isoler les Gazaouis privés de tout et soumis au pire des états de siège qu’aucune instance internationale ou de solidarité n’a voulu contester dans les faits.

Même pas d’aller sur place puis de revenir et de témoigner, simplement aller voir.

Tout à fait en fin d’un discours purement compassionnel, il a été mis en avant l’hypothèse de s’abstenir d’acheter des dattes provenant des territoires palestiniens occupés et ravis par les colons. Cette version très édulcorée du BOYCOTT d’Israël recommandée par plus de 170 organisations palestiniennes comme réponse politique cohérente qui se devrait mondiale par rapport à un État violeur de tout l’édifice du droit international taillé par les ‘Alliés’ après la guerre intra-européenne de 1939 secondairement mondialisée. En effet si une solidarité concrète et effective devait avoir lieu, ce serait ce principe de rendre paria une entité qui se met elle-même au ban de l’humanité.

Le boycott se devrait d’être économique ET culturel.

Mais l’un des conférenciers, Michel Warchawski après avoir fait croire qu’il ne participerait pas au Salon du Livre de Paris organisé en 2008 en l’honneur de l’entité sioniste a fini par rejoindre les marchands de papier qui se sont bousculés à la porte de Versailles. Vendre de la camelote sous l’enseigne de l’honneur fait à Israël encensé pour avoir appliqué le plan DALET et expulsé plus de la moitié du peuple palestinien n’indisposait pas les professionnels de la cause palestinienne qu’ils séquestrent pour le plus grand profit de la perpétuation d’une idéologie mortifère, celle du sionisme.

La question de la colonisation de la Palestine n’a pas été mise sous la perspective historique qui conviendrait, l’impérialisme occidental encore à l’œuvre à ce jour depuis le 19ème siècle. Elle a été présentée noyée sous des commentaires mille fois entendus ailleurs et sans consistance sur la thématique médiocre servie par les fournisseurs d’histoires et de thèmes ignares des mass media, le choc des civilisations. L’élaboration sioniste et son application date des nationalismes meurtriers européens et de la compétition entre des nations incertaines d’elles-mêmes et de leur identité rendue floue car déjà en proie à l’internationalisation du capitalisme, de son mode de production et de la recherche de débouchés pour sa marchandise.

À toujours argumenter point par point les leurres idéologiques qui emplissent les journaux et donc la conscience du citoyen-monde spectateur de sa vie, c’est étoffer la construction du divertissement.

En effet si choc il y a et il y a eu et il y a encore, c’est la barbarie du capitalisme qui connaît les spasmes de sa dernière version totalement virtuelle. Au lieu de cela, le peuple palestinien a été accusé par l’un des orateurs d’avoir accompli la réalisation du piège des sionistes en votant Hamas, la victime est toujours responsable des malheurs qu’elle vit ou a vécu. Acculé à refuser la perpétuation du règne sans partage de la faction Fatah préoccupée uniquement des avantages matériels octroyés par l’occupant, le peuple palestinien avait espéré des occidentaux, même sous leur forme dégradée d’ ‘immigrés’ d’origine arabe et/ou musulmane qu’ils défendissent le principe élevé au rang d’un instrument de culte de l’élection démocratique et transparente. Le Hamas pour les ignorants de la question palestinienne rappelons-le a vu son existence fomentée par les sionistes pour faire perdre son caractère laïc original de la résistance palestinienne. Devant l‘affaiblissement des organisations politiques qui composent l’OLP, d’organisation caritative le Hamas a été propulsé à la faveur d’élections tenues sous occupation en l’absence des 4,5 millions de réfugiés. Il ne s’attendait pas lui-même à une telle victoire qui a surpris les services de renseignements israéliens eux-mêmes. Le Fatah de Mahmoud Abbas obéissant aux ordres de ses maîtres a refusé de participer à un gouvernement de coalition qui eût pu ‘négocier’ dans une position de force avec les occupants et leurs complices. Le résultat en fut une ‘vacance’ de gouvernement durant de longs mois dont seuls les substituts des colons vivant de leurs subsides sont responsables. Aujourd’hui c’est comme si tout le monde veut oublier que Gaza, plus que la Cisjordanie, bien avant les élections de janvier 2006, était l’objet de privations décidées arbitrairement par l’occupant et c’en est même la raison du triomphe du Hamas.

La parole n’a pas été distribuée au public, sans quoi il aurait pu être rétorqué que les Palestiniens ne sont que dans un seul piège, celui de la colonisation raciste.

Nous aurions souhaité questionner l’un des orateurs à propos des frontières internationalement reconnues de l’entité sioniste.

Lesquelles ?

Celles que l’ONU avait décidées en novembre 1947, à une majorité arrachée grâce à des pays comme le Libéria, les Philippines et dans dernières quarante huit heures avant le vote, sous la pression de menaces et de chantage à peine discret à l’époque où une très grande part des pays colonisés du tiers-monde n’avaient pas accédé à l’indépendance et n,’avaient pas voix au chapitre ?

Celles établies à l’armistice de 1948 ? L’ONU a déclaré illégales les annexions de territoires obtenus après une conquête militaire.

Ou celles que l’entité sioniste ne veut pas admettre car elle se réserve le droit d’annexer encore et encore depuis le Nil jusqu’à l’Euphrate.

Et ce qualificatif d’internationalement, il désigne qui ? Tant que le peuple palestinien n’a pas signé sa reddition, du point de vue du droit international communément admis, y compris l’entité sioniste en tant qu’État n’est pas validée.

L’auditoire a eu l’occasion d’apprendre que l’Andalousie arabe a été interprétée comme judéo-musulmane par le distributeur de bons points en matière de solidarité « acceptable » avec la Palestine. Il commençait à se savoir que des bourses étaient principalement accordées aux étudiants en histoire de l’Andalousie qui se destinaient à revisiter l’histoire dans ce sens. La présence arabe en Andalousie qui a duré plus de sept siècles devrait tout au génie judaïque. Nous avons eu la preuve de la banalisation d’un mythe naissant d’une Andalousie judaïque par cette juxtaposition incongrue de judéo-musulmane pour l’Andalousie alors qu’elle a été arabe et musulmane même si elle abritait en son sein sans discrimination toutes les confessions du Livre.

En matière d’imposture historique, nous n’en sommes pas à celle-ci près. L’introduction du langage mathématique dans les sciences physiques et de la méthode expérimentale parfaitement décrite et reproductible est une contribution essentielle à la science due à des savants de culture arabo-musulmane.

La première fois que fut énoncée la loi de la réfraction de la lumière dans un corps plus ou moins réfringeant que l’air, l’humanité la doit à un savant ayant vécu à Baghdad, le mathématicien Ibn Sahl (940-1000), soit plus de six cents ans avant que ne la « redécouvre » ( ?) Descartes (1596-1650). Sans compter que le doute posé en prémisse de toute réflexion philosophique fut posé comme principe méthodologique par l’immense philosophe Al Ghazali (1058-1111) donc bien des siècles avant le discours de la méthode. L’actuel pape, malgré sa tiare et son statut d’ infaillibilité, ignore sans doute que l’humanité ne dispose que des versions arabes du physicien et astronome grec d’Alexandre, Ptolémée, de même elle n’a eu accès aux travaux d’Euclide qu‘essentiellement par l’arabe, non tant au travers de traductions que de commentaires. Ce qui peut laisser à penser que ce sont des savants arabes qui se sont inventé des ancêtres grecs. Où et quand fut inventé que l’Islam est incompatible avec la rationalité?

Faut-il simplement reprendre cette vieille lune du colonialisme européen resservie à l’occasion d’un 11 septembre tout droit sorti des boîtes à outils de la CIA depuis qu’elle a envoyé de toutes les contrées musulmanes des charters entiers d’inemployés pour aller aider les Taliban en Afghanistan contre les Soviétiques, alors qu’il faut consacrer son énergie à déployer des solutions politiques aux impasses où nous conduit ce capitalisme à un stade ultime de sa décomposition ?

Les orateurs nous avaient avertis que la question de la Palestine n’était pas une question de religion mais un problème politique sans le nommer toutefois.

Toutes les personnes présentes ont été sommées de ne pas verser dans l’antisémitisme, comme si elles en étaient suspectées avant même d’être consultées, enfermant le public justement par cette admonestation préventive dans une perspective religieuse et communautariste. De la sorte, les Maîtres dispensateurs de leçons inactuelles sur la solidarité avec la Palestine opèrent la glissade de sens vers le terrain qui ne concerne aucun arabe (ni les Arabes ni les Musulmans n’ont été impliqués dans les chambres à gaz construites en territoire européen et chrétien ni dans les déportations). Celui qu’affectionnent les sionistes car il justifie à leurs yeux la spoliation de la Palestine, les crimes contre l’humanité des sociétés occidentales au vingtième siècle contre des Européens de confession juive, la culpabilité toute chrétienne qui lui est liée.

Les Palestiniens n’ont pas à être les victimes des victimes, comme l’avait si bien dit Mahmoud Darwish, et nous, solidaires du peuple palestinien, n’avons pas porter la culpabilité des criminels de guerre et contre l’humanité que nous n’avons pas été.

La question de la Palestine n’a enfin pas à être détachée de l’histoire et présentée comme un conflit incompréhensible sans début ni fin. Dans le contexte actuel de la fin de l’hégémonie étasunienne tant sur les plans militaires, Bush II négocie avec les Talibans et l’armée étasunienne risque de ne pas être reconduite en Irak que diplomatique et économique, tous les opprimés de la planète du sionisme non seulement redressent la tête mais ont à construire un autre monde, un monde de justice et de fraternité.

 COMITE ACTION PALESTINE

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