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Comité Action Palestine, le 8 juin 2024

« Dieu soit loué qui a fait de nos ennemis des imbéciles ». Hassan Nasrallah a eu les mots justes pour qualifier les dirigeants « israéliens ». Ils n’ont pas vu le 7 octobre arriver. L’opération des organisations palestiniennes est tombée comme un coup de massue sur la tête des « Israéliens », croyant sans doute que la résistance palestinienne n’était pas capable de leur infliger un traumatisme pareil en matière de stratégie militaire. Si l’objectif des organisations de résistance palestiniennes, ce 7 octobre, était de jouer la surprise avec un ennemi qui avait baissé la garde, la stratégie de la résistance libanaise, au contraire, est d’épuiser les forces « israéliennes » avec la tactique du harcèlement quotidien.

Les stratèges libanais, en soutien aux Gazaouis, ont affaibli le bras meurtrier « israélien » à Gaza en obligeant les dirigeants sionistes à consacrer une partie de leurs forces dans le nord de la Palestine. La stratégie a très bien réussi. Embourbé à Gaza, l’ennemi sioniste a des difficultés à faire face aux Libanais qui utilisent un armement efficace et indétectable par la technologie militaire « israélienne ». Résultat : l’ennemi ne réalise aucun objectif ni à Gaza ni à la frontière nord. Dès la première heure, la Cisjordanie a rejoint Gaza dans la bataille en cours. Les sionistes font face à trois fronts de résistance de haute intensité. Malgré leur très grande puissance de feu, les sionistes s’enlisent dans ces trois fronts. Autant dire que l’échec « israélien » est patent.

Sur le plan politique, c’est une catastrophe pour les sionistes. Depuis huit mois, ils ne peuvent se prévaloir d’aucune victoire digne de ce nom. Bien au contraire. Les colonies du nord ont été vidées de leurs habitants. Ce qui vient percuter de plein fouet la politique sioniste d’implantations coloniales dans les territoires palestiniens. Au regard de cette configuration, on pourrait même dire qu’un processus inverse fait son apparition : la libération du territoire palestinien. Certes provisoire pour l’instant, mais rien ne dit que ce n’est pas un processus irréversible. L’avenir proche nous le dira.

La colère des colons et de leurs représentants au sujet de la faillite militaire dans le nord annonce sans aucun doute des contradictions internes insurmontables qui seraient bénéfiques pour les Palestiniens. Les contradictions entre colons ne peuvent être que profitables car elles affaiblissent le camp sioniste. La guerre civile sioniste n’est pas encore là, mais c’est une hypothèse à ne pas écarter. Parce que la politique « israélienne » est depuis le début fondée sur la conquête territoriale, il est difficile d’admettre, pour la majorité des « israéliens », la situation qui prévaut dans le nord et autour de Gaza. L’angoisse gagne les esprits sionistes qui redoutent désormais une victoire de la résistance et savent, dorénavant, que leur sécurité ne sera plus jamais garantie. Psychologiquement, ils sont perdus et ils ont perdu. Cette étape avant l’effondrement du sionisme est une grande réalisation de la résistance palestinienne et libanaise.

A cette situation peu glorieuse pour les sionistes, s’ajoutent les effets dévastateurs des initiatives internationales considérant que les dirigeants « Israéliens » sont passibles de poursuites devant le Procureur de la CPI pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Les sionistes ont aussi perdu la guerre de la propagande. Les images terribles d’enfants décapités ou brûlés vifs ont définitivement entamé le capital de sympathie dont pouvait bénéficier l’entité sioniste. Leurs maîtres américains ont très bien compris cela. Il faut sauver « Israël » de lui-même, aveugle à ce basculement historique qui en fait un Etat foncièrement criminel et déshumanisé au plus haut point. A Washington, les décideurs politiques et militaires ont pris la mesure du désastre : il est temps de négocier un cessez-le-feu. Et les Palestiniens ont compris eux aussi que la situation politique leur est favorable. Si négociations il y a, il est de leur intérêt de ne céder sur aucun des points fondamentaux : échanges de prisonniers, retrait des forces sionistes et le retour des déplacés.

Il est certain que les sionistes sont en très grande difficulté. Ils ne peuvent accepter un accord de cessez-le-feu sans que ne tombe la coalition fragile qui gouverne. Ils espèrent encore renverser la donne militaire sur le terrain, mais ils n’y parviennent pas. Signer en l’état la proposition américaine les conduirait inévitablement vers une crise politique interne gravissime, voire vers la guerre civile. Il leur faut sortir du dilemme : soit continuer la guerre, soit aller droit vers la crise politique interne. Le régime sioniste a choisi pour l’instant la guerre. La prédiction de la résistance s’est bien réalisée : les sionistes sont pris dans les sables mouvants de Gaza.

Dessin : Mohammed Sabaaneh, artiste palestinien, @sabaaneh

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