Gaza : la mythomanie médiatique
Saluons les prouesses d’une presse française qui, faisant de la calomnie, de la manipulation, de l’hypocrisie et de la dissimulation ses quatre vertus cardinales, incarne à merveille l’un des plus nobles idéaux des médias : fausser la conscience publique .
Concernant les derniers événements en Palestine, radios et journaux français ont atteint leur plus haut degré sur l’échelle du mensonge : la mythomanie
Cela se comprend. Une étape décisive dans une lutte de libération est d’un enjeu trop important pour que la propagande se risque à voir le contrôle de l’opinion lui glisser entre les doigts. Il y va de l’avenir du monde libre et civilisé. Il faut préserver celui-ci envers et contre tous ces Arabes qui se permettent de pratiquer la résistance, de rejeter l’impérialisme américano-sioniste, d’élire démocratiquement le gouvernement qui les représente le mieux, de refuser de reconnaître une entité nommée Israël qui les massacre, les vole et les affame depuis près de soixante ans, de s’insurger contre ses collaborateurs.
Pareille fin appelle, pour notre presse française, de grands moyens. Aussi la déformation médiatique de la réalité sera-t-elle intégrale, et l’inversion des rôles, complète .
Que devient, chez les mythomanes de la presse française, un gouvernement légalement élu et de surcroît plébiscité par un peuple ? Une bande de hors-la-loi, de rapaces et de pillards .
Que devient la lutte politique entre un Fatah embourgeoisé et minoritaire, prêt à se vendre à l’occupant, et les classes populaires favorables au Hamas ? Une lutte fratricide , voire, plus tribal, une guerre clanique .
Ce même choix du Hamas et de la résistance par ces mêmes classes populaires ? Une allégeance au nouveau pouvoir .
La victoire militaire des leaders Hamas de la résistance à Gaza ? Un coup d’Etat .
Le calme retrouvé dans Gaza libérée ? Une occupation qui sent l’univers concentrationnaire et la purge .
Les journaux français diabolisent le Hamas. Mais ils le diabolisent objectivement. Comme ils défendent tout aussi objectivement le parti des Abbas et autres Dahlan dont aucun résistant palestinien ne veut. Car ils pratiquent un manichéisme impartial.
Alors que le Hamas, qui n’a pas encore eu l’heureuse idée de prendre des leçons auprès du Monde ou de Libération , sépare arbitrairement les bons des méchants. Nous en avons pour preuve la proposition qu’il a faite au Fatah, son adversaire malheureux aux dernières élections législatives, de participer à un gouvernement d’union nationale. Offre d’ailleurs déclinée par l’intéressé – à tous les sens du terme. Lequel a depuis œuvré à l’élimination du gouvernement Haniyeh. Mais il y a œuvré en toute loyauté, c’est-à-dire avec l’aide des ennemis du peuple palestinien.
A en croire nos quotidiens préférés, en Palestine le monde tourne à l’envers. Les Palestiniens marchent sur la tête. Ils s’auto-occupent. Ils s’auto-détruisent. Ils s’entre-dévorent. Le monde libre, qui tourne à l’endroit, pleure sur ces malheureux qui s’aliènent dans leur lutte de libération. Ils n’ont pas compris qu’ils devaient crier, crier en chœur avec les médias français l’absolue légitimité de leur usurpateur sioniste. Ils n’ont pas compris qu’ils devaient applaudir les collaborateurs, clamer leur solidarité avec ceux qui les trahissent, s’agenouiller devant leurs assassins.
A en croire nos quotidiens préférés, les Palestiniens n’ont pas compris que leur avenir n’est pas en Palestine. Que leur volonté d’autodétermination est un crime de lèse-sionisme qui ne peut que les conduire à leur perte.
Comité Action Palestine