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Le Comité Action Palestine exprime son entière solidarité avec le mouvement de grève de la faim lancé par les prisonniers palestiniens depuis le 17 avril 2017 dans toutes les prisons sionistes, pour exiger de leurs geôliers le respect de leurs droits fondamentaux. Ce mouvement qui enfle jour après jour unit toutes les organisations de la résistance et d’immenses manifestations de soutien sont organisées par la population palestinienne. Georges Ibrahim Abdallah, détenu par l’Etat français depuis 33 ans a également rejoint le mouvement en solidarité avec ses frères palestiniens. Mais au-delà de leurs revendications en tant que prisonniers, ces combattants de la liberté luttent avant tout pour que la Palestine soit définitivement débarrassée du colonialisme sioniste.

Avril 2017


La résistance des prisonniers fait partie intégrale du mouvement de libération de la Palestine. Beaucoup d’entre eux sont des responsables politiques. De ce fait, ils jouent un rôle de premier ordre dans la résistance. Les prisonniers palestiniens ne luttent pas seulement pour améliorer leurs conditions de détention, mais ils agissent également au nom de la lutte de tous les Palestiniens pour la justice et l’autodétermination. Cette résistance témoigne de l’organisation parfaite des prisonniers pendant leur incarcération, malgré la férocité du système carcéral colonial.  Une des formes majeures de résistance et de protestation dans les prisons est la grève de la faim. Souvent organisées en coordination avec des manifestations à l’extérieur, les différentes grèves de la faim se sont avérées très efficaces. Elles ont permis de gagner de nombreuses batailles pour les prisonniers et de populariser la cause palestinienne. Parmi les plus importantes grève de la faim, on peut citer la grève ouverte de Asqalan (1976) qui dura 45 jours, s’étendit à toutes les prisons, celle de Jneid (1987) qui s’étendit à toutes les prisons et dura 20 jours, et la grève générale de 2004 qui dura 19 jours. Le dernier appel à la grève générale des prisonniers date d’avril 2010. Le mouvement a été suivi dans l’ensemble des prisons sionistes. Les prisonniers protestent, entre autres, contre les conditions inhumaines imposées à leurs familles lors des visites, contre la suppression d’accéder à des moyens d’information indépendants, pour l’autorisation de passer les examens du baccalauréat pour tous, et enfin pour le suivi régulier des prisonniers malades et gravement atteints, suite aux mauvais traitements et aux négligences médicales intentionnelles.

 Parmi les plus grandes victoires des prisonniers, il faut particulièrement insister sur celles qui ont permis de transformer les prisons et les centres de détention en bastions révolutionnaires, en écoles et universités. L’enseignement et l’éducation étant une priorité pour les prisonniers palestiniens, ils ont dû mener des grèves de la faim pour obtenir des cahiers et des crayons, ainsi que le droit de faire entrer des livres. Depuis toujours, les prisonniers se forment par eux-mêmes grâce à la lecture et au débat. Des formations collectives sont aussi mises en place, principalement sur des questions politiques. Une attention spéciale est portée aux moyens de résister lors des interrogatoires et au comportement à adopter avec l’administration carcérale. Des séances d’alphabétisation sont assurées. L’enseignement de l’hébreu et de l’anglais est aussi très présent pour maîtriser la langue de l’oppresseur. Chaque organisation de la résistance développe son propre programme de formation en fonction de sa vision politique et idéologique, mais des échanges existent via le prêt de livres, des débats organisés lors des « promenades » et la rédaction de revues collectives. Des bibliothèques ont été constituées.

 Le droit de s’inscrire à l’université par correspondance a été arraché grâce à la grève de la faim de 1992. Même si les autorités carcérales ne les ont autorisés qu’à s’inscrire uniquement aux universités de l’occupant, des centaines de prisonniers ont, depuis, poursuivi des études universitaires dans différents domaines. Le défi est inégalé : des prisonniers vont jusqu’à soutenir leur mémoire ou leur thèse de doctorat par le biais des téléphones portables qu’ils ont fait entrer clandestinement en prison.

Ainsi le 16 août 2003, le prisonnier Nasir Abdel Jawad, 38 ans, a soutenu sa thèse de doctorat par téléphone de l’intérieur de la prison de Meggido, devant un jury composé de professeurs de l’université nationale d’al-Najah. Ce fut une première en Palestine, et probablement dans le monde.

Cette expérience collective de Résistance derrière les barreaux est exemplaire en ce sens que les Palestiniens ont su rester debout, même dans les pires conditions de la prison coloniale.

Honneur aux martyrs des grèves de la faim dans les prisons sionistes.

– Abdel Qader Jabir Ahmad Abu Al-Fahim, from Jabalia RC, Gaza, killed on 11.05.1970 during the Asqalan hunger strike.

– Rasim Mohammad Halaweh, from Jabalia RC, Gaza, killed on 20.07.1980 during the Nafha hunger strike.

– Ali Shehadeh Mohammad Al-Ja’fari, from Dheisheh RC, Gaza, killed on 24.07.1980 during the Nafha hunger strike.

– Anis Mahmoud Douleh, from Qalqilia, killed on 31.08.1980 in Asqalan

– Ishaq Mousa Al-Maraghah, from Silwan, Jerusalem, killed on 16.11.1983 in Beir Al-Sabi’

– Hussein As’ad Ubeidat, from Jerusalem, killed on 04.10.1992 during the Asqalan hunger strike.

Comité Action Palestine

Le Comité Action Palestine édite chaque année un calendrier  rassemblant articles et photos sur un thème particulier ; il a été consacré en 2011 aux prisonniers « Les prisonniers, combattants de la liberté » . « La résistance ne s’emprisonne pas » a été publié pour le mois de avril 2011.

 

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