Soutenir la lutte des prisonniers détenus dans les geôles sionistes (Février 2013 : N°4)
le 10/2/2013 21:00:00 (211 lectures) |
« Rien ne symbolise mieux que la prison coloniale la lutte à mort qui se joue entre colon et colonisé. Si la prison est l’éventualité certaine du résistant, la résistance est aussi l’horizon du prisonnier. C’est ce qu’attestent les luttes menées au sein même des geôles sionistes. Les prisonniers sont les martyrs, mais non les victimes de la résistance. Ils en sont les acteurs. Lutter contre la détention administrative et les conditions carcérales, c’est aussi lutter pour que la résistance continue, c’est lutter pour que la société continue d’exister. Parce que le combat des prisonniers est toujours un combat politique, le statut de prisonnier constitue, par conséquent, un repère fondamental de l’identité nationale palestinienne. C’est pourquoi la libération inconditionnelle de tous les prisonniers, palestiniens et arabes, est une revendication centrale de la cause palestinienne. Cette chronique, produite par Rim al-Khatib, se veut être l’écho de cette lutte. Depuis début 2012, les prisonniers en détention administrative ont lancé un mouvement ininterrompu de grève de la faim. Actuellement Samer ‘Issawi est en grève de la faim depuis plus de 5 mois (150 jours) ». « Nés libres, nous le resterons »
Soutenir la lutte des prisonniers détenus dans les geôles sionistes
Février 2013 : N°4
I – Abolir la détention « administrative »
L’occupant a pris la décision de laisser mourir les prisonniers grévistes de la faim, à moins qu’il ne ressente le danger d’une confrontation militaire, notamment en provenance de la bande de Gaza, où le mouvement du Jihad islamique a menacé l’occupant sioniste de rompre la trêve implicite entre la résistance et l’occupant si l’un des prisonniers tombait. En même temps, de multiples cellules de la résistance palestinienne sont entrées en action en Cisjordanie occupée pour kidnapper un soldat ou colon, en vue de l’échanger avec les prisonniers. C’est ce qu’indique en tout cas l’occupant qui a multiplié les arrestations de Palestiniens. C’est aussi cette effervescence en Cisjordanie occupée qui peut peser sur la décision sioniste, celle de libérer les grévistes de la faim. Il faut également ajouter le mouvement de lutte qui s’organise à l’intérieur même des prisons, soit autour de revendications spécifiques, soit autour du soutien aux grévistes de la faim. Mais jusqu’à présent, malgré la gravité de l’état de santé des prisonniers grévistes, le mouvement de solidarité, en Palestine et dans le monde, reste timide. Des initiatives sont prises ici et là, mais restent peu efficaces pour d’une part, informer l’opinion internationale sur le mouvement de la lutte des prisonniers et d’autre part, mener une large campagne pour abroger la détention administrative.
Le prisonnier Akram Rikhawi, qui devait être libéré à la fin du mois de janvier, après une longue grève de la faim, a repris la grève de la faim illimitée pour réclamer sa liberté. Akram Rikhawi avait reçu l’assurance des autorités sionistes, que sa détention ne serait pas renouvelée s’il cessait sa grève de la faim. Or il n’a pas été libéré.
La santé du combattant prisonnier Samer Issawi est en détérioration constante. Sa famille et son peuple attendent d’un moment à l’autre l’annonce de son martyre. Samer a décidé d’offrir sa vie pour la liberté des prisonniers et l’abrogation de la détention administrative.
Le combattant Ayman Sharawneh a été transféré du centre d’isolement de la prison Eshel dans Beer Saba’, dans al-Naqab, vers l’hôpital de la prison de Ramleh. Il a été de nouveau transféré vers l’hôpital Soroka, dans al-Naqab, et retourné dans une cellule d’isolement dans la prison de Ramleh. Les autorités de de l’occupation visent, par ces déplacements incessants d’un prisonnier en grève de la faim, à faire pression sur lui, pour qu’il arrête sa lutte et pour susciter des doutes quant à sa décision de poursuivre la grève.
Le prisonnier Youssef Shaabane (33 ans) a cessé la grève de la faim, à cause de la détérioration de son état de santé, apès deux mois de lutte. Il a été immédiatement transféré à la prison de Meggido, au lieu d’être suivi médicalement, et privé de la visite de son avocat.
Le prisonnier combattant Bassam Diab a été condamné à la détention administrative pour 6 mois. Bassam Diab est le frère de Bilal Diab, qui avait mené une longue grève de la faim, en tant que détenu administratif, et fut finalement libéré. Bassam Diab avait participé à la mobilisation populaire de soutien aux grévistes. Plusieurs fois prisonnier (6 ans en tout), Bassam Diab a été arrêté lors de la rafle contre les membres du mouvement du Jihad islamique en Cisjordanie occupée, il y a trois semaines.
La détention administrative du député Bassem Zaarir (51 ans) a été prononcée pour 6 mois. Le député Zaarir a été élu dans la province d’al-Khalil. Il a à nouveau été arrêté le 23 novembre dernier avec 5 autres députés pour incitation contre l’occupation.
« Rien, aucune pression, aucune punition, aucun acte de l’occupation ne nous empêcheront de poursuivre notre lutte pour arracher notre liberté et dignité et nos droits légitimes. Même si chaque partie de notre corps tombe en morceaux, même si l’un de nos yeux lorgne vers une telle « solution », nous le crèverons », ont déclaré les combattants prisonniers, Tareq Qaadane et Jaafar Izzidine. Devant leur état alarmant, les autorités de l’occupation ont emmené les deux cadres dirigeants du mouvement du Jihad islamique à l’hôpital, où il leur fut injecté du sérum par voie intraveineuse. Ils ont été à nouveau transférés à l’hôpital-prison de Ramleh (29 janvier).
Le mouvement du Jihad islamique en Palestine est décidé à rompre la trêve et à lancer ses fusées sur l’entité de l’occupation si l’un des prisonniers grévistes décède.
Au cours de la journée du 25 janvier 2013 que le mouvement avait décrétée « journée de la solidarité avec les prisonniers grévistes de la faim », le vice secrétaire général du Jihad islamique, Ziyad Nakhalé, a déclaré, s’adressant à tous ceux qui, en Cisjordanie, à Gaza, dans les territoires occupés en 48 et dans l’exil, ont activement participé à cette journée : « En ce jour béni, nous sommes debout, unis autour d’une seule cause, nous proclamons tous ensemble que nous sommes avec nos héroïques prisonniers qui ont transformé leurs corps en épées contre la tyrannie de l’occupation et ses appareils sécuritaires, en défense de leur dignité et de leur humanité, et pour en finir avec la persécution sioniste incessante de notre peuple et la pratique des arrestations de nos combattants et de nos combattantes.
Vos fils et vos frères ont livré leurs corps en signe de volonté, de victoire et de sacrifice, pour affirmer au monde entier qu’ils sont déterminés à vaincre la défaite, la peur et l’humiliation. Ils sont vainqueurs par leur volonté contre l’hésitation et la compromission. Ils suivent une voie qu’ils connaissent et qu’ils ont déjà empruntée et par laquelle ils ont déjà réalisé des acquis énormes sur le chemin de la liberté, comme l’a fait le grand combattant Khodr Adnane, les frères Bilal et Thaer et la sœur Hana’. Aujourd’hui, il s’agit d’une nouvelle phase de la lutte et de la résistance, menée par les chevaliers de ce peuple, qui s’élèvent au rang de symboles d’une volonté inébranlable, Samer Issawi, Ayman Sharawneh, le dirigeant combattant Tareq Qaadane, le dirigeant combattant Jaafar Izzidine et le combattant Youssef Shaabane et le combattant Akram Rikhawi. Nous les nommons, un par un, car ils méritent qu’on soit avec eux, et qu’on les aime, parce qu’ils sont notre âme. Ils ont transformé la bataille des « ventres creux » en bataille de la dignité et de la fierté face à Israël, et nous devons parler de la bataille de la volonté, pour briser cette arrogance sioniste…
A notre grand peuple, ceux qui se tiennent aujourd’hui aux côtés de leurs fils et frères combattants, doivent savoir qu’ils empruntent le chemin vers l’unité de notre peuple sous la bannière de la lutte, et de ces épées brandies face à Israël.. Que s’élargisse le mouvement de la solidarité jusqu’à couvrir toute la Palestine et le monde… C’est là le critère de sérieux de ceux qui parlent de l’unité du peuple et de la géographie.. Ces dirigeants (prisonniers) sont une dette et un devoir que nous devons accomplir. Nous devons nous mobiliser pour leur dignité. A cette occasion, nous appelons l’ensemble du peuple palestinien et des peuples arabes à préserver un haut degré de mobilisation aux côtés de la cause des prisonniers.
Quelles que soient les circonstances et les alliances maléfiques, la volonté des peuples est indéniablement plus forte et plus puissance que celle du geôlier qui emprisonne encore des milliers de nos héros. Hommage à tous ceux-là qui dessinent, par leur ténacité, patience, fermeté et volonté, la carte de la Palestine.
De son côté, le dirigeant Khaled al-Batch : « Le mouvement du Jihad islamique ne restera pas inactif si l’un de nos prisonniers décède, suite à la négligence médicale de l’occupation envers les prisonniers », appelant les organisations de la résistance à adopter une stratégie commune qui inclut la libération de tous les prisonniers.
2 – La Croix Rouge Internationale accusée de collaboration avec l’entité sioniste
Le prisonnier libéré Fouad Razem, originaire de la ville d’al-Qods et refoulé vers la bande de Gaza, lors de l’accord d’échange d’octobre 2011, a nettement accusé le CICR de servir les intérêts de l’entité sioniste, au lieu de se tenir à distance entre l’occupation et les prisonniers. Le CICR refuse de soutenir la lutte des prisonniers grévistes de la faim alors qu’il avait dénoncé la capture du soldat sioniste en 2006. Fouad Razem a indiqué le mutisme du CICR quant à la grève des prisonniers, et son refus de dénoncer les détentions administratives, qui s’apparentent à une torture psychologique et qui visent à humilier le peuple palestinien. De plus, le CICR a été mis en cause parce qu’il avait arraché les photos des prisonniers grévistes de la faim, que les familles des prisonniers avaient accrochées devant son siège. En colère, les familles ont décidé de boycotter les services du CICR, d’autant plus, comme l’explique la prisonnière libérée Fatima Zekk, qu’il a toujours appliqué les directives de l’occupation.
3 – Libéré
Le prisonnier Muhammad Abdallah Titi (41 ans) du camp de Balata, à Nablus, à été libéré après avoir été détenu pendant 10 ans pour résistance à l’occupation. Son frère Saoud (29 ans) est toujours prisonnier, condamné à 16 ans de prison. Les autorités carcérales ont refusé toute demande de rencontre des deux frères, sauf pour une journée, dans la prison Ramon.
4 – Enfants prisonniers
Le bulletin mensuel de « Defence for Children International – Palestine section » signale une augmentation de 9,6% du nombre des enfants traduits devant les tribunaux militaires sionistes au mois de décembre, et une augmentation de 9,5% des enfants arrêtés âgés entre 12 et 15 ans. En 2012, environ 600 enfants palestiniens ont été arrêtés par l’armée de l’occupation. Au mois d’octobre 2012, Mujahed S. âgé de 17 ans, est arrêté au barrage militaire à l’entrée de son village Beyta. Il est emmené au centre d’interrogatoire de Jalameh et mis en isolement total pendant 29 jours. Adham D., âgé de 17 ans, est arrêté à Nablus et emmené au même centre, et mis en isolement pendant 12 jours.
5 – L’Autorité Palestinienne de Ramallah poursuit les prisonniers libérés
Les services sécuritaires de l’AP ont arrêté le combattant libéré Mu’tazz Faraj Abido, 33 ans, dans la ville d’al-Khalil, en Cisjordanie, de manière sauvage et inhumaine, ne tenant pas compte de son handicap. Combattant du mouvement du Jihad islamique, le prisonnier libéré Mu’tazz souffre d’un handicap partiel depuis son arrestation en 2012 puis détention pendant 4 mois, par les forces de l’occupation, qui avaient refusé de soigner ses blessures. Malgré son handicap, Mu’tazz a participé à toutes les manifestations de soutien aux prisonniers grévistes de la faim.
6 – Intimidation et terreur
Les forces de l’occupation ont arrêté la mère d’un prisonnier appartenant au mouvement du Jihad islamique, Jamila Afif Ubayd, 70 ans, de ‘Arraba, près de Jénine, ainsi que sa fille, lors de la visite du combattant Abed Mahmoud Ubayd (33 ans) condamné à 27 ans de prison. Elles ont été interdites de visite et la mère du prisonnier a été emmenée au centre d’interrogatoire de Jamaleh. Quelques heures plus tard, elle est relâchée.
Les nombreuses incursions de forces spéciales dans les prisons de l’occupation ont augmenté la tension entre prisonniers palestiniens et autorités carcérales. Les résistants prisonniers commencent à s’organiser pour mener une lutte et réclamer le respect des accords signés par l’Etat sioniste lors de l’échange des prisonniers, en octobre 2011, avec l’Egypte. Tous les points de l’accord sont en train d’être violés par l’occupation, l’isolement des prisonniers, l’autorisation d’étudier, la fin de la répression, l’arrestation des prisonniers libérés.
7 – Portrait
Nader Sadaqa est un combattant palestinien pour la liberté et la libération de la Palestine. Il appartient à la communauté samaritaine (de confession juive) qui vit à Nablus. Détenu depuis le 17 août 2004, en plein combat contre l’occupation, il est condamné à 6 perpétuités et 38 ans, dans la prison de Gilboa.
Samer appartient au Brigades Abu Ali Mustafa, du FPLP. Lors de l’Intifada al-Aqsa, il rejoint la résistance armée, avec pour mot d’ordre : « nous sommes « la montagne de feu » (nom populaire de Nablus) et quiconque nous agresse, nous le réduisons en cendres ». Il a dirigé et mené plusieurs opérations armées contre l’occupation. Ses amis et notamment Samer Abou Siz, samaritain comme lui et prisonnier libéré lors de l’accord d’échange en octobre 2011, reconnaissent qu’en prison, le combattant Samer Sadaqa a toujours recherché l’unité avec toutes les formations de la résistance, disant : « l’occupation nous attaque en tant que peuple, et nous devons lui résister uni ».
La mère du combattant Sadaqa raconte que le jour de son arrestation, les occupants ont manifesté une grande joie, et parce qu’il est de confession juive, ils se sont défoulés contre « ce samaritain qui les défiait », lui faisant subir toutes sortes de tortures. Pour l’occupant, il s’agissait de donner une leçon inoubliable aux Samaritains de la Palestine. Mais d’après les souvenirs de sa mère, Samer répétait toujours : « leur volonté n’est pas plus forte que notre patience et notre fermeté ».
8 – Solidarité
A Gaza et en Cisjordanie
Au cours d’une manifestation de solidarité avec les prisonniers grévistes de la faim, à Arrabe, près de Jénine, sheikh Khodr Adnan a annoncé que plusieurs prisonniers détenus dans la prison de Meggido ont entamé une grève de la faim de trois jours en solidarité.
Les associations de solidarité organisent quotidiennement des sit-ins devant les sièges de la Croix-Rouge, à Gaza et à Ramallah. Ces sit-ins sont boudés par les médias internationaux et par une grande partie des médias arabes. Les organisations de la résistance réunies dans un conseil pour la solidarité avec les prisonniers réclament l’ouverture d’une enquête internationale concernant la mort des détenus palestiniens, notamment le martyr Abou Dhray, qui semble avoir été victime des essais pharmaceutiques sur les prisonniers palestiniens.
Le FDLP installe des tentes de la solidarité avec les prisonniers
Dans le camp de Ayn El Helwé, le FDLP a installé une tente de la solidarité avec le prisonnier gréviste de la faim, Samer Issawi. Il a également installé une tente à Wadi Zeina, dans le Chouf (Liban) appelant à un large mouvement de solidarité pour faire pression sur l’Etat sioniste.
L’Autorité Palestinienne et les prisonniers grévistes
Ira-t-elle jusqu’à réclamer une session du Conseil de sécurité de l’ONU pour discuter de la gravité de la situation des prisonniers palestiniens ? C’est ce que promet Issa Karakae, ministre aux affaires des prisonniers de l’AP à Ramallah. Le ministre des AE de l’Autorité a adressé une lettre au président du Conseil de sécurité réclamant « de punir Israël pour les actes inhumains qu’il commet envers les prisonniers ».
A cours d’un rassemblement tenu à Ramallah, en soutien aux prisonniers, Issa Karakae a déclaré que les autorités égyptiennes font des efforts importants pour la libération des prisonniers palestiniens grévistes de la faim. Les autorités égyptiennes négocient à nouveau ce dossier avec l’occupant.
A Trablos, dans le nord du Liban, plusieurs initiatives de solidarité avec la lutte des prisonniers palestiniens : un match de foot et une journée de solidarité à l’école al-Nour, où les élèves ont écrit des messages aux prisonniers grévistes.
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