Soutenir la lutte des prisonniers détenus dans les geôles sionistes (Janvier 2013 : N°2)

1 683 vues
image_pdfimage_print
le 16/1/2013 18:20:00 (328 lectures)

 

« Rien ne symbolise mieux que la prison coloniale la lutte à mort qui se joue entre colon et colonisé. Si la prison est l’éventualité certaine du résistant, la résistance est aussi l’horizon du prisonnier. C’est ce qu’attestent les luttes menées au sein même des geôles sionistes. Les prisonniers sont les martyrs, mais non les victimes de la résistance. Ils en sont les acteurs. Lutter contre la détention administrative et les conditions carcérales, c’est aussi lutter pour que la résistance continue, c’est lutter pour que la société continue d’exister. Parce que le combat des prisonniers est toujours un combat politique, le statut de prisonnier constitue, par conséquent, un repère fondamental de l’identité nationale palestinienne. C’est pourquoi la libération inconditionnelle de tous les prisonniers, palestiniens et arabes, est une revendication centrale de la cause palestinienne.
Cette chronique, produite par Rim al-Khatib, se veut être l’écho de cette lutte. Depuis début 2012, les prisonniers en détention administrative ont lancé un mouvement ininterrompu de grève de la faim. Actuellement Samer ‘Issawi est en grève de la faim depuis plus de 5 mois (150 jours) ».

« Nés libres, nous le resterons »

Soutenir la lutte des prisonniers détenus dans les geôles sionistes

Janvier 2013 : N°2

I – Abolir la détention « administrative »

Plusieurs prisonniers mènent la grève de la faim illimitée pour réclamer l’abolition de la détention « administrative », forme de détention arbitraire qui menace l’ensemble du peuple palestinien. La détention dite administrative est une forme de torture psychologique puisque son renouvellement est souvent prononcé quelques heures seulement avant le moment de la libération prévue.

AymanPour la deuxième fois consécutive, Ayman Sharawneh a momentanément arrêté sa grève, suite à la promesse reçue de revoir son dossier. Sa famille juge son état de santé très préoccupant, puisque Ayman a persisté dans sa grève de la faim pendant 6 mois consécutifs. Après avoir brutalisé Samer Issawi et sa famille dans les locaux du tribunal militaire, la famille de Samer Issawi, qui poursuit sa grève de la faim depuis 165 jours, est placée en état de siège. Les forces de l’occupation ont même démoli la maison de son frère Ra’fat, située dans le quartier Issawiya dans al-Qods, et coupé l’eau qui alimente la maison familiale. L’occupation croit ainsi faire pression sur le gréviste de la faim. Sheikh Khodr Adnan a commenté : « l’occupant se venge parce qu’il est devenu impuissant. Il a donné ordre à la municipalité sioniste d’al-Qods de détruire la maison et de couper l’eau. »

L’épouse de Jaafar Izzidine poursuit la grève de la faim, en solidarité avec le mouvement lancé par les prisonniers détenus administratifs, Jaafar Izzidine, Tareq Qaadan et Youssef Shaabane, qui réclament leur libération immédiate et mènent la grève de la faim depuis 47 jours. Les trois prisonniers résistants (appartenant au mouvement du Jihad islamique) ont été emmenés à la prison Ramleh, où se trouve une sorte d’hôpital, à cause de la détérioration de leur état de santé. C’est la bataille « pour la dignité des Palestiniens » qui se poursuit. Les prisonniers grévistes ont décidé de poursuivre le mouvement juqu’à leur libération. Vendredi 11 janvier, les trois prisonniers ont été placés en isolement. Tareq Q aadan a déclaré : « nous refusons la soumission à l’arbitraire des hommes du Shabak (services de renseignements de l’occupation), ces arrestations ne fixent pas notre destinée, nous ne plierons pas, nous refuserons la détention administrative, de toutes nos forces ».

La campagne pour l’abolition de la « détention administrative » doit s’élargir. La pression internationale, le boycott des institutions sionistes, la campagne médiatique pour la libération des prisonniers, doivent s’intensifier. Ne laissez pas les prisonniers mourir ! Participez à la bataille pour leur libération !

2 – Statistiques

Le centre d’études consacré aux prisonniers palestiniens vient d’annoncer que les prisonniers palestiniens détenus depuis plus de 20 ans dans les prisons sionistes s’élève à 72. Le prisonnier Ahmad Ali Arida de Arraba, Jénine (42 ans) détenu depuis le 4/1/1993 et condamné à 20 ans de prison, et le prisonnier Mahmoud Jamil Abou Srour (41 ans) du camp Aïda au nord de Beit-Lahem, arrêté depuis le 5/1/1993, et condamné à la prison à vie, ont rejoint la liste des prisonniers détenus depuis plus 20 ans et plus. Deux frères du prisonnier Ahmad Arida sont également prisonniers, dont Mahmoud Arida, condamné à perpétuité. Le prisonnier Abou Srour a obtenu sa licence et son diplôme d’études supérieures en études politiques. Il est interdit, soi-disant pour raisons sécuritaires, des visites familiales.

téléchargement (1)Le nombre de prisonniers détenus depuis 25 ans et plus s’est élevé à 23 prisonniers. Le prisonnier appartenant au FPLP, Yassin Abou Khdeir, de la ville d’al-Qods, est prisonnier depuis le 27/12/1987. Il est condamné à 28 ans de prison pour résistance à l’occupation. Le plus ancien prisonnier palestinien détenu dans les prisons sioniste est le prisonnier Karim Younes, des territoires occupés en 1848, détenu depuis le 6/1/1983. A l’occasion du début de sa 30èmeannée de détention, le doyen des prisonniers Karim Younes a adressé une lettre très amère au Fateh, auquel il appartient.

3 – 12 députés palestiniens toujours détenus

Parmi eux, 7 députés en « détention administrative », sans aucune charge, uniquement par vengeance. Il s’agit des députés Mahmoud Ramhi, Fathi Qar’awi, Yasser Mansour, Bassem Za’arir, ‘Imad Nofal, Hassan Youssef et Nayef Rajoub. Pami les ministres toujours en détention, Wasfi Qubbaha, ancien minisre chargé des prisonniers, ‘Issa Ja’bari et Khaled ‘Arfa, ministre chargé d’al-Qods. L’Etat sioniste avait arrêté 51 députés et ministres après les élections législatives de l’Autorité palestinienne en 2006. Ils furent accusés d’appartenir au bloc du « changement et de la réforme », lié au Hamas, que l’occupant avait interdit. Le renouvellement de leur détention « administrative » a été maintes fois prononcé par les tribunaux militaires sionistes. Les députés Ahmad Saadate, Jamal Tirawi et Marwan Barghouti furent « jugés » et condamnés par les tribunaux militaires.

4 – Prisonnières palestiniennes en lutte

Lina Jarbouni, prisonnière originaire de Palestine 48, qui devait être libérée dans le cadre de l’accord d’échange en octobre 2011, a refusé toute démarche en direction des autorités carcérales, en protestation au refus de l’administration pénitentiaire sioniste de réduire sa détention du tiers, ce qui se fait en général pour les prisonniers palestiniens de 48, après plusieurs années d’incarcération. Lina Jarbouni, accusée d’appartenir au mouvement du Jihad islamique, a participé au mouvement de la grève de la faim au printemps dernier en soutien à la campagne pour l’abolition de la détention administrative. Lina Jarbouni a été arrêtée en 2002 et subi un interrogatoire sauvage pendant un mois. Elle a été condamnée à 17 ans de prison. Bien que malade, les autorités carcérales refusent de la faire soigner. Lina Jarbouni est représentante des prisonnières auprès de l’administration pénitentiaire. Dans la prison Hasharon où elle est incarcérée, se trouvent également : In’am Hasanat, du camp Dheishé, Alaa Ju’bi, d’al-Khalil, Salwa Hassan d’al-Khalil, Hadeel Abu Turki d’al-Khalil, Asmaa Batrane, d’al-Khalil, Noura Abou Wardé d’al-Khalil, Muna Qaadan, sœur de Tareq Qaadan, en grève de la faim, de Jénine, Nawal Saadi, de Jénine et Manar Zahawra de Beit-Lahem.

Par ailleurs, l’état de santé de la prisonnière Nawal Saadi (53 ans), épouse de sheikh Bassam Saadi, tous les deux cadres du mouvement du Jihad islamique en Palestine, et détenus administratifs, suscite la crainte de sa famille. Mère de deux martyrs tombés au cours de la bataille de Jénine en 2002, Nawal Saadi souffre de tension élevée. Elle a été arrêtée le 5 novembre 2012 et est détenue dans la prison de Hasharon. L’occupation a plusieurs fois ajourné la séance de son « jugement ».

67 femmes ont été arrêtées au cours de l’année 2012, plusieurs d’entre elles en tant que « prisonnières administratives ».

5 – Portrait

Le prisonnier Mohammad Abu Ara (Abu Abada) est né à Aqaba, dans la province de Jénine, en Cisjordanie, le 28 avril 1961. Il poursuit ses études secondaires puis universitaires, à Toubas puis en Jordanie, et obient son diplôme en « Fondements de la religion » en 1985. En 1996, son fils cadet tombe martyr.

Abu Abada a été emprisonné 6 fois, au total 61 mois. Il est toujours en « détention administrative » depuis le 29 juillet 2011. Sa première détention fut du 14/12/1990 au 20/3/1991. Sa troisième détention fut la plus pénible, à cause de l’interrogatoire subi pendant 65 jours, où il fut sauvagement torturé, gardant les séquelles jusqu’à présent (cardiaque). Il fut arrêté le 29/7/2011 par les forces de l’occupation alors qu’il se trouvait dans sa maison, à Aqaba. Son père décède, le cœur meurtri de n’avoir pas vu son fils, à son chevet. Dans une lettre adressée à sa famille, Abu Abada décrit les traitements « sadiques » des gôliers et les maux qui rongent son corps et les corps de centaines de prisonniers, livrés au froid et à l’humidité des cellules de la prison de Meggido. Il y décrit son transfert à l’hôpital de Afoula, lorsque son état de santé empire, les pieds et les mains liés, et enchaîné. Dans l’hôpital, les chaînes relient ses pieds au lit, trois policiers le surveillent. Il est tansféré en salle d’opérations toujours enchaîné, où il subit une intervention chirurgicale au cœur. Dans la salle de repos, il est de nouveau enchaîné au lit, sans pouvoir bouger. Ce sont les conditions dans lesquelles les occupants sionistes soignent les prisonniers palestiniens.

6 – le poète Tahrir Barghouty : 12 ans de prison

Le poète Tahrir Khalil Isma’il Barghouty (44 ans) du village de Qobar, dans la province de Ramallah, entame sa douzième année de détention. Autour de plusieurs recueils de poèmes, il a été accusé par l’occupant d’acitvités hostiles à l’occupation. Son poème « Malgré les chaînes, ils ont échoué » a été offert à tous les prisonniers dans les prisons sionistes. Des centaines d’intellectuels, poètes, romanciers, professeurs, écrivains et journalistes palestiniens font partie de cette élite résistante, emprisonnée par l’occupation.

7 – Solidarité

Bien que de nombreux commentateurs aient signalé la faible mobilisation de la population palestinienne avec les prisonniers en grève de la faim, et trouvé des explications à cela (division inter-palestinienne, problèmes quotidiens, absence de perspectives, entre autres), la solidarité avec les prisonniers grévistes de la faim se poursuit en Palestine : dans le village de ‘Arraba, province de Jénine, une manifestation hebdomadaire mobilise la population qui réclame l’abolition de la détention administrative : sheikh Khodr Adnane et Bilal Diab (anciens détenus administratifs appartenant au mouvement du Jihad islamique, ayant réussi à recouvrer leur liberté grâce à la grève de la faim) en sont les principaux acteurs. A Gaza, un rassemblement hebdomadaire des familles de prisonniers et des forces politiques et associations de solidarité se tient devant les locaux de la Croix-Rouge Internationale pour rappeler à cette institution internationale le sort réservé aux prisonniers, et surtout son inaction et soumission aux autorités de l’occupation. A Londres (Grande-Bretagne), un rassemblement a été organisé en soutien aux prisonniers grévistes de la faim. Les participants ont réclamé à la chaîne BBC de couvrir médiatiquement la situation des prisonniers et leurs luttes. Une délégation des associations des Palestiniens de 48 s’est récemment rendue en Irlande et Grande-Bretagne pour expliquer la situation des prisonniers palestiniens de 48 et réclamer le soutien le plus large à leur cause.

8 – Mahmoud Abbas refuse de rencontrer la mère de Samer Issawi

Ayant considéré qu’un président a la charge de protéger et de défendre son peuple, la mère de Samer Issawi, prisonnier administratif en grève de la faim depuis plus de 160 jours, a décidé de se rendre chez Mahmoud Abbas, pour lui demander de réclamer la libération de son fils, puisque le nouveau statut international de l’Autorité Palestinienne, lui aurait ouvert les portes de la « communauté internationale ». Après avoir passé plusieurs heures aux barrages et après être finalement arrivée à la Mouqataa de la présidence de l’Autorité, Mahmoud Abbas a refusé de recevoir la mère de Samer Issawi, lui faisant juste passer ce message : « demande à ton fils d’arrêter la grève de la faim ! » Sans commentaire !!!

print