Soutenir la lutte des prisonniers détenus dans les geôles sionistes (mai 2013 : N°13)

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« Rien ne symbolise mieux que la prison coloniale la lutte à mort qui se joue entre colon et colonisé. Si la prison est l’éventualité certaine du résistant, la résistance est aussi l’horizon du prisonnier. C’est ce qu’attestent les luttes menées au sein même des geôles sionistes. Les prisonniers sont les martyrs, mais non les victimes de la résistance. Ils en sont les acteurs. Lutter contre la détention administrative et les conditions carcérales, c’est aussi lutter pour que la résistance continue, c’est lutter pour que la société continue d’exister. Parce que le combat des prisonniers est toujours un combat politique, le statut de prisonnier constitue, par conséquent, un repère fondamental de l’identité nationale palestinienne. C’est pourquoi la libération inconditionnelle de tous les prisonniers, palestiniens et arabes, est une revendication centrale de la cause palestinienne.Cette chronique, produite par Rim al-Khatib, se veut être l’écho de cette lutte. Depuis début 2012, les prisonniers en détention administrative ont lancé un mouvement ininterrompu de grève de la faim. Actuellement Samer ‘Issawi est en grève de la faim depuis plus de 5 mois (150 jours) »

« Nés libres, nous le resterons »

Soutenir la lutte des prisonniers détenus dans les geôles sionistes

mai 2013 : N°13

Les prisonniers jordaniens détenus dans les geôles de l’occupation mènent la grève de la faim illimitée pour réclamer l’attention de la part des autorités jordaniennes, dont des visites médicales régulières et surtout des efforts de la part du gouvernement pour les libérer. Depuis le 2 mai, le dirigeant résistant Abdallah Barghouty (condamné à 67 perpétuités ), d’origine palestinienne et détenant un passeport jordanien, participe également à cette lutte. Aussitôt après avoir annoncé sa participation alors qu’il est détenu dans la prison de Gilboa, les autorités carcérales l’ont isolé dans une cellule individuelle. Dans une lettre envoyée à la presse, les prisonniers jordaniens réclament également la vérité sur le sort de dizaines de Jordaniens disparus dans les geôles de l’occupation sioniste et les corps des martyrs que l’Etat de l’occupation confisque jusqu’à présent. Le comité jordanien de soutien aux prisonniers affirme que 27 jordaniens sont détenus par les forces de l’occupation, et qu’il y a 29 « disparus ».

Les prisonniers égyptiens détenus dans les prisons de l’occupation, et dont le nombre s’élèverait à 56 prisonniers, menacent d’entamer la grève de la faim, pour réclamer leur libération. Parmi eux, se trouvent plusieurs enfants, selon le président de l’association égyptienne pour les droits de l’homme, Mahmoud Badawi. Les prisonniers égyptiens se plaignent du désintérêt des autorités égyptiennes envers leur sort, au moment où les sionistes, dont le père du soldat Shalit, organisent des manifestations pour faire libérer l’espion sioniste Tabarin, détenu dans les prisons égyptiennes.

I – Abolir la détention « administrative »

Le prisonnier Ayman Abu Daoud poursuit la grève illimité de la faim, pour protester contre son arrestation et sa condamnation dans les mêmes termes qu’avant sa libération, dans l’opération d’échange d’octobre 2011. Il avait été arrêté pour la première fois en 2004, et condamné à 36 ans de prison. Libéré dans le cadre de l’échange avec le soldat Shalit, il a été de nouveau arrêté le 13/2/2012.

Le prisonnier Ayman Issa Mohammad Hamdan, 30 ans, de Bethlehem, a entamé la grève illimitée de la faim pour protester contre la détention « administrative », et ce à partir du 28 avril 2013. Ayman est détenu depuis le 21 août 2012, sans aucune condamnation ou accusation précise.

2 – Libérer les prisonniers malades

Nombreux sont les prisonniers dont l’état de santé s’est détérioré depuis leur arrestation, à cause des conditions insalubres et inhumaines de leur détention. D’autres prisonniers, blessés au cours de leur arrestation, n’ont pas été correctement soignés par les autorités de l’occupation. Ils subissent des amputations des membres blessés, après plusieurs mois de négligence. D’autres encore furent arrêtés et détenus, alors qu’ils étaient malades, et étaient suivis par des médecins, et prenaient des remèdes. L’occupant les a privés des visites médicales et des remèdes. Leur état de santé s’est alors détérioré. La « communauté internationale » et les associations prétendant défendre les droits de l’homme n’ont jamais condamné la négligence médicale intentionnelle des autorités de l’occupation envers les prisonniers palestiniens. Depuis des dizaines d’années, les associations de la solidarité avec les prisonniers lancent des appels pour sauver tel ou tel prisonnier malade, mais en vain ! Le monde est sourd quand il s’agit de la Palestine, et plus particulièrement des résistants prisonniers palestiniens détenus dans les geôles de l’occupation. Des dizaines de prisonniers malades sont décédés en prison ou juste après leur libération, souvent précipitée d’ailleurs, pour ne pas en supporter les conséquences. Des nouvelles récentes en provenance des prisons signalent que les autorités carcérales réclament à présent que les prisonniers paient eux-mêmes le prix des interventions chirurgicales nécessaires, voulant faire payer au maximum le prix de l’occupation au peuple palestinien lui-même.

Les prisonniers malades détenus dans la prison de Ramlé, dans la pièce qui tient lieu d’hôpital : 1 – Nahed Faraj al-Aqra’, 41 ans, prisonnier depuis juillet 2000. Ses deux jambes ont été amputées par manque de soins de sa jambe droite, blessée au cours de son arrestation. 2 – Riad Dakhlallah Ammour, 42 ans, arrêté en mai 2003, condamné à 11 perpétuités. Il est cardiaque, et souffre de plusieurs maux. 3 – Mahmoud Mohammad Salmane, 50 ans, cardiaque. 4 – Amir Farid Yasin Assaad, détenu depuis décembre 2011. Il est semi-paralysé depuis un accident de voiture en 2005. 5 – Son frère Mohammad Assaad, arrêté en décembre 2011. Son état de santé nécessite des soins réguliers puisqu’il souffre d’une maladie touchant les vaisseaux sanguins.6 – Uthman Khalili, 32 ans, détenu « administratif » depuis juillet 2012, paralysé après avoir été victime des forces de l’occupation, avant son arrestation. 7 – Mansour Abdul Aziz Mawqada, 41 ans, détenu depuis juillet 2001. Handicapé par une semi-paralysie et plusieurs graves maladies. 8 – Samer Ali Daoud Uwaysat, 28 ans, blessé par balles au dos. Il subit une intervention chirurgicale où le foie et une partie des intestins sont enlevés. 9 – Khaled Jamal Shawish, 41 ans, arrêté en 2007 et condamné à plusieurs perpétuités. Semi-paralysé depuis qu’il a été blessé par balles au cours de la bataille de Ramallah en 2002. 10 – Salah Eddine Titi, 21 ans, détenu depuis février 2013. Malade de naissance, il a subi plusieurs interventions chirurgicales avant son arrestation. 11 – Ahmad Mahmoud Awad, 20 ans, attend d’être opéré à cause des divers maux dont il souffre. 12 – Ayman Taleb Abu Sitta, 41 ans, arrêté en 1994, il a été récemment opéré. 13 – Mu’tazz Ubaydu, arrêté en avril 2013, blessé il y a deux ans par les forces de l’occupation, son état de santé est grave. 14 – Salah Mohammad Ali Hussayn, 42 ans, arrêté depuis décembre 2012, souffre de plusieurs fractures dans sa jambe gauche.

L’état de santé de Mu’tassem Raddad de Tulkarm s’est une fois de plus détériorée. Le mouvement du Jihad islamique a appelé à des manifestations dans la ville de Tulkarm, pour réclamer sa libération et celle de tous les prisonniers malades. Par ailleurs, 14 prisonniers gravement malades sont détenus dans la prison de Ascalan, selon le prisonnier Nasser Abou Hamid.

3 – Arrestations et condamnations

Le parlement de l’entité coloniale, appelé Knesset, a prolongé la loi permettant de condamner les détenus palestiniens « pour causes sécuritaires » en leur absence, et autorisant le Shabak de garder au secret les prisonniers palestiniens, sans possibilité de consulter leurs avocats, pendant une longue période.

L’occupation a prolongé, pour la quatrième fois, la détention du prisonnier Assaad Izzidine, frère du prisonnier récemment libéré Jaafar Izzidine, de Arraba (Jénine). Assaad n’a nullement été condamné. Il fut arrêté par vengeance à cause de son frère qui a mené la grève de la faim et obtenu sa libération.

Deux professeurs de Naplouse ont été arrêtés : dr. Issam Achkar et dr. Mustafa Shannar, tous les deux professeurs à l’université al-Najah.

Le résistant Salam Zaghl, qui avait poignardé un colon devant le barrage de Zaatara, a été emmené, blessé par balles, à un hôpital à l’intérieur de l’entité coloniale. Les forces de l’occupation ont interdit à l’avocat du club des prisonniers de le rencontrer. Les informations récentes font état de la détérioration de son état de santé.

Le prisonnier libéré qui avait mené une grève de la faim pendant deux mois pour protester contre sa détention « administative », Youssef Shaabane Yassine, a été arrêté dans son village Anin, près de Jénine.

La résistante détenue dans les prisons de l’occupation, Hiba Bdeir, 27 ans, de Bethlehem, arrêtée au mois d’avril dernier, a subi plusieurs formes de torture lors de son interrogatoire, dont la privation de sommeil pendant de longues journées. Emmenée à la prison de Ascalan, elle fut privée de ses médicaments et a dû subir un interrogatoire continu pendant 7 jours. 13 prisonnières sont toujours détenues : Lina Jarbouni, Salwa Hassan, Alaa Jubaa, Hadeel Abou Turki, Asmaa Batrane, In’am Hassanat, Nawal Saadi, Mouna Qaadan, Alaa Abou Zaytoun, Intissar Sayyad, Nuhayl Abou Aycha, Hiba Rizk et Hiba Bdeir.

L’occupant a arrêté à Qalqylia le prisonnier libéré Usama Zahran, 16 jours après que les services sécuritaires de l’Autorité palestinienne l’aient libéré de la prison de Junayd, où il a été détenu 36 jours pour « appartenance au mouvement du Jihad islamique », et a arrêté le prisonnier libéré Fadi Moussa Ghunaymat, 30 ans, dans le bourg de Sourif, province d’al-Khalil.

Le prisonnier et résistant Darrar Abou Sissi, enlevé en Europe par les services de renseignements sionistes pour appartenance au Hamas, est toujours isolé dans les geôles de l’occupation. Son isolement vient d’être renouvelé pour 6 mois supplémentaires, afin de permettre au Shabak de mener des interrogatoires au moyen de la torture.

4 – Libération

Les résistants et cadres dirigeants du mouvement du Jihad islamique, Tareq Qaadan et Jaafar Izzidine, de la ville de Arraba (Jénine) ont été libérés suite à la grève de la faim de 93 jours qu’ils avaient menée contre la détention « administrative ». Ils ont été accueillis au village de Arraba par une foule enthousiaste qui a décidé que seule la lutte et les sacrifices consentis pouvaient mener à la liberté. Les deux résistants avaient accepté la promesse faite par le tribunal de l’entité coloniale que leur détention ne serait plus renouvelée après le 8 mai et qu’ils seraient libérés. A leur sortie de prison, ils ont annoncé que la situation des prisonniers va de pire en pire, et que la répression s’accentue et que les prisons assisteront dans les prochains jours à de nouvelles luttes des prisonniers.

Le combattant fait prisonnier, Hazem Titi, cadre des Saraya al-Quds (branche armée du Jihad islamique) a été libéré après 10 ans et demi de détention. Il avait subi des interrogatoires dans la prison de Petah Tikva, pendant 55 jours, puis transféré dans la plupart des prisons sionistes. Il fut interdit de visites familiales pour « raisons sécuritaires ».

Après 6 ans de détention, l’occupation a décidé de libérer le député résistant Jamal Tirawi. Le tribunal sioniste a finalement décidé que les six années de détention du député n’étaient pas « justifiées », alors qu’il avait été accusé de diriger les Brigades des martyrs d’al-Aqsa (branche militaire du Fateh). Jamal Tirawi avait été arrêté en 2007, dans le camp Balata, près de Nablus.

5 – Statistiques

Les forces de l’occupation mènent, depuis plusieurs mois, une campagne de répression et d’arrestations de la population maqdisie qui a décidé de s’opposer aux mesures de judaisation de la capitale arabo-musulmane de la Palestine. Dans son rapport, le centre d’informations de Wadi Helwa a signalé que l’occupant a arrêté une centaine de personnes au cours du mois d’avril. Les arrestations ont eu lieu dans les quartiers de Issawiya, la ville ancienne, Selwan, Sour Baher et At-Tour. 25 enfants ont été arrêtés, dont certains à peine âgés de 13 ans, dans Issawiya. Des femmes ont également été arrêtées, dont Inaam Kalamblo, toujours arrêtée dans la prison de Ramlé, Ayda Sidawi et Hiba Tawil.

6 – Mémoires

Le comité pour les libertés, les prisonniers et les martyrs, issu du comité de suivi des masses arabes, dans la Palestine occupée en 1948, a décidé de mener un travail de recherches et de documentation sur l’histoire des martyrs et du mouvement national des prisonniers et des blessés. Il a annoncé, après une réunion regroupant plusieur écrivains et chercheurs, sa décision de rassembler les œuvres écrites par les prisonniers. La recherche prévue commencera à partir de l’occupation britannique de la Palestine.

Elle s’appelle Khadija Shafe’i, elle est âgée de 74 ans. Elle participe régulièrement aux rassemblements de soutien aux prisonniers en lutte, devant le siège de la Croix-Rouge à Gaza, portant la photo d’un prisonnier, qui n’est pas son fils. Elle est la plus ancienne prisonnière de la prison de Saraya, à Gaza sous occupation, puisqu’elle fut arrêtée en 1970. Elle raconte : j’ai été détenue dans la prison de Saraya pendant 5 ans, j’avais 30 ans. J’ai été torturée et insultée. Nous faisions face à la lie de l’humanité. Nous avons alors décidé de mener la grève de la faim, pour faire cesser leurs pratiques inhumaines, et nous étions disposées à aller jusqu’au martyre. Nous avions réussi à mettre fin à beaucoup de leurs pratiques, mais la torture comme les brûlures et les coups ont continué ». Elle se sent toujours fière lorsqu’un prisonnier parvient à sa libérer, grâce à la grève de la faim. Elle dit : la grève de la faim est une arme efficace, elle est plus puissante que les balles parce qu’elle contraint un gouvernement en entier à entendre un individu enfermé entre quatre murs.

img518f6c5d3c36dElle fut longtemps exilée de la bande de Gaza, par décision de l’occupation. Mais en 2005, elle revient, en sautant par-dessus le mur de séparation construit entre l’Egypte et Gaza. Elle dit « lorsque j’ai sauté par-dessus ce mur et suis rentrée à Gaza, j’ai senti que je suis libre et que j’ai vaincu l’occupation une fois de plus. La terre de Palestine est ma patrie, j’y ai tous mes souvenirs.

Manifestations en Palestine 48 en soutien aux prisonniers

Plusieurs dizaines de militants actifs, appartenant à plusieurs partis politiques, ont participé à des manifestations et rassemblements à l’intérieur des villes situées dans le « Triangle » et devant la prison de Meggido, en solidarité avec les prisonniers palestiniens et leurs luttes. L’initiative est partie de la ville occupée de Yafa, où les militants ont organisé une chaîne humaine avec pour objectif d’atteindre la prison de Meggido, avec pour principal mot d’ordre : « la voie de la résistance est le seul moyen de votre libération ». Les militants ont salué la famille du prisonnier Karim Younes, du village de ‘Ara, doyen des prisonniers palestiniens.

Dans la ville de Tulkarm, plusieurs rassemblements ont eu lieu en soutien au prisonnier Mu’tassam Raddad, prisonnier gravement malade, et pour exiger la libération des prisonniers malades. De même, les prisonniers du mouvement du Jihad islamique ont réclamé, dans un communiqué, la libération du prisonnier Mu’tassam, et lancent un appel pour faire libérer tous les prisonniers malades.

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