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Soutenir la lutte des prisonniers détenus dans les geôles sionistes (Mars 2013 : N°10)

img5163d9260ab46« Rien ne symbolise mieux que la prison coloniale la lutte à mort qui se joue entre colon et colonisé. Si la prison est l’éventualité certaine du résistant, la résistance est aussi l’horizon du prisonnier. C’est ce qu’attestent les luttes menées au sein même des geôles sionistes. Les prisonniers sont les martyrs, mais non les victimes de la résistance. Ils en sont les acteurs. Lutter contre la détention administrative et les conditions carcérales, c’est aussi lutter pour que la résistance continue, c’est lutter pour que la société continue d’exister. Parce que le combat des prisonniers est toujours un combat politique, le statut de prisonnier constitue, par conséquent, un repère fondamental de l’identité nationale palestinienne. C’est pourquoi la libération inconditionnelle de tous les prisonniers, palestiniens et arabes, est une revendication centrale de la cause palestinienne.

Cette chronique, produite par Rim al-Khatib, se veut être l’écho de cette lutte. Depuis début 2012, les prisonniers en détention administrative ont lancé un mouvement ininterrompu de grève de la faim. Actuellement Samer ‘Issawi est en grève de la faim depuis plus de 5 mois (150 jours) ».

« Nés libres, nous le resterons »

Soutenir la lutte des prisonniers détenus dans les geôles sionistes

Avril 2013 : N°10

 I – Abolir la détention « administrative »

Au moment où ce bulletin était prêt pour être diffusé, nous avons appris le décès du martyr Maysara Abu Hamdiyyé, à l’hôpital Soroka, dans le Naqab. Atteint de cancer, les sionistes ont refusé de le soigner et même de le libérer, afin qu’il soit soigné convenablement. Le martyre de Maysara Abu Hamdiyyé vient une nouvelle fois mettre en évidence les mauvais traitements et les conditions désastreuses dans les prisons de l’occupation. Les organisations de la résistance ont appelé à des mouvements de révolte dans les prisons, les territoires occupés et à un élan de solidarité, en réaction aux pratiques criminelles de l’occupation sioniste. Déjà, les prisonniers avaient décidé une journée une grève de la faim pour réclamer sa libération (cf plus bas).

Le résistant Samer Issawi poursuit la grève de la faim, réclamant sa libération immédiate. Plus de 260 jours déjà, et les autorités de l’occupation sioniste négligent sciemment sa demande, comme elles négligent de prendre en compte les multiples manifestations et rassemblements en Palestine. Il est clair qu’elles ont calculé que son martyre n’entaînerait pas une révolte palestinienne ni des réactions efficaces dans le monde. La solidarité manifestée avec le résistant Samer Issawi, devenu le symbole de la fermeté et du sacrifice consenti par le peuple palestinien pour sa liberté, s’est étendue, sans cependant pouvoir peser sur la décision de l’occupation. L’occupant s’appuie sur le soutien américain et européen et sur le silence de l’ONU et de ses organismes, et prend en compte la situation déplorable dans les pays arabes et les sommets de ses dirigeants, où la Palestine, que ce soit al-Quds ou les prisonniers, ne représente que des paroles et des promesses.

En signe de solidarité avec Samer Issawi, le militant argentin gréviste de la faim, Faysal Sergio Tabia a demandé aux autorités sionistes de l’emprisonner à la place de Samer Issawi. Le militant argentin est président de l’association islamique internationale des droits de l’homme et mène depuis plusieurs semaines la grève illimitée de la faim.

Pour empêcher la popularisation de la lutte du résistant Samer Issawi, l’occupation a interdit à sa mère de voyager et de rendre à Tunis, pour une conférence sur les prisonniers. Mais par contre, la sœur du résistant, Shirine Issawi, a réussi à parler par téléphone à la réunion organisée par le C.A.P. à Bordeaux, et a rapporté les paroles de Samer Issawi, disant « Mon état de santé se détériore gravement et mes souffrances s’amplifient : un groupe de médecins dirigés par l’adjoint du directeur de la prison m’ont prévenu que mon cœur risque de s’arrêter de battre à tout moment.Cependant, je m’engage devant vous tous à ce que mon état de santé n’affecte aucunement mes décisions : je suis plus que jamais déterminé dans ma conviction.Je suis contre l’enfermement et je continue ma grève de la faim illimitée. Je ne retournerai jamais sur mes pas car ma vie n’est pas plus chère que le sang des martyrs qui ont fait le sacrifice de leur âme pour défendre la patrie de Palestine et le peuple palestinien.Le combat est clair et sans ambiguïté aucune, il ne s’agit point de symboles ou de slogans. C’est un combat pour la liberté. C’est pourquoi je poursuis ma grève de la faim jusqu’à l’obtention de la liberté. »

Le prisonnier Younes al-Hroub, en grève de la faim depuis plus de 37 jours, a refusé la proposition de l’occupation de l’éloigner vers Gaza en contrepartie de sa liberté. Il a affirmé poursuivre sa lutte jusqu’à l’abolition de la détention « administrative » dont il est victime.

2 – Statistiques

105 Palestiniens de la ville d’al-Quds ont été arrêtés depuis le début de l’année 2013, selon le Club des Prisonniers, dont 20 enfants. Mais il ne s’agit que du nombre de maqdisis dont les dossiers ont été traités par le Club car en réalité, le chiffre est plus important. 85 d’entre eux ont été accusés de résistance à l’occupation (jets de pierre, participation aux manifestations, attaques contre des soldats ou appartenance à une organisation).

35 enfants palestiniens, âgés entre 13 et 17 ans, ont été arrêtés dans la ville occupée d’al-Khalil pendant le mois de mars.14 journalistes palestiniens sont détenus dans les prisons de l’occupation, dont 6 depuis le début de cette année. 14 députés et 3 anciens ministres de l’AP sont également détenus. La plupart des députés sont des « détenus administratifs », mais Ahmad Saadate, secrétaire général du FPLP, a été condamné à 30 ans de prison, Marwan Barghouty, appartenant au Fateh, a été condamné à la prison à perpétuité + 40 ans et Jamal Tirawi (Fateh) à 30 ans de prison, ainsi que Hassan Youssef (Hamas) à 28 mois.

3 – Arrestations et condamnations

Les deux membres de la famille de Jaafar Izzidine, qui avait mené la grève illimitée de la faim contre la détention administrative, ont été arrêtés. Assaad et Ahmad Izzidine, du village de Arrabe dans la province de Jénine, sont toujours arrêtés (depuis le 22 mars), le tribunal de Salem ayant reporté leur « condamnation ».

L’occupant a arrêté plusieurs dirigeants du mouvement Hamas dans la ville d’al-Khalil, dont des prisonniers récemment libérés. Parmi eux, le député Mohammad Jamal Natché, qui avait été libéré il y a trois mois.L’occupant sioniste a arrêté et placé en détention à domicile, la mère du prisonnier Rami Khanfar, condamné à 15 ans de prison, Fathiya Khanfar, 58 ans. Malade, Fathiya Khanfar est en détention à Rahat, dans le Naqab occupé en 1948, dans l’attente de passer devant un tribunal, prévu le 14 avril.

Le tribunal sioniste de la ville occupée de Nazareth, en Galilée, a condamné le prisonnier libéré syrien du Golan, Sadqi al-Miqt, à 14 jours de détention à domicile et une taxe de 5000 shekels, et interdit de s’approcher d’un terrain de foot pendant 3 mois. Sidqi al-Miqt, résistant du Golan, avait passé 28 ans dans les geôles de l’occupation, accusé d’avoir organisé la résistance armée dans le Golan occupé. Il a récemment participé à la protestation populaire dans le Golan contre la venue d’une équipe de foot « israélienne » au Golan, considérant que cela signifiait l’annexion du Golan.

4 – Libération

Le résistant Issam Abdel Qader Abu Hassan (38 ans) du village Yamoun dans la région de Jénine a été libéré fin mars après avoir été incarcéré pendant 9 ans pour résistance à l’occupation. Il a confirmé, dès son arrivée chez lui, que les forces de l’occupation ont accentué la répression contre les prisonniers palestiniens et qu’elles utilisent le dossier des prisonniers pour faire pression sur l’Autorité palestinienne.

Le combattant Mohammad Al Akhras, des Saraya al-Quds (branche armée du Jihad islamique), a été libéré après 8 années de prison. Il fut arrêté en 2005 à l’est de la ville de Rafah.Deux Maqdisis, Alaa Ali et Azmi Askar ont été libérés fin mars après avoir été prisonniers pendant respectivement 12 et 8 ans.

5 – Prisonniers en danger

Le prisonnier palestinien Maysara Abu Hamdiyé est en danger de mort. Ses camarades dans la prison de Eshel dans le Naqab ont tiré la sonnette d’alarme : il a perdu la capacité de se mouvoir et son état de santé se dégrade. Maysara Abu Hamdiyé est atteint de cancer depuis quelques mois et les autorités sionistes refusent sa libération, et procèdent à des expériences médicales sur son cas. Depuis plusieurs mois, les associations de solidarité avec les prisonniers ont réclamé sa libération afin qu’il puisse être soigné. Mais l’occupant refuse. Le résistant et combattant du Hamas, Abbas Sayyed, a réclamé un mouvement puissant de solidarité pour le faire libérer avant qu’il ne décède. Il a accusé les autorités de l’occupation de procéder à un assassinat intentionnel et lent du prisonnier Maysara. Il y a quelques jours, Maysara a été emmené à l’hôpital Soroka dans le Naqab, il est toujours attaché, mais non soigné, d’après l’avocat du club des prisonniers qui a réussi à le voir.

Lina Jarbouni, la doyenne des prisonnières palestiniennes dans les geôles de l’occupation, subit ces jours-ci une détérioration alarmante de son état de santé, selon ses camarades de cellule. Mais les médecins de l’Etat de l’occupation ont refusé de la soigner, car ils n’ont pas le temps, ont-ils dit à Lina. Elle ne peut plus se lever et n’a pu rencontrer son avocat. Lin Jarbouni est détenue depuis le 18 avril 2002, pour appartenance au mouvement du Jihad islamique. Elle fut « oubliée » lors de l’accord d’échange avec le soldat sioniste détenu par la résistance en octobre 2011.21 prisonniers détenus dans la prison Echel de Beer Saba’ ont mené une grève de la faim pour réclamer la libération immédiate du prisonnier malade Maysara Abu Hamdiyé et plusieurs prisonniers atteints de cancer. L’occupant a envoyé son unité spécialisée dans la répression contre les grévistes.

6 – Solidarité

Les actions de solidarité se sont amplifiées dans le monde entier, sans cependant pouvoir peser sur la « communauté internationale » ou l’Etat sioniste, qui poursuit ses pratiques terroristes et inhumaines envers les Palestiniens, et les prisonniers. A Paris, un rassemblement a eu lieu devant le siège de la Croix-Rouge, auquel a participé le prisonnier libéré Mahmoud Sersek, de passage dans la capitale française.

Tous les jeudis, un rassemblement se tient à Gaza devant le siège du CICR, pour rappeler à cet organisme international le sort des prisonniers palestiniens et témoigner de l’inquiétude des familles palestiniennes quant à la détérioration des conditions de détention.Une association européenne de solidarité a déclaré le mois d’avril « mois de solidarité avec les prisonniers palestiniens », d’autant plus que le 17 avril est « la journée du prisonnier palestinien », journée de lutte célébrée tous les ans.

Les services sécuritaires de l’AP ont arrêté des prisonniers libérés : Khalil Halayka, 28 ans, libéré il y a moins d’un an, qui vit dans la province d’al-Khalil et Mohammad Murr, 25 ans, de Yatta, libéré des prisons de l’occupation il y a un mois.